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CHAPITRE 5 : DISCUSSION

5.1 Discussion complémentaire sur les résultats de l’article 3

Cette section se veut une discussion complémentaire aux résultats présentés à l’intérieur de l’article 3, présenté au chapitre 3. Si plusieurs points de discussion ont été traités dans l’article, certains restent encore à approfondir, dont la répartition du sexe à travers les différents profils.

Selon un rapport récent du Ministère de la Famille (2018), la population des aînés québécois est composée de 45,3 % d’hommes et de 54,7 % de femmes. Ces statistiques sont parfaitement transposables aux proportions d’hommes et de femmes retrouvées dans la population des GU gériatriques des SU atteints de CPSA, soit 45,9 % d’hommes et 54,1 % de femmes (voir chapitre 3, p. 84). De façon globale, l’accentuation du nombre de femmes dans la population est liée à l’avancement en âge. En 2016, l’espérance de vie des femmes était de 84,5 ans, alors qu’elle était de 80,8 ans pour les hommes. Plus encore, les femmes représentent 50 % des personnes âgées entre 65 et 69 ans, et 70 % chez celles âgées de plus de 90 ans (Ministère de la Famille, 2018).

5.1.1 Répartition du sexe dans le groupe Personnes atteintes de cancer

Les résultats de l’article 3 font état de différences statistiquement significatives en ce qui concerne la répartition des sexes à l’intérieur des différents profils. Premièrement, les hommes sont surreprésentés à l’intérieur du groupe Personnes atteintes de cancer (54,4 %). Le plus grand facteur de risque de cancer est l’avancement en âge (Canadian Cancer Society’s Advisory Committee on Cancer Statistics, 2017). En effet, environ 70 % de tous les types de cancers sont diagnostiqués après l’âge de 65 ans. Les statistiques démontrent également que depuis 30 ans, les nouveaux cas de cancer sont en augmentation. Globalement, les taux d’incidence ont augmenté chez les femmes et diminué chez les hommes. Cependant, les statistiques démontrent toujours que l’incidence du cancer et les taux de mortalité qui y sont associés sont supérieurs chez les hommes. Au cours de leur vie, ces derniers ont une probabilité de 49 % de développer un cancer, tandis que les femmes ont quant à elles une probabilité de 45 %. Plus encore, la probabilité de décès reliés à un cancer au cours de la vie est de 28 % pour un homme et de 24 % pour une femme (Canadian Cancer Society’s Advisory Committee on Cancer Statistics, 2017).

Certaines théories ont été mises de l’avant pour expliquer ces différences. Premièrement, les hommes âgés seraient plus susceptibles d’adopter ou d’avoir maintenu des habitudes de vie associées à un risque accru de cancer au cours de leur vie, entre autres : consommation de produits du tabac; consommation d’alcool; surplus de poids ou obésité (Canadian Cancer Society’s Advisory Committee on Cancer Statistics, 2017; Cook et al., 2009; MSSS, 2019a; MSSS,2019b; Statistique Canada, 2019). La culture entourant la recherche de soins de santé varie également selon les genres. De façon générale, les hommes adopteraient moins de comportements préventifs que les femmes, et seraient moins prompts à rechercher un avis médical en présence de problèmes perçus comme non significatifs (Leone, Rovito, Mullin, Mohammed, & Lee, 2017). Cette situation contribue à entraver la détection de signes précurseurs du cancer (Canadian Cancer Society’s Advisory Committee on Cancer Statistics, 2017). Dans cette optique, la surreprésentation des hommes dans le groupe Personnes

5.1.2 Répartition du sexe dans le groupe Personnes avec des troubles mentaux ou une démence

Ensuite, les femmes sont surreprésentées (60,5 %) dans le groupe Personnes avec des

troubles mentaux ou une démence. Comme mentionné dans les chapitres précédents, ce

groupe est composé d’individus présentant des troubles mentaux courants (68,9 %), des troubles mentaux sévères (91,8 %) ou une démence (52,2 %). Plusieurs éléments peuvent contribuer à expliquer la légère surreprésentation de femmes à l’intérieur de ce groupe.

Premièrement, les statistiques démontrent que la démence est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, et que cet écart tend à augmenter avec l’âge, le principal facteur de risque de ce trouble. Les statistiques démontrent que la prévalence de la démence était de 7,3 % chez les femmes et de 6,1 % chez les hommes, en 2013 (Statistique Canada, 2018). À partir de 80 ans, la prévalence de la démence est de 20,8 % chez les femmes contre 15,6 % chez les hommes (Statistique Canada, 2018). Ces différences peuvent s’expliquer partiellement par la longévité accrue des femmes. En effet, leur plus grande espérance de vie les expose davantage à des maladies dont la prévalence tend à augmenter avec l’âge, incluant la démence. Des causes génétiques peuvent également être invoquées, alors que certains gènes favorisant la démence chez la femme ont été mis au jour (Altmann, Tian, Henderson, & Greicius, 2014). La diminution du taux d’œstrogène induite par le vieillissement, une hormone aux effets protecteurs sur le cerveau, pourrait également favoriser la maladie chez les femmes (Beam et al., 2018).

Les auteurs indiquent que les femmes seraient également plus à risque de troubles mentaux. En effet, au cours de leur vie, elles seraient deux fois plus à risque de souffrir de dépression et de troubles anxieux (Altemus, Sarvaiya, & Epperson, 2014). L’exception réside dans la prévalence des troubles bipolaires et de la schizophrénie, équivalente chez les hommes et les femmes. Cependant, la présentation et l’évolution de ces maladies varient en fonction du sexe, alors qu’elles tendent à apparaître plus tôt chez les hommes (Leach, Christensen, Mackinnon, Windsor, & Butterworth, 2008; Ranney et al., 2014). Plusieurs différences contribuent à expliquer ces différences en termes de sexe, telles que les facteurs génétiques, hormonaux et individuels, y compris la gestion du stress et les attentes et expériences sociales

(Altemus et al., 2014). Concernant les différences relatives à la prévalence des troubles dépressifs entre les hommes et les femmes, d’autres explications sont avancées par les auteurs. En effet, les femmes auraient davantage tendance à consulter leur médecin de famille pour des problèmes psychiatriques (World Health Organization, 2020. Une étude française rapporte d’ailleurs que les hommes perçoivent moins souvent la dépression comme un problème nécessitant un traitement médical (Rondet, Parizot, Cadwallader, & Chauvin, 2015).

Les données démontrent aussi que l’ensemble des troubles mentaux signent une mortalité prématurée chez les deux sexes. L’espérance de vie des hommes atteints de ces troubles est de 70 ans, contre 78 ans pour les femmes (INSPQ, 2012). Comme dans la population générale, les maladies cardiovasculaires et les cancers représentent les causes de décès majeurs chez les personnes atteintes de troubles mentaux (INSPQ, 2012; Rozario, Gondwe, & Lu, 2020). La surmortalité dans le groupe des personnes atteintes de troubles mentaux concerne entre autres l’adoption d’habitudes de vie non optimales (p. ex. consommation de tabac et sédentarité), la défavorisation socio-économique et les effets néfastes de la médication (INSPQ, 2012). Encore une fois, la répartition du sexe dans le groupe Personnes

avec des troubles mentaux ou une démence est le reflet des tendances épidémiologiques

décrites dans la littérature.

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