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La forme des représentations théâtrales lors de « la Fête des Lanternes »

2.3 Les spectacles donnés dans les fêtes des Song du Nord – l’exemple de « La

2.3.3 La forme des représentations théâtrales lors de « la Fête des Lanternes »

Dans la ville de Bianjing, les spectacles ont quotidiennement lieu sous les chapiteaux situés dans les enclos-aux-tuilettes ou dans les carrefours de la ville. Lorsque l’empereur et les nobles assistent aux célébrations en dehors du palais, les emplacements publics comme les enclos-aux- tuilettes ne conviennent plus au statut du souverain. Pendant les grandes fêtes, la préfecture de Kaifeng organise elle-même les représentations et réorgarnise l'espace théâtral. Pour célébrer ces occasions, le gouvernement constitue le « grand kiosque décoré de fresques » (山棚 Shan peng) dans les quartiers de Bianjing. C’est un type de kiosque en bois monté souvent à côté des pavillons ou des tours. Même s’il est difficile de reproduire ce monument aujourd’hui, il est possible grâce à l’introduction de La Capitale de l’Est, d'avoir une idée de l’architecture et de l’envergure des œuvres théâtrales données lors de grands festivals.

Lors de la « la Fête des Lanternes », le grand kiosque décoré de fresques implanté en face du Pavillon Xuande était colossal et permettait la représentation d'un grand nombre de spectacles. La Voie Impériale, route la plus large de la capitale, relie le kiosque au pavillon et est occupée par le peuple qui s’y rassemble pour assister aux spectacles. Ce kiosque, doté d’une charpente en bois, est décoré de lanternes qui éclairent la rue et les spectacles nocturnes. La base du kiosque a une forme en cube ; ses quatre façades sont décorées différemment, les bois de construction sont attachés au sommet sous forme pyramidale. Sur le kiosque, les fresques présentent aussi des caractéristiques impressionnantes. Le bodhisattva Mañjuśrī (文殊菩薩 Wen shu pusa) symbolise la sagesse et Samantabhadra (普賢菩薩 Pu xian pusa) est la figure de la vérité. Ce sont les gardes de la gauche et de la droite de Śākyamuni 釋迦牟尼, fondateur du bouddhisme. Pour animer les figures sur les fresques, une chute d’eau est maniée manuellement par un système hydraulique au sommet du kiosque. Tous les coins de la ville baignent dans une atmosphère festive. La tablette d’inscription « À l’ère Xuanhe la grande joie avec les sujets » (宣和與民同樂 Xuanhe yu min tong le) sur les portes démontre que le gouvernement des Song du Nord veut bâtir une grande société.

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L’Histoire des Song note une architecture similaire constituée pour des spectacles en plein

air :

« La veille et le lendemain du 15ème jour de la première lune, dans la ville, les lanternes

sont toutes allumées, la Porte Principale du palais impérial est décorée de couleurs multicolores en forme d’un kiosque orné de lanternes. Un tréteau est monté, sur lequel le Conservatoire d’Enseignement présente les Cent Jeux. […] Les invités des quatre frontières de l’Empire tout en suivant les chants et les danses de leur propre pays se tiennent debout au bas du Pavillon. Près de la Porte Donghua, de la Porte Ye de Gauche et de Droite, des Tours d’angle de l’Est et de l’Ouest, de l’Avenue de Rempart, du Temple taoïste de Grand Palais, sont implantés de grands kiosques décorés de fresques, où la musique résonne et les lanternes sont allumées. Dans la capitale impériale, des créneaux sont partout installés. Le soir, les vieilles portes de la ville s’ouvrent jusqu’au jour pour que les citadins s’y promènent ».133

Au 15ème jour de la première lune, les gens allument aussi des lanternes dans la capitale.

Devant la Porte Principale sur le rempart du palais impérial, on montait des kiosques en bois décorés de peintures et de rubans. Sous les Tang, ce type de kiosque n’apparaît que dans le palais impérial, mais à la fin des Song du Nord, le gouvernement en constitue d’autres dans les quartiers de Bianjing pour que les gens ordinaires puissent s’y promener pendant les fêtes. La scène de théâtre est souvent installée à côté du grand kiosque décoré de fresques, et divers spectacles y sont présentés. De même, les acteurs donnent des représentations dans les chapiteaux de musique implantés partout. A l’occasion des fêtes, on ferme la route encerclée par des treillages de broussailles, dans lesquels les tentes de musiques sont montées et les acteurs officiels jouent des pièces. Des tréteaux sont partout implantés dans la ville et sont toujours en face d’un pavillon ou d’une porte, car l’empereur, ses concubines et les vassaux montent à l’étage du pavillon et regardent les spectacles qui ont lieu sur le tréteau.

133Tuo Tuo 脫脫, « Zhi liu shi liu li shi liu » 志六十六禮十六 (Annales LXVI. Rituel XVI.). [En ligne].,

op.cit ; Disponible sur : https://ctext.org/wiki.pl?if=gb&chapter=347029#p3. (Consulté le 10/08/2018). (Voir l’Annexe 14)

III

L’art théâtral dans la poésie

chantée sous les Song du Nord

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TROISIÈME PARTIE

3 L’art théâtral dans la poésie chantée sous les

Song du Nord

« À l’époque des Song, les anciens genres poétiques restent cultivés : poèmes réguliers de cinq ou sept caractères d’écriture par vers, longues descriptions lyriques et savantes. Mais, en même temps, la vogue de plus en plus grande de la chanson, de genre mi- populaire et mi- savant, provoqua l’apparition et le développement d’un nouveau genre poétique. »134

– Jacques Gernet