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Quelles formes produit-il ? - Formes spatiales ?

DIGRESSION AVEC LE COLLECTIF JACKIE PALL

7. Quelles formes produit-il ? - Formes spatiales ?

Le Terrain Gurzelen peut être vu comme une forme de matrice spa-tiale, contenant différents espaces et lieux pouvant accueillir des usages et des pratiques multiples.

Il sert de grand cadre à l’appropria-tion et à l’expérimental’appropria-tion. Il forme ainsi des espaces mutables, adap-tables et évoluant au fil du temps.

Le Terrain Gurzelen présente ainsi des limites assez claires entre les in-frastructures investies et l’extérieur, le reste de la ville. Entouré de bar-rières, il présente des entrées qu’il est facile de distinguer. La délimita-tion spatiale du projet est donc très précise.

- Formes sociales ?

Le Terrain est, sur le principe, ouvert à toutes et tous. Les diffé-rents événements, les multiples usages et activités quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles qu’offre le Terrain, permet l’accueil d’un grand nombre de personnes et d’usagers. Ces derniers semblent issus d’horizons sociaux et cultu-rels variés. La diversité des projets et des événements engendre un grand nombre d’interactions, de collaborations ou de rencontres.

- Quelle densité ce projet produit-Ainsi, il est possible de percevoir il ? une grande densité sur le Ter-rain Gurzelen; tant au travers des usages, des formes sociales et spa-tiales produites. De par sa capacité à être utilisable sur le temps long, toute la journée, toute l’année, le Terrain accueille continuellement des activités. Il s’y passe tous les jours quelque chose. En été, la saison clémente permet toutefois des possibilités élargies (Terrain Gurzelen, 2017).

8. Quelles sont les limites de ce projet ?

Tout d’abord, les membres de l’as-sociation interrogés ne cachent pas certains conflits entre les différents projets et usagers du Terrain. En effet, face au minimalisme de régle-mentation, certaines personnes ou associations désireraient des règles plus strictes et plus claires. Par exemples, certains usagers des jar-dins partagés souhaiteraient obli-ger une utilisation « biologique » des terrains. Or, selon le comité, il est difficile de l’imposer, de peur d’être limité dans un projet futur ou d’empêcher une utilisation à un moment donné.

Aussi, il s’avère que la participa-tions des usagers ou des porteurs de projets ne sont pas égalitaires en terme d’investissement pour la communauté. Du fait du bénévolat, certaines personnes s’investissent plus que d’autres, qui profitent des infrastructures sans forcément par-ticiper aux investissements que de-mande une telle occupation.

Au niveau spatial, l’aspect très déli-mité des infrastructures du terrain peut être perçu comme une forme

« d’ilot » au milieu du quartier. Ses limites étant très claires, il est pos-sible qu’elles soient quelque peu hermétiques.

De plus, si le fonctionnement et les espaces générés par le projet peuvent être à beaucoup d’égards considérés comme ouverts, il n’en reste pas moins que ceux-ci ont une fin plus ou moins programmée dans le temps. Cela questionne alors ce qu’il se passera après les expériences du Terrain Gurzelen.

- Peut-on y retrouver des caractéristiques de la ville garantie ?

De par son aspect îlot, il est possible d’y déceler une forme de segmenta-tion de l’espace urbain, ce qui cor-respond quelque peu à une forme garantie de la ville. De plus, le fait que le projet du Terrain Gurzelen soit fini dans le temps dénote un risque de « caution » pour le projet qui se construira sur le site qui pourrait ressembler à une forme

« classique » de projet urbain.

5.3. Bühneland

5.3.1. Contextualisation

Bühneland est un projet personnel inscrit dans le cadre du festival de musique open air « les Georges » se tenant chaque été au centre-ville de Fribourg depuis 2014, sur la place Georges Python. Pour l’édition 2017, j’ai été mandaté comme chef de projet afin de mener une réflexion sur l’aménagement du site, en par-ticulier sur le lien entre deux secteurs du festival, à savoir la place Georges Python et la route adjacente, le Square des Places, annexées à l’enceinte de la manifestation depuis l’édition 2016.

L’idée a donc été de réaliser une installation faisant le lien entre ces deux par-ties du festival considérées comme fragmentées. Avec une équipe de trois personnes composée des membres de l’organisation du festival, Marie Riley, responsable coordinatrice du projet, Tristan Taboada, chef de secteur et moi-même, nous avons défendu et mené le projet Bühneland. Celui-ci consiste en la création d’une grande structure de bois connectant les deux parties du festival. Elle est composée d’un plateau principal de 15 mètres de long, sur 3,5 mètres de large, enjambant un parterre de lauriers ainsi que plusieurs modules d’assises en bois disposés autour de ce dernier. Les modules d’assise présentent deux formes distinctes, un parallélépipède de 1,2 mètre sur 75 centimètres sur 25 cm, et une autre, plus haute (54 cm) avec un dossier. Ces modules peuvent être installés de multiples manières permettant ainsi une grande diversité de configurations, s’adaptant aux envies des festivaliers comme aux besoins des organisateurs. Outre l’amélioration spatiale, l’idée au travers de ce projet, a été d’offrir une réflexion sur l’aménagement de la place. En créant ce nouvel espace temporaire au-dessus d’un parterre de lauriers, sous des arbres, le but était de faire réfléchir les festivaliers à la capacité d’appropriation et aux usages de la place Georges Python durant le festival, mais également le reste de l’an-née.

Au vu des budgets très serrés alloués par la direction du festival pour ce projet, l’idée de l’équipe a été de travailler avec des entreprises partenaires, dans le but de promouvoir le bois suisse au travers de celui-ci. En effet, l’intégralité du projet a été conçue en bois fribourgeois, abattu, scié, séché et monté dans le district de la Sarine. Une communication dans ce sens a été effectuée afin de

tien des forêts suisses. En outre, les différentes entreprises nous ayant soutenus dans le projet nous ont offert leurs services depuis l’abattage des arbres par des bûcherons, en passant par la transformation du bois par une scierie, jusqu’au montage par une entreprise de charpente. En tout, les 10 mètres cubes de bois utilisés pour Bühneland ont parcouru une quarantaine de kilomètres, sans sortir du district de la Sarine.

Le projet Bühneland a donc connu un joli succès auprès des festivaliers qui, dès la première soirée, se sont approprié le lieu, jouissant d’une bonne vue sur la scène, tout en permettant la discussion, la détente. La multiplicité des usages possibles a en outre permis la bonne appropriation du lieu durant toute la durée du festival, avant, pendant, entre et après les concerts. Face à ce succès, la direction du festival et les acteurs concernés ont entrepris de re-conduire l’installation de la structure pour les prochaines éditions et des dis-cussions avec la municipalité de Fribourg sont en cours pour envisager un partenariat pour le stockage en vue d’une réutilisation éventuelle pour d’autres événements sur la place.

Illustration 13 : Dessin 3D de la structure Bühneland

Illustration 14 : Schéma d’intention du projet Bühneland

Illustration 15 : Vue aérienne sur le site du festival Les Georges 2017, la place Georges Python et le Square des Places attenant TakeOff productions, 2017

Illustration 16 : Installation de la structure Bühenland, festival Les Georges 2017

Illustration 18 : Occupation par les festivaliers de la structure Bühenland, festival Les Georges 2017 Diane Dechenaux, 2017

5.3.2. Interrogation du cas 1. Pourquoi ai-je choisi ce cas ? Le projet Bühneland a été choisi premièrement, car c’est un projet personnel qu’il m’a été donné de co-piloter. En tant que « respon-sable de projet », cette expérience m’a énormément appris de choses dans la gestion des contraintes, la mobilisation des acteurs et la gui-dance et l’adaptation de projet.

Deuxièmement, le recouvrement temporaire d’une plate-bande inac-cessible a permis de venir inter-roger concrètement l’espace d’une place publique et ses usages.

Enfin, son caractère partiellement modulable permet de s’adapter aux envies des usagers et des festivaliers en recomposant au besoin les es-paces créés par les modules autour du banc principal.

2. En quoi est-il ouvert ?