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Un niveau de grès brun surmontant des cargneules -présent seulement sur la carte géologique de La Rochette- a été daté du Rhétien avec Avicula contorta et Mytilus minutus. Au dessus de ce niveau de grès affleure des calcschistes clairs attribué à l'Hettangien [Barféty et al., 1984]. Localement, des calcschistes bréchoïdes gris et jaunes à éléments dolomitiques et calcaires, parfois lumachellique ou des calcaires noirs spathiques (calcaires moirés ; jusqu'à 5 m de puissance) peuvent être observés au dessus des schistes dolomitiques.

b) Initiation du rifting

Le terme de spilite regroupe un ensemble de faciès volcaniques (cinérites, tufs, laves basaltiques alcalines) et volcano-sédimentaire (schistes spilitiques) avec intercalations de niveaux sédimentaires (brèche à éléments de lave et ciment calcaréo-dolomitique, calcaires à entroques, calcaires oolithiques, schistes rouges à violacés). La puissance de cette formation peut dépasser 50 mètres, avec superposition de plusieurs coulées intercalées de niveaux sédimentaires. Au contact des coulées, les calcaires sont métamorphisés en marbres versicolores souvent bréchiques. Certains auteurs supposent une mise en place subaquatique voire de haut fond [Barféty and Pêcher, 1984]. Ces spilites s'intercalent entre la fin du Trias et le début du Lias. Ils ont été observés surmontés par des sédiments du Rhétien à Côte Dure sur la feuille de Vizille [Moret and Manquat, 1948; Barféty et al., 2002]. Cette observation date le début du rifting au Trias supérieure dans le massif des Ecrins.

Ce magmatisme basique, associé à de nombreux filons dans le socle [Vatin-Pérignon et al., 1974] (qui sont très certainement des conduits d'alimentations), exprime une extension crustale, initiation du rifting [Laurent, 1992].

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II-33: (page précédente) Faille normale et demi-graben. A: vue aérienne vers le sud (Google Earth) du demi-graben de Bourg-d'Oisans avec superposition progressive de ses structures. B: détail du contact tranché entre le socle et la couverture sédimentaire à l'ouest de le Chalp. Vue de près, le socle est une microbrèche. C: Vue aérienne vers l'ouest (Google Earth) du demi-graben de la Jassirette avec sa série syn-rift Liasique et des séries post-rift Jurassique supérieure à Crétacé (série du Grand Renaud). A gauche, un détail de la brèche de socle à matrice carbonaté matérialisant la faille normale de la Jassirette dans le socle.

c) Le rifting: failles normales et dépôts syn-rifts

L'extension liasique, reconnue notamment dans le massif des Ecrins par [Barféty et al., 1970a, 1970b], se traduit principalement par des demi-grabens qui peuvent-être caractérisés par différents trait structuraux et sédimentaires: (1) une faille normale limitant un bloc basculé (Fig. II-33); (2) des brèches le long de la faille normale et/ou intercalées dans les dépôts syn-sédimentaires (Fig. II-34, II-35C, D); (3) des séries anté-rift d'épaisseur régulière, syn-rift d'épaisseur croissante vers la faille normale et post-rift d'épaisseur régulière et recouvrant le tout (Fig. II-35D); (4) des dépôts de bathymétrie contrastée: peu profonde à émergé au dessus du bloc inférieur de la faille normale jusqu'à profonde au toit de la faille normale [Roux et al., 1988].

Quelques olistolithes peuvent être observés à proximité des failles normales, comme celui de splilite triasique observable et accessible à l'ouest de le Chalp (Fig. II-35C) dans des sédiments Toarciens. Par ailleurs, la faille normale peut-être jalonnée de quelques éléments de sédiments syn-rift comme le Lias calcaire emballés dans un remplissage sédimentaire plus récent (Fig. II-35C). Ces éléments peuvent également être vus comme des olistolithes traduisant le jeu continu des failles normales.

Une étude bathymétrique effectuée par [Roux et al., 1988] dans le demi-graben de La Mure indique des profondeurs de dépôts de l'ordre de 1000m au dessus du bloc supérieure de la faille normale et de l'ordre de 500m au dessus du bloc inférieure de la faille normale, ce qui révèle l'importance des reliefs sous-marin créé par ces accidents.

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II-34: Brèches et faille normale de la Croix de Cassini. Les croquis sont de [Rudkiewicz and Vibert, 1982].

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II-35: Demi-graben et âge des dépôts syn-rift. A et B: reconstitution des dépôts syn-rift et post-rift du demi-graben de Bourg d'Oisans d'après [Barféty and Gidon, 1983]; C: Olistolithes le long de la faille normale d'Ornon près de le Chalp d'après [Lemoine et al., 1986]; D: coupe restaurée et âge des dépôts à travers les demi-graben de la zone externe depuis La Mure à Emparis d'après [Lemoine et al., 1986].

Les dépôts syn-rifts sont donc ceux dont l'épaisseur augmente vers la faille normale et/ou qui contiennent des brèches. Ces dépôts peuvent également être reconnus par les relations stratigraphiques qu'ils présentent et notamment les angles de discordances entre les différentes séries sédimentaires (Fig. II-35A, B). Il apparait ainsi que le rifting, initié durant le Rhétien se prolonge jusqu'à l'Oxfordien moyen (203 à 160Ma) comme en témoigne les premières séries post-rift de l'Argovien du bassin de Bourg d'Oisans [Barféty and Gidon, 1983] (Fig. II-35A, B). Cette subsidence tectonique, qui s'étale donc sur quelques 40Ma, s'effectue de manière discontinue avec trois épisodes tectoniques principaux

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entre l'Hettangien supérieur à le Sinémurien inférieure, entre le Toarcien et l'Aalénien et entre le Callovien et l'Oxfordien [Rudkiewicz, 1988].

Dans le massif des Ecrins, on désigne fréquemment les formations sur la base de leur lithologie, et non de leur âge strict. Il y a ainsi le Lias calcaire (Hettangien, Sinémurien, Lotharingien, Carixien), le lias schisteux (Domérien, Toarcien), l'Aalénien schisteux, le Dogger Calcaire (Bajocien-Bathonien) et les Terre noires, série Callovo-Oxfordienne pélitique riche en matière organique (Fig. II-32).

Il est à noter que les premiers sédiments post-rift ont le même âge que les premiers sédiments déposés sur la croûte océanique de l'océan Liguro-Piémontais [De Wever and Caby, 1981; De Wever and Dercourt, 1985; De Wever et al., 1987]. Ceci exprime la transition entre une subsidence tectonique durant le rifting et une subsidence thermique durant l'océanisation, qui débute à l'Oxfordien.

Malgré ces quelques critères de reconnaissance simples, il n'est pas toujours aisé d'identifier les failles normales sur le terrain, du fait du raccourcissement Alpin notamment. Or, afin de reconnaitre l'impact de l'héritage sur le raccourcissement, l'identification de ces structures est de première importance.

d) Distribution cartographique des failles Liasiques: une revue