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DE LA MAISON NOBLE AU DOMAINE DE PONT DE LANGON

II.1.1. Un fief du Moyen-Âge

Au XIIIe siècle, la maison noble de Mons du Pont de Langon est une maison seigneuriale appartenant à Bertrand Demons et au chevalier Géraud Demons237. L’habitation construite en 1270 a longtemps été la trace de l’existence des terres seigneuriales de Pont de Langon à l’époque féodale238. Tout aussi tangibles sont les preuves attestant de la présence de la famille Estève à la tête de ce même fief, au XVIe siècle. En 1518, les sources anciennes laissent à découvrir « noble homme Jehean Estève, seigneur de la maison noble du Pont de Langon »239

puis, à partir des années 1550, c’est Arnaud Estève, qui est cité comme « écuyer et sieur de la maison noble de Langon, paroisse de Villenave d’Ornon »240. Très précisément même, en 1558, les archives confrontent ce même Arnaud Estève, « écuyer, seigneur de Langon » et le chapitre Saint-André de Bordeaux, « baron de la terre et seigneurie de Cadaujac », contractant ensemble un bail à fief nouveau pour une pièce de bois taillis241.

237 Une fiche de renseignements historiques a été établie en vue de la protection du « Site de Pont de Langon ». Ce document est consultable en ligne, auprès de la Dreal Nouvelle-Aquitaine : http://www.donnees.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/DREAL/ficheinfo/?Code=SIN0000152&Rubrique=SIN, site consulté le 29/01/2018.

238 Pour illustration, en 1588, Asdrubal de Ferron, seigneur de la maison noble de Carbonnieux, « achète à M. Raymond Demons, une pièce de terre labourable au lieu-dit du Sablon, dans la paroisse de Villenave, mais aussi une pièce de dix-huit règes de vignes à l’araire […], au lieu de La Plantole, une autre encore, de quatorze règes, au lieu appelé La Vigne blanche » : Hélène Brun-Puginier et Philippe Roudié, Château Carbonnieux. Sept siècles dans les Graves, Paris, Stock, 1999, 155 p., p. 36.

239 Jehean Estève est qualifié aussi de « seigneur de la maison noble de Brigaille ». AD33, 2 E 1129, Titres de familles, famille Estève, extrait d’un acte notarié passé devant maître Belleval, notaire à Bordeaux, 1518.

240 AD33, 3 E 3911, Étude maître Danglade, notaire à Léognan, acte notarié, 05/10/1556.

241 « Le chapitre Saint-André de Bordeaux, en qualité de baron de la terre et seigneurie de Cadaujac est seigneur foncier et direct d’une pièce de bois taillis dépendant [de la maison noble du Pont de Langon], située dans ladite baronnie et juridiction de Cadaujac, suivant le contrat de bail à fief nouveau, consenti par le chapitre Saint-André de Bordeaux en

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La famille Bourran prend possession des terres de Pont de Langon probablement aux environs de la moitié du XVIIe siècle, pour ne plus les quitter avant le milieu du XVIIIe siècle242.

La maison Bourran, divisée en trois branches répandues en Agenais, en Bordelais et à Paris243, a occupé « un rang distingué dans la noblesse »244. Illustre figure de la noblesse d’épée est celle de Guillaume de Bourran (décédé vers 1557), seigneur de Scoraille245, « écuyer et chevalier », ainsi qu’il est qualifié dans son contrat de mariage avec Claire Douzon246, en date du 25 mai 1550247. À cette époque, le titre de chevalier est exclusivement réservé aux gentilshommes les plus qualifiés, appartenant aux plus grandes maisons. « La maison de Bourran a produit un grand nombre d’officiers et de chevaliers de Saint-Louis, un maréchal des camps et armées du roi, un sous-lieutenant ou lieutenant des gardes du corps du roi. »248 Noble homme Guillaume de Bourran, écuyer, sieur de Douzon, est le père d’honorable homme Jacques Douzon (vers 1531-1605), écuyer, sieur de Douzon, habitant à Montclar, en Agenais. En 1560, Jacques Douzon épouse damoiselle Antoinette d’Abzac249 et se fixe alors à Bordeaux. Le couple a quatre enfants dont, maître Jacques Douzon de Bourran (1561-1642), baron de Marsac, seigneur de Meaujan, Pudos et Birac. Jacques Douzon de Bourran est avocat au

faveur d’Arnaud Estève, écuyer, seigneur de Langon » et retenu par maître Destivals, notaire à Bordeaux, le 26 mai 1558. AD33, H 1061, Clergé régulier, propriétés et seigneuries foncières situées dans la paroisse de Villenave (Carbonnieux), information recueillie dans la « ventilation de la maison noble du Pont de Langon et dont partie relève de Carbonnieux », 26/03/1759.

242 La famille Bourran a fait l’objet d’un dépouillement de sources manuscrites pour mettre au jour les origines de propriété et les désignations du domaine de Pont de Langon. Par ailleurs, en plus des sources imprimées et de la bibliographie (ci-dessous citées), permettant une meilleure connaissance de cette famille, cette étude s’est aussi appuyée sur l’ensemble des archives contenues dans la sous-série 2 E - Titres de familles : Famille de Bourran, conservée aux Archives départementales de la Gironde. Cette masse documentaire nécessiterait un dépouillement complet. AD33, 2 E 412/1 à 412/5 : 2 E 412/1, 1596-1809 ; 2 E 412/2, 1664-1707 ; 2 E 412/3, 1663-1769 ; 2 E 412/4, 1745-1762 ; 2 E 412/5, 1709-1770.

243 « La maison de Bourran a possédé les baronnies de Marsac et de Saint-Barthélémy, en Agenais ; de La Court, en Quercy ; des Guigniers, en Saintonge ; et une vingtaine de seigneuries (Meaujan, Pudos, Birac, Bellestat, Armillac, Mérignac, Tartas, Le Portail, Blanzac, Le Coureau, La Magdelaine, Caudeyran, Roger, Montgaillard, Bessannes, Sistels, Monteyral, etc.) ». Jules de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, Paris, Dumoulin, tome 3e, 1860, 626 p., p. 377.

244 Parmi « les hauts et puissants seigneurs de Bourran, on compte nombre de seigneurs, nobles, nobles hommes, messires, écuyers, damoiseaux, chevaliers, seigneurs, barons, comtes et marquis de Bourran ». Jules de Bourrousse de Laffore,

Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, Paris, Dumoulin, tome 3e, 1860, 626 p., p. 377.

245 Guillaume de Bourran est le fils de Bernard de Scoraille (né avant 1463), seigneur de Scoraille.

246 Claire de Douzon (née vers 1510) est la fille de défunts noble Pierre de Douzon et damoiselle Jeanne de La Caze.

247 « Le sieur de Bourran est assisté d’aucungs ses parents et amys (sic) et particulièrement du seigneur de Bourran [noble François de Scoraille], habitant dans son château, dans le pays de Rouergue [près de Rodez], son cousin germain ; du seigneur du Bosc [gentilhomme du comté de Rouergue] et autres, ses parents et amys ». Le contrat de mariage est retenu et expédié par maître Reynal, notaire à Penne d’Agennais, en date du 25 mai 1550.

La qualité des parents qui assistent le futur époux à son contrat de mariage, prouve l’importance de la famille dont Guillaume de Bourran est issu.

248 Jules de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, Paris, Dumoulin, tome 3e, 1860, 626 p., p. 378.

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Parlement de Bordeaux « quand il est pourvu, le premier octobre 1585, de la charge anoblissante de conseiller audit Parlement »250. De son mariage en 1593 avec Catherine de Minvieille (fille d’un conseiller au Présidial de Bordeaux), il a plusieurs fils : ce sont eux qui abandonnent le nom de Douzon dans le courant du XVIIe siècle. Bernard de Bourran (1596-1664), auteur d’une branche, connu sous le titre de baron de Saint-Barthélemy251, succède à son père en 1627, dans sa charge de conseiller au Parlement de Bordeaux. Il épouse en 1628, Anne le Comte de la Tresne (fille d’un président au même Parlement)252. Auteur d’une autre branche, Jean-Baptiste de Bourran (1587-vers 1675) est baron de Marsac, seigneur de la Magdelaine (près de Cahors), de Caudeyran et de Roger. En 1636, il épouse Anne de Montalembert, héritière de la seigneurie de Roger253. Le couple réside en son château de Roger, situé près de Villeneuve d’Agenais. Jean-Baptiste de Bourran est pourvu, le 12 avril 1630, de la charge de président en la Cour des aides de Guienne et obtient des lettres d’honneur en 1660254. Dans son testament en date du 16 octobre 1667, il déclare avoir eu de son union avec Anne de Montalembert sept garçons255 et six filles.

250 Le 20 novembre 1602, Jacques Douzon de Bourran est nommé président de la première Chambre des enquêtes de la même cour.

La famille de Bourran a également fourni de nombreux représentants de la noblesse de robe : « trois présidents aux enquêtes du Parlement de Bordeaux, plusieurs conseillers au même Parlement, un président à la Cour des aides de Guienne, de nombreux officiers [dans la justice et la finance]. »

Gustave Chaix d’Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Évreux, Ch. Hérissey, tome 6e, 1907, 416 p., pp. 211-212.

251 « Messire Bernard de Bourran, baron de Saint-Barthélemy est seigneur de Pudos, Meaujan, Birac, Armillac et Mérignac ». Jules de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, Paris, Dumoulin, tome 3e, 1860, 626 p., p. 380.

Bernard de Bourran est le père de Jean de Bourran, baron de Saint-Barthélemy, conseiller au Parlement de Bordeaux en 1654, qui épouse, en 1660, Jeanne de Sabourin, fille d’un de ses collègues et héritière de la seigneurie de Guigniers, en Saintonge.

252 La branche représentée par Bernard de Bourran est traitée en détails par Jean-Pierre Méric, dans son ouvrage sur l’histoire du château Smith-Haut-Lafitte, lorsqu’il aborde la famille Douzon de Bourran et la transmission de Maujan : Jean-Pierre Méric, Smith-Haut-Lafitte, Le vignoble des rois d’Aquitaine et de Bordeaux, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2016, 337 p., pp. 66-73.

253 Le contrat mariage est passé à Roger, le 16 juin 1636, devant maître d’Arrubban, notaire royal.

Anne de Montalembert (décédée vers 1670), dame de Roger et de Montgaillard, est la fille unique de feu messire François de Montalembert, seigneur de Roger, Montgaillard et autres places, chevalier de l’ordre du roi, gouverneur de Penne-d’Agenais, capitaine de 100 hommes à pieds, et de dame Melchiorre de Lard de Rigoulières.

Jules de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, Paris, Dumoulin, tome 3e, 1860, 626 p., pp. 383-384.

254 Jean-Baptiste de Bourran « est conservé dans ce poste à la nouvelle création de cette Cour, par édit du mois de décembre 1659. Il résigne bientôt après, en faveur de Jean-Léon de Mestivier, conseiller en ladite Cour. » Jules de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, Paris, Dumoulin, tome 3e, 1860, 626 p., p. 383.

Les lettres d’honneur qu’il obtient, datées de Paris le 24 décembre 1660, sont enregistrées le 09 décembre 1661.

255 Retenons surtout : 1°) Jean de Bourran, baron de Marsac, seigneur de Roger, marié en 1674, à Marie le Berthon d’Aiguilles. Jean-Baptiste de Bourran lui lègue « La baronye de Marsac et généralement tout ce qui en dépand (sic) plus la maison du Puy des Cazeaux de Bordeaux » et 2°) François de Bourran, marié le 22 novembre 1685 à Jeanne de Raymond de Folmont, dame de Sistels ; le couple est l’auteur de la branche des Sistels. Jean-Baptiste de Bourran lègue à son fils

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