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5.1.1 La personnalité

Concernant les traits de caractère, la timidité peut être un obstacle dans la rencontre spirituelle avec le patient, elle empêche d’engager des conversations trop personnelles (McSherry, 2008). Partant du principe qu'une bonne communication est la base de la prise en charge des besoins spirituels des patients, cette retenue peut donc altérer la rencontre et la prestation des soins de l'infirmière auprès du patient (Noble & Jones, 2010).

Un autre aspect de la personnalité comme le niveau de sensibilité personnel influence également la prestation de soins spirituels (Baldacchino, 2006 ; Ekedahl & Wengström, 2009).

5.1.2 Compréhension et perception de la spiritualité

Beaucoup de professionnels de la santé sont non-familiers et inconfortables avec le concept de la spiritualité (McSherry, 2008). En ce qui concerne la compréhension, les soignants ont tendance à associer le terme spiritualité au terme religion (Baldacchino, 2006 ; Yuet Foon Chung, Kam Yuet Wong & Fai Chan, 2007). Une compréhension religieuse de la spiritualité est problématique lors de la rencontre et de la prise en soins de patients athées et non religieux, en particulier lorsqu'il s'agira de fournir une évaluation adéquate des besoins spirituels (Van Leeuwen, Tiesinga, Post & Jochemsen, 2006). Dans cette même optique, il peut arriver que les infirmières négligent les soins spirituels en les déléguant immédiatement à l'aumônier en considérant que la réponse appropriée se rapporte uniquement à des rituels religieux (Yuet Foon Chung, Kam Yuet Wong & Fai Chan, 2007).

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39 Concernant leurs perceptions, selon Chan & al. (2005), il existe une corrélation positive entre la perception et la pratique spirituelle chez les infirmières. Cela signifie que si l’infirmière a une perception positive des soins spirituels, ces soins seront plus fréquemment inclus dans leur pratique. Et inversement, lorsque les infirmières ne perçoivent pas qu'il est essentiel de fournir des soins spirituels aux patients; une mauvaise pratique va se développer. D’autres auteurs évoquent que l’aspect spirituel dans les soins infirmiers est très dépendant de l’engagement personnel et de l’importance accordée à cette dimension (Van Leeuwen, Tiesinga, Post & Jochemsen, 2006).

5.1.3 Conscience personnelle de sa spiritualité

Plusieurs études expliquent que la spiritualité est innée et ainsi, tous les individus possèderaient le potentiel pour aborder une expérience spirituelle sous diverses formes (McSherry, 2008 ; Narayanasamy, 2006). Par conséquent, tous les individus possèderaient, dès leur naissance, une conscience spirituelle plus ou moins consciente. Cette conscience varie durant la vie de l’individu (McSherry, 2008). Selon certains auteurs, cacher la spiritualité serait ne pas en avoir conscience (McSherry, 2008). Par conséquent, l’infirmière doit avoir une conscience spirituelle et celle-ci peut améliorer sa capacité à effectuer des soins spirituels (Lundmark, 2005). La question de sa propre spiritualité doit être abordée par une autoréflexion sur ses valeurs et ses croyances. C’est par la réflexion sur son expérience de vie et par une relation satisfaisante avec soi que l’on peut mieux comprendre les autres (Baldacchino, 2006 ; Yuet Foon Chung, Kam Yuet Wong & Fai Chan, 2007). Il est clair que si les infirmières ne tiennent pas compte de leur santé spirituelle ou des questions spirituelles dans leur vie, il sera difficile de répondre aux besoins spirituels des patients (Yuet Foon Chung, Kam Yuet Wong & Fai Chan, 2007). Cependant, beaucoup de gens ne sont pas conscient de la présence de la dimension spirituelle dans leur propre vie et n’en voit pas la nécessité (Noble & Jones, 2010).

De plus, le fossé des générations peut être un obstacle à la rencontre spirituelle (Van Leeuwen, Tiesinga, Post & Jochemsen, 2006). L’étude de Noble & Jones (2010), mentionne que les jeunes infirmières sont moins conscientes de leur

40 propre spiritualité et ont plus de mal à aborder ces thématiques avec les patients.

5.1.4 Croyances, religion et valeurs personnelles

La religion, les croyances et les valeurs personnelles de l’infirmière peuvent influencer les soins spirituels promulgués (Ekedahl & Wengström, 2009 ; Noble & Jones, 2010). La volonté de donner de soi-même et la place de la spiritualité dans sa vie sont également des facteurs influençant (Baldacchino, 2006 ; Ekedahl & Wengström, 2009). De plus, Fawcett & Noble (2004) ont pris la perspective d'une infirmière ayant un engagement personnel à la foi chrétienne dans les soins spirituels. Ils ont découvert que cette infirmière a rencontré des difficultés lors de sa prestation de soins spirituels. Cela démontre que la religion peut aussi influencer négativement la prise en charge des besoins spirituels. Les études de Yuet Foon Chung, Kam Yuet Wong & Fai Chan (2007) et de Noble & Jones (2010) démontrent que les infirmières n’ayant aucune croyance religieuse requièrent autant de capacité à intégrer la spiritualité dans les soins que celles qui ont une religion.

5.1.5 Mobilisation d'un cadre de référence personnel

D'après Cusveller & Leeuwen (2004), Les infirmières prendront toujours leurs propres "cadre de référence" dans leur pratique, y compris pour les soins spirituels. Cela signifie, selon les auteurs, qu'il y a la place pour les convictions personnelles de l'infirmières dans leurs prestations de soins spirituels. Il peut alors émerger des tensions entre les convictions personnelles de l'infirmière et les interventions demandées pour la prise en soins des besoins spirituels du patient.

5.1.6 Implication émotionnelle

L’évitement de la part des soignants face aux besoins spirituels des patients peut être expliqué par l’implication émotionnelle qui est parfois trop grande. En effet, lorsque les soignants sont trop personnellement touchés ou encore lorsqu’ils se sentent impuissants, la situation n’est souvent pas discutée avec le patient. Cependant, l’implication émotionnelle peut quand même conduire à une

41 réflexion personnelle sur la spiritualité (Van Leeuwen, Tiesinga, Post & Jochemsen, 2006).

Selon Mc Sherry, Cash & Ross (2004), des professionnels de la santé ont révélé avoir des préoccupations vis-à-vis des soins spirituels telles que: la peur et l'appréhension de ne pas disposer des compétences nécessaires pour aider la personne présentant des besoins spirituel et pour aborder une thématique si sensible. Ils expriment dans cette même idée une crainte de ne pas être assez "profond" et de ne pas savoir comment garder un statut de professionnel.