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Forces et faiblesses du secteur Contrairement au pétrole, les contraintes qui pèsent

sur l'emploi de la biomasse en tant que matière pre- mière pour l'industrie énergétique et agro-chimique sont nombreuses :

matière première à fabriquer, pas ou peu de stock ;

coûts et bilan énergétiques de la production (intrants agricoles) ;

coûts de collecte et de stockage ;

caractère souvent saisonnier de la disponibilité ;

concurrence des utilisations traditionnelles (préserva- tion de la vocation alimentaire de l'agriculture) et donc des surfaces agricoles dédiées ;

vulnérabilité possible de la ressource…

L'adoption de procédés faisant appel aux ressources re- nouvelables est régie en priorité par le coût relatif d'accès à la biomasse, en comparaison à celui du pétrole, puis par l'efficacité technico-économique de la transformation, actuel point faible du secteur. Leur développement né- cessite un effort considérable de recherche et développement de procédés nouveaux mais avant tout compétitifs. Il reste donc raisonnable de penser qu'à moyen terme les grands produits de la chimie continue- ront d'être fabriqués par la pétrochimie, même avec un prix élevé du pétrole. Cependant, pour des produits complexes et à haute valeur ajoutée, quelques agro- ressources commencent à devenir compétitives.

Les énergies fossiles ne sont pas inépuisables ; leur coût est sujet à des fluctuations récurrentes dans un contexte international tendu. Anticiper leur abandon à long terme, au profit des ressources renouvelables, apparaît comme une nécessité, non seulement écono- mique depuis le premier choc pétrolier de 1973, mais surtout stratégique. Leurs avantages environnementaux sont majeurs : biodégradabilité, remplacement des produits dérivés du pétrole, réduction des pollutions, dont l'émission des gaz à effet de serre en rapport avec le protocole de Kyoto de 1997…

Elles offrent aussi une opportunité de diversification des productions agricoles et valorisent les terres mises en ja- chères PAC avec des cultures non-alimentaires. Enfin, elles valorisent l'image de l'agriculture, productrice de ressources propres, renouvelables et biodégradables. Les biocarburants sont un débouché non-alimentaire substantiel intéressant les filières colza, tournesol, bet- terave mais aussi la filière blé. Leur succès technique est indiscutable, d'autant qu'ils peuvent être utilisés sans modifier significativement la flotte actuelle de vé- hicules, ni la logistique de distribution du carburant. Leur compétitivité économique par rapport aux carbu- rants fossiles n'est pas encore assurée, mais les flambées récurrentes du coût du baril leur sont favo- rables. Leur légitimité doit donc être assise aujourd'hui sur leurs atouts externes positifs, notamment écolo- giques et en terme d'emplois.

L’industrie américaine bénéficie de programmes de soutien au développement de l’emploi de produits agrochimiques avec un objectif de 20 à 30 % de la couverture des besoins en matière première. Au contraire, les programmes européens apparaissent ti- mides dans ce domaine, et ne se focalisent pour le moment que sur le développement des biocarburants.

Analyse prospective

La directive européenne du 8 mai 2003 (2003/30/CE) a fortement relancé le débat sur la pro- duction de biocarburants en fixant des objectifs d'incorporation à 2 % en 2005, puis 5,75 % en 2010, contre 25 % pour le Brésil et 10 % pour les États-Unis et pour le Japon. En France, six nouvelles usines de production de biocarburants devraient voir le jour à court terme, trois pour la production d'éthanol et trois pour la production de biodiesel, dont une concernerait la Basse-Loire. Cette même directive introduit l'huile végétale dans la liste des biocarburants autorisés. Un des leviers importants du développement des bio- carburants est la fiscalité. Pour une meilleure promotion, ils nécessiteraient un traitement fiscal équi- valent à celui des autres énergies alternatives (GPL, gaz naturel véhicule - GNV, électricité).

Quelques hypothèses peuvent être posées en réflexion à un développement durable des productions agricoles à usage non-alimentaire, en terme économique, envi- ronnemental et d'emplois :

les ressources mondiales en hydrocarbures seront en- core suffisantes pour éviter toute pénurie structurelle dans les 20 ans à venir ;

au-delà des préoccupations nationales et communau- taires, l'intégration des inquiétudes environnementales ira croissant et constituera à la fois une contrainte, pour une meilleure maîtrise des ressources fossiles, et une chance pour un développement accéléré d'alternatives à ces ressources, dont les produits d'agriculture ;

l'orientation probable à la baisse, sur une longue période, des prix des agro-ressources devrait aider à améliorer leur compétitivité, qui dans les conditions actuelles du marché et pour des besoins aujourd'hui satisfaits par des produits d'origine pétrolière constituent le principal frein à leur en- trée sur des débouchés de masse ;

outre leur bilan de carbone particulièrement attractif, les agro-ressources présentent des qualités fonction- nelles intéressantes et susceptibles de multiples améliorations ; la génétique végétale permettrait d'accroître leur valeur en faisant produire préférentielle- ment à la plante les substances les plus intéressantes pour les marchés visés.

Le succès du développement des agro-ressources dé- pend principalement,

de la rentabilité à terme des filières, sans nécessiter de subventions publiques spécifiques (technologie fiable, demande identifiée, avantages concurrentiels en terme de prix, de fonctionnalité ou de services rendus, qualité équivalente aux produits de la chimie traditionnelle) ;

de la taille des projets afin de disposer de ressources suffisantes pour répondre à la demande du marché et de mobiliser une surface agricole suffisante ;

d'afficher un bilan énergétique positif et des avan- tages environnementaux.

Cela suppose de se focaliser sur un nombre limité de projets qui puissent mobiliser l'ensemble des parte- naires concernés, de s'appuyer sur une PAC favorable à ces filières et de bénéficier d'une incitation financière des politiques publiques, notamment pour accompa- gner la phase de recherche et d'industrialisation. Peu connus du public, le développement de ces biopro- duits nécessite un travail de promotion et de sensibilisation.

Gino BOISMORIN Chambre régionale d'agriculture 9, rue André Brouard, BP 70510 49105 Angers cedex 02

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Arnaud LAGRIFFOUL Pays de la Loire environnement ressources

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49007 Angers cedex 01

Rémi MER Rémi Mer Consulting

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Jean-Luc MILLECAMPS Pôle Agronomique Ouest

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44966 Nantes cedex 09

Pascale POTTIER Direction régionale de l'agriculture et de la forêt 12, rue Menou, BP 23523

44035 Nantes cedex 1

Alain THÉBAUD Hôtel de la Région des Pays de la Loire

Direction de l'action économique 1, rue de la Loire

44966 Nantes cedex 09

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