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LA FORMATION

Dans le document LA PJJ AU SERVICE DE LA JUSTICE DES MINEURS (Page 100-103)

Dès les débuts de l’Education surveillée, une formation spécifique a été mise en place à l’intention des éducateurs.89

Très vite, un débat s’est instauré sur les qualités attendues de l’éducateur de justice90. A l’époque de l’immédiat après guerre, où la France compte moins de titulaires du baccalauréat que du master aujourd’hui, Henri JOUBREL affirme que « l’éducateur est un homme d’action, plus que de recherche et de pensée ». Pourtant, l’Education surveillée tranche en sens inverse. Henri MICHARD, fondateur

89 On lira avec intérêt sur l’histoire de la formation le numéro hors série des cahiers dynamiques, 2012, « 60 ans de formation, de Vaucresson à l’ENPJJ », sous la direction de Dominique Youf et Jean-Jacques Yvorel

90 Ce débat s’est notamment développé dans la revue “rééducation, revue française de l’enfance délinquante, déficiente et en danger moral », n° 16 et 18, juillet août 1949, avec des articles d’H. Joubrel et de G. Sinoir : « le baccalauréat est-il nécessaire aux éducateurs ? ».

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et directeur du centre de Vaucresson de 1951 à 1974 exige que le candidat aux fonctions d’éducateur soit titulaire du baccalauréat. L’objectif est que l’éducateur soit un homme ou une femme d’action, mais également qu’il conduise son action, à partir de connaissances dans des disciplines comme la psychologie, la neuropsychiatrie, le psychanalyse, le droit, les sciences sociales, la criminologie. La formation initiale est dispensée au centre de Vaucresson. L’apprentissage de compétences pratiques s’acquiert ensuite au cours d’un stage de longue durée (un an).

Rapidement, une formation continue est également mise en place. Vaucresson est aussi un centre de recherche et de documentation, où se rencontrent juges, éducateurs en formation initiale et continue, responsables d’établissement ou de service.

L’accroissement de l’effectif des promotions, qui passe d’une douzaine par an à 120 en 1963, et jusqu’à deux promotions totalisant 350 éducateurs en 1975, entraine la création des écoles de Savigny sur Orge et Toulouse, qui assurent désormais la formation initiale. Sous l’effet des remises en cause des organisations hiérarchiques et centralisées, généré par les évènements de mai 1968, l’essentiel de la formation est décentralisée dans les centres régionaux de formation, où l’expérimentation est privilégiée.

En 1992, cette organisation est remise en cause. Le directeur de la PJJ, Dominique CHARVET décide la création du Centre National de formation (CNFE-PJJ), pour redonner une cohérence nationale à la formation. Il relève les conditions de recrutement des éducateurs à bac + 2 ; les enseignements théoriques retrouvent une place importante. La rédaction d’un mémoire sur les pratiques professionnelles est instaurée. Les CRF sont maintenus, avec l’objectif d’analyser les pratiques vécues pendant les stages.

Ce dispositif de formation sera maintenu pendant plus de 20, sans modification majeure.

Une nouvelle organisation de la formation est mise en place par arrêtés du 28 juin 2011, pour prendre en compte les évolutions législatives intervenues depuis le début des années 2000, et le nouveau rôle assigné à la PJJ, mais aussi la réforme du recrutement et de la formation des fonctionnaires, résultant du rapport Le bris. Celui-ci recommande la réduction des formations et la mise en place de la formation permanente tout au long de la vie. La formation théorique est concentrée la première année et est dispensé dans la nouvelle ENPJJ, installée à Roubaix depuis 2008. Dès la seconde année, les stagiaires sont placés, de fait, en situation de pré-affectation.

1. La politique de formation dépend de l’Administration centrale, et notamment de la sous direction des ressources humaines ; elle est mise en place en fonction des orientations stratégiques de la PJJ. L’école est l’outil de mise en place de cette formation.

2. Le recrutement et les candidats. Jusqu’en 2010, on a constaté une baisse constante du nombre de candidats aux concours. Le phénomène s’est inversé, et on constate depuis 2011 une hausse du nombre des candidats. Ceux-ci sont majoritairement issus des filières juridiques, quelquefois des métiers du domaine de l’éducation et du sport. Les femmes sont très présentes aux concours. 80 % des candidats reçues au concours de directeur sont des femmes, et 62 % de celles reçues au concours d’éducateur.

Il convient de noter qu’un nombre important d’agents qui avaient fait l’objet d’un recrutement contractuel, ont réussi les concours d’éducateur. Il est engagé une politique de titularisation des

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agents contractuels qui donnent satisfaction afin de favoriser leur réussite aux concours. La reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle a été introduite dans les épreuves des concours internes.

3. L’organisation de la formation est confiée à l’ENPJJ. La délocalisation du CNFE PJJ à Roubaix a été décidée en 1994 par le conseil interministériel d’aménagement du territoire. l’école s’est effectivement installée sur le site en 2008. Elle dispose d’un site moderne, un ensemble de 6500 m2 en deux bâtiments, une ancienne filature et une extension contemporaine. Les locaux sont modernes, agréables et fonctionnels.

Sous l’autorité de la directrice générale, travaillent trois directions :

- la Direction de l’ingénierie de formation pour l’ensemble des métiers et fonctions - la Direction des enseignements et de la recherche,

- la Direction des affaires administratives et financières : ressources humaines, budget, logistique. Les fonctions d’hôtellerie, restauration, maintenance, sont confiées à des opérateurs privés.

L’ENPJJ est une école moderne, dont le fonctionnement a paru tout à fait satisfaisant à la mission.

Elle accueille des promotions de 120 à 150 éducateurs et assure la formation simultanée de 500 agents, dont 70 % en formation statutaire et 30 % en formation continue. Son corps professionnel est composé d’une équipe de chercheurs, qui font partie du personnel permanent de l’école, et de formateurs recrutés sur profil pour une durée déterminée.

L’ENPJJ intègre la recherche à la formation. Elle dispose d’un centre de recherche de qualité. Elle dispose notamment des archives de Vaucresson, et assure des éditions régulières.

En ce qui concerne la formation, il nous semblerait souhaitable de veiller à ne pas transformer la 2e année, qui se déroule sous la forme d’un stage sur le site de la future affectation, en une véritable préaffectation.

D’autre part, il serait également opportun de modifier le statut de l’école, pour qu’elle dispose d’une plus grande autonomie pédagogique. La cour des comptes 91 avait constaté que le CNFE était très autonome au sein de la PJJ, sans disposer pour autant de la personnalité morale ni d’un budget propre. Elle avait estimé souhaitable sa transformation en établissement public à l’image des autres grandes écoles d’application du ministère de la justice (ENM, ENG, ENAP).

La formation continue

La loi de modernisation de la fonction publique du 2 février 2007 et le décret du 15/10/2007 refond le dispositif global, avec une formation tout au long de la vie (FTLV) + loi du 3 aout 2009 sur la mobilité et les parcours professionnels.

Certaines formations ont été mutualisées dans des plateformes régionales de formation communes à d’autres services du ministère de la justice.

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Mais l’essentiel de cette formation est assurée dans les pôles territoriaux de formation (PTF) dépendant de l’école.

Les efforts de formation continue doivent être poursuivis : on constate une inégalité d’accès puisqu’entre 35 et 40 % des agents ne participent à aucune formation.

PROPOSITIONS

Envisager le changement de statut de l’ENPJJ en établissement public administratif Modifier le programme de formation de 2° année pour que le stage ne corresponde pas à une préaffectation

Assurer des formations en lien avec l’ENAP sur la prévention et la gestion de la violence

4. AUDITS ET INSPECTIONS

Dans le document LA PJJ AU SERVICE DE LA JUSTICE DES MINEURS (Page 100-103)