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Une approche par la ville ouverte

3. RÉFLEXIONS THÉORIQUES

3.3. Une approche par la ville ouverte

La production actuelle des villes, principalement basée sur des logiques néo-libérales et planificatrices, génère donc des espaces cloisonnés, uniformisés, garantis et donc fermés. Dans ce contexte, le concept de ville ouverte apparait comme une alternative. Il convient donc dans ce chapitre d’en esquisser les contours et les caractéristiques principales à la lumière des écrits de Richard Sennett et de différents auteurs dont les écrits entrent en résonnance avec ceux du sociologue.

3.3.1. La question de l’ouverture

Que veut -dire ouvert ? La notion d’ouverture est un concept large et polysé-mique. Il s’avère de fait nécessaire de baliser ce terme et de comprendre ce qu’il signifie dans un cadre de production urbaine.

Bien que quelque peu désuet, l’article de F. Fiala (1947) résume efficacement certaines bases concernant les définitions d’une approche ouverte ou fermée.

Il y conçoit notamment la notion d’ouverture comme une capacité de remise en question, d’expérimentation :

Qu’est-ce qu’une philosophie ouverte ? C’est une philo-sophie dominée par l’idée que l’expérience externe ou interne comporte ou peut comporter un enseignement si pénétrant que même les principes sur lesquels elle se fonde puissent être touchés et doivent être remaniés en conséquence (Gonseth cité par Fiala, 1947 : 147).

L’ouverture est alors liée à l’idée de mutations, de mouvements; elle laisse place à différents possibles et évoque l’adaptation. Richard Sennett, en l’opposant à la « fermeture », qualifie l’ouvert ainsi :

Close means over-determined, balanced, integrated, linear. Open means incomplete, errant, conflictual, non-lin-ear (Sennett, 2006 : 14).

Cette idée peut être approfondie à la lumière la théorie de la pensée complexe développée par le philosophe Edgar Morin (1990) notamment au travers de son ouvrage Introduction à la pensée complexe. Selon l’auteur, cette manière de penser « comporte la reconnaissance d’un principe d’incomplétude et d’incer-Approche primaire 

Une approche par la complexité

titude » (Morin, 1990 : 11), et nécessite également « l’aspiration à un savoir non parcellaire, non cloisonné, non réducteur » (idem). De par sa nature incom-plète et inachevée, la pensée complexe doit traiter avec le fouillis, le désordre, l’incertitude ou encore la contradiction (ibid. : 21-22). La pensée complexe demande dès lors une forme de rejet de la simplification, du cloisonnement et de la généralisation.

Edgar Morin fait le parallèle entre pensée complexe et pensée ouverte par op-position à une vision fermée et réductrice. Il parle de « système ouvert » (ibid. : 29-30) en empruntant cette notion à la thermodynamique et en l’opposant à un « système clos » :

Le système clos n’a guère d’individualité, pas d’échange avec l’extérieur, et est en très pauvre relation avec l’environ-nement, le système auto-éco-organisateur a son individua-lité, elle-même liée à de très riches, donc dépendantes, rela-tions avec l’environnement. Plus autonome, il est moins isolé (Morin, 1990 : 46).

Le philosophe introduit ici l’idée de penser un système en relation avec son environnement. Un système clos n’a pas d’interaction et ne change pas; un système ouvert dépend en revanche de son environnement pour garder un état « stable » en apparence alors qu’une forme de désordre interne lui permet d’exister. À l’image d’une flamme ou d’un organisme vivant qui d’extérieur peuvent paraître stables, ceux-ci sont dépendants d’éléments matériels ou énergétiques externes pour subsister (Ibid. 29-46). Il y a donc dans l’idée de complexité, la nécessité de prendre en considération la relation forte entre un système ouvert et son environnement.

De cette manière, accepter la complexité permet de résister et de s’adapter aux changements d’environnement et aux complications (ibid. 93). Edgar Morin fait d’ailleurs l’analogie entre une zone industrielle très spécifique dans son fonctionnement et donc vulnérable à un changement socio-économique et une bactérie, qui, par la complexité et la vitalité de son organisme (système), peut s’adapter à différents changements, muter et survivre.

Une pensée complexe sera donc capable de saisir une réalité non cloisonnée,

Système ouvert

Relation

à l’environnement

Une idée d’adaptation

Appliquée à la pensée

Il est enfin possible de définir ici l’ouvert comme quelque chose de complexe, changeant et indéterminé. En ce sens, l’approche par la pensée complexe est une manière radicalement différente de penser, bien loin des principes d’un urbanisme fonctionnel et néolibéral (cf. : Chapitre précédent). Il est possible ici de trouver une relation forte entre pensée complexe et approche ouverte comme le développe Richard Sennett. Il est donc nécessaire de développer l’idée de complexité (par extension ouverte) appliquée à la pensée sur l’urbain.

3.3.2. Pensée complexe appliquée à la ville actuelle

Qu’apporte une pensée complexe lorsqu’il s’agit de la confronter au dévelop-pement actuel des villes ? Ce chapitre tente de cerner comment une telle ap-proche permet de critiquer la manière dont sont pensées les villes actuelles.

Tout d’abord, les questions d’indétermination et de remise en question pré-sentes dans la philosophe de Morin se retrouvent fortement chez Richard Sennett. Dans son ouvrage The Uses of Disorder paru en 1973, l’auteur fait le parallèle entre la posture psychologique d’un adolescent et la manière d’amé-nager les villes. Selon lui, la capacité psychologique à renoncer et à s’adapter aux changements par rapport à un plan imaginé et souvent idéalisé distingue l’adolescent de l’adulte. Pour un adolescent, un changement de plan (de vie, de carrière, relationnel ou autre) sera vécu comme un traumatisme. Beaucoup de mécanismes seront alors mobilisés pour maîtriser, garder inchangé et contrô-ler un plan fantasmé. À l’inverse, la maturité de l’adulte est définie comme la capacité à s’adapter, à changer et à perdre le contrôle tout comme l’acceptation que le monde n’est pas un rêve d’harmonie et d’ordre prédéterminé (Sennett, 1973).

Ainsi, pour le sociologue, il est possible de transposer cette différence de ma-turité au niveau de la manière de planifier et d’aménager les villes. Le plan et les processus de planification reflètent un idéal auquel une forme de « imma-turité adolescente » veut s’accrocher, évitant toutes formes d’expérimentations, de surprises ou d’imprévus. L’urbaniste est alors considéré comme technique-ment « omniscient », croyant pouvoir tout maîtriser. La peur du manque de contrôle et de l’aléatoire entraine la mobilisation de « solutions » s’appuyant sur des systèmes technologiques de plus en plus complexes, ce qui, à l’inverse, génère des formes sociales de moins en moins complexes, basées sur l’homo-généité, les règles et le contrôle (idem).

Indétermination et remise en question

Planification et adolescence

Cette critique du besoin contrôle des espaces chez les urbanistes se retrouve chez le géographe Jeff Ferrell (2012, 1689-1690). L’auteur se réfère à la très controversée et largement remise en question « broken windows theory » des chercheurs Wilson & Kelling (1982), pour expliquer en partie ce manque

« d’ouverture » et d’espaces vacants et la tendance au « remplissage » des « trous et espaces » de la ville. Selon Ferrell, cette théorie est encore tenace chez mon nombre d’acteurs politiques qui considèrent les ouvertures comme « intolé-rables » car hors du contrôle politique et économique. Le fonctionnement consumériste et économique des villes modernes tend alors à fermer les es-paces publics de vie sociale.

Même constat chez l’urbaniste John Friedmann (2002) qui impute la ferme-ture et le contrôle des espaces au climat de peur qui tend à rendre la ville fermée. Il semble donc exister un lien ténu entre ville fermée et la peur, par-ticulièrement la peur du manque de contrôle, notamment via une forme de simplification des espaces et des usages, idée que l’on retrouve également chez Richard Sennett.

People are afraid to live in a world they cannot con-trol. (Sennett, 1973 : 65)

Cette approche est approfondie notamment dans son ouvrage La Conscience de l’œil (2000) dans lequel il développe l’idée que les peurs liées à l’exposition à l’autre, notamment construite par les cultures religieuses occidentales, expli-queraient la création d’espaces « inoffensifs » et « insignifiants ».

Cette peur entraîne alors à une forme de simplification de la pensée et donc de l’action. Les designers, urbanistes/architectes Ruedi et Vera Baur dénonce également ce mécanisme de peur de la complexité et du manque de contrôle dans la conception urbaine:

La peur de la complexité est considérée comme une chimère du présent. Il s’agit souvent bien plus d’une crainte de la complication qui rend légitime le diktat d’un pragmatisme simpliste (Baur & Baur dans : Dell, 2016 : 14).

Nous revenons ici à la philosophie d’Edgar Morin qui souligne cette

propen-Vides intolérables

Peur du manque de contrôle

Simplification de la pensée

Mais alors la complexité se présente avec les traits in-quiétants du fouillis, de l’inextricable, du désordre, de l’am-biguïté, de l’incertitude… D’où la nécessité, pour la connais-sance, de mettre de l’ordre dans les phénomènes en refoulant le désordre, d’écarter l’incertain, c’est-à-dire de sélectionner les éléments d’ordre et de certitude, de désambiguïser, clari-fier, distinguer, hiérarchiser… Mais de telles opérations, né-cessaires à l’intelligibilité, risquent de rendre aveugle si elles éliminent les autres caractères du complexus; et effectivement, comme je l’ai indiqué, elles nous ont rendus aveugles (Morin, 1990 : 21).

Il est ici possible de faire le lien entre le manque d’approche complexe ou ou-verte de la ville et l’uniformisation de la ville développée au chapitre précé-dent. La question est alors de déterminer à quoi ressemble une ville pensée comme un système ouvert. Il sera question alors de réfléchir aux formes des espaces physiques dans un premier temps et aux formes sociales prenant place dans de tels espaces dans un second temps.

3.3.3. Concevoir la ville comme système ouvert

Cette approche de l’ouverture nous pousse donc à réfléchir à la signification d’une pensée ouverte et complexe appliquée à la ville, tout d’abord dans les formes physiques générées.

Il est possible de brosser sommairement un portrait des caractéristiques d’une ville ouverte ou plus largement d’un système ouvert au sens de Richard Sennett. En effet, ce dernier développe l’idée de considérer la ville comme une entité en constante mutation et non un état fixe. C’est-à-dire un modèle en équilibre instable, basé sur des réseaux complexes et changeants (Sennett, 2014). Selon Sennett (1973 : 116) il est important de sortir du paradigme haussmannien qui considère que la planification apporte ordre et clarté; la ville doit être pensée comme incohérente, sans forme à part entière. Sennett (1973) développe alors l’idée de « désordre créatif » qui naît au travers de mé-canismes plus « anarchiques » de production de la ville.

Une ville ouverte, au sens de Richard Sennett, est tout d’abord formée d’es-paces aux bordures ambiguës, permettant un chaos entropique et dynamique.

La question des limites est très importante chez Sennett (2006; 2016-b) qui fait Des espaces

aux limites floues

la distinction entre limite (boundaries) et frontière ou lisière (borders). Une limite est perçue chez le sociologue comme une barrière hermétique et fermée, isolant deux espaces. Une frontière est, au contraire, perméable, et permet les échanges, les mélanges. Les espaces d’une ville ouverte sont alors délimités par des frontières offrant les possibilités de nouvelles synergies (idem).

Un système ouvert laisse les possibles mutations et adaptations nécessaires à la survie de celui-ci. Il est intéressant de faire le lien avec les théories de l’évolu-tion qui combine les chances de mutal’évolu-tions (parfois aléatoires), la dépendance aux formes précédentes et à l’adaptation aux changements de contextes envi-ronnementaux. Un espace ouvert pourra s’adapter, muter ou développer de nouvelles manières d’être (Sennett, 2006).

Pour cela, l’idée de forme incomplète est importante. Afin d’empêcher une surdétermination des espaces et de permettre leur adaptation, la ville ouverte offre des formes urbaines incomplète, non terminée. À plus large échelle, la même logique prévaut. Une logique planificatrice cherchant la maîtrise et la détermination de tous les espaces est néfaste à la ville ouverte. Le « récit urbain » reste irrésolu et accepté comme tel, dans sa nature dont il est impos-sible de connaitre le cours. À l’instar d’un roman, la ville ouverte se crée une histoire et celle-ci est faite de rebondissements, de changements inattendus, de mystères. Accepter cette trame narrative et ne pas chercher à connaitre le fin mot de l’histoire permet à la ville ouverte de se déployer (ibid : 10-14).

Ces notions d’incomplétude et d’indétermination se retrouvent chez les desi-gners Ruedi et Vera Baur qui soulignent l’importance de laisser une place pour les décisions futures :

Laisser aux générations à venir des espaces libres où elles ne seront pas tributaires des décisions que nous avons prises à leur place auparavant (Baur & Baur dans : Dell, 2016 : 16).

Cependant, la ville ouverte ne veut pas dire une ville déstructurée. Il est nécessaire de créer de la complexité, des synergies et favoriser les in-teractions en considérant le désordre comme nécessaire et structu-rant. Il est possible de cerner cette idée au travers de la notion « d’entro-pie ». Cette complexité des interactions et l’entrod’entro-pie des synergies s’en

Des espaces capables de changement

Des espaces indéterminés et incomplets

La notion d’entropie

la ville ouverte considérée dans son ensemble est ainsi supérieure à la somme des parties la composant (Sennett, 2006).

Ainsi, la ville comme un système ouvert accepte et profite de la complexité de celle-ci. Elle favorise les interactions et les échanges générant une forme d’entropie des espaces. Cependant, cette entropie urbaine pose la question de l’altérité, de la confrontation à l’autre que la ville néolibérale, nous l’avons vu, tente de réduire.

3.3.4. Considérer l’espace et l’altérité

La complexité et l’ouverture appliquées à l’espace perçu et pratiqué induit la notion d’altérité. En effet, une ville ouverte est le théâtre de multiples inte-ractions et échanges qui apportent une grande richesse au tissu urbain. Une forme d’entropie générale se dégage d’une telle ville, de ses espaces et de ses lieux (Sennett, 2016-b). Il est donc intéressant de comprendre quelles formes sociales prennent les espaces d’une ville ouverte, plus particulièrement les es-paces publics.

Richard Sennett (2016-c) fait la différence entre espace public « intégratif » et

« inclusif ». Selon lui, les villes fermées proposent aujourd’hui des espaces in-tégratifs, c’est-à-dire pour tout le monde « selon l’idée naïve que plus les gens se parlent, plus ils s’entendent ». Le sociologue pense qu’au contraire, les es-paces doivent être inclusifs en partant du principe que la communication est liée à une forme de confrontation. Les différences que comportent les villes ne peuvent pas et ne doivent pas être systématiquement conciliées; il faut ac-cepter ces différences. Il est nécessaire de concevoir des espaces publics dans lesquels les gens peuvent se parler, se rencontrer et communiquer, sans qu’ils aient l’impression de devoir trouver un accord, une intégration universelle.

Chacun doit pouvoir y trouver une place qui n’est pas forcément universelle pour les autres usagers (Sennett, 1973).

Cette idée remet en question l’idée de mixité comme « bien par nature » que soulève Marc Breviglieri (2013). En effet, dans les dynamiques de « villes ga-ranties » le sociologue relève le fait que le concept de mixité est globalement considéré et mobilisé comme une idée positive sans jamais être remis en ques-tion. Cette idée que nous pouvons rapprocher du concept de consensus « post politique » au sens de Swyngedouw (2009) interroge l’universalité de l’espace public. Elle considère l’espace public comme le théâtre de débats, de frotte-ments, d’appropriations. Loïc Blondiaux (2006 : 141) abonde dans ce sens en Inclusion

plus qu’intégration

parlant de la nécessité « tolérer les formes d’expressions conflictuelles » et ne pas forcément chercher à les pacifier.

En quelque sorte, le désordre forcerait les gens à gérer la présence d’autrui (Sennett, 1973:157). L’espace public demande d’être exposé à l’autre, à l’altéri-té souvent considérée comme un « danger » (Sennett, 2000). L’urbaniste John Friedman (2002), en parlant de ville ouverte évoque alors cette reconnaissance de la multiplicité, et la nécessité de vaincre la peur qui nous en éloigne :

I want to pose the challenge of the Open City, a city that is life affirming, that reaches out to others who are not neces-sarily like us, and that acknowledges our common humanity and the pleasures of a life lived among multipli/cities. I want to conquer the fear that holds us in its grip (Friedman 2002: 237).

Cette idée de multiplicité est dès lors fondamentale. Richard Sennett parle de

« densification des espaces publics ». En rejoignant les théories de Jane Jacobs (1961), l’idée de densification implique des espaces publics de plus petite taille, divers, multiples dans leurs usages et pouvant accueillir une activité en permanence. Cette approche rejoint l’idée de convivialité développée par Ivan Illich (1973 : 132) dans laquelle il différencie acteurs et usagers. Transposés aux espaces publics, ces derniers devraient alors accueillir non plus des usa-gers, mais des acteurs de l’espace public. De tels espaces sont alors propices à la sérendipité, au sens de Jacques Lévy (2016), faisant référence aux rencontres inattendues, à la génération de synergies que permet un espace public diver-sifié et dense. En ce sens, Marc Breviglieri estime que les espaces publics n’ont de vie qu’au travers cette densité et cette confrontation à l’altérité :

L’espace public ne vit en un sens que dans la mesure où il contient un ensemble de productions sensibles qui gé-nèrent une densité expérientielle : toute originalité, toute dif-férence, tout choc, toute inconvenance, tout besoin contrarié sont susceptibles de l’animer, de lui donner sa véritable corpo-réité (Breviglieri, 2013 : 233).

Densité de l’espace public

En reprenant l’idée de densité, la géographe et urbaniste Anne Durand (2017 : 148) mobilise les notions de « polychronie » des lieux et de « polyusage » des espaces. Selon elle, dans une optique qu’il est possible d’associer à l’ouverture, il est important de considérer d’une part les lieux dans leurs multiples tem-poralités. Celles-ci diffèrent en fonction de l’heure, ont des durée variables et peuvent même se chevaucher. D’autre part, les espaces doivent pouvoir ac-cueillir une grande diversité d’usages, simultanément et successivement. Cette multiplicité des usages et des temps des espaces public leur confère alors ce caractère dense et vivant développé dans ce chapitre.

Pour résumer, en reprenant les idées de Jane Jacobs (1961), Richard Sen-nett envisage un système ouvert comme dense et divers, tant dans la forme que dans son occupation. Il doit permettre des rencontres inattendues, des chances de découvertes et des innovations; il est stimulant (Sennett, 2006 : 7), permet la compétition ainsi que la collaboration et confronte les différences (Sennett, 2016). La ville ouverte forme donc un certain « désordre interne », riche, vivant et créatif, que la ville fermée rejette.

3.3.5. La capacité d’adaptation de la ville ouverte

L’idée de ville ouverte peut être enfin abordée au travers de la notion de « mu-tabilité urbaine » développée par la géographe urbaniste Anne Durand (2017) dans son ouvrage Mutabilité urbaine, la nouvelle fabrique des villes. Dans ce travail, l’auteur considère la mutabilité comme la capacité d’adaptation des villes, permettant de sortir de l’aspect paralysant du paradigme de la planifi-cation. Cette idée d’adaptation est ici fondamentale dans une perspective ou-verte de la ville.

Anne Durand (2017) observe deux dimensions de la capacité de changement et d’adaptation : « la mutabilité spatiale » et la « mutabilité décisionnelle » :

« La mutabilité spatiale […] est la capacité d’un espace, qu’il soit graphique sur un plan ou réel sur le terrain, à s’adapter à de nouvelles demandes. La mutabilité décision-nelle, quant à elle, se situe dans les stratégies de pilotage des projets, qui ne reposent plus sur des outils juridiques et régle-mentaires, mais sur des dispositifs ouverts qui laissent place à l’incertitude. » (Durant, 2017 : 73)

Polychronie et polyusage

Double nature de la mutabilité

Il est donc important de garder à l’idée que, dans l’idée d’ouverture, le

Il est donc important de garder à l’idée que, dans l’idée d’ouverture, le