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Formulation des requêtes et caractéristiques des usagers : novices et ex-

2.4 L’implicite dans une demande d’information

3.1.2 Formulation des requêtes et caractéristiques des usagers : novices et ex-

Des individus de tout âge utilisent le Web et les personnes âgées représentent un segment des utilisateurs du Web qui croît rapidement ( [Fox, 2004], [Ihadjadene et al., 2005] ; [Stronge et al., 2006]). Dans cette section, nous présenterons deux études traitant de la recherche d’information par les personnes âgées. Nous présenterons, d’une part, les méthodologies et les types d’analyses mis en œuvre et, d’autre part, leurs résultats.

3.1.2.1 Comportement de recherche sur Internet des jeunes adultes et des personnes âgées : analyse factorielle mixte

Ihadjadene et al. [Ihadjadene et al., 2005] ont réalisé une étude visant à apporter une meilleure compréhension des différences du comportement de recherche sur Internet en combinant dif-férents facteurs. Ils ont tenu compte de l’âge comme facteur principal et l’ont combiné avec d’autres facteurs : niveau d’expertise et type d’information à rechercher (thématique vs élémen-taire). 24 individus ont participé à l’étude et ont été répartis en quatre groupes : 2 groupes d’ex-perts dans le domaine d’Internet (1 groupe de jeunes adultes et 1 groupe de personnes âgées) et 2 autres groupes de novices dans le domaine d’Internet (1 groupe de jeunes adultes et 1 groupe de personnes âgées). Les participants ont eu à répondre à 4 questions22 et devaient pour cela utiliser le moteur de recherche généraliste Google.

Les auteurs n’ont pas constaté une différence significative entre les réponses pertinentes données par les jeunes adultes et les personnes âgées. Le croisement des facteurs Age*Expertise révèle que les jeunes adultes ont mieux répondu que les personnes âgées. Toutefois, ce constat est à nuancer, car le niveau d’expertise initial du groupe des jeunes adultes experts était plus important que celui du groupe des personnes âgées expertes. D’ailleurs, le nombre de réponses donné par les novices « jeunes adultes » et « personnes âgées » était sensiblement le même.

L’analyse des temps de réponse aux questions posées n’a montré aucune différence

CHAPITRE3 : Formulation de la requête et réflexion sur la situation de communication usager-moteur de recherche

3.1 Des facteurs pouvant influencer la formulation de la requête

tive concernant l’âge ou l’expertise. En revanche, les chercheurs ont constaté que l’ensemble des groupes consacrait plus de temps à traiter les types de recherches élémentaires que thématiques. Ainsi, les questions faisant appel aux connaissances générales semblaient nécessiter moins de temps de recherche. En outre, les chercheurs ont constaté que le nombre d’étapes parcourues (liens cliqués) était moins important pour les recherches thématiques que pour les recherches élémentaires. Ce résultat coïncide avec le temps de réponse plus long pour les recherches élé-mentaires.

Le nombre d’étapes parcourues (liens cliqués) par les différents groupes ne montre pas de différence significative liée à l’âge ou à l’expertise. Les experts jeunes et âgés ont parcouru un nombre d’étapes assez proche. Cependant, une différence significative a été observée chez les novices. Les jeunes ont parcouru un nombre d’étapes moins important que les plus âgés.

Concernant le nombre de mots-clefs dans une requête, un effet de corrélation a été observé entre l’expertise et le type d’information recherchée : par rapport aux novices (jeunes et âgés), les experts (jeunes et âgés) emploient plus de mots-clefs pour les recherches thématiques et moins de mots-clefs pour les recherches élémentaires. Quant aux reformulations, une corrélation a été observée entre l’âge, l’expertise et le type d’information. Chez les experts, les personnes âgées reformulent davantage que les jeunes les requêtes portant sur les recherches thématiques, et les jeunes reformulent plus souvent que les personnes âgées les requêtes portant sur des recherches élémentaires.

L’intérêt de cette étude réside dans la manière dont les chercheurs ont combiné différents fac-teurs pour apporter une meilleure compréhension de la recherche d’information sur le Web par les personnes âgées. Par ailleurs, cette étude soulève un élément important qui mériterait d’être approfondi. Elle a montré que les personnes âgées novices réalisent plus d’étapes (parcourent plus de liens) que les jeunes adultes novices. Or, cette différence n’est pas significative chez les experts (jeunes adultes et personnes âgées). Il serait intéressant d’examiner les stratégies de recherche d’information employées par les personnes âgées adultes novices. Cela pourrait nous montrer à quels niveaux ils rencontrent des difficultés et comment ils réalisent leur recherche

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3.1 Des facteurs pouvant influencer la formulation de la requête

alors qu’ils n’ont pas reçu de formation préalable.

3.1.2.2 Comparaison des stratégies de recherche d’information employées par un groupe de jeunes adultes et un groupe de personnes âgées

Stronge et al. [Stronge et al., 2006] ont eu comme objectif d’examiner la relation entre l’uti-lisation des stratégies de recherche et le succès de la recherche chez des usagers jeunes et âgés expérimentés du Web. Les chercheurs définissent la stratégie comme étant une approche visant à atteindre l’objectif de trouver une réponse à l’énoncé de recherche [Stronge et al., 2006] (p. 438). Ils ont utilisé deux méthodes pour étudier ces stratégies : une expérimentation (étude 1)23 et une enquête (étude 2)24.

Les résultats de l’expérimentation n’ont pas montré de différences significatives liées à l’âge pour trouver une bonne réponse, trouver une réponse incorrecte ou abandonner la recherche avant la fin du temps imparti. Les personnes âgées arrivaient plus souvent que les jeunes adultes à la fin du temps imparti sans trouver de réponses, ce qui signifie que leur taux de réussite global était plus faible que celui des jeunes adultes.

Les participants ont utilisé des stratégies de recherche : par requête, par emploi d’outils du système (par exemple, la recherche à travers les catégories sur la page d’accueil du moteur de recherche, la recherche des sites Web recommandés par le moteur de recherche), par utilisation de stratégies mixtes (utilisation de deux stratégies) et par utilisation d’URL. Aucune différence liée à l’âge n’a été constatée dans l’utilisation de la stratégie mixte. Toutefois, les jeunes adultes ont utilisé la recherche par requête et par URL beaucoup plus souvent que les personnes âgées. En revanche, les personnes âgées ont utilisé la stratégie « outils système » plus souvent que les jeunes adultes.

L’entretien oral a mis en évidence que les participants des deux groupes utilisent, dans le cadre de leur recherche personnelle, 4 stratégies de recherche (de la plus fréquente à la moins

23. 32 individus ont participé à l’expérimentation : 16 jeunes adultes et 16 personnes âgées. Les participants ont traité huit énoncés de recherche en un temps limité

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fréquente) : 1) recherche par requête, 2) visite de sites connus, 3) utilisation des outils de re-cherche du système et 4) demande d’aide à une personne. Les deux groupes ont souligné la nécessité d’évaluer les résultats de leurs recherches.

Les chercheurs ont demandé aux participants ce qu’ils feraient si, parmi les résultats de la re-cherche, aucun ne répondait à ce qu’ils cherchaient. Dans les deux groupes, les participants, dans leur majorité, ont dit ajuster leur stratégie de recherche (par exemple, reformuler une autre re-quête ou changer de moteur de recherche), quitter la recherche, utiliser une ressource externe au Web (par exemple, une encyclopédie ou demander de l’aide à une autre personne...) ou évaluer leur production (par exemple, vérifier si la requête comporte une faute d’orthographe). Ensuite, les chercheurs leur ont demandé ce qu’ils feraient si aucun résultat n’était proposé par le moteur de recherche. Les participants ont dit ajuster leur stratégie, évaluer leur production, utiliser une ressource externe au Web ou quitter la recherche.

Les deux études [Ihadjadene et al., 2005] et [Stronge et al., 2006] montrent que globalement les personnes âgées réussissent aussi bien leurs recherches que les jeunes adultes. Par rapport à Ihadjadene et al. [Ihadjadene et al., 2005], la seconde étude [Stronge et al., 2006] a introduit le facteur « temps » dans l’expérimentation. Il nous semble qu’imposer une limite de temps, dans cette expérimentation, peut désavantager les personnes âgées. Ils étaient comparer à de jeunes adultes étudiants qui, de par leur statut, sont habitués à être mis en situation de résolution de problème (contrôles sur table) et donc à gérer leur temps limité et l’anxiété qui peut découler d’une telle situation. En outre, dans la vie de tous les jours, dans leur majorité, les personnes réalisent leur recherche d’information sans cette contrainte. Ainsi, imposer une limite de temps dans une situation de laboratoire peut éloigner davantage les chercheurs du comportement de recherche des participants dans leur vie quotidienne.

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