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Blocs IV et V : lors de la fouille, nous avons remarqué la présence de blocs calcaires complètement transformés en chaux mais se

Couche 1 : humus forestier brun foncé mêlé de pierres et de blocs du four : sol naturel actuel

9.3.1 Le four à chaux ST 1

Les vestiges sont ceux d’un mur de soutènement circulaire partiellement conservé d’un diamètre extérieur d’environ 4 m (fig. 122 et 124). L’intérieur du four, large de 3 m, était comblé de remblais. Une partie du four n’était plus conservée car détruite lors d’un sondage en 2006.

Une coupe transversale permet d’observer le four, ainsi que le terrain encaissant (fig. 123). Le mur de soutènement, large d’environ 50 cm, est constitué de pierres et de blocs calcaires hétérométriques, assez mal agencés, sans mortier. Trois à quatre assises seulement sont conservées, sur une hauteur de 50 à 85 cm. Toutes les pierres sont chauffées à cœur sur l’épaisseur du mur. Deux sortes de calcaire au moins ont été utilisées pour l’aménagement. Certains blocs sont lisses et anguleux, d’autres, plus nombreux, sont arrondis et percés de cupules naturelles d’érosion. La paroi du mur est verticale à légèrement surplom-bante. Elle est plus ou moins encroûtée de chaux. Le dos du mur est moins bien agencé et les pierres sont plus petites.

La faible hauteur de la maçonnerie surprend par comparaison avec les autres chaufours de ce type. L’aménagement ne semble pour-tant pas érodé, comme l’atteste le niveau de circulation assez bien conservé aux alentours du four. Ce n’est pas non plus la nature du terrain encaissant qui aurait pu limiter la profondeur de la struc-ture. Il s’agit bien d’une installation volontairement peu profonde, mais qui appartient tout de même à la catégorie des fours à chaux avec appel d’air à mi-hauteur. Le volume des sédiments excavés pour son implantation est d’environ 12 m3.

Le terrain encaissant a été rubéfié sur une épaisseur de 5 à 25 cm et présente par endroits un dégradé de couleur passant de l’orange vif au contact des pierres, au brun foncé à noir contre l’extérieur.

Ces couleurs concernent les sédiments silteux des couches 3 et 4 seulement. Les endroits marneux et graveleux se teintent de manière plus uniforme en rosâtre.

La base du four et le foyer

Les marnes sur lesquelles le foyer a été aménagé portent les marques d’une altération par le feu (fig. 123). La rubéfaction, de couleur rosâtre à orangée, varie en épaisseur, avec un maximum de 20 cm. Certaines parties sont moins ou pas du tout altérées par la chaleur.

Le substrat a aussi été chauffé sous le mur de soutènement, sauf dans un tronçon au nord-est (I). Cette particularité témoigne d’une probable réfection du chaufour. De toute évidence, cette lacune dans la rubéfaction montre que le sol a été ici retaillé. Fig. 122. Courtedoux - Vâ Tche Tchâ. Plan d’ensemble des vestiges découverts en 2007 et emplacement des coupes.

0 5m N ST 1 Sondage 2006 ST 6 ST 3 ST 4 ST 5 ST 2

Le foyer montre un important amas de charbon de bois (II) localement épais de 10 cm (fig. 125). En dessous, le terrain n’a pas été partout marqué par la chaleur, sans doute parce que la couche de charbons a joué un rôle d’isolant thermique.

A la base de l’amas de charbons, on observe les restes d’un petit pieu en bois planté verticalement, à peu près au milieu du four. Il est conservé sur 25 cm de hauteur et mesure 7 cm de diamètre (fig. 126). Son tiers supérieur est carbonisé.

Ce piquet a pu servir d’étai pour la confection de la voûte. Il aurait aussi pu servir à tracer un cercle avec une ficelle, afin de faciliter la construction du mur de soutènement. Cette deu-xième hypothèse est peu vraisemblable car le pieu n’est pas assez bien centré d’une part et la courbure du mur semble trop irrégu-lière d’autre part pour avoir bénéficié de ce compas.

Sur les charbons du foyer, on observe une couche gris-beige de sédiments mêlés à des cendres et épaisse d’au maximum 15 cm (III). Ce niveau contient également quelques charbons, des nodules de chaux et des cailloutis éclatés par le feu. Cette couche est localement indurée, surtout le long du mur.

En dessus de ce niveau gris, on note la présence d’un amoncel-lement irrégulier de chaux assez pure (IV), de couleur crème (fig. 127). Cette chaux est absente au nord-est, où se situe l’éven-tuelle réfection du mur de soutènement.

Après son abandon, l’aménagement a été remblayé, probable-ment par les chaufourniers. On observe plusieurs niveaux de comblement de même qu’un surcreusement des remblais, peut-être destiné à la récupération de sédiments pour une raison qui nous échappe.

On distingue cinq remblais différents :

– le remblai 1 (R1) est constitué de sédiments assez peu argi-leux brun-orange ayant fortement chauffé. Ce matériau peut provenir des restes du manteau du four. Il occupe la moitié sud-ouest de la structure ;

– le remblai 2 (R2) est composé de limons argileux gris-brun contenant quelques charbons de bois et d’assez nombreux nodules de terre cuite. Quelques pierres, rarement chauffées sont aussi présentes. Au sud-ouest ce niveau recouvre une partie du mur, et déborde même légèrement à l’extérieur du four. A cet endroit, et à la base du remblai, on remarque une concentration de nodules de terre cuite. Cette concentration forme un léger encroûtement qui sort du four. Il pourrait s’agir de la base rubéfiée d’une petite fosse de travail, et donc indiquer l’emplacement de la gueule ;

– le remblai 3 (R3) consiste en un amas de pierres et de blocs calcaires dont quelques éléments seulement sont chauffés. Il recoupe de manière franche les remblais 1 et 2. Il paraît évident que ces derniers ont été recreusés sur près de la moitié du diamètre du four. Un front de taille vertical est visible en coupe (fig. 123). Ce creusement entame aussi en partie le niveau de cendre (III) du foyer. La fouille a même montré loca-lement un front de taille en surplomb sous le remblai 2, ce qui semble attester d’une volonté de récupération du remblai 1.

III R1 R4 R2 431,50 431,00 R5 IV R5 R3 I I II II Piquet 430,50 Structur e 4 Structur e 1 Structur

e 2 Marnes du Kimméridgien

Lœss Fi g. 1 23 . C ou rt ed ou x V â T ch e T châ. R el ev é s tr at ig ra ph iq ue d u f ou r S T 1 e t d es s tr uc tu re s S T 2 e t S T 4.

On ignore la raison et le moment de cette récupération mais il s’est ensuivi un vide, comblé ensuite principalement par le remblai 3 ;

– le remblai 4 (R4) est composé de sédiments argileux gris clair comparables à la marne du substrat. On observe quelques inclusions de charbon de bois et quelques nodules de terre cuite ;

– le remblai 5 (R5) est constitué de sédiments comparables au remblai 2. Il peut de ce fait correspondre à un étalement final naturel de ce dernier par-dessus le remblai 4.

A la suite de ces épisodes de remblais intentionnels, les collu-vions naturelles ont fini de dissimuler le four par le dépôt des couches 2 et 1, épaisses au total d’une quarantaine de centi-mètres 40.

Porte d’alimentation du foyer

L’emplacement de la porte d’alimentation, qui se situait hors du sol, n’a pas pu être déterminée. On peut néanmoins relever les points suivants :

– au sud-ouest, la fouille a montré une zone de sédiments conte-nant de nombreux nodules de terre cuite en dehors du four, sur le niveau de circulation. Ces déchets pourraient éventuel-lement provenir d’un curage du foyer mais aussi de restes du manteau. Dans la même partie, on note que la courbure du mur est moins marquée et s’écarte, en s’ouvrant légèrement vers l’extérieur, du cercle moyen formé par le reste de la structure.

40 Ces derniers niveaux sont absents ici car ils ont été décapés lors de terras-sements liés à l’A16.

Fig. 125. Courtedoux - Vâ Tche Tchâ. Vue de l’amas de charbon de bois du foyer du four ST 1.

Fig. 126. Courtedoux - Vâ Tche Tchâ. Restes d’un pieu de bois retrouvé au centre du four ST 1.

Fig. 127. Courtedoux - Vâ Tche Tchâ. Restes d’un amoncellement de chaux dans le four ST 1.

Fig. 128. Courtedoux - Vâ Tche Tchâ. Blocs de grandes dimensions ayant vraisemblablement constitué la porte du four ST 1.

Le sondage de 2006 a malheureusement détruit le mur à cet endroit et il n’est pas possible de restituer la suite man-quante ;

– au sud-est, on observe également une rupture dans la régula-rité du mur. On voit de plus un étalement superficiel de pierres contre l’extérieur du four. En outre, des sédiments chauffés orange sont plus envahissants au niveau et entre les pierres de surface du mur. C’est de ce côté également que l’on observe le plus de restes de chaux, sur le niveau de circulation ;

– le foyer du four montre un amas de charbons davantage situé dans la moitié méridionale de la structure ;

– à l’est, à la base des remblais du four, deux blocs chauffés peuvent provenir d’un démantèlement de la porte d’ali-mentation. Le plus gros mesure 95 x 40 x 40 cm pour un poids d’environ 350 kg ; le plus petit, de 55 x 40 x 30 cm, doit dépasser les 150 kg (fig. 128). Ces lourds éléments, qui pro-viennent peut-être de la porte, ont certainement été basculés dans le four peu après son abandon car ils reposent sur les restes du foyer.

Les trois premières observations suggèrent que la gueule du four était située plutôt du côté sud. Ceci en admettant qu’il y ait plus de traces d’activité laissées au sol à proximité de la porte, ce qui paraît logique.

La gueule du four se trouvait-elle dans le sondage de 2006 ? Il est vrai que certaines grosses pierres chauffées, observées dans les remblais lors de la réouverture mécanique de ce sondage, auraient pu appartenir à cette porte.

Par contre, les deux blocs observés sur le foyer à l’est, si tant est qu’ils aient appartenus à cette porte, permettraient de la situer logiquement à leur aplomb.

Le mobilier archéologique

Le four à chaux à livré en tout neuf tessons de céramique gla-çurée. Cinq de ces tessons proviennent du sommet des rem-blais, trois autres ont été trouvés à différentes profondeurs dans ces remblais. Le dernier a été trouvé dans les cendres du foyer (CTD 007/18 VA). Il n’est pas brûlé mais peut néanmoins être considéré comme le seul objet véritablement associé à la struc-ture lorsque celle-ci était encore ouverte.