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Financement des entreprises du secteur végétal et analyse comportementale face au risque climatique de quelques acteurs de la filière

Section III. Projets de recherche

3. Financement des entreprises du secteur végétal et analyse comportementale face au risque climatique de quelques acteurs de la filière

Le dernier volet de nos projets de recherche à court et moyen terme s’inscrit dans le programme de travail du GRANEM et, plus précisément, dans le cadre du contrat signé par notre laboratoire avec la région des Pays de Loire : projet VEGESPE67. Globalement, en lien avec le pôle de compétitivité d’Angers Vegepolys, ce travail porte sur différents aspects économiques et managériaux de la filière végétale. Parmi les domaines d’analyse figure un axe finance traitant de deux problématiques.

La première, mais la moins avancée à ce jour, porte sur la question du financement externe de la filière, et notamment de l’innovation. L’arbitrage entre le financement par crédit bancaire ou par le biais du capital risque a fait l’objet d’une littérature abondante68, notamment en apportant des réponses différentes selon le stade de développement de l’entreprise. En effet, le financement d’une start-up pose généralement de manière exacerbée le problème de l’asymétrie d’information entre l’entreprise et les apporteurs de financement externe (pas de bilan bancaire, nécessité d’une expertise technique…). La question se pose également en ces termes dans le secteur du végétal, pour lequel on observe à ce jour très majoritairement un financement bancaire. Dans une première approche exploratoire de la question, nous nous

67 Végétal spécialisé.

68 Voir la revue de la littérature dans Savignac, 2007.

sommes à ce stade borné à mener de simples entretiens informels auprès d’acteurs régionaux du capital risque et de l’établissement financier traditionnellement le plus engagé localement dans le crédit bancaire au secteur agricole.

La seconde problématique se concentre sur le comportement des producteurs de vin du Maine et Loire (49) vis-à-vis du risque climatique. Ce travail revêt une double dimension. Sur un plan théorique, il s’inscrit dans le prolongement des analyses de la violation de l’espérance d’utilité (EU), qui permet de définir exclusivement le critère d’aversion pour le risque.

L’attitude par rapport au risque (en l’occurrence ici climatique, mais avec des conséquences évidentes en terme de revenu) fait l’objet d’approfondissements dans l’esprit des travaux d’économie expérimentale. A titre personnel, il s’agit d’un prolongement appliqué des problématiques évoquées dans le cadre de la finance comportementale (aversion pour la perte, aversion pour le regret…). Sur un plan pratique, l’objectif est d’apporter une réponse au paradoxe suivant : alors que les propriétaires viticoles font généralement preuve d’une forte exposition aux risques climatiques, ils sont peu enclins à chercher à s’en protéger en ayant recours aux assurances ou à une couverture financière faisant appel aux dérivés climatiques, trouvant ces mécanismes trop coûteux ou trop complexes.

Sur un plan méthodologique, notre travail a tout d’abord consisté en l’élaboration d’un questionnaire comprenant trois volets, puis en un travail d’enquête auprès de 175 producteurs (taux de réponse de 34%, soit 60 individus). Le premier volet permet de caractériser individus (situation familiale, durée d’emploi, niveau de formation…) et entreprises (surface, chiffre d’affaires, appartenance à une coopérative…). Le second traite du sentiment d’exposition au risque climatique et de sa gestion. Il ressort des réponses une crainte importante avant tout vis-à-vis du gel et de la grêle69. Cependant, le pourcentage du chiffre d’affaires dépensé pour se protéger de ces deux calamités est extrêmement faible. Une première communication de ces résultats statistiques a été réalisée au colloque de l’EAAE en juillet 2007 à Berlin70. Par ailleurs, il semble que les stratégies collectives d’assurance soit rares et que la principale réponse à ces risques consiste en un éparpillement des parcelles.

69 Viennent ensuite par ordre décroissant la sécheresse, les orages et le vent

70 “Management of Climate Risks in the Wine Sector: a Field Study on Risky Behaviour”, S. Ben Salk, S.

Blondel, Ch. Daniel, C. Deffains-Crapsky, C. Jutard et B. Séjourné. Article présenté au 101ème colloque de l’European Association of Agricultural Economists sur le thème de la gestion des risques climatiques en agriculture, Berlin, 5 et 6 juillet 2007.

Le troisième volet du questionnaire se concentre sur l’attitude des individus vis-à-vis du risque d’une manière générale. Trois types de questions sont posées. Certaines consistent en une mise en situation (comparable à la démarche suivie par Arrondel, Masson et Verger 2004) sur des sujets divers (santé, sport, conduite…). D’autres sont relatives à la gestion de l’entreprise (position vis-à-vis de nouveaux produits, utilisation de produits phyto-pharmaceutiques, relation avec la clientèle…). Enfin, un troisième groupe de questions confronte les individus à des loteries hypothétiques, classiquement utilisées en finance comportementale, permettant de révéler une certaine irrationalité en situation risquée selon la théorie de l’espérance d’utilité et d’évaluer différentes attitudes vis-à-vis du risque.

Le traitement statistique du second volet de cette enquête n’a pas encore été réalisé. Il sera complété par une analyse économétrique (données qualitatives).

Conclusion

L’un des points communs entre ces différents projets de recherche réside dans la volonté de s’approprier des méthodes de recherche peu employées jusqu’ici. En effet, les travaux précédents ont essentiellement reposé sur une exploration des problématiques liées à l’épargne et sur l’analyse macroéconométrique à travers les modèles à correction d’erreurs.

Les nouvelles techniques économétriques (modèles ARCH, modèles PROBIT, données de panels…) seront essentiellement employées pour approfondir les nombreuses questions relatives au comportement d’épargne qui restent en suspens, au moins dans le cas français.

Les quelques aspects présentés dans cette section ne représentent bien entendu pas une liste exhaustive des projets sur ce thème (ainsi que sur la question liée de l’activité des intermédiaires financiers). Les questions relatives aux choix d’investissement des ménages, les problématiques « produit » (cf. le PEL [16]), les conséquences de l’activité des autorités de régulation (directive MIF) continueront d’être explorées. Par ailleurs, le projet VEGESPE devrait se poursuivre au-delà du contrat actuel et mobiliser une grande partie des forces du GRANEM dans les années qui viennent.

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