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LA FORTUNE DE DEMAIN

Dans le document E l l i iS lEÏT iS CiPiGiS (Page 122-126)

rn collaborateur de la Correspondance de la _ presse remarquait l'autre jour que nous

îvoilà bientôt arrivés au temps oii « l'or

|n'est plus qu'une chimère. »

L'époque n'est pas tant loin, en efifet, où il n'y aura plus guère possibilité de vivre sans travailler.

Jadis, écrit-il, les capitaux rapportaient 5 "/o ; et comme tout était bien moins cher qu'aujourd'hui, qu'on voyageait beaucoup moins, que les grands magasins avec leurs catalogues tentateurs n'existaient pas, avec six mille francs de rente, en province, une famille était riche.

Aujourd'hui, l'argent ne rapporte plus que le trois, et encore, quand ou possède des obligations à lots, avec la retenue des coupons, il ne rapporte guère que deux soixante pour cent, de telle sorte qu'avec le même revenu de six mille francs, on a encore de la peine à.

joindre les deux bouts.

Il y a bien encore quelques grosses fortunes, mais elles tendent à disparaître de plus en plus et le temp&

n'est pas éloigné oïl les fils des millionnaires seront aussi obligés de travailler pour vivre. Plaisanterie à part, du train dont vont les choses, il n'y aura bientôt plus d'autre fortune que le travail. Un ministre français,, celui du commerce, disait à une distribution de prix :

« Comme l'argent ne rapporte bientôt plus rien ou presque rien, il faudra, jeunes élèves, que vous travail-hez tous au sortir du collège. Le siècle prochain ne verra plus d'hommes inoccupés. »

Pour traduire ce langage en style courant, on peut dire qu'au siècle prochain tout le monde travaillera pour vivre.

Et cela sera bientôt, car le vingtième siècle commen-cera dans quatre ans.

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Aujourd'hui, avec la concurrence énorme, avec le taux infe'rieur de l'argent, avec ces grands magasins dont nous parlions tout à l'heure et qui, comme des malfaiteurs publics, détroussent les petits commerçants, les ruinent et les acculent à la faillite, les plus favorisés peuvent s'estimer heureux quand ils sont à la hauteur de leurs affaires; c'est donc pour eux aussi le travail à perpétuité. Il ne sera plus question pour eux de se retirer des affaires pour aller vivre de leurs rentes dans quelque jolie campagne.

Et quand on parle des rentiers, des négociants, on pourrait ajouter les propriélaires fonciers, car les crises agricoles que nous avons traversées ont eu pour résultat de faire diminuer non pas les produits, mais la valeur des produits de la terre.

Les cultivateurs, eux aussi, se trouvent en face d'une situation difficile: ils sont moins bien outillés que dans les grandes cultures d'Australie et d'Amérique, les sys-tèmes employés pour les exploitations sont vieux et datent de plusieurs centaines d'années ; un mouvement s'est produit de ce côté, mais on ne change pas les habitudes d'un pays comme celles-là en un jour; il y faut du temps, beaucoup de temps. En revanche, il y a une chose qui n'a pas changé, c'est le fisc qui réclame toujours une part d'impôts. Quand je dis que le fisc n'a pas changé, je me trompe, il a augmenté dans des proportions extraordinaires et parfois inquiétantes.

De ce côté-là, il y aura encore des modifications et on peut prévoir que seul celui qui possède la terre et la cultive pourra vivre de sa propriété et de son travail.

N'est-ce pas ce que prêchent les socialistes, quand ils crient à tue-tête dans leurs réunions: « la terre aux paysans !»

Ils nous menacent même d'une révolution pour arri-ver à ce résultat; ils peuvent rester tranquilles, la dimi-nution de l'intérêt, la concurrence étrangère, l'augmen-tation des salaires et des impôts travaillent pour eux et rendront toute révolution impossible, mais la force des choses nous amènera sous peu à ce résultat que seuls

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les travailleurs de la terre pourront la posséder parce que seuls ils pourront en vivre en travaillant.

Ces modifications profondes dans notre état social seront la conséquence fatale de cette baisse de l'intérêt.

Ce sont des faits que l'on voit, et il n'est pas besoin d'être économiste pour s'en apercevoir.

Et maintenant que les nouvelles générations vont se faire à cette idée qu'elles ne trouveront pas à vivre en

Fribourg artistique

LA MAUVAISE TOUR

dehors de leur travail personnel, que va devenir en France, en Belgique, en Suisse, chez toutes les nations latines, ce goût de l'épargne qui est un des caractères distinctifs de notre race ? Il va s'évanouir, disent quel-ques-uns ? Ce n'est pas sûr; on économisera comme auparavant, mais on saura que cette épargne accumulée, pendant plusieurs années par soi ou par ses parents, n'empêchera pas de travailler; elle permettra seule-ment de travailler moins en se donnant un peu plus de confort et de bien-être.

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Ce sont là des vérités peu réjouissantes, mais qu'il faut dire et auxquelles il faut se faire peu à peu.

D'ailleurs ce sont là des idées qui ne datent pas d'hier, à preuve ce passage de La Bruyère :

« Celui-là est riche, qui reçoit plus qu'il ne consomme;

celui-là est pauvre, dont la dépense excède la recette.

Il n'y a rien qui se soutienne plus longtemps qu'une médiocre fortune: il n'y a rien dont on voie mieux la fin qu'une grosse fortune. L'occasion prochaine de la pauvreté, ce sont de grandes richesses. S'il est vrai qu'on soit riche de tout ce dont on n'a pas besoin, un homme fort riche est un homme qui est sage. »

Ces préceptes du moraliste du XVII"'"' siècle semblent écrits pour nos jeunes gens qui vont avoir à lutter avec les difficultés de la vie de demain.

Puisque le vieux monde craque et qu'une ère nou-velle de travail pour tous va s'ouvrir, eh bien ! prépa-rons-nous-y, mes enfants, avec gaieté et bonne humeur, c'est encore le meilleur moyen de bien recevoir les ennuis qu'on ne peut éviter.

Et le travail est-il bien un ennui ?

Non, c'est une habitude, une bonne habitude qu'il faut prendre allègrement.

Le puissant empereur.

Lors de la fête de l'empereur Guillaume, qui a été célébrée à Kameroun comme dans toutes les autres possessions alle-mandes, le nègre Abel a tenu devant ses compatriotes assem-blés le discours suivant qui est transmis textuellement par le Missions Magasin, de Bàle :

L'empereur allemaud est l'homme le plus puissant et le plus rusé du monde. Il voit les trésors cachés dans la terre et il les fait extraire de leur cachette ; il fait tendre des fils en fer tout autour du monde et aussitôt qu'il touche un de ces flls ses paroles volent en tous lieux. Il a des bateaux à vapeur qui naviguent sur la terre ferme comme sur la mer. Si une mon-tagne se rencontre sur son chemin, il fait percer un trou tout au travers. S'il rencontre une rivière, il fait bâtir un pont en l'air. Bien que l'empereur d'Allemagne soit le plus riche de tous les hommes, il n'a qu'une femme, et bien que sa femme soit la plus belle de toutes les femmes, il n'a rien payé pour l'avoir.

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