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C. Freins à l’inclusion d’enfants dans le réseau POIPLUME

2. Climat social, économique, culturel et environnemental

a. Contexte socio-économique et culturel

La culture de la famille pouvait être un obstacle à l’inclusion de l’enfant et à sa prise en

charge dans le réseau POIPLUME car les critères d’appréciation du surpoids varient selon

la culture. Certains médecins suivaient des enfants turcs et maghrébins en surpoids voire

obèses. Pour les parents, ces enfants avaient un poids normal. S'ils avaient été moins

corpulents, cela aurait inquiété leur famille qui les aurait vus alors trop maigres :

« Là où je travaille : il y a une population maghrébine assez importante, turque

aussi, où le surpoids, l’obésité, c’est même bien. Si l’enfant est dans les normes en

IMC, les parents s’inquiètent. Il est trop maigre par rapport au petit voisin » (B2 -

215 à 218)

La culture de la famille pouvait également être un obstacle à l’inclusion et au suivi de

l’enfant dans le réseau car les habitudes alimentaires varient selon la culture. Ces habitudes

alimentaires étaient souvent mauvaises et difficiles à modifier selon les médecins :

« C'est la grand-mère qui est d’origine d’Afrique du nord et qui ne comprend pas

qu’elle doit (…) lui donner à manger autrement (…). Enfin c’est un combat

permanent » (A6 - 322 à 326)

D'autre part, la barrière de la langue pouvait être un obstacle à l’inclusion dans le réseau

POIPLUME et à la prise en charge de l’enfant en surpoids :

« Ils ont aussi un peu du mal à comprendre le français donc c’est un peu

difficile » (B1 - 510 à 511)

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Selon les médecins, l’éducation des parents et de l’enfant influait sur la prise en charge de

l’enfant en surpoids. Certains parents n'avaient jamais appris à faire à manger, d'autres

n'avaient aucune autorité sur leurs enfants et les laissaient faire ce qu'ils voulaient à la

maison. L'éducation constituait alors un véritable frein à la prise en charge du problème de

corpulence, qui allait bien au-delà de la prise en charge du seul surpoids :

« C’est eux (les parents) qui ont en charge l’éducation y compris l’éducation

nutritionnelle de leur enfant mais ils affichent un laisser-aller, pour moi ça

commence à devenir un sujet très très difficile » (C3 - 183 à 184)

Selon les médecins, les habitudes alimentaires étaient difficilement modifiables pour

l’enfant mais également pour les parents, véritable frein à la prise en charge du surpoids :

« L’objectif (…) ce serait (…) qu’ils prennent un p’tit déjeuner pour qu’ils

n’arrivent pas affamés à dix heures. Et puis la maman qui vous raconte : bah de

toute façon, moi c’est hors de question, moi je ne déjeune pas le matin » (A2 -

1028 à 1032)

Le niveau intellectuel des parents conditionnait l’inclusion puis la prise en charge du

surpoids de leur enfant dans le réseau POIPLUME :

« Si les parents ils y comprennent rien, c’est même pas la peine d’essayer (…) j’ai

vraiment eu des freins avec des familles… » (A6 - 685 à 688)

Le bas niveau social et le manque d’argent des parents pouvait être source d’échec quant à

l’inclusion puis au suivi de l’enfant au sein de POIPLUME. Les gens qui ne gagnaient pas

beaucoup d'argent passaient plus de temps devant la télévision que les autres selon un

médecin. D'après un autre, ils n'avaient pas les moyens de faire faire une activité sportive à

leur enfant en dehors de l'école. D'autres médecins soulignaient qu'ils ne pouvaient pas

avoir accès à une alimentation saine et équilibrée. (A6 - 688) (A1 - 710)

b. Situation familiale

Implication différente des deux parents

Selon les médecins interrogés, le père avait parfois du mal à prendre conscience du

surpoids de son enfant et pouvait, dans certains cas, être un obstacle à l’inclusion et au

suivi de son enfant dans le réseau.

Malgré les explications du médecin, certains pères ne respectaient pas les mesures mises en

place dans le cadre de la prise en charge du surpoids de leur enfant et ne faisaient de toute

façon aucun effort. (B1 - 506 à 509) (C1 - 216 à 217)

Les médecins avaient des difficultés à motiver certains pères et à les revoir en consultation

dédiée au surpoids de leur enfant :

« Je n’arrivais pas à motiver le papa et bon j’ai essayé de trouver différents biais

pour le revoir, ça fait un an que je ne l’ai pas vu » (C1 - 241 à 242)

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Dans ces familles-là, il existait souvent un décalage entre les intentions de la mère et celles

du père. La mère faisait souvent des efforts et veillait à ce que les mesures concernant la

prise en charge du surpoids de son enfant soient respectées, alors que le père était plus

laxiste et n'y prêtait souvent pas attention. (B6 - 735 à 736)

D'après quelques médecins, l'attitude du père indifférent au surpoids de son enfant était

davantage marquée dans les cultures turques ou bien d'Afrique du Nord :

« Dans les familles turques ou autres, le père est sur le sujet complètement absent,

il n’y a rien à faire » (C1 - 219)

D'autres pères étaient mêmes opposés à toute prise en charge du surpoids de leur enfant.

(C3 - 232 à 233)

Situations conflictuelles

Dans le cas de parents divorcés, il arrivait que le père se sente peu concerné et qu’il

n’assiste pas aux consultations. (B1 - 732 à 734)

Or, pour certains médecins, ne pas voir les deux parents en consultation pouvait être un

frein à la prise en charge du surpoids de l'enfant :

« Voilà j’avais pas fait ce qu’il fallait quoi. J’aurais dû demander aussi à voir le

père parce que l’enfant était au milieu » (B1 - 739 à 740)

Dans certaines situations, le surpoids de l’enfant pouvait même être source de conflits entre

les deux parents de l’enfant, souvent à l'origine d'un abandon de la prise en charge par la

maman :

« Dans cette famille par exemple, la maman a un peu abandonné euh parce

qu’elle ne voulait pas entrer en conflit avec son mari…sur le sujet » (C1 - 213 à

214)

Obésité familiale

Souvent plusieurs membres de la famille étaient en surpoids, ce qui pouvait constituer un

frein à l’inclusion et à la prise en charge d’enfants au sein du réseau. En effet, dans

certaines familles, le surpoids était devenu une norme :

« Une famille d’obèses, c’est dur hein, parce qu’ils trouvent que c’est la norme

c’est leur norme en tout cas » (C3 - 190 à 191)

Selon un médecin, lorsque les deux parents étaient obèses, il était difficile d'aborder, sans

les vexer ni les heurter, le sujet du surpoids de leur enfant. (C3 - 205 à 206)

D'autre part, toujours d'après le même médecin, les parents ne pouvaient de toute façon pas

se sentir impliqués dans la prise en charge du surpoids de leur enfant :

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« Je trouve que le cas quasiment rédhibitoire c’est justement les deux parents

obèses et l’enfant obèse effectivement, là ils ne peuvent pas se sentir impliqués

hein les parents » (C3 - 181 à 183)

Rôle des grands-parents

Les grands-parents, dans certaines familles, étaient également un obstacle à la prise en

charge du surpoids de leurs petits-enfants :

« Ça se passe bien, à tout point de vue et notre problème avec euh…la p’tite fille

là c’est la grand-mère » (A6 - 321 à 322)

En effet, les grands-parents ne respectaient pas les mesures instaurées pour la prise en

charge du surpoids de leur petit-enfant. Il s'agissait souvent du non respect des conseils

diététiques. (B2 - 254 à 257)

Le désaccord entre parents et grands-parents, concernant la prise en charge du surpoids de

l'enfant, pouvaient même être source de conflit au sein de la famille. (A2 - 423 à 425)

c. Environnement et habitudes de vie

Selon les quartiers, le type de patientèle n’était pas le même, ce qui influait sur l’inclusion

et la prise en charge des enfants dans le réseau POIPLUME :

« Dans la zone où je travaille, je trouve qu’il y a beaucoup d’enfants obèses par

rapport aux autres quartiers je sais pas mais c’était un problème important dans

mon quartier » (B2 - 17 à 19)

Les activités sédentaires de l’enfant : jeux vidéos, ordinateur et télévision, étaient difficiles

à réduire. Elles constituaient de véritables obstacles à la prise en charge de leur surpoids.

Effectivement, la durée des activités sédentaires était trop importante par rapport à celle

des activités physiques. (A3 - 1215) (A4 - 1220 à 1221)