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C. Freins à l’inclusion d’enfants dans le réseau POIPLUME

4. Facteurs liés au médecin limitant l’inclusion

a. Activité et type de patientèle

Certains médecins voyaient peu d’enfants en consultation, ce qui pouvait être un frein à

l’inclusion d’enfants en surpoids dans le réseau POIPLUME :

« En plus je ne travaille pas le mercredi donc j’en vois moins forcément et bon on

est dans un quartier…enfin on travaille sur un quartier qui… (…). On a beaucoup

de personnes âgées » (A2 - 945)

Certains médecins avaient une activité moins importante que d’autres, donc voyaient

moins d’enfants que d’autres, ce qui pouvait naturellement constituer un frein à l’inclusion

d’enfants dans le réseau. (A3 - 406 à 408)

b. Difficultés du médecin

La prise en charge de l’enfant au sein du réseau POIPLUME nécessitait, selon certains, une

certaine organisation du médecin et parfois une adaptation du fonctionnement du cabinet à

ce type de prise en charge :

« Je crois que c’est une question d’organisation parce qu’il faut les caser. C’est

pas lors d’une consultation classique…on va pas bloquer une heure avec 15

personnes derrière » (P2 - 173 à 174)

Une des difficultés des médecins était de faire revenir les enfants en surpoids en

consultation dédiée à la prise en charge du surpoids :

« Et c'est la problématique, de les faire revenir pour ne parler que de ça (du

surpoids) » (A3 - 137 à 138)

Une autre difficulté des médecins était d’arriver à persuader l’enfant et sa famille de la

nécessité de la prise en charge du surpoids :

« Si il y a une demande des parents d’emblée (…) c’est un plus. Tandis que si

c’est à nous de les persuader, c’est plus difficile » (B5 - 696 à 698)

Selon les médecins, à l’adolescence, la prise en charge du surpoids était plus difficile. (C4 -

311 à 312)

Le suivi au long cours était compliqué. L’observance se dégradait au cours du temps selon

les médecins. (A4 - 498 à 502)

Deux médecins faisaient remarquer que la prise en charge de l’enfant en surpoids au sein

du réseau POIPLUME pénalise financièrement le médecin :

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« Pendant une heure on passerait 4 consultations, là on passe une consultation,

plus les 30 euros de la première consultation, en terme de rentabilité ça l’est pas.

Enfin moi je ne le fais pas dans un but de rentabilité » (P2 - 166 à 168)

c. Résultats non satisfaisants pour le médecin

Certains enfants en surpoids pris en charge par POIPLUME présentaient de bons résultats

au début, mais difficiles à maintenir dans le temps. (A3 - 517 à 518)

Au fil du temps, certains parents finissaient par décaler, espacer voire annuler les

rendez-vous pour le suivi du surpoids de leur enfant :

« La maman m’a appelé pour décaler le rendez-vous il y a six mois je crois…et je

l’ai jamais…je ne l’ai toujours pas revue » (A5 - 604 à 605)

Certains enfants avaient pris du poids pendant le suivi au sein de POIPLUME :

« Ils ont repris un peu de poids et ils n’osent pas revenir » (A 4 - 504 à 505)

D'autres enfants avaient repris du poids à la sortie de POIPLUME. (A2 - 151 à 152)

Certains médecins étaient donc en situation d’échec avec un certain nombre d'enfants. (C4

- 318)

Certains enfants avaient quitté le réseau POIPLUME en cours de prise en charge : (B6 -

535 à 537)

« Il y a beaucoup d’abandons, d’abandons en milieu, même avant…d’abandons

précoces » (C2 - 258)

D'autres enfants avaient même été perdus de vue par le médecin. (P1 - 95)

Un des médecins soulignait qu'aucun des enfants qu'il avait suivis, en partenariat avec le

réseau POIPLUME, n'avait réussi à perdre du poids. (B1 - 543 à 544)

Ainsi, certains médecins avaient vécu des expériences décevantes avec le réseau

POIPLUME. (B2 - 393)

Finalement, le médecin avait des attentes en terme de résultats vis-à-vis des enfants qu’il

suivait et la plupart d'entre elles n’avaient pas été satisfaites. (B1 - 567 à 568)

Un médecin faisait remarquer que de toute façon la prise en charge de l'obésité de l'enfant

était très complexe et qu'il fallait ainsi que le médecin accepte que le taux d'échec soit

supérieur au taux de réussite. (C2 - 254 à 255)

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d. Ressentis des médecins et conséquences

Certains médecins faisaient part de leur démotivation face à la prise en charge d’enfants en

surpoids. (A2 - 1229)

Certains cas d’enfants en surpoids avaient démoralisé, découragé certains médecins :

« Il y a un moment où on est vraiment démoralisé » (A6 - 583)

Ainsi, certains médecins s’étaient relâchés et avaient arrêté ou diminué le nombre

d’inclusions d’enfants en surpoids dans le réseau POIPLUME :

« Ça m’a complètement refroidie donc après j’ai inclus plus personne pendant

deux ans » (B2 - 551 à 552)

« J’ai arrêté parce que TOUS les patients ont abandonné » (A5 - 582)

Devant l’échec de certaines prises en charge d’enfants en surpoids, le médecin en venait à

douter de ses compétences et se remettait en question. (A5 - 585)

Ensuite, certains médecins regrettaient de ne pas avoir inclus certains enfants dans le

réseau :

« Il y en a que j’aurais dû inclure…et puis je n’y ai pas pensé, pas le courage de

gratter les papiers et tout ça, le manque de temps…je ne l’ai pas fait. C’est sûr

que des petits gamins qui auraient mérité j’en ai loupé et je trouve ça dommage,

voilà je regrette de ne pas en avoir fait plus…» (B5 - 522 à 526)

Le médecin pouvait également être amené à se poser des questions lors du suivi des

enfants en surpoids.

Un des médecins se demandait s'il fallait essayer de motiver l'enfant et sa famille et ainsi

les pousser à prendre en charge le surpoids de l'enfant ou bien s'il fallait répondre à une

motivation qui existait déjà. (A1 - 1276 à 1278)

Un autre médecin se demandait s'il fallait minimiser le surpoids de l'enfant et du coup ne

pas parler d'obésité à l'enfant et sa famille ou bien ne pas hésiter à prononcer le mot tant

redouté. En effet, minimiser le surpoids risquait de ne pas faire prendre conscience aux

parents l'importance de la prise en charge de leur enfant. D'un autre côté, parler d'emblée

d'obésité risquait de les heurter et de ne pas les faire adhérer à la prise en charge. (C1 - 60 à

62)

Un autre médecin se posait la question de faire rappeler par la secrétaire les patients qui ne

se rendaient pas à leur rendez-vous de suivi afin de minimiser le nombre de rendez-vous

non honorés et ainsi améliorer l'observance du suivi. (C1 - 132 à 134)

Enfin un dernier médecin se demandait pourquoi la prise en charge du surpoids n'était pas

aussi efficace que la prise en charge d'autres pathologies. (C1 - 279 à 280)

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