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Quelles perspectives pour les emplois en agriculture et en agroalimentaire ?

L’évolution future du nombre d’actifs agri- coles. La structure de la pyramide des âges des exploitants en activité, le nombre d’installations et l’im- portance des départs anticipés seront les trois principaux facteurs qui interfèreront sur ce volet. Le contexte social (image du métier), économique (prix des produits, degré de transmission de la valeur ajou- tée au sein des filières, aides directes, revenus) et réglementaire (modalités d’application de la réforme de la PAC, accord agricole multilatéral) jouera, de fait, un rôle déterminant.

D’après les travaux de la Chambre régionale d’agriculture, le nombre d’exploitations agricoles professionnelles de- vrait, en Pays de la Loire, passer de 32 800 en 2000 à 21 100 en 2012 (soit un recul de 36 % ou environ 3 % par an). Cette évolution résulte d’environ 20 000 dé- parts d’agriculteurs et 9 000 installations (ce qui signifie que la moitié des surfaces libérées par les départs est consacrée à l’installation). Au cours de la période 2000- 2012, près de 36 000 enfants d’agriculteurs arriveront potentiellement en âge de s’installer (28 ans). Compte tenu de la proportion escomptée de jeunes installés non issus d’une famille d’agriculteurs (25 % dans la si- mulation), il faudrait que près du quart des enfants d’agriculteurs s’installe pour atteindre le nombre envi- sagé de 21 100 exploitations agricoles en 2012. Ce travail prospectif a été réalisé sous l’hypothèse d’une relative continuité dans la dynamique des mar- chés agricoles et des soutiens publics, c’est-à-dire sans imaginer de ruptures fortes par rapport aux évolutions passées. Dans l’hypothèse où les agriculteurs en place seraient amenés, pour des raisons essentiellement économiques (maintien des revenus), à capter une part plus importante des surfaces libérées par les cé- dants (50 % dans la simulation), la diminution du nombre d’agriculteurs deviendrait plus intense. Pour autant, une telle évolution de la productivité du travail pose question dans un contexte marqué par une aspi- ration croissante des jeunes générations d’agriculteurs

pour dégager du temps libre et par une exigence ren- forcée en matière de bonnes conduites agricoles et environnementales.

Le salariat au sein des exploitations agricoles ligériennes semble connaître un repli depuis 2000, et ce d’autant plus que les agriculteurs éprouvent certaines difficultés à recruter une main-d’œuvre qualifiée et/ou adaptée. Dans les productions bovines (lait et viande bovine), le recours au salariat demeure encore très modeste (envi- ron 5 % de la main-d’œuvre totale), du fait notamment d’un développement parallèle rapide des structures so- ciétaires. L’essor du salariat dans les exploitations agricoles impliquera de trouver plus de souplesse dans le mode d’organisation collective (groupements d’em- ployeurs, CUMA…), mais également que les exploitations atteignent une dimension économique suffisante (c’est-à-dire compatible avec l’engagement de coûts salariaux supplémentaires). Les conditions sociales et financières d’exercice du métier de salarié agricole joueront également un rôle important d’attractivité. ■ L’évolution du nombre d’emplois dans les in- dustries agroalimentaires. Plusieurs facteurs interfèreront : le potentiel de transformation de pro- duits agroalimentaires (approvisionnement local ou importé) dans le contexte d’une diminution globale des productions bovines (lait et viande bovine) et d’une fragilisation de la filière volaille ; les gains de pro- ductivité du travail dans les entreprises ; l’innovation technologique (l’accord de l’OMC ne s’oppose pas aux exportations vers les marchés-tiers pour peu que celles-ci se fassent sans l’octroi de restitutions) ; le degré de transformation des produits bruts ; l’impor- tance de la valeur ajoutée dégagée (en lien avec les circuits de distribution).

Evolution des emplois agricoles et dynamique des systèmes de production

Une simplification des systèmes de production.

La baisse du nombre d’agriculteurs, l’augmentation de la taille moyenne des exploitations, l’aspiration à une diminution de la charge de travail par unité produite et l’instauration du paiement unique vont, de manière im- briquée, inciter les agriculteurs à simplifier leurs systèmes productifs. Cette simplification pourrait se manifester par une limitation des interventions tech- niques, un développement de la mécanisation (robot de traite, etc.), une externalisation d’une partie des tâches ou la mise en commun de moyens de produc- tion entre agriculteurs.

La conditionnalité. Elle nécessite aujourd'hui pour les agriculteurs d'accroître et d'élargir leurs domaines de compétences (environnement, bien-être animal, santé publique). Elle consiste à appliquer en France, à partir de 2005 et de façon progressive, 19 directives européennes pré-existantes ainsi qu'une série de nou- velles mesures relatives aux bonnes pratiques agricoles. Du point de vue des agriculteurs, cet inflé- chissement est vécu comme une charge de travail supplémentaire.

Une diversification des productions agricoles à l’échelle de l’exploitation.Le développement des formes sociétaires, qui se poursuivra vraisemblable- ment, permettra une diversification des ateliers de

production au sein des structures en place et de limiter les risques liés aux crises conjoncturelles.

Une intensification de la production dans les exploitations sans agrandissement en foncier.

La pression foncière, découlant du mode d’octroi du paiement unique et des contraintes environnemen- tales croissantes, pourrait conduire certains agriculteurs à intensifier (par animal et/ou par hectare) leur pro- duction, faute de surfaces supplémentaires.

Une diversification des activités agricoles et rurales.Depuis une quinzaine d’années, l’agriculture déve- loppe de nouvelles activités (agrotourisme, transformation fermière, etc.). L’entrée dans le métier de personnes non- issues du milieu agricole favorisera cet essor.

Evolution des emplois agricoles et dynamique des filières

Les prestataires de services en agriculture.

La diminution attendue du nombre d’agriculteurs se traduira par une baisse du nombre de clients. Ce mou- vement pourrait conduire à une intensification de la concurrence entre les entreprises, ceci les obligeant à rechercher de nouveaux produits, services et/ou parte- nariats (rapprochements, fusions, etc.).

Les entreprises d’amont (fournisseurs).

L’augmentation de la taille moyenne des ateliers devrait renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs vis- à-vis de leurs fournisseurs (ce d’autant plus qu’ils devraient progressivement mieux s’organiser collective- ment pour y parvenir). Il reste cependant difficile d’anticiper sur l’impact qu’auront les évolutions en cours (découplage, simplification, extensification-inten- sification, etc.) quant aux achats futurs des agriculteurs (intrants, matériel, services, etc.).

Les entreprises d’aval.La baisse attendue du nombre d’agriculteurs ne devrait pas se manifester par un recul important de l’activité des entreprises de transformation, sauf à considérer que les agriculteurs en place deviendraient incapables d’assurer locale- ment l’approvisionnement. L’augmentation de la taille moyenne des ateliers de production devrait générer des gains de productivité au niveau des coûts de col- lecte. Le découplage laissant peser le risque d’une diminution de certaines productions agricoles (celles dont les paiements directs sont intégrés dans le paie- ment unique), les entreprises d’aval pourraient rechercher différentes voies de contractualisation pour sécuriser leurs approvisionnements.

Evolution des emplois agricoles et dynamique territoriale

La pyramide des âges en agriculture et la lo- calisation des productions. Partant des travaux conduits par la Chambre régionale d’agriculture, il est possible d’anticiper, pour chaque canton des Pays de la Loire, sur la part des différentes productions agricoles qui pourraient être "libérées" d’ici 2012. Ainsi, par exemple, cette proportion est 45 % pour le cheptel li- gérien de vaches allaitantes. Elle est proche de 60 % dans certains cantons de Mayenne et du nord-est de la Loire-Atlantique. Cette évolution pose la question de l’utilisation des surfaces fourragères libérées.

L’isolement progressif de certains agriculteurs dans l’espace rural. La diminution du nombre d’agri- culteurs se traduira globalement par une nouvelle baisse du poids relatif des agriculteurs dans la population rurale (cette évolution sera importante dans les zones périur- baines où la croissance démographique est actuellement particulièrement vive). La pression des ru- raux pourrait, dans certaines zones, devenir incompatible avec un développement de l’activité agricole.

Les zones à forte pression environnementale.

Le renforcement de la conditionnalité, la recherche d’une simplification du système productif dans cer- taines exploitations (par abandon éventuel d’ateliers de production) et la diminution attendue du nombre de vaches laitières (du fait d’une croissance des rende- ments laitiers dans un système contingenté) sont de nature à permettre une amélioration de la situation en- vironnementale dans certaines zones.

La densité de la production agricole et les stratégies des entreprises agroalimentaires.

Pour les productions agricoles où la densité territo- riale est déjà faible (comme par exemple la production laitière dans certains cantons de la Sarthe), une diminution supplémentaire du nombre de producteurs laisse craindre un désintéressement progressif des entreprises d’aval (à la recherche d’une minimisation des coûts de collecte) à l’égard des agri- culteurs restants.

La concentration des entreprises agroalimen- taires régionales et la localisation des emplois.

La restructuration des entreprises se poursuivra au dé- triment des unités les moins compétitives, ce qui entraînera localement une diminution des emplois sa- lariés et des ressources. Pour autant, cela n’exclut pas que certains sites soient, de ce fait, confortés.

État des lieux

L’analyse des résultats économiques et financiers des exploitations agricoles ligériennes est conduite à partir des données du Réseau d’information comptable agricole (RICA). Actualisé chaque année, le RICA est un outil statis- tique représentatif des exploitations agricoles françaises dites "professionnelles" (30 800 en Pays de la Loire, sur 367 800 à l’échelle nationale). A l’échelle nationale et des Pays de la Loire, le RICA représente environ 60 % de l’ensemble des exploitations agricoles et 95 % de la pro- duction agricole finale.

La valeur de la production agricole, qui intègre les

aides directes, est un indicateur proche de la notion de chiffre d’affaires. En moyenne sur trois ans, la production agricole des exploitations professionnelles ligériennes s’élève à 138 000 €, soit 4 % de plus que la moyenne nationale. Ce montant positionne les Pays de la Loire au 11e rang des régions françaises, loin derrière les trois

premières (Champagne-Ardenne, Picardie, Ile-de-France), les trois dernières étant le Limousin, l’Auvergne et la Corse. La déclinaison de cette analyse par orientations de production (OTEX) révèle des écarts importants. Ainsi, en Pays de la Loire, les exploitations orientées vers la viticul- ture (253 000 €) et le hors sol (214 000 €) ont entre 1,8 et 1,5 fois plus de valeur de production agricole que

la moyenne régionale. En revanche, les exploitations spécialisées du type "bovin viande" (73 000 €) dégagent une production agricole équivalente à la moitié de la moyenne régionale.

Le ratio "Excédent brut d’exploitation(2) (EBE) /

Production agricole (avec aides directes)" évalue l’ef-

ficacité économique des exploitations agricoles. Ce ratio s’élève à 34 % en moyenne sur l’ensemble des exploita- tions agricoles professionnelles ligériennes (37 % au niveau national). Selon les orientations de production, il oscille entre 26 % dans les activités hors sol et viticoles (où la valeur des consommations intermédiaires est importante) et 40 % dans les activités bovines (lait et bovin viande). La valeur de ce ratio est, pour chaque orientation production, dépendante des systèmes produc- tifs (niveau d’intensification) et des rapports de prix observés entre les produits agricoles et les consomma- tions intermédiaires.

Le résultat courant avant impôt (RCAI) s’élève, en

moyenne régionale, à 25 700 € par exploitation et 17 200 € par unité de travail agricole familiale (UTAF), soit – 11 % par rapport à la moyenne nationale ou le 13e

rang des régions. Particulièrement faible dans les exploita- tions du type "ovins-caprins" (11 600 €), le RCAI/UTAF est compris entre 15 000 et 20 000 € dans la plupart des orientations de production, à l’exception de la viticulture (23 400 €). La hiérarchie des revenus entre OTEX est assez conforme au niveau national, les exploitations ligériennes de grandes cultures dégagent cepen- dant des revenus plus modestes, en comparaison notamment avec les régions du Bassin parisien.

Le montant des aides directes(3)

s’élève, en moyenne régionale 2000-2002 (toutes orientations de production confondues), à 19 600 € par exploitation agricole (soit – 8 % par rapport à la moyenne nationale). Rapporté au résultat courant (76 % en Pays de la Loire et 77 % en France), cela permet d’appréhender le taux de

Les revenus, les aides directes