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Quelle est la finalité des études menées sur le paludisme en Côte d’Ivoire? Pour pouvoir lutter contre une maladie, la nécessité de connaître celle-ci est

d’ « éradication du paludisme » en Côte d’ivoire.

II. Quelle est la finalité des études menées sur le paludisme en Côte d’Ivoire? Pour pouvoir lutter contre une maladie, la nécessité de connaître celle-ci est

indispensable. Dans le cas du paludisme, c’est la connaissance de la chaîne épidémiologique qui permet de savoir comment agir sur les différents éléments autour desquels se structurent la chaîne de transmission.

Pour ce faire, on fait appel à deux techniques de terrain pour déterminer ces conditions : les enquêtes paludométriques et entomologiques297. Ainsi, les campagnes de projets pilotes298 de lutte antipaludique mises en œuvre dès 1953, puis la décision de lancer et de vulgariser la stratégie d’éradication du paludisme, dans la deuxième moitié de la décennie 1950 à l’échelle de la planète ouvrent de nouveaux champs à la recherche en paludologie. Parallèlement, la politique de recherche scientifique coloniale amorcée timidement, dès 1937, prend progressivement forme pour s’institutionnaliser avec la création d’un Office chargé de la recherche coloniale.

297 Les premières ont pour but d’apprécier l’importance et de déterminer les caractères du réservoir de virus.

Ainsi, grâce à l’étude des indices épidémiologiques, des groupes d’âges, des variations saisonnières, des espèces plasmodiales en cause, il est possible de préciser le niveau d’endémicité dans une région donnée. Quant aux secondes, elles s’intéressent à un autre élément de la chaîne épidémiologique qui est le vecteur. Celles-ci visent à caractériser les espèces vectrices et leur biologie qui conditionnent la réussite ou l’échec d’une campagne antipaludique.

298 Des projets pilotes pour l’expérimentation de la lutte antipaludique ont été créés au début des années 1950. A ce titre, dès 1953, des campagnes antipaludiques expérimentales sont conduites au Cameroun, au Togo, au Sénégal, en Haute-Volta et au Dahomey par le Gouvernement français avec l’assistance du Fonds International de Secours à l’Enfance, dont l’Organisation Mondiale de la Santé est le conseiller technique. Pour des détails sur cette question, voir Bernard (P.-M), « Le paludisme, problème de santé publique », Médecine Tropicale, mars- avril 1957, vol.17, n°2, p. 224-227

133 C’est dans ce contexte particulièrement favorable que s’inscrit toute la panoplie d’études et de travaux scientifiques sur la maladie et ses vecteurs sur le continent africain y compris en Côte d’Ivoire.

Dans ces lignes, il ne s’agit point de présenter toutes les études qui ont été conduites durant toutes ces années. Ce sera un risque de s’y hasarder tant l’entreprise paraît gigantesque et les résultats pourraient s’éloigner des préoccupations de cette étude. Mais, si la production de ces études connaît une dynamique dans les années qui marquent la fin de la guerre, elles remontent au début des contacts entre la métropole et ses colonies299.

En AOF, c’est précisément aux alentours des années 1940 et 1950 que le processus de production des savoirs sur la maladie va s’intensifier. Ces productions ne sont plus le fait de scientifiques opérant seuls dans une démarche individuelle. Désormais, ces recherches vont se structurer et obéir à un plan général de travail sous la bannière d’organisme de recherche dont le champ d’étude reste les colonies.

299 Les études et les enquêtes menées dans le cadre de la lutte contre le paludisme ont commencé timidement

dans les colonies françaises. En Afrique Occidentale Française, elles interviennent après la mise en place de l’Assistance médicale indigène par le gouverneur général de l’AOF par l’arr̵té du 8 février 1905. Ces travaux, qu’on peut qualifier de pionniers, sont de type transversal car elles sont menées à l’intérieur de plusieurs colonies sous la responsabilité d’agents coloniaux. Leurs résultats sont particulièrement intéressants pour la connaissance du paludisme. Au total, l’étude donne des indications intéressantes sur le paludisme dans les agglomérations visitées. Et au nombre des acquis à capitaliser, on peut citer la mesure de l’endémicité du paludisme dans les grandes agglomérations et les capitales coloniales, des notes précises sur les mœurs des moustiques, sur les larves d’anophèles et leurs gîtes de m̵me que les foyers de développement des anophèles. Les conclusions de cette étude ne laissent pas de doute sur l’existence du paludisme : elles confirment les hypothèses formulées par Laveran quelques années auparavant. La présence de moustiques et de l’hématozoaire dans la transmission du paludisme dans l’ensemble de colonies de l’Afrique Occidentale Française prospectées est désormais une réalité, voir Le Moal (M. Le Dr), « Etudes sur les moustiques en Afrique Occidentale Française », Annales d’Hygiène et de Médecine coloniales, avril-mai-juin 1906, vol. 14, n°9, p. 181-219 ; et Arr̵té portant création d’un service de

l’assistance médicale indigène en AOF : Journal Officiel du Sénégal et dépendances, février 1905, p. 75

Par ailleurs, d’autres études de ce type vont se multiplier dans les colonies françaises afin d’enrichir encore plus les données disponibles sur le paludisme dans cette partie de l’Afrique et ailleurs. Celles-ci, qui couvrent les années 1928 à 1934, ont donné lieu à une synthèse réalisée par le médecin-commandant Marie-Etienne Farinaud et publié dans la revue Annales de Médecine et Pharmacie coloniales. Cette étude synthétique299 confirme les premières constations du docteur LE MOAL et le paludisme demeure une réalité dans le quotidien des populations de l’Afrique Occidentale française299.Relativement détaillé, son rapport donne des précisions sur la nature des vecteurs et de l’hématozoaire de la maladie et fait une précision de taille concernant les conditions du développement de la maladie : c’est le règne des eaux qui conditionne le développement de l’endémie duquel il détermine deux formes du paludisme : l’un, côtier avec pour vecteur Anophèles Constalis et l’autre des grands fleuves avec comme vecteur Anophèles Funestus, quoique, note-t-il « les recherches entomologiques ne sont pas assez avancées pour permettre sur ce point des assertions valables ». Par ailleurs, les hématozoaires responsables de l’infection palustre sont au nombre de deux principalement : il s’agit de Plasmodium Malariae en saison sèche et surtout le Plasmodium Falciparum qui conserve son rôle pathologique et épidémiologique de premier plan en m̵me temps qu’il est responsable de poussées épidémiques au début et à la fin de la saison des pluies, voir Farinaud (M-E), « La lutte contre le paludisme dans les colonies françaises », Médecine et Pharmacie coloniales,

134 Et en la matière, c’est sur l’Office de la recherche scientifique coloniale300 que va s’adosser le service de santé pour organiser ses recherches dans les colonies. L’avènement de l’Office dans le champ de la recherche scientifique colonial est un long processus qui mérite qu’on s’y arr̵te pour mieux comprendre les enjeux qui se projettent.

C’est le 25 septembre 1937, jour de la clôture à Paris, du deuxième Congrès des sciences coloniales que le Conseil de la France d’outre-mer (CFOM) est institué par le gouvernement du Front populaire301. La mission de ce nouveau conseil est de coordonner et d’orienter la recherche scientifique dans, ou concernant, les colonies302. Par cet acte, l’embryon d’un organisme propre à la recherche scientifique coloniale se dessine. Ce projet est irréversible en dépit des contradictions internes survenues sur fond de rivalités entre les groupements politiques en place à cette époque d’une part, et d’autre part, entre la communauté des chercheurs concernés par les activités de recherche en métropole et vers les colonies303.

Mais quelles sont les raisons qui justifient la création d’un Office destiné aux colonies ? Et quelles sont ses missions et ses champs de compétence ?

D’abord, la création d’un organisme de recherche colonial répond aux besoins de lancer des programmes globaux de recherches fondamentales sur l’ensemble des territoires coloniaux et sur leurs différentes composantes physiques, biologiques et sociales. Il s’agit de fédérer les activités scientifiques conduites jusque-là dans les colonies, le plus souvent

300L’Office de la recherche scientifique coloniale (Orsc) change de dénomination pour devenir l’Office de la recherche scientifique outre-mer (Orstom) le 28 août 1949, et se transforme en Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (Orstom) le 17 novembre 1953. Cette dernière mutation entraîne la modification des structures et finalités et par l’adjonction du « T »  « et Technique »  à l’appellation. L’analyse va tenir compte de ces changements chaque fois que cela va s’avérer nécessaire. Mais pour faire simple, « Office » sera abondamment utilisé dans le développement pour faciliter la compréhension.

301 Dans un article consacré aux origines de l’ORSTOM, Christophe Bonneuil donne des précisions sur cet évènement et évoque un "Comité consultatif" plutôt qu’un "Conseil". Toutefois, les missions du "Comité consultatif" et du "Conseil" ne diffèrent pas ; par conséquent, il pourrait s’agir du m̵me organe ; la différence se situant au niveau de la terminologie. D’après Christophe Bonneuil, « C’est à la suite du Congrès de la recherche scientifique dans les Territoires d’outre-mer tenu au cours de l’exposition universelle de 1937 qu’est créé un "Comité consultatif des recherches scientifiques de la France d’outre-mer" auprès du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (CSRS). Ce Comité est chargé par le congrès d’"homologuer et de coordonner le programme de recherche", d’attribuer les ressources nécessaires à ce programme en répartissant les fonds de la caisse des recherches coloniales, et d’"étudier le statut des cadres scientifiques coloniaux et donner un avis sur leur recrutement et leur avancement", voir Bonneuil (C), « Des savants pour l’Empire, les origines de l’Orstom », Cahiers pour l’histoire du CNRS 1939-1989, 1990, n°10, , p. 83-102

302 Bonneuil (Ch), Petitjean (P), « Les chemins de la création de l’ORSTOM, du front populaire à la libération

en passant par Vichy, 1936-1945. Recherche scientifique et politique coloniale », dans Waast (R) (éd.), Les sciences hors d’Occident au XXe siècle. Les sciences coloniales : figures et institutions, vol.2, Paris, Orstom Ed., 1996, 353 p, (p. 114-160)

135 individuellement, au sein d’une organisation générale et offrir à la recherche coloniale française un plan d’ensemble dans lequel toutes les disciplines seraient intégrées.

Ensuite, la seconde raison est d’ordre purement pratique ; elle motive, en partie, la mise en place de l’organisme. En effet, les pays tropicaux constituent pour le colonisateur de vastes régions nouvelles à connaître et à explorer. A cela, s’ajoute le fait que les connaissances scientifiques acquises par l’homme occidental demandent à ̵tre complétées, renouvelées et adaptées. Ce faisant : « La recherche scientifique outre-mer peut être considérée comme la recherche scientifique au service des pays d’outre-mer, avec tout ce que cette expression renferme en termes d’organisation, de volonté soumise à son objet et de mise en œuvre des moyens appropriés pour le remplir »304. A terme, la recherche scientifique coloniale doit participer à la mise en valeur des territoires d’outre-mer frappés de nombreux fléaux. Au surplus, l’intervention européenne a eu parfois aussi des conséquences désastreuses. Cela est dû à la méconnaissance des conditions naturelles du milieu qui n’est pas forcément liée au climat, mais aussi aux maladies tropicales, aux conditions de l’agriculture et de la population indigène305.

Enfin, un autre type de considérations est à prendre en compte. C’est que les territoires tropicaux qui représentent d’immenses régions ne doivent pas rester à l’arrière-plan du nouveau circuit économique de production et d’échanges, mais ̵tre intégrés à celui-ci afin de faciliter leur développement. Dès lors, toutes ces raisons imposent à la France des responsabilités qu’elle se doit de remplir et cela passe par une plus grande implication dans le quotidien des populations indigènes306.

Fondamentalement, le but final des recherches coloniales, au-delà de la mise en valeur des colonies, vise aussi la promotion et l’épanouissement des peuples colonisés. Tout concourt donc à faire mieux vivre les autochtones, à les faire mieux se soigner, mieux se nourrir et travailler dans de meilleures conditions possibles307.

304 Combes (R), « Office de la recherche scientifique Outre-mer. Exposé des activités pour les années 1948- 1949- 1950 », Notes et études documentaires, n°1446, Paris, Ed. de la Documentation française, Orsom, 1951, 71 p

305Ibid., p. 4

306 En pratique, ces tâches demandent, entre autres, l’étude de problèmes aussi divers et spéciaux que la

reconnaissance des sols encore fertiles, la recherche de moyens de les conserver et de les utiliser ; la prospection du sous-sol ; l’étude de l’atmosphère et des climats ; l’aménagement des eaux fluviales et la lutte contre l’érosion ; la connaissance des océans et de leurs ressources ; la sélection des races d’animaux et de plantes utiles, leur adaptation aux conditions locales ; la lutte contre les ennemis de l’homme, des animaux et des plantes ; la prospection de nouvelles espèces utiles, l’amélioration des méthodes médicales et vétérinaires, voir Combes (R), Art. Cit., 1951, p. 4

136 C’est par un arr̵té du ministre de tutelle Brévié signé le 19 novembre 1942 que l’Office de la recherche scientifique coloniale (ORSC), est créé et rattaché au ministère des Colonies mais indépendant du CNRS308. Des textes de lois élaborés par la suite vont donner corps à cet organisme qui va désormais jouer un rôle capital dans la conduite des recherches scientifiques dans les territoires colonisés309.

Pour une meilleure efficacité, l’Office étend sa compétence à l’ensemble des domaines scientifiques intéressant le développement économique et le progrès social. Cette vocation générale se présente comme un atout, dans la mesure où elle explique en même temps sa pluridisciplinarité310. Au plan opérationnel, l’accent est mis sur la formation de chercheurs dans quelques disciplines déficitaires comme la génétique, la pédologie et la mycologie. De plus, des laboratoires sont créés au sein du Muséum au début de 1943 pour la mycologie coloniale et la pédologie.

Dans le m̵me ordre d’idée, les premiers sujets étudiés portent sur la conservation des sols, la mortalité infantile et le relèvement de la démographie. Cette dernière préfigurant un premier pas vers l’étude des sciences médicales sans empiéter sur les prérogatives de l’Institut Pasteur et du Service de santé.

L’Office voit son existence renforcée par une note du secrétaire d’Etat aux colonies Bléhaut qui, en 1943, fixe le cadre à suivre à savoir : « orienter, coordonner et contrôler les recherches scientifiques aux colonies », et mettre, « la science au service des colonies »311. De 1943 à 1947, on note un dynamise dans les activités312 de la structure. Cela se traduit par l’accroissement de son champ d’action, l’augmentation de son budget par l’appui du Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’outre-mer (FIDES), le recrutement et la formation des chercheurs et l’implantation effective de l’Office dans les colonies à travers la mise en place progressive de centres de recherche qui lui sont

308 Bonneuil (Ch), Petitjean (P), Op.Cit., p. 135

309 Plus tard, le décret du 11 juin 1942 vient consacrer cette naissance sous l’appellation de « Service de Recherches Scientifiques Coloniales. Ce premier service devient par la suite « Office de la Recherche Scientifique Coloniale » par le fait de la loi du 11 octobre 1943 et son décret d’application du 14 octobre, voir Bonneuil (Ch), « Des savants pour l’Empire, les origines de l’ORSTOM », Cahiers pour l’Histoire du CNRS, 1990, n°10, p. 83-102

310Toutefois, ce modèle porte en lui-même les germes de sa propre faiblesse, ne serait-ce que par l’impression

de rivalité longtemps latente et désormais ouvertement affichée qu’on peut observer entre les chercheurs relevant de tel ou tel ministère et m̵me du CNRS. Cette situation a pour conséquence de restreindre son champ d’action et pire, les crédits de fonctionnement attendus sont sinon inexistants du moins maigres.

311 Bonneuil (Ch), Petitjean (P), Op. Cit., p. 136

137 rattachés. Ainsi, treize centres sont implantés dans les colonies de 1946 à 1955313 et leurs activités ouvrent des débouchés à de jeunes chercheurs314. A la veille des indépendances, l’Office possède l’essentiel de son architecture qui lui permet de mener au mieux ses activités de plus en plus diversifiées.

Mais sur place dans les colonies, c’est le SGHMP créé en 1944315 qui coordonne les enquêtes de Santé publique. En effet, les succès obtenus dans la lutte contre la maladie du sommeil dans l’AOF par le SGAMS expliquent, en partie, sa mutation et l’extension de ses activités. Cette évolution se dessine lors la tenue de la Conférence de Brazzaville enntre janvier et février 1944 où les problèmes de santé et d’hygiène ont été aussi au centre des débats. A la fin de la Conférence, l’une des recommandations de la Commission de l’hygiène et de la santé publique concerne la création d’un « service autonome d’hygiène mobile et de prophylaxie avec des équipes mobiles polyvalentes »316 afin de prendre en compte toutes les questions liées aux endémies auxquelles l’AOF est confrontée. Cette mutation est sans aucun doute une reconnaissance de l’efficacité des équipes mobiles créées par JAMOT317 lors de son passage en Afrique Centrale318. Ainsi, sur proposition du médecin général Blanchard, inspecteur général du Service de santé colonial, le ministre des colonies, Georges Mandel signe, le 20 janvier 1939, l’arr̵té qui institue en AOF et au Togo, un Service général autonome de la maladie du sommeil (SGAMS) dont la direction est confiée au médecin

313Ibid., p. 142

314 Pour les détails concernant le déploiement des services de l’office dans les colonies, voir Gleizes (M), Un

regard sur l’Orstom 1943-1983. Témoignage. Ed. de l’Orstom, Paris, 1985, p. 22-26

315 C’est le 15 juin 1944 que le Commissaire aux Colonies, Monsieur René Pleven décrète la création dans les territoires africains de Services d’Hygiène Mobile et de Prophylaxie en remplacement du SGAMS. Ce décret est promulgué en AOF par l’arr̵té général n°5548 A.P. du 31 décembre 1944, voir Médecin-colonel Le Rouzic (J), Médecin-capitaine Koch (H), « Le Service Général d’Hygiène Mobile et de Prophylaxie en A.O.F : étude historique et statistique », Bulletin Médical de l’Afrique Occidentale Française, (journées médicales de Bobo-

Dioulasso, 24-29 janvier 1949), 1949, n° spécial, p. 9-34

316 Anonyme, Brazzaville, janvier-février 1944. Aux sources de la décolonisation, Institut Charles de Gaule/Institut d’Histoire des Temps présents, Paris, Plon, 1988, p. 166

317 Pour des informations intéressantes sur la biographie d’Eugène Jamot, voir Bado (J.P), Eugène Jamot 1879-

1937. Le médecine de la maladie du sommeil ou trypanosomiase, Paris, Karthala, 2011, 444 p.

318 On dispose d’informations sur l’aventure d’Eugène Jamot à la page 80 de cette thèse et dans les documents

suivants, voir Lotte (M, médecin-colonel), L’hygiène mobile : création, moyens, doctrine, stratégie, technique, orientation, Bobo-Dioulasso, 1960, p. 4 ; Domergue-Cloarec (D), Op. Cit., p. 240. ; Bado (J.P), Origine du Service des Grandes endémies. Naissance de l’Organisation de coordination et de coopération pour la lutte contre les grandes endémies, OCCGE, Bobo-Dioulasso/ Université de Provence, 1993, p. 18 ; Arrêté n°2744 du 30 novembre 1931 portant création d’un service de prophylaxie de la trypanosomiase, voir Médecin-colonel Lotte (M), L’hygiène mobile : création, (JAMOT), moyens, doctrine, stratégie, technique, orientation, Bobo- Dioulasso, 1960, p. 10

138 colonel Muraz319. Au cours de l’année 1939, d’autres textes sont pris pour achever la mise en place du nouveau dispositif320.

La conférence afro-française de Brazzaville de 1944 marque un tournant décisif dans l’avenir du SGAMS. Elle offre l’occasion aux autorités sanitaires d’entreprendre une réflexion sur le meilleur moyen de lutter efficacement contre les principales affections dans la grande majorité de la population indigène. Au cours des travaux de cette conférence, la commission du plan d’Hygiène et de santé publique, présidée par le médecin général Vaucel fait une importante recommandation. Dans celle-ci, il est demandé de développer l’armature hospitalière et sanitaire territoriale, d’assurer le dépistage systématique et le traitement de masse des affections sociales, d’organiser des services d’hygiène urbaine, de favoriser les échanges de vues entre autorités médicales française et étrangère, d’accroitre les effectifs et de créer une grande école africaine de médecine. Les recommandations sont sans équivoque, car elles annoncent l’acheminement progressif du SGAMS vers un service polyvalent de lutte contre les grandes endémies. En application de ces principes, le Commissaire aux colonies, René Pléven, décrète le 15 juin 1944 la création du SGHMP321 qui a pour mission de lutter contre les autres endémies de la même manière que pour la trypanosomiase.

Quelques mois plus tard, l’arr̵té général n°214/S.P en date du 22 janvier 1945, fixe le cadre juridique du SGHMP, en déterminant son cadre organique, les modalités de son