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Les facteurs hors travail explicatifs du stress chez les travailleurs

2.3 LES FACTEURS EXPLICATIFS DU STRESS CHEZ LE TRAVAILLEUR

2.3.2 Les facteurs hors travail explicatifs du stress chez les travailleurs

Bien que les facteurs organisationnels y soient pour beaucoup dans l’explication du développement de symptômes nocifs de stress et de détresse psychologique sur la santé mentale, un autre type de facteur, les facteurs hors travail, auraient aussi un impact sur cette dernière (Marchand, 2004). En effet, la littérature semble indiquer que les tensions au niveau de ces stresseurs hors-travail, auraient un impact grandissant sur les problèmes de détresse psychologique de l’individu (Marchand, 2004). La prochaine

section s’intéressera donc aux facteurs matrimoniaux, parentaux, ainsi qu’au revenu du ménage et au soutien social hors travail.

2.3.2.1 Le statut matrimonial, les tensions dans les relations matrimoniales et le conflit travail-famille. L’état des connaissances sur les facteurs de risque hors travail semble démontrer une certaine relation entre le statut matrimonial d’un individu, et la détresse psychologique ressentie par ce dernier (Marchand et al., 2005b; Ross et al., 1990). Ainsi, le mariage, ou le fait d’être en couple, agirait à titre de facteur de protection contre les effets nocifs du stress, et empêcherait par le fait même le développement de symptômes rattachés à la détresse psychologique (Marchand et al., 2005b; Ross et al., 1990). En effet, des études portées par Marchand et al. (2005b) et Ross et al. (1990), ont permis de mettre en lumière le rôle du conjoint dans l’amélioration de la santé physique d’un travailleur, de même que dans la diminution du taux de mortalité dû au stress. Ceci serait, entre autres, la résultante du sentiment d’appartenance et de sécurité qui découle du fait d’avoir un conjoint, alors que l’individu se sent moins seul et davantage protéger contre les autres stresseurs de l’environnement (Ross et al., 1990). Ce soutien émotionnel à proximité entraînerait aussi une diminution de l’anxiété vécue par l’individu, alors qu’une source de réconfort, face aux différents facteurs de stress, est à portée de main (Ross et al., 1990). Finalement, le statut matrimonial aurait un impact sur le stress dû au statut monétaire, puisque la présence d’une deuxième personne dans le ménage augmente le revenu familial et améliore le bien-être économique de ce dernier (Ross et al., 1990).

D’un autre côté, vivre dans le célibat, être séparé, ou divorcé, pourrait avoir des effets néfastes sur la santé globale d’un individu, et par le fait même, engendrer une augmentation de la détresse psychologique (Marchand et al., 2005b; Ross et al., 1990). En effet, les gens célibataires auraient davantage tendance à développer de mauvaises habitudes de vie (Ross et al., 1990). Ces mauvaises habitudes de vie entraîneraient une hausse des symptômes dépressifs, de l’anxiété et de la détresse psychologique chez l’individu (Ross et al., 1990). Davantage présente chez les personnes célibataires, la

diminution de l’activité physique pourrait mener à une détérioration de la santé physique, résultant en de nombreux problèmes de santé (ex : maladies chroniques, cancer, etc.), et en une augmentation du taux de mortalité chez cette population (Ross et al., 1990).

Parallèlement, bien que le statut matrimonial puisse agir à titre de facteur de protection pour le bien-être psychologique d’un individu, les tensions au sein du ménage peuvent avoir un effet contraire et mener à une augmentation du stress, de la détresse psychologique et des symptômes dépressifs chez l’individu (Kendall et Muenchberger, 2009; Lee et al., 2010; Vanagas, Bihari-Axelsson et Vanagiene, 2004). Parmi les sujets les plus rocailleux, l’éducation des enfants se retrouverait au haut de l’échelle. En effet, les disputes en ce qui a trait à l’éducation des enfants contribueraient au stress et à la détresse psychologique perçue chez le travailleur (Ballard et al., 2006). Certains facteurs organisationnels, tel le nombre d’heures de travail par semaine, occasionneraient aussi de nombreuses tensions au sein du ménage (Kendall et Muenchberger, 2009; Vanagas et al., 2004). En effet, un nombre d’heures de travail élevé diminuerait le temps alloué à la famille, au couple et à la vie personnelle, ce qui, selon Kendall et Muenchberger (2009) et Vanagas et al. (2004) pourrait résulter en une augmentation du niveau de stress. De ce fait, un accroissement de la détresse psychologique chez un travailleur pourrait avoir des répercussions sur sa vie personnelle, tout particulièrement en ce qui a trait à la conciliation travail-famille, et ainsi augmenter le niveau de détresse psychologique de l’individu (Gareis et Barnett, 2002; Sonnentag et Kruel, 2006).

2.3.2.2 Le statut parental et les tensions dans les relations parentales. Selon la littérature, il ne semble pas y avoir un lien significatif entre le fait d’avoir des enfants (ou le nombre d’enfants) et les symptômes dépressifs (Jurado Gurpegui, Moreno, Fernández, Luna et Gálvez, 2005; Marchand et al., 2005a; Vermulen et Mustard, 2000). Toutefois, être le parent d’enfants en bas âge (0 à 5 ans), aurait des effets bénéfiques contre la détresse psychologique (Marchand et al., 2005a). La parentalité

et les rôles qui l’incombent, seraient la source de nombreuses gratifications chez l’individu (Cadieux, 2012). Ceci est sans compter le fait que les parents, en voulant répondre de façon adéquate aux besoins de leurs enfants, adoptent de meilleures habitudes de vie (meilleures habitudes alimentaires, meilleur équilibre travail-famille, meilleure hygiène au niveau du sommeil) (Cadieux, 2012).

Néanmoins, les tensions au sein des relations parentales peuvent assombrir la portée de l’effet de protection qu’engendre la présence d’enfants dans le ménage (Parent-Lamarche, 2008). Ces tensions pourraient ainsi causer le développement de symptômes de détresse psychologique chez l’individu (Parent-Lamarche, 2008). En effet, certaines manifestations comportementales négatives (désobéissance, irritabilité, troubles de communication avec les parents, cruauté envers autrui, etc.), de la part de l’enfant, de même que les préoccupations des parents face au développement physique et mental de leur enfant, pourraient contribuer à une hausse de la détresse psychologique chez l’individu (Almeida et Kessler, 1998; Cadieux, 2012; Marchand et al., 2005a, 2005b; Simon, 1998; Voydanoff et Donnelly, 1999). Bien que Marchand et al. (2005a), soient arrivés à une conclusion contraire, des études ont démontré que le temps nécessaire aux responsabilités et obligations qui incombent à des parents d’enfants de bas âge (0 à 5 ans), peuvent générer de la détresse psychologique chez ces derniers (Guérin, St-Onge, Chevalier, Denault et Deschamps, 1997; Hill, Erickson, Holmes et Ferris, 2010; Pugliesi, 1999). Les conséquences liées à la conciliation travail-famille seraient toutefois de moins grande envergure pour les individus qui travaillent de la maison, ou ont un horaire flexible (Hill et al., 2010).

2.3.2.3 Le revenu du ménage. Certaines études s’étant penchées sur la relation entre le revenu du ménage et la détresse psychologique n’ont pas été en mesure de trouver de lien significatif entre les deux concepts (Marchand et al., 2005a, 2005b). Cette absence de lien serait surtout présente dans les situations où d’autres variables adjacentes sont contrôlées (p. ex : les caractéristiques de l’individu, les tensions dans les relations matrimoniales, les tensions au travail, etc.) (Marchand et al., 2005a, 2005b). Toutefois,

d’autres études sont parvenues à démontrer que le revenu du ménage pourrait avoir un effet positif sur le stress lorsque celui-ci tend à augmenter, faisant de ce fait diminuer le niveau de détresse psychologique de l’individu (Bourbonnais et al., 1996; Kendall et Muenchberger, 2009; Parent-Lamarche, 2008; Paterniti et al., 2002; Vermeulen et Mustard, 2000). Ainsi, bien que la littérature semble ne pas s’entendre sur le rôle du revenu du ménage par rapport au stress et à la détresse psychologique perçus, il est possible de conclure que celui-ci apporterait tout de même une certaine contribution à cet effet (Parent-Lamarche, 2008).

2.3.2.4 Le soutien social hors travail. Tel que mentionné précédemment, le soutien du conjoint peut jouer un rôle important dans la protection de la santé mentale contre les effets nocifs des stresseurs environnants (Bourbonnais et al., 1996; Marchand et al., 2005a, 2005b). Le conjoint ne serait toutefois pas le seul acteur hors travail à pouvoir engendrer ce résultat. En effet, les membres de la famille, les amis, et autres personnes de l’entourage pourraient avoir un impact positif similaire sur la santé mentale (Parent- Lamarche, 2008). En effet, le soutien émotionnel qui découlerait de ces relations pourrait mener à une réduction de la détresse psychologique chez l’individu, en plus de l’aider à faire face aux différents stresseurs de son milieu de travail (Marchand, 2004). De ce fait, les nombreuses études sur le sujet permettent de supposer qu’un manque de soutien social contribuerait à la hausse de détresse psychologique chez l’individu et ainsi, à la détérioration de sa santé mentale (Bourbonnais et al., 1996; Bourbonnais et al., 1998; Bourbonnais et al., 2005; Clays, De Bacquer, Leynen, Kornitzer, Kittel et De Backer, 2007).

Bien que les facteurs mésosociaux soient forts importants dans la fluctuation de la santé mentale des travailleurs, certains facteurs microsociaux, c’est-à-dire propres à l’individu, peuvent aussi influencer le niveau de stress et de détresse psychologique de ces derniers. La prochaine section porte sur ces différents facteurs explicatifs individuels.