• Aucun résultat trouvé

PARTIE 2 : LA CONSTRUCTION DE L’EXCLUSION / DISCOURS, STRUCTURES, FORMES ET ORGANES

3. L A PERSPECTIVE TOTALE ET LE RENOUVEAU DE L ’H OMME

3.2 Une figure de première importance : l’« homme nouveau »

Dans les discours idéologiques ayant produit une « révolution » au XXe siècle (le communisme,

le fascisme italien et le national-socialisme), est observable une rhétorique commune autour de quelques thèmes centraux. Ces derniers sont notamment l’éducation et la jeunesse, le dynamisme, l’héroïsme, la vénération d’un chef, le romantisme de l’action, tous articulés dans la figure utopique de l’« homme nouveau ». Cette forme discursive représente « en réalité un

monde imaginaire, celui des rêves, des émotions, des peurs, des illusions et des fantaisies »160. Ce n’est pas par hasard que les grandes idéologies veulent aboutir à une révolution dans le sens initial du terme, c’est-à-dire un « retour en arrière », un « retournement » (revolutio) de la

159 Ici intervient le problème de la temporalité, car les seuls États totalitaires qui se sont inscrits dans une

temporalité de période postérieure à la présence de la personnalité mythique créatrice sont les régimes socialistes. Nous ne savons pas à quoi auraient ressemblé un État nazi post-Hitler ou une Italie fasciste port-Mussolini.

115 situation, pour revenir à un stade antérieur. Ce stade mythique est désigné par la pureté/perfection biologique dans le cas français et par la pureté/perfection sociale dans le cas bulgare. La « révolution » se doit d’aboutir à une « évolution », c’est à ce stade qu’intervient l’idée de l’« homme nouveau ». Cela explique la volonté des idéologies de « refondre le monde » et, sur les ruines/cendres de l’ancien, de construire le nouveau dans une exception eschatologique. L’ordre social parfait ne peut être atteint sans une condition existentielle et préalable, à savoir celle du profond changement dans les modes de vie, de pensée et d’interaction de l’être humain. Cette figure de l’« homme nouveau » se pose comme étant inhérente à tout programme utopique, mais aussi et en même temps comme but et noyau des idéologies totalitaires sans qu’elle soit forcément leur propre invention.

La volonté de renouveau de l’être humain se retrouve à différentes étapes de l’histoire humaine. Elle est au fondement des grandes religions, mais elle est également retrouvable dans les grands courants philosophico-politiques qui ont influencé la pensée et le mode de vie de l’humanité. L’idée contemporaine d’« homme nouveau » viendrait de la pensée rousseauiste (« Émile, sois

un homme nouveau ») qui, au cours des siècles, a revêtu plusieurs formes selon les contextes :

celle de l’« honnête homme » du XVIIe siècle, du « citoyen » de la Révolution ou la figure du « gentleman » de la grande époque anglaise. Ce n’est qu’au XXe siècle que cette idée se conceptualise à travers les deux grandes idéologies qui ont conçu et recommandé sa production à travers une « révolution sociale ».

Ce renouveau est conjugué au développement de la biologie et de ses promesses fondées sur la croyance que la science et la technologie permettront la création de la nouvelle humanité. Même s’il s’agit de conceptions à première vue très différentes, les approches idéologiques se rencontrent assez souvent dans la rêverie utopique du renouveau. À partir de là seront élaborées deux formes modernes de cette figure : l’« homme nouveau racial ou biologique », désignant la figure voulue par le fascisme et le nazisme, et l’« homme nouveau social » pour le communisme. Le premier étant une figure définie selon la supposée pureté raciale, le second faisant référence à la société juste et égalitaire. L’homme nouveau biologique serait un homme « monobiologique », c’est-à-dire composé d’une seule « race suprême » et digne de cette dernière, tandis que l’homme nouveau social serait « suprabiologique », car supranational, digne d’un modèle social parfait. C’est dans le contexte de ces deux grands modèles de l’« homme nouveau » qu’il faudrait placer les conceptions de cette figure dans les deux sociétés faisant l’objet de notre analyse.

116 L’État français introduit rapidement la notion discursivement très importante pour la société française qu’est la Révolution, à travers l’idéodiscours de la Révolution nationale. La figure de l’homme nouveau de Vichy sera inspirée par celle du « fasciste ». Dans ce modèle idéalisé, il serait question d’un individu « discipliné, sportif, rompu aux exercices militaires. C’est un

homme qui doit incarner les vertus d’audace et d’héroïsme, de dévouement jusqu’au sacrifice de sa personne individuelle, de son intellect et sa libre pensée, au service de la communauté »161. L’État français, pour sa part, essaiera de trouver un fondement à cette figure dans la tradition française. Vichy fondera sa conception de la régénération de l’homme et de la société sur la construction d’un ordre nouveau, censé favoriser l’épanouissement d’un nouvel être humain qui sera différent du « Français moyen », mais aussi de l’homme nouveau fasciste (« biologique »). Les valeurs sociales mises à la base de la figure régénérée de l’être seront celles du « goût de l’action et de l’aventure, primauté du vital sur l’économique, de la culture

sur les intérêts matérialistes, et au sommet le don de soi et le culte du service »162. Il s’agit d’un

projet de société fondé sur l’esprit communautaire et l’éloge de la personne humaine.

Avec la conception de l’« homme nouveau » se pose immédiatement le problème de l’éducation en tant que l’arme la plus puissante pour l’aboutissement de cette idée. La politique juvénile de Vichy émanerait du contexte politique et social dans lequel s’est retrouvée la France en 1940, même si la politique de renouveau humain de Vichy ne repose pas sur une solide base idéologique. Les éléments clés de ce contexte sont notamment « l’effondrement de la nation, la

dissolution de la société, le déracinement de nombreux adolescents de leurs familles, la démoralisation et la tentation de sombrer dans la délinquance »163.

Toute volonté de « mettre au monde » une nouvelle forme d’humanité passe d’abord et principalement par l’éducation, car les jeunes sont les premiers concernés par cette mesure comme des êtres non influencés par la morale antérieure. Raison pour laquelle toute idéologie au pouvoir définit d’abord une politique éducative en vue de matérialiser le discours du renouvellement des êtres et de les préparer à devenir des sujets de la nouvelle forme sociale en construction. Même si le régime n’élabore pas un discours unitaire et construit du futur (par manque de temps et de volonté), il pose pour autant les bases d’une politique éducative selon ses idéologèmes fondamentaux. Il s’agit de la « biopolitique d’homme nouveau » incarnée par la prise en charge des corps et des esprits des jeunes pour les préparer au nouvel ordre (national, européen ou mondial) annoncé. La jeunesse est pensée comme « l’agent principal de toute

161 YAGIL, L’homme nouveau et la révolution nationale de Vichy, p. 15. 162 Ibid., p. 17.

117

rénovation nationale »164. Même si le régime se refuse à créer une organisation de la jeunesse étatisée et politisée, il encourage et garantit la pluralité des organisations juvéniles avec l’idée d’aboutir à l’unification des convictions. Les politiques du Secrétariat général de la Jeunesse répondent pour autant aux qualités que la forme discursive du pouvoir veut développer. Cette dernière porte sur « l’honneur, la franchise, le courage, l’audace, le goût de l’entreprise et du

risque, l’optimisme, l’esprit d’équipe, le don de soi et le sens des responsabilités »165 comme réactions aux défauts identifiés de la société actuelle, à savoir « le manque de caractère, la

tendance à l’individualisme, le manque de continuité dans l’effort, une intelligence trop spéculative et insuffisamment dirigée vers l’action »166. Cet « homme nouveau » se doit d’être complet, une parfaite harmonie entre le corps et l’esprit. Cette vision représente une caractéristique commune à toutes les idéologies prônant le renouveau de l’Homme suivant un idéal de développement du corps ainsi que selon un idéal de comportement et, par extension, de pensée.

Certaines des organisations de la jeunesse sous Vichy ont aussi une structure fortement inspirée du monde militaire (une des sources non seulement de la construction idéologique, mais aussi dans l’organisation de l’administration). Il s’agit des Chantiers de la jeunesse et des Compagnons de France qui s’impliqueront dans des travaux d’intérêt public. Leur occupation est un facteur de transformation en « hommes nouveaux ». Est créée également une organisation plus politisée – la Jeunesse de France et d’Outre-mer (JFOM) – s’appuyant sur la doctrine xénophobe et antisémite du régime. Comme toute doctrine d’« homme nouveau » se fonde sur la différence identitaire radicale avec l’« homme ancien », cette organisation juvénile politisée contribuera à la définition de la figure de l’ennemi surtout dans la zone sud, où elle est assez importante.

Parallèlement, le régime de Vichy déploie une politique de « régénération de la France » avec la volonté d’englober toutes les sphères de la vie sociale. Elle sera, bien sûr, fondée sur les valeurs de la Révolution nationale, en s’appuyant aussi sur la biopolitique. Les villes devraient être redessinées pour assurer une qualité de vie et d’hygiène des corps assez poussée reposant sur une inspiration du mode de vie sain des campagnes ; l’éducation physique est privilégiée dès le plus jeune âge afin de former des êtres aux corps harmonieux et au « caractère bien trempé ». À cet effet, le sport est introduit dans toutes les organisations sous tutelle de l’État ;

164 Id., p. 44.

165 Id., p. 51. 166 Ibid., p. 51.

118 l’éducation est destinée à former aux valeurs de la « Nouvelle France », visant ainsi à créer le Français nouveau.

- L’homme nouveau et la révolution socialiste permanente

« La nouvelle forme de production sociale, si elle doit réaliser

la bonne vie, n’a besoin que d’hommes nouveaux. » (MARX)

Cette opposition duelle est encore plus forte dans les formes discursives idéologiques érigées au rang de doctrines politiques eschatologiques, comme c’est le cas pour le marxisme-léninisme dans les pays engagés dans la voie du communisme. Il s’agit, déjà pendant les années 1940, d’une matrice de société « prête-à-imposer » issue de la « grande expérience soviétique ». C’est un « homme nouveau » plongé dans un nouveau « mode de vie » dit « socialiste » qui implique le remaniement de tous les aspects de la vie quotidienne (ou « ordinaire ») selon les engagements idéologiques. Si les formes de domination « dictatoriale » sont orientées vers une stabilité, les régimes totalitaires (ouvertement) sont dominés par la nécessité de dynamique (très forte surtout dans les premières années). Les régimes socialistes sont orientés vers le futur, fondés sur une restructuration rapide de la sphère économique, de la société et de la vie sociale. Le résultat final de cette dynamique engagée et dirigée par le pouvoir doit être une société communiste, sans classes, équitable, égalitaire, humaine dans les relations sociales, allant vers le perfectionnement, la prospérité et la Modernité167.

L’« homme [nouveau] socialiste » devra être honnête, homme de confiance, discipliné, loyal, fidèle, aimant, sportif, charmant et prêt à se sacrifier. Il doit gagner sa vie (travailler) honnêtement, ne pas vouloir s’enrichir, se consacrer à un amour romantique, être fidèle et dévoué. Il se doit de se distinguer fondamentalement de l’« homme antérieur ». Pour arriver à mettre en pratique ce « chantier » touchant aux fondations de la vie individuelle et sociale, la « matrice soviétique » sera d’une grande utilité. À travers la figure de l’homme nouveau et le « modus vivendi socialiste », l’idéologie devrait imposer son hégémonie, devenir la réalité sociale par excellence, en se posant comme fondement des relations sociales en vue de discipliner et de rationaliser la société entière.

Comme dans tous les pays socialistes, en Bulgarie est créé un réseau d’institutions visant la production culturelle et la propagande des valeurs de la société socialiste. Cette figure de l’« homme nouveau socialiste » se fonde, d’un côté, sur les qualités qualifiables d’universelles de l’« homme moderne » et, de l’autre côté, sur les caractéristiques propres au collectivisme.

167 Qui paraît une tâche difficile au moment de la prise du pouvoir, étant donné les caractéristiques de la société

119 Ce dernier se caractérise par la prédominance du principe d’égalité et de solidarité, mais aussi par la participation de tous dans la construction de la société. C’est ainsi que l’accent dans la volonté de création de l’homme nouveau sera mis sur la « morale », elle-même censée faire en sorte que les êtres se sacrifient (physiquement et symboliquement) pour le communisme et en vue de son triomphe à travers le monde. Selon le modèle soviétique, « agir moralement » signifie non seulement travailler de manière assidue et disciplinée, respecter et apprécier la propriété socialiste, accroître son niveau d’éducation, entretenir une relation d’amitié et de solidarité avec les gens autour de soi, mais aussi former sa vie personnelle et familiale selon les préceptes du « modus vivendi socialiste ».

L’idée de l’« homme nouveau » venant de l’idéologie primaire du communisme ne peut se réaliser idéalement que chez les jeunes. Dans la doctrine socialiste et sous l’influence scientiste, l’enfant est perçu comme un matériau brut qu’on peut et se doit de façonner scientifiquement pour arriver à en produire un être parfait. Ainsi, la politique juvénile se posera comme l’une des grandes branches de l’ingénierie sociale de l’État totalitaire bulgare. Dans cette logique, la figure de l’homme nouveau ne peut se réaliser qu’à l’aide de « l’action éclairée et systématique

du pédagogue-savant »168.

La dynamique de création de l’« homme nouveau socialiste » a besoin de personnalités harmonieusement développées, aptes à la vie collective. L’éducation et la rééducation sont tournées vers tous les groupes sociaux, mais les sujets les plus importants de cette politique restent les enfants et les jeunes qui, soumis à un travail spécifique, se transformeront en des citoyens effectifs, loyaux et actifs, dont les actions publiques ne mettront pas en doute l’ordre établi. Par ailleurs, le travail discipliné des enfants et des jeunes contribuera à la prospérité de la société, de sorte que dans leur vie privée, ils ne pourront jamais échapper au contrôle public. Autrement dit, l’enfant est la ressource modernisatrice primordiale dans la société, car il grandit dans « le meilleur des mondes possibles ». Ce qu’il doit faire, c’est incorporer cette réalité sociale. L’institution scolaire (espace public disciplinaire) intervient très fortement dans ce processus, notamment en diffusant les modèles de comportement légitime, les moyens de compréhension du monde acceptables169. Dans le cadre institutionnel étatique, les enfants seront politisés dès leur plus jeune âge.

168 Wladimir BERELOWITCH. « De l’enfant à l’homme nouveau : le “futurisme pédagogique” des années 1920 », Revue des études slaves, tome 56, fascicule 1, 1984. « L’utopie dans le monde slave », pp. 115-125.

169 Selon le modèle soviétique, les enfants dans les maternelles doivent apprendre la camaraderie, l’amour envers

la patrie, ainsi qu’envers Lénine, Staline et Dimitrov… Mais essentiellement, « apprendre dès le plus jeune âge

les règles de notre société socialiste : l’ordre et la discipline, pouvoir agir collectivement, prendre soin l’un de l’autre, respecter les adultes et prendre soin des objets » (FOTEV).

120 Le véritable embrigadement des jeunes commence dès leur entrée dans le système scolaire (détachement de la famille dès le plus jeune âge), où ils sont fortement incités à prendre part aux organisations de la jeunesse, celles-ci étant unifiées et soumises au contrôle direct et total du Parti. La première (par rapport à l’âge de l’enfant), c’est

l’

Organisation dimitrovienne des pionniers (« Septemvriitché »), qui regroupe pratiquement tous les enfants de 7 à 14 ans. L’objectif de l’organisation des pionniers est d’apprendre aux enfants l’amour du travail et de la patrie, et la discipline, afin de préparer les jeunes à la vie dans la société socialiste. À 14 ans, les jeunes entrent dans le Komsomol, beaucoup plus politisé, dont l’éducation est à prédominance politique. C’est à cette organisation que se greffe le système des « Brigades des jeunes » qui sont perçues par l’État comme de véritables usines d’hommes nouveaux suivant la « norme obligatoire dans le processus de socialisation des jeunes gens »170.

À travers cette institution, le régime veut inculquer aux futurs citoyens les valeurs du collectif, de la discipline et du travail qui doivent former des corps harmonieux, sains et forts qui seront jetés dans la construction du paradis terrestre dans lequel ils sont prédestinés à vivre. Mais ce corps parfait doit être complété par une morale socialiste stricte et élevée.

Cette idée de la relation entre le travail et l’éducation vient de la pensée occidentale qui, dans son évolution, met l’accent sur la nécessité de combiner le travail industriel et l’éducation. Point central dans la création de l’homme nouveau, aussi bien dans le sens de la transformation (rééducation) des adultes que de l’éducation des nouveaux membres de la société, se pose la super-valeur171 travail. Selon l’idéologie communiste, cette éducation/rééducation passe inévitablement par le travail, méthode éducative par excellence. Cette super-valeur prend une acception particulière pour le communisme, à savoir celle du travail manuel172. Alors, la force (ré)éducative du travail se pose au fondement de la dynamique de restructuration du social, mais aussi de l’être individuel. Dans les premières années, il s’agit essentiellement de reconstruire le pays ainsi que de poser les bases de la construction de la société parfaite à venir. Pour cela, une autre « usine d’hommes nouveaux » sera mise en place – la pratique de mobilisation par le travail (unifiée dans l’Armée de construction ou Armée bâtisseuse). Ce dispositif permet de mobiliser des jeunes faisant partie des minorités (tzigane et turque) ainsi que des « politiquement non conformes » qui, dans la plupart des cas, sont les descendants des familles des « ennemis du peuple ». Les personnes qui vont y prendre part sont perçues comme

170 Biliana RAEVA « La jeunesse et le mouvement brigadier… », dans L’enfance sous le socialisme, p. 136. 171 Nous utilisons ce préfixe au sens qui lui a été octroyé par le marxisme : superstructures et infrastructures. 172 Le travail intellectuel est perçu comme moins prestigieux, c’est pourquoi il doit être complété d’un travail

121 « contaminées par les germes de l’ancien ordre », mais rééducables, de sorte que leur transformation passe inévitablement par la transformation physique (par le travail), supposée entraîner la transformation morale et culturelle (dans le cas des minorités par exemple). Cette logique du travail rééducatif en tant que moyen par excellence de transformation des êtres en « hommes nouveaux » sera poussée à l’extrême dans le système concentrationnaire mis en place en Bulgarie entre 1945 et 1962. Ces camps, dont le nom officiel est « Foyers de rééducation par le travail », vont se fonder sur l’acception de la force transformatrice du dur labeur physique.

- Les régimes d’« hommes nouveaux »

Sur la base des caractéristiques de la figure mobilisatrice d’« homme nouveau » dans les discours idéologiques des deux formes étatiques, nous pouvons tracer certaines similitudes entre elles. Tout d’abord, les deux logiques de création d’une nouvelle forme d’humanité vont orienter leur politique principalement vers la classe d’âge qui incarne le futur de la société et qui est « facilement modelable » du point de vue idéologique. La politique d’« homme nouveau », qui est dans son fond une biopolitique au sens foucaldien, est principalement éducative. L’éducation est majoritairement tournée vers les enfants et les jeunes perçus comme le vecteur principal du changement social radical, d’où découle la nécessité d’un contrôle plus important de cette tranche de la population.

Ainsi, nous retrouvons dans les deux figures idéelles une logique de « qualités à créer et/ou à développer – défauts à réprimer et à effacer », fondée sur « une éducation totale ». Cette volonté n’est pas nouvelle, elle a émergé durant la seconde moitié du XIXe siècle avec la mise en place

d’une école régie par l’appareil étatique et contrôlée par ce dernier.

Même si Vichy ne dispose pas du temps nécessaire à la mise en place d’une politique

Documents relatifs