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CHAPITRE 5 : DISCUSSION

5.2 Forces et limites de la thèse

Chacun des objectifs spécifiques de cette thèse a fait l’objet d’un article scientifique distinct, où des forces et limites ont déjà été abordées. De ce fait, cette section traite davantage de l’objectif général de la thèse, ainsi que des points qui n’ont pas été mentionnés dans les articles.

Premièrement, la validité externe d’une recherche dépend essentiellement de la représentativité de l’échantillon (Corbière, 2014). Nos sources de données ayant fournie une couverture complète de notre population cible, les GU gériatriques des SU atteints de CPSA au Québec, la validité externe de la thèse est donc jugée élevée. Il est également permis de penser que notre population cible est représentative de la grande majorité des GU gériatriques des SU. En effet, les CPSA sont les maladies chroniques les plus fréquemment rapportées au

sein des populations gériatriques. À titre d’exemple, environ 70% des aînés canadiens souffrent d’hypertension artérielle, la CPSA la plus courante (DeGuire, 2019). Plus encore, le lien entre la condition clinique des individus et la grande utilisation des SU est reconnu par plusieurs auteurs, alors que 87 à 96 % des individus issus de cohortes de GU âgées étaient atteints de conditions chroniques (Berry, Street, & Considine, 2019; Pham, 2017). D’ailleurs, les écrits soulignent que le fait de souffrir de maladies chroniques est un des prédicteurs les plus importants de la grande utilisation des SU par les aînés (Castillo et al., 2019; Leporatti, Ameri, Trinchero, Orcamo, & Montefiori, 2016).

Même si l’absence de variables socio-économiques a pu être surmontée par l’utilisation d’indices de défavorisation matérielle et sociale, plusieurs variables pertinentes n’étaient pas disponibles par le biais de nos sources de données. C’est notamment le cas des variables auto- rapportées, telles que la perception de l’état de santé, la perception de la qualité de vie et de la gravité des conditions de santé ainsi que les besoins non satisfaits liés au soutien social.

On note également l’absence d’information sur l’utilisation de services de soins à domicile et sur l’autonomie fonctionnelle. Les soins à domicile visent entre autres à favoriser le maintien à domicile des aînés. Ils visent à répondre à leurs besoins de santé et s’inscrivent dans le continuum des soins amorcés en SSPL ou en milieu hospitalier (Statistique Canada, 2009). Au Canada en 2009, 25 % des personnes de 65 ans et plus ont déclaré avoir bénéficié de services de soins à domicile formels ou informels. Le profil des aînés recevant des soins formels aux soins à domicile se rapprocherait des aînés vivant en établissement de soins de longue durée (ICIS, 2014). Ces variables sont autant d’exemples qui auraient permis de nuancer et d’approfondir davantage notre compréhension du contexte de la grande utilisation des SU chez une population gériatrique.

L’utilisation du « Modèle comportemental de l’accès aux soins » d’Andersen (1995) représente également une force dans le cadre de cette thèse. En effet, il nous a permis d'évaluer les déterminants potentiels de l'utilisation des SU, notamment les caractéristiques prédisposantes, les ressources facilitantes et les besoins. Bien que plusieurs variables jugées importantes au sein du modèle n’étaient pas accessibles par le biais de notre banque de données (p. ex les variables relatives à la structure sociale et aux croyances en matière de

santé, qui font partie des facteurs prédisposants), il a été possible de baser les analyses sur les variables qui influencent l’utilisation des services de santé chez les individus de façon prioritaire : les besoins. La probabilité qu’un aîné utilise les SU est affectée par ses besoins médicaux, soit l’émergence d’un problème de santé ou l’accumulation de besoins de santé non comblés culminant en un besoin d’assistance immédiat (Andersen, 1995; Gruneir et al., 2011).

Les méthodes statistiques employées dans le cadre du projet démontrent également une validité interne adéquate, et donc des conclusions pouvant être jugées fiables. La méthode d’ACL qui a fait l’objet de cette thèse a suivi le processus rigoureux suggéré par Collins et Lanza (2010). L’ACL repose sur la modélisation des données, un avantage méthodologique certain permettant de postuler un modèle statistique pour la population d’ensemble dont est tiré l’échantillon d’intérêt (Boscardin, 2012; Hagenaars & McCutcheon, 2002; Lanza & Cooper, 2016). La classification étant influencée par le choix des indicateurs, il peut être difficile de sélectionner ceux qui sont le plus susceptibles d’expliquer l’hétérogénéité de l’échantillon. Cependant, le choix de nos indicateurs a fait l’objet d’un processus strict, fondé sur le « Modèle comportemental de l’accès aux soins de santé » d’Andersen (1995), ainsi que sur les résultats des articles 1 et 2, visant à identifier les variables associées à la grande utilisation des SU chez les aînés atteints de CPSA. De plus, le choix du meilleur modèle s’est appuyé sur les indicateurs statistiques, qui ont permis de comparer les modèles et la qualité de leur ajustement, de pair avec le jugement de l’équipe de recherche, composée notamment de cliniciens-chercheurs. Si l’hypothèse d’indépendance locale n’a pas été totalement respectée, plusieurs auteurs soulignent sa conséquence minime sur la qualité de la solution obtenue (Asparouhov & Muthén, 2011; Reboussin et al., 2008; Vallin et al., 2016). La validation de la solution finale représente également une force, qui a permis d’établir la fiabilité et la stabilité de cette dernière. Les résultats obtenus reflètent d’ailleurs une bonne validation dans les écrits scientifiques. Ces éléments sont autant d’arguments s’inscrivant en faveur d’une bonne validité interne.

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