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Pourquoi une formalisation de l’action des équipes peut-elle être nécessaire ?

7. Discussion des résultats et interprétation

7.6. Pourquoi une formalisation de l’action des équipes peut-elle être nécessaire ?

Les cadrages, lorsqu’ils existent sont méconnus tout à la fois des professeurs des écoles stagiaires : « J’aurais aimé qu’existe un dispositif spécifique d’accueil des PES, en effet, cela ne fait que la 2ème année qu’ils en accueillent, et ne savent pas trop quelles informations nous avons besoin malheureusement. Et je pense que l’année dernière cela a été pire pour les PES… » que des équipes et en particuliers des directeurs d’écoles qui les ignorent ou les délaissent car trop théoriques : « Non, mais je ne sais pas si il y a besoin… parce que… s’ils nous préparaient ce serait encore sur une vision papier des choses… et donc comme la vie c’est pas du papier et comme elle ne se … comment dirais-je… comme elle n’obéit pas aux injonctions qu’on peut mettre sur le papier : ça doit se passer comme-ci, comme ça et ça ne se passe jamais comme-ci, comme ça. De toute façon, il y a de grandes chances pour qu’ils tapent à côté. », « On a un protocole que j’ai lu, de l’académie je crois, mais ils disent des banalités,… “ Comment accueillir les… ”,… ça ne sert à rien… ». L’absence de préparation concrète, d’informations peut même devenir anxiogène pour certaines équipes. Pourtant des dispositifs existent même s’ils sont sous-utilisés comme le projet d’école.

D’autres sont réclamés par les professeurs des écoles stagiaires comme une bouée de sauvetage qui apaiserait leurs besoins de réassurance. Ils les souhaitent pratiques comme des outils et pour cela ils doivent s’adapter et être conçus presque au cas par cas car chaque demande est différente. Pour pouvoir être réalisables et utilisés par les stagiaires ils nécessiteraient une réflexion pragmatique au niveau de la circonscription voire au sein même des écoles qui ont une connaissance de l’environnement, du contexte : « des documents nous aidant à mettre en place les différents plans d’aide », « un carnet de route pour les premières semaines », « un guide complet d'informations, contenant la liste des choses à faire avant la rentrée (documents

59 officiels, matériel à avoir...), la manière de gérer une commande, comment s'occuper de l'administratif (assurances...), comment préparer concrètement une réunion de rentrée parents/professeur », « un classeur avec tous les éléments administratifs (voir un planning de l'année précédente des différentes surcharges administratives : réunion parents-prof, demandes de renseignements administratifs, événements programmés). un classeur avec les documents administratifs concernant l'école mais aussi en lien avec l'Education nationale (constat : aucun documents présents lors de la prise de poste) ». Ces outils seraient particulièrement utiles en tout début d’année pour les stagiaires qui ont à ce moment un surcroît de travail considérable et peu de temps disponible pour effectuer la multiplicité des tâches qu’ils découvrent au fur et à mesure. L’écueil est le temps que nécessite la construction d’outils d’accueil des stagiaires et dont les équipes ne disposent pas car le temps dévolu au travail en équipe dans les obligations de service est compté et s’applique à des domaines très larges. Pour cela, les équipes travaillant en REP ou REP+ ayant un temps supplémentaire à consacrer au travail en équipe ou les grosses écoles où le directeur est intégralement déchargé sont peut-être favorisées. Le second écueil est que travailler en équipe ne se décrète pas et que les prescriptions et injonctions ne suffisent pas à initier cette réflexion. Il est probable qu’une réflexion en équipe pédagogique sur des outils d’accueil des stagiaires pourrait être prescrite car relevant principalement d’une coordination de l’action collective. Si on ajoute en plus que les professeurs des écoles stagiaires ne sont affectés sur une école généralement que quelques années tout au plus, il semble plus intéressant de se pencher sur la constitution d’outils d’accueil des nouveaux arrivants au sens large. Cette réflexion serait profitable à l’équipe comme une rationalisation des moyens mais aussi à tout nouvel arrivant pouvant être opérationnel beaucoup plus rapidement à l’instar des procédures d’accueil en entreprise.

Cependant on peut se poser la question de l’intérêt d’outils ou même de procédures concernant l’intégration de ces stagiaires. Il apparaît que la plupart des stagiaires s’adaptent et trouvent au fil du temps différentes façons de trouver des réponses à leurs questions : « J’ai appris à poser les bonnes questions et à me débrouiller par moi-même. », « Mais elles étaient pas tout le temps là à nous harceler de questions… Non, c’était des filles qui étaient autonomes. Elles savaient où elles allaient… Elles ont beaucoup bossé ensemble. ». Mais il reste quelques stagiaires dont l’entrée dans le métier reste problématique pour diverses raisons et pour lesquels les équipes, comme Mme B. l’exprime, éprouvent parfois elles aussi des difficultés :

Bon après si c’est quelqu’un qui met en danger les gosses ou quelqu’un de pas motivé peut être que là… quelqu’un qui fait ça mais on sent que c’est pas… Oui là, je me

60 montrerai peut être un p’tit peu plus si vous voulez… tout en restant… je ne suis pas supérieur hiérarchique en tant que directeur…

Pour cette problématique, la constitution volontaire en collectifs d’enseignants autonomes et engagés permet l’élaboration d’un travail collaboratif voire coopératif. En effet, les équipes sont alors conscientes qu’aider les stagiaires présente une utilité dans leur propre exercice professionnel ; il s’agit de renforcer le sentiment de compétence (Dupriez, 2010) des équipes en leur reconnaissant un rôle à part entière dans l’accompagnement, la transmission de gestes professionnels pour les amener à modifier leurs habitudes de travail. Elle doit tenir compte des attentes des uns et des autres pour devenir une forme de soutien entre pairs adossée à la réciprocité et à la symétrie où les rôles alternent en fonction des besoins et où chacun peut apprendre de l’autre et de sa relation à l’autre. La réponse aux problèmes partagés est cherchée ensemble comme préambule au travail collaboratif.

Le rôle d’animation d’un directeur d’école investi dans sa mission de formation est alors un catalyseur. La personne ressource du conseiller pédagogique de circonscription peut ainsi parfaitement trouver sa place dans ce dispositif : « Il y a un cas, (…) , où les deux PES ne s’entendaient pas du tout mais c’était vraiment une catastrophe donc là les CPC sont venus aider le directeur parce que c’était très, très compliqué. ».