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CHAPITRE 2 : RECENSION DE LA LITTÉRATURE

2.4 Mesures QUS géométriques

2.4.1 Facteurs ayant possiblement un impact sur les mesures QUS

grosseur fait ici référence à n’importe laquelle des trois mesures QUS géométriques. Il est Figure 2.15 Mesures QUS géométriques du TA: (a) épaisseur en vue longitudinale; (b)

épaisseur en vue transversale; (c) aire en vue transversale ; (d) largeur en vue transversale.

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important d’avoir des informations de base concernant le TA sain afin d’avoir une meilleure compréhension des caractéristiques normales de ces derniers. Ces informations peuvent aider les ultrasonographistes à avoir une interprétation plus adéquate et juste de l’image.

2.4.1.1 Race

Une étude effectuée dans une population chinoise soutient qu’il existe une différence d’épaisseur entre les caucasiens et les chinois (88) (5,23 mm en moyenne chez les chinois). Pour valider cette affirmation, la comparaison est basée sur seulement deux références pour l’épaisseur des TAs des caucasiens (6,2mm (89) et 6,0mm (47)), dont une de ces références où les mesures sont prises par IRM. Il est possible que la grandeur soit la cause de cette différence, les chinois étant en général de plus petite taille que les caucasiens (90, 91).

2.4.1.2 Âge

Aucune différence n’a été trouvée dans l’épaisseur des TAs entre les individus de quatre groupes d’âge (20 à 29 ans, 30 à 39 ans, 40 à 49 ans et 50 ans et plus). Par contre, la CSA dans le groupe des plus âgés (50 ans et plus) était significativement plus élevée que dans les autres tranches d’âge (62). Dans une autre étude s’intéressant elle aussi à quatre groupes d’âge (10 ans et moins, 10 à 17 ans, 18 à 30 ans, 30 ans et plus), une épaisseur plus grande du TA a été trouvée chez les 30 ans et plus (92). Magnusson et coll. (87) ont trouvé une CSA du TA significativement plus élevée chez des femmes plus âgées (79+/- 2 ans) que chez des jeunes (29+/- 1 an).

Malgré le peu d’études retrouvées dans la littérature, il semble que la grosseur du TA soit augmentée avec l’âge. Le mécanisme de cette augmentation de grosseur avec l’âge demeure incertain. Il a été rapporté que l’avancement en âge était peut-être associé à une dégénérescence des tendons (62). Une diminution dans la grosseur et la densité des fibres de collagène a été observée chez des gens plus âgés (93). Cette réduction en collagène pourrait avoir un effet de diminution de la force mécanique des fibres et ainsi les tendons âgés seraient prédisposés aux micro-déchirures répétées. Les tendons se remodelant alors constamment par un processus répété de blessures mineures et réparations résulterait possiblement en une hypertrophie du tendon (62). De plus, l’effet de l’âge sur le ratio de synthèse et dégradation du tissu humain tendineux est inconnu (87).

29 2.4.1.3 Valeurs anthropométriques

Une étude de Wearing et coll. (41) (se référer à la section 2.4.1.8) expliquerait peut-être les faibles corrélations retrouvées dans la majorité des études entre l’épaisseur du TA et les valeurs anthropométriques. Dans les études conduites, la grandeur du sujet semble être la valeur anthropométrique la plus corrélée avec l’épaisseur du TA.

L’épaisseur du TA varie significativement seulement avec la grandeur des sujets mais non leur poids et leur indice de masse corporelle dans une étude de Leung et coll. (21). Koivunen-Niemela et coll. (92) ont aussi trouvé une corrélation positive significative entre l’épaisseur du TA et la grandeur du sujet de même que l’équipe de Pang et coll. (62), malgré que dans cette dernière étude, la corrélation est très faible (r=0,27 ; p>0.05). Aucune corrélation n’a été trouvée entre l’aire du TA et le poids de 12 sujets (94).

2.4.1.4 Dominance du membre inférieur

La dominance du membre inférieur n’a pas eu d’effet sur l’épaisseur dans les deux études recensées (62, 88) sur le sujet. La CSA était cependant significativement plus élevée dans la cheville dominante de l’étude de Pang et coll. (62), et non dans l’étude de Ying et coll. (88). Le membre inférieur dominant est celui qui supporte la mise en charge lors d’un botté au soccer, et non celui qui frappe le ballon (la dominance fut déterminée de la même façon pour ces deux études)(95).

Il est possible que l'augmentation du stress et de la charge sur le membre inférieur dominant provoquent une prévalence plus élevée de microtraumatismes répétés au TA de ce côté. Le remodelage constant de ces tendons par un processus répétitif de blessures mineures et de réparation pourrait entraîner une hypertrophie du TA.

2.4.1.5 Maladies d’origine systémique et médication

Les maladies d’origine systémique, énumérées dans le tableau I, augmentent l’épaisseur du TA par la présence de dégénérescence intra-tendineuse. La prise orale de corticostéroïdes ou les injections locales de corticostéroïdes peuvent avoir une implication dans l’étiologie d’une rupture tendineuse partielle ou totale et peuvent ainsi affecter la grosseur du TA (62), ce dernier étant épaissi dans une déchirure partielle (section 2.4.3.1).

2.4.1.6 Tendon opéré

Dans une étude, seize TAs opérés depuis au moins 8 ans pour des douleurs chroniques sont demeurés plus épais en post-opératoire, avec présence de changements structuraux intra-

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tendineux, malgré le fait que les patients soient satisfaits des résultats cliniques (42). Des TAs épaissis (12-15 mm) ont aussi été observés sur des images ultrasonographiques post-opératoires suite à une réparation pour déchirure partielle (89).

2.4.1.7 Entraînement physique

On ignore encore l’influence de l’activité physique ou de l’absence d’exercice sur le TA (96). Quelques études se sont intéressées à savoir si l’entrainement physique était associé à une hypertrophie du TA. Les résultats de ces travaux sont mitigés, mais la majorité des études observent une augmentation de la grosseur du TA avec un entraînement physique régulier. Certaines publications stipulent que les gens faisant de l’exercice régulièrement, exposant ainsi leurs tendons à de grandes charges, ont des TAs plus gros que les sédentaires. On a trouvé une CSA et/ou une épaisseur du TA significativement plus grandes chez des patients faisant régulièrement de l’exercice (88), des gymnastes élites (59), des coureurs réguliers (94, 97-99) et des joueurs de volleyball élites (99) par rapport à des groupes contrôles.

Une autre étude s’est intéressée à la grosseur des TAs chez des athlètes âgés de 70 à 80 ans ayant pratiqué du sport régulièrement dans leur vie par rapport à un groupe de sédentaires et on a observé une largeur significativement différente entre les deux groupes, ceux des athlètes étant plus larges. On n’a cependant trouvé aucune différence dans la CSA et l’épaisseur des TAs de ces deux groupes. La tendance dans les résultats allait cependant vers une CSA plus grande chez les athlètes, avec un p= 0,084 entre les 2 groupes, suggérant qu’un entraînement sur une longue période induirait de l’hypertrophie du TA. Une taille d’échantillonnage plus élevée que n= 29 aurait peut-être donné d’autres résultats (100).

L’équipe de Hansen et coll. (96) a évalué l’effet d’un stimuli d’entraînement (course régulière) pour 9 mois, chez des gens préalablement sédentaires. Aucun changement n’a été observé dans l’aire des TAs mesurés pré et post programme d’entraînement. Il est possible que la durée de 9 mois n’ait pas été suffisante pour observer des changements et qu’une période d’entraînement de plus longue durée aurait été nécessaire pour observer des modifications dans le tendon.

Dans une étude effectuée auprès de gymnastes élites (59), des anomalies à l’US (régions hypoéchogènes) étaient beaucoup plus présentes dans les TAs des gymnastes que dans ceux du groupe contrôle. Il est donc difficile de savoir si l’exercice augmente l’épaisseur du TA par l’hypertrophie des fibres, ou si c’est la dégénérescence du tendon causée par les stress importants et répétés qui cause cette augmentation de l’épaisseur.

31 2.4.1.8 L’effet immédiat de l’exercice

L’épaisseur du TA fut significativement réduite après une centaine de mouvements résistés à la cheville (41) et immédiatement après une heure de floor-ball (23). Cette diminution d’épaisseur transitoire serait possiblement causée par l’évacuation des liquides du corps du tendon lors d’une charge tensile. Une autre étude (101) a pris des mesures pré et post 150 montées sur la pointe des pieds et n’a trouvé aucune influence de l’activité physique immédiate sur l’épaisseur du TA (41). Le petit échantillonnage (n=20 tendons) dans cette dernière étude pourrait cependant expliquer ces résultats contradictoires aux autres.

Wearing et coll.(41) ont étudié la corrélation entre les valeurs anthropométriques et l’épaisseur du TA pré et post exercices de conditionnement du TA. La corrélation était meilleure après des exercices du tendon, suggérant que l’épaisseur du TA mesurée immédiatement après l’exercice serait donc moins sujette à être influencée par la quantité de liquide intra-tendineuse et représenterait un index plus exact de la quantité de collagène contenue dans ce tendon, en comparaison avec des mesures obtenues en préexercices . L’épaisseur du tendon fut corrélée avec le poids de sujets (PRÉ : r=0,34/ POST : r=0,72, p<0,001), la grandeur (PRÉ : r=0,20/ POST : r=0,45, p=0,01) et l’indice de masse corporelle (PRÉ : r=0,31/ POST : r=0,63, p<0,001).

2.4.1.9 Résumé des causes pouvant influencer la grosseur du TA

Dans plusieurs des études recensées, aucune différence significative n’est observée dans l’épaisseur du TA, alors que pour le même facteur, des différences significatives sont notées dans la CSA. L’ensemble de ces observations suggèrent que la CSA semble être plus adéquate pour mesurer les changements subtils dans la grosseur du TA que l’épaisseur seule. La figure 2.16 résume les facteurs ayant un effet possible sur la grosseur du TA.

Figure 2.16 Facteurs ayant un effet possible sur la grosseur du TA. Le sens de la modification

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