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7.5 Le feu, menace principale sur le pin laricio ?

Le nombre et la surface des feux ont augmenté en méditerranée au cours des dernières années (Pausas et coll.2008). Les raisons sont multiples et incluent la lutte contre le feu depuis des décennies et les changements d’usage des terres (Moritz et coll.2014). Il est dès lors indispensable de connaître la résilience des écosystèmes face au feu. Ainsi, les maquis, les garrigues et les forêts de chênes présentent une forte résilience après feu que ce soit par recrutement des graines ou par régénération (Pausas et coll.2008). En revanche, les forêts de pins noirs sont sensibles au feu et peu résilientes (Pausas et coll.2008).

Les pins noirs – dont le pin laricio – ne produisent pas de cônes sérotineux60 et ont des capacités de dispersion limitées (Ordóñez et coll.2006). Cela explique en partie leur faible capacité de régénération après feu (Pausas et coll.2008). En revanche, les pins noirs ont une écorce épaisse et les arbres matures n’ont pas de branches basses. Les pins noirs résistent donc régulièrement aux feux de faibles intensités et peuvent présenter des cicatrices de feu (Fulé et coll.2008; Leys et coll. 2014; Fig.I.19bet Fig.II.4c). Les feux capables de détruire des peuplements de pin laricio sont par conséquent des feux de couronne souvent intenses. Pour autant, grâce à une étude des macrofossiles d’arbres dans un lac corse, Leys et coll. (2014) ont montré que le pin laricio survit depuis plus de 15 000 ans près du lac, et ce malgré des fréquences de feu localement plus importantes qu’aujourd’hui.

Durant l’été 2000, 11 000 hectares ont été parcourus par le feu en Corse. Parmi les zones parcoures, de nombreuses populations de pin laricio ont brûlé aussi bien au sein de peuplements éparses que de forêts pures ou en mélange (Soulères2000; Fig.I.19e). Au total, près de la moitié des surfaces de pin laricio ont été parcourues par le feu cette année là (11 000 ha61sur 22 000 ha62). Au delà de la mortalité directe ou indirecte des hôtes, le feu provoque des modifications de l’environnement des arbres (par ex. modification de la composition et de la communauté microbienne du sol) et de leur physiologie (par ex. modification des flavonoïdes produits ; Lavoir et coll.2013).

Même si l’essence n’est pas menacée en elle-même par le feu (Leys et coll.2014), les incendies comme ceux de 2000 provoquent des réactions sociales fortes. Les agents ONF, en première ligne face au feu, sont particulièrement sensibles à la protection de la forêt face aux incendies. Ainsi, le technicien forestier Beretti, chef du secteur de la commune de Ghisoni regrette les atermoiement des pompiers durant le feu de 1980 en illustre l’attachement des forestiers à leur forêt :

∠ Le feu "musardant", en l’absence de vent, dans la partie détruite par l’incendie de 1970, ne présentait aucun danger malgré les épais tourbillons de fumée émanant de la combustion d’étocs résineux dans le vide incendié, le Chef de la subdivision PAOLACCI après avoir fait une reconnaissance du front, insiste à nouveau auprès de M. GIORGI pour l’inviter à "occuper" ces hommes sur ce front. Le Chef du centre refuse d’intervenir arguant le "trop grand danger" pour les sauveteurs, mais exécute les ordres donnés dans le même sens par le commandant

60. La sérotinie est une adaptation des végétaux face au feu. Les graines des plantes sérotineuses sont conservées dans les cônes (par ex. les cônes des pins) jusqu’à ce qu’un feu fasse fondre la résine des cônes en les libérant (Pausas

2015).

61. Soulères2000 62. Collectif2006b

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VERDEVOYE venant sur les lieux. Cette heure de perdue a permis au feu d’endommager un petit bouquet d’arbres qui auraient pu être facilement épargnés. ∠

C. Beretti, Chef de secteur de la forêt de Ghisoni Rapport d’incendie de l’ONF du 17 septembre 1980, p. 2 - 3

∠ Que d’efforts gaspillés sur des fronts pelés [...] alors que les fronts menaçant les peuplements forestiers sont souvent abandonnés laissant la forêt sans défense. Et qui connaît mieux la forêt que le forestier qui la sillonne chaque jour, qui l’aménage, qui la cultive et qui l’aime ? Ce forestier qui est considéré comme un intrus lorsqu’il vient défendre "sa" forêt qui brûle ! ! ∠ Ibid. p. 4

7. Les feux en milieu méditerranéen et le cas du pin laricio en Corse

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7 (i) On peut caractériser un feu ou un ensemble de feux par son régime. Parmi les nombreux

paramètres qui constituent un régime de feu, nous nous intéressons dans cette thèse à la sévérité et au temps depuis le dernier feu.

(ii) Le pin laricio est une espèce endémique de Corse vivant entre 900 et 1 800 m d’altitude. Cette essence concentre d’importants intérêts écologiques, économiques et sociaux.

(iii) Historiquement, le feu n’est pas le talon d’Achille du pin laricio, mais l’année 2000 a vu le feu parcourir la moitié des peuplements de pin laricio. Le pin laricio présente une certaine résistance aux feux de faibles intensités mais une faible résilience.

Résumé

(i) We can characterize a fire or an collection of fire by its regime. Among the numerous parameters which constitute fire regime, this thesis is interested in severity and time since fire.

(ii) Corsican pine is an endemic species in Corsica (France) growing between 900 to 1 800 m of altitude. This species concentrates significant ecological, economical and sociological interests.

(iii) Historically, fire is not the Achilles’ heel of the Corsican pine. Nevertheless, fire runs through half of Corsican pine forests in 2000. This pine species is fire-resistant for low intensity fire but display weak resilience.

Summary

8. Résumé des hypothèses

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8 Résumé des hypothèses

8.1 Les communautés de champignons ECM dépendent fortement de la