4.2 Application et résultats
4.2.2 Les flux de quantité de mouvement
Comme nous l’avons déjà mentionné précédemment (cf. paragraphe 4.1.3), les flux de
quantité de mouvement mesurés par l’avion contiennent des échelles turbulentes allant de quelques
mètres à 5 km. Par contre, ceux mesurées par le radar sont caractéristiques de petites échelles
inférieures aux dimensions du volume de résolution.
Les mesures aéroportées ont été utilisées pour évaluer la quantité d’énergie contenue dans
la variance de vitesses radiales mesurées par le radar UHF. La méthode employée pour cela
consiste à reconstituer dans un repère associé à une direction de visée d’une antenne du radar,
4.2 Application et résultats
91
des séries spatiales de fluctuations de vitesses radiales du vent à partir des mesures
aéropor-tées (avec la formule 4.19 inverse). Des spectres d’énergie sont ensuite calculés pour quantifier
l’énergie contenue dans le volume de résolution, le domaine inertiel et la totalité du spectre.
La borne supérieure d’intégration du volume de résolution est obtenue en prenant à chaque
altitude la valeur maximale entre l’extension radiale et transversale de ce volume. La borne
supérieure du domaine inertiel est donnée par l’échelle de longueur dissipative, qui représente
la dimension du plus gros tourbillon contenu dans la CLA:
L
ε= 0,4 σ
w3
ε (4.25)
oùσ
west l’écart type des fluctuations spatiales de vitesse verticale etεest le taux de dissipation.
Un exemple d’application de cette méthode est présenté par la figure 4.5 pour tous les paliers
de l’avion. Il présente le pourcentage d’énergie contenue dans le volume de résolution et dans le
domaine inertiel en fonction de l’altitude normalisée par rapport respectivement à celle contenue
dans le domaine inertiel et dans le spectre total. Elle indique également la dimension du volume
de résolution et l’échelle de longueur dissipative qui ont été utilisées comme bornes supérieures
d’intégration.
F
IG. 4.5:
(a) Dimensions maximales du volume de résolution du radar UHF (points noirs) et échelles de longueur dissipative (points gris) pour tous les paliers de l’avion. (b) Pourcentage d’énergie contenue dans le volume de résolution (points noirs) et dans le domaine inertiel (points gris) par rapport respectivement à la quantité d’énergie du domaine inertiel et totale du spectre de vitesse radiale (cf.texte pour plus de détails).com-prises entre 250 et 1000 m dans la CLA et que le domaine inertiel contient50à70%de l’énergie
totale du spectre. La dimension maximale du volume de résolution ne dépasse pas 200 m dans
la CLA et10à25%de l’énergie du domaine inertiel est contenue dans le volume de résolution.
Ces observations indiquent que les variances de vitesses radiales mesurées par le radar UHF,
qui sont utilisées pour le calcul des flux de quantité de mouvement, contiennent environ 5 à
20% de l’énergie totale du spectre mesurées par l’avion. Malgré cela, comme nous allons le
voir maintenant, les flux de quantité de mouvement mesurés par le radar ne sont pas 5 à 20 fois
plus faibles que ceux mesurés par l’avion.
La figure 4.6 présente, pour chacun des deux instruments, le flux moyenm=pw
0u
02+w
0v
02normalisé paru
∗2en fonction de la hauteur adimensionée parZ
i. Elle montre, qu’en dessous de
0,3Z
i, le radar surestimemde60%très certainement en raison des échos de sol, et entre0,3Z
iet0,9Z
i, le radar sous-estime en moyenne le flux de quantité de mouvementmde50%à100%.
Ainsi, les écarts observés ici ne sont pas aussi importants que ceux attendus.
F
IG. 4.6:
Le flux de quantité de mouvementmmoyen normalisé paru∗2, en fonction de l’altitude adimensionée parZipour l’avion Merlin IV (courbe grise) et le radar UHF PCL1300 (courbe noire). Les barres indiquent les écarts types des valeurs moyennées.La figure 4.7 présente chacun des profils verticaux dem mesurés par les deux instruments.
Elle montre que les valeurs de m mesurées par le radar peuvent être très proches de celles
observées par l’avion, comme par exemple pour le vol du 18 juin 1998 entre 11:40-12:20 TU
4.2 Application et résultats
93
et le 23 juin 1998, où les écarts sont globalement bien inférieurs à 0,025 m
2s
−2, soit 25% de
la valeur aéroportée. Par contre, certaines valeurs de m, comme par exemple pour le vol du 19
juin 1998 entre 11:15 et 12:15 TU, peuvent être sous-estimées de 0,2 à 0,3 m
2s
−2, soit 500%
à 600% de la valeur aéroportée. La valeur de mpeut également être surestimée d’autant par le
radar, comme sur le profil du 19 juin 1998 entre 12:45 et 13:25 TU.
F
IG. 4.7:
Comparaison des profils verticaux du flux de quantité de mouvementmmesurés par l’avion et le radar UHF PCL1300. Le titre de chaque diagramme indique la date et les heures de début et de fin de l’exploration verticale de la CLA par l’avion Merlin IV. Ces dernières représentent donc la plage temporelle sur laquelle les données télédétectées ont été moyennées.D’autre part, la figure 4.6 indique également que les écarts types des données moyennées
de msont importants, et plus particulièrement ceux de l’avion, puisqu’ils sont de30% à80%
pour le radar contre 50% à 100% pour l’avion. D’après la figure 4.7, cela provient de profils
verticaux demde formes distinctes dans la CLA suivant les vols. Ainsi ces profils n’obéissent
pas à une loi universelle, contrairement aux profils deεprésentés précédemment.
plus faibles que ceux mesurés avec l’avion ? Les cospectres de u
0w
0et de v
0w
0fournissent
une réponse à cette question. En effet, leur analyse montre que des fluctuations négatives sont
observées sur tout le cospectre, aussi bien dans les basses fréquences que dans le volume de
résolution (fréquences supérieures à 0,5 Hz), comme le montre le cospectre présenté sur la figure
4.8. Cette caractéristique a pour conséquence de retrancher de l’énergie au flux de quantité de
mouvement lorsqu’il est intégré sur toutes les fréquences.
F
IG. 4.8:
(a) Exemple de cospectre deu0w0 mesuré par l’avion. (b) Profils verticaux du flux de quantité de mouvementmsur différentes longueurs de sous-paliers (cf.texte pour plus de détails).Pour illustrer cela, la figure 4.8 présente, pour le vol du 18 juin 1998 entre 10:50 et 11:30
TU, des profils verticaux de flux de quantité de mouvementmcontenant des échelles turbulentes
de plus en plus grandes. Ils sont obtenus en découpant le palier en sous-paliers de longueurs
identiques, sur chacun desquels est calculé un flux. Tous ces flux sont ensuite moyennés. Ainsi
le fluxmest calculé avec toutes les échelles turbulentes comprises entre quelques mètres et la
longueur du sous-palier sur la totalité du palier. Pour incorporer au fluxml’énergie d’échelles
turbulentes de plus en plus grandes, il suffit alors d’augmenter petit à petit la longueur du
sous-palier.
Cette figure montre que lorsque la longueur des sous-paliers augmentent de 200 à 2000
m, les valeurs de ms’accroissent progressivement, ce qui indique que les échelles turbulentes
comprises entre 200 et 2000 m contribuent toutes en moyenne à ajouter de l’énergie au fluxm.
Puis, lorsque les échelles supérieures à 2000 m sont intégrées dans le calcul du flux, sa valeur
diminue.
4.2 Application et résultats