V. Structure du xylème
4) Formation des éléments conducteurs
Le cambium bifacial est le tissu assurant la croissance secondaire des plantes. Il est
constitué d’une monocouche de cellules qui se renouvellent par divisions des cellules cambiales
dans le sens tangentiel. Les cellules cambiales peuvent se différencier en cellules constituant le
xylème et le phloème. Concernant la formation du xylème, deux étapes permettent de passer
des cellules cambiales aux éléments conducteurs :
- La différenciation : Les cellules cambiales se différencient en cellules initiales
cambiales puis en cellules de xylème immature puis enfin en précurseurs des éléments
conducteurs. On observe lors de ces différentes étapes un allongement cellulaire et le
dépôt de la paroi secondaire.
Figure 36 : Différenciation des cellules cambiales.A: Coupe transversale de peuplier montrant le cambium
bifacial, le phloème et le xylème. TE, éléments conducteurs ; XF, fibreB :Schéma des voies de signalisation
de la différenciation des cellules cambiales en éléments conducteurs. Notez queAest représenté avec une
rotation de 90 ° par rapport àB(Lucaset al., 2013).
A
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- Les éléments conducteurs immatures deviennent matures : la paroi se lignifie et la
cellule se vide de son contenu par apoptose, dans ce cas appelée Mort Cellulaire
Programmée (PCD).
a)Différenciation
Les cellules cambiales peuvent se différencier en cellules composant le phloème ou le
xylème (Fig. 36.A). Dans le second cas, elles pourront devenir des éléments conducteurs, du
sclérenchyme ou du parenchyme. Des gènes ont pu être reliés avec l’organisation des faisceaux
de vaisseaux chez Arabidopsis thanliana : si le phénotype sauvage présente les faisceaux de
xylème et de phloème côte à côte (l’ont dit qu’ils sont collatéraux), une mutation du gène
IFL1/REV entraîne un développement du xylème autour du phloème (on parle alors de
faisceaux amphivassaux) (Zhong & Ye 2004). Les gènes AtKTN1 et AtVRLK1 ont été associés
à la régulation de l’élongation cellulaire (Burk et al., 2001 ; Huang et al., 2018). De plus
l’analyse d’ARN messagers de l’expansine, une protéine de la paroi pectocellulosique
impliquée dans la différenciation des cellules cambiales en vaisseaux, montre que ces protéines
sont exprimées de façon spécifique au xylème, confirmant ainsi leur rôle (Im et al., 2000).
Enfin, chez le maïs, la mutation wilted a été repérée comme bloquant la différenciation des
cellules cambiales en méta-xylème (Postlethwait & Nelson, 1957).
Le contrôle de la différenciation des cellules cambiales en cellules xylémiennes se fait
par l’inhibition dans le phloème via la voie de signalisation TDIF-TDR (Fig. 36.B). Les gènes
CLE41 et CLE44 codent le peptide TDIF (Tracheary element Differenciation Inhibitory
Factor) dans le phloème (Ito et al., 2006). Le récepteur TDR (TDIF RECEPTOR) est
principalement exprimé dans le cambium (Hirakawa et al., 2008). Il a pour effet i) d’activer le
gène WOX4 qui entraîne l’auto-régénération du cambium (Ji et al., 2010 ; Suer et al., 2011) et
ii) d’inhiber la différenciation des cellules cambiales en éléments conducteurs par suppression
des gènes VND6 et VND7 (Hirakawa et al., 2010 ; Kondo et al., 2011). Ces gènes sont
essentiels à la formation de xylème car, chez Arabidopsis comme chez le peuplier, ce sont eux
qui induisent la différenciation des cellules cambiales en vaisseaux (Kubo et al., 2005 ;
Yamaguchi et al., 2008 ; 2010). En effet, les VND6 & 7 activent les facteurs de transcription
MYB46 et MYB83, à l’origine de la biosynthèse et des dépôts de cellulose, xylane et lignine
dans les vaisseaux et les fibres (Fig. 37) (Zhong et al., 2007 ; McCarthy et al., 2009).
Les microtubules corticaux – qui sont formés de polymères de tubulines organisés pour
Figure 37 : Cascade transcriptionnelle permettant la
mise en place d’éléments conducteurs du xylème
(Zhong & Ye, 2015).
Figure 38 : Mise en place d’une ponctuation. Sous
l’action de MIDD1, Kinesin-13A est recrutée, dont
l’action consiste en la dépolymérisation des
microtubules corticaux, empêchant le dépôt de
cellulose par CesA. (Zhong & Ye, 2015).
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micro-fibrilles de cellulose de la paroi secondaire par les protéines CesA (cellulose synthase A)
(Taylor et al., 1999 ; 2000 ; Baskin 2001). Ce sont les protéines MAP65 et MAP70
(microtubule-associated protein) qui permettent la mise en place des microtubules corticaux
(Mao et al., 2006 ; Pesquet et al., 2010).
b)Formation des ponctuations
Concernant les ponctuations entre éléments conducteurs, leur formation résulte d’une
absence de dépôt de cellulose de la paroi secondaire (Fig. 38) (Oda & Fukuda 2012a). En effet,
la protéine MIDD1 (microtubule depletion domain), en recrutant Kinesin-13A, la protéine de
dépolymérisation des microtubules, empêche les dépôts de cellulose (Oda et al., 2010 ; Oda &
Fukuda 2013). Cet espace sans paroi secondaire formera une ponctuation. Le recrutement de
MIDD1 est contrôlé par ROP11 GTPase, elle-même contrôlée par ROPGAP3 (inhibiteur) et
ROPGEF4 (activateur) (Oda & Fukuda, 2012b). Les renflements de paroi secondaire des
ponctuations inter-vaisseaux se formeraient également suivant l’orientation des microtubules
corticaux (Uehara & Hogetsu, 1993 ; Chaffey et al., 1997), mais les mécanismes à l’origine de
l’absence de dépôt au niveau de l’ouverture de la ponctuation demeurent inconnus (Savidge,
2014). Il est à noter que la composition des renflements de la ponctuation est différente de celle
du reste de la paroi secondaire (Savidge, 2014 ; 2016). Enfin, l’hydrolyse de la paroi primaire
assure sa maturation en paroi de ponctuation (O’Brien, 1970 ; Butterfiled & Meylan, 1982).
c) Lignification et mort cellulaire
La maturation du vaisseau continue avec les dépôts de lignine, qui sont également régulés
par les facteurs de transcription MYB46 et MYB83 (Zhong et al., 2007 ; McCarthy et al., 2009).
Des monolignols sont synthétisés dans le cytosol puis exportés et polymérisés au niveau de la
paroi pectocellulosique pour former la lignine (Freudenberg, 1959 ; Davin & Lewis, 2000).
Des travaux montrent que la mort cellulaire serait régulée par VND6 et 7 via les gènes
XCP1 et XCP2 (XYLEM CYSTEINE PROTEASE 1 et 2), eux-mêmes impliqués dans la
production de protéases à l’origine del’autolyse des composants de la cellule (Avci et al., 2008 ;
Ohashito-Ito et al., 2010). Préférentiellement exprimés dans les éléments conducteurs, ces
gènes permettent l’accumulation de protéases dans la vacuole, qui les libère lors de son
implosion, entraînant la dégradation de l’ensemble des constituants de la cellule (Groover et
al., 1997 ; Avci et al., 2008). Ainsi vidé de ses constituants, le vaisseau est à présent mature et
fonctionnel.
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VI. Déterminants structuraux de la
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Etude structurelle et fonctionelle de la plasticité de la vulnérabilité à l'embolie chez le peuplier
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