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Chapitre 3 : Application économique de la théorie des jeux sur les

3.8. Facteurs qui influencent la collusion

Dans la section précédente, nous avons montré que les stratégies de coopération peuvent être une solution des jeux lorsqu’ils sont infiniment répétés. Selon la théorie des jeux non coopérative, les firmes oligopolistiques lorsqu’ils savent qu’ils vont s’interagir maintes et maintes fois, ils optent pour des stratégies de coopération. Cette coopération ne peut avoir lieu que si elle apporte des profits plus élevés que rapportent les stratégies opportunistes ou le gain attendu d’une déviation est inférieur au coût des punitions qui vont suivre. La théorie des jeux a identifié un ensemble de facteurs qui induisent les firmes oligopolistiques à respecter les accords de la collusion, et les dissuader de toute sorte de déviations. Le facteur d’actualisation est introduit par les firmes pour mesurer et comparer la valeur actuelle et pressente des paiements espérés. La possibilité de collusion est subordonnée par une valeur minimum du facteur d’actualisation qu’il est appelé aussi le facteur seuil. Les firmes sont incitées à dévier lorsque le facteur d’actualisation est inférieur du facteur seuil. Autant que le facteur seuil diminue autant les possibilités de collusion augmentent.

Selon Thierry PENARD (Collusion et comportements Dynamiques en Oligopole) La théorie des jeux répétés offre un test de vraisemblance de la collusion tacite et permet de comparer des structures et des conditions de marché sur la base du principe suivant.

PRINCIPE 1 : Une structure de marché sera jugée plus porteuse d’incitations à la

collusion qu’une autre structure si le facteur seuil associé à la première est plus faible que le facteur seuil associé à la seconde, pour un point d’équilibre et des stratégies donnés.

Par exemple, supposons que les firmes utilisent des stratégies de déclic, consistant à suivre l’accord collusif tant que personne n’a dévié et à revenir à l’équilibre de Nash du jeu constituant (appelé aussi équilibre concurrentiel) dès qu’une déviation est détectée. Nous considérons un marché composé de n firmes.

Soient le profit de déviation maximum que peut espérer la firme i, son profit de collusion, son profit de punition (ou profit concurrentiel) et le facteur

d’actualisation en vigueur sur le marché. Nous supposons qu’une déviation a une probabilité d’être détectée par les autres firmes et que le temps de réaction (le laps de

temps durant lequel les firmes ne peuvent pas modifier leurs décisions) est égal à t. Si est égal à 1, la détection est immédiate et si t est égal à 1, la punition démarre à la période

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suivante. La contrainte d’incitations vérifiant que la firme i n’a jamais intérêt à dévier s’écrit :

Le terme de gauche représente la valeur actualisée des profits associés à la stratégie de collusion et le terme de droite la valeur actualisée des profits associés à la meilleure stratégie de déviation. Cette dernière valeur dépend des paramètres t et . Selon la condition (1.1), la firme i ne peut espérer aucun profit d’une déviation de l’accord de collusion. Après réécriture de cette condition, nous obtenons :

L’expression de droite est appelée le facteur d’actualisation seuil de la firme i. Elle nous donne la valeur du facteur d’actualisation en dessous duquel la firme i est incitée à dévier. La stabilité du marché est évaluée à partir de la valeur maximum des n facteurs seuils individuels dérivés de la condition (1.2).

Est la valeur du facteur d’actualisation en dessous duquel le marché ne peut parvenir à un équilibre collusif stable. La comparaison entre deux structures de marché se fait alors sur la base de leurs facteurs seuils respectifs .

Ce principe de comparaison permet de dresser une liste des facteurs facilitant la collusion tacite. Un élément structurel est porteur d’incitations à la collusion s’il contribue à diminuer la valeur du facteur seuil . Comme cette valeur est d’une part une fonction décroissante du profit de collusion et de la probabilité de détection , et d’autre part

une fonction croissante du profit de déviation , du profit de punition , et du temps

de réaction t, il suffit d’analyser l’effet de cet élément structurel sur chacune des composantes de . Ces différents effets peuvent être ramenés à deux principaux effets : un effet punition et un effet déviation. Si un facteur structurel a pour effet de diminuer les profits de punition ou de rendre le marché plus transparent, les punitions seront plus sévères et la collusion plus facile à soutenir. On dira alors qu’un tel facteur se caractérise par un effet punition positif (en termes de collusion). Si un facteur structurel a pour effet d’augmenter les profits de collusion ou de réduire les profits de déviation, les entreprises

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auront moins d’incitations à dévier de l’accord collusif. On dira alors qu’un tel facteur se caractérise par un effet déviation positif. Si les effets déviation et punition sont de même signe, la contribution d’un facteur à la collusion est sans ambiguïté. Mais, le plus souvent, les effets sont de signe contraire et nécessite une analyse approfondie pour déterminer lequel des deux effets dominent. Lorsque les entreprises utilisent des stratégies de punitions consistant à revenir à l’équilibre « concurrentiel », nous pouvons énoncer un second principe.

PRINCIPE 2 : Tout facteur qui intensifie la concurrence entre les firmes est porteur

d’incitations à la collusion.

Autrement dit, tout élément structurel qui conduit à des profits concurrentiels plus faibles renforce la sévérité des punitions qui pourraient soutenir un processus collusif et concoure à diminuer le facteur seuil d’actualisation. Ce principe appelé

Topsy torvy principle « sens dessus dessous » par Shapiro peut conduire à des résultats contre-intuitifs dès lors que l’on passe d’une analyse statique à une analyse dynamique de la concurrence. Il faut alors être très prudent dans l’interprétation des résultats, puisque les structures de marché porteuses d’incitation à la collusion peuvent conduire à des situations très concurrentielles ou très collusives (1)

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(1) Thierry PENARD « COLLUSION ET COMPORTEMENTS DYNAMIQUES EN OLIGOPOLE : UNE SYNTHESE » CREREG, Université de Rennes1. pg 9-14.

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CONCLUSION :

La théorie des jeux peut être utilisée pour modéliser les interactions stratégiques rencontrées par les firmes oligopolistiques.

Il existe trois modèles d’oligopole. Le modèle de Cournot avec les quantités comme variable de décision et le model de Bertrand avec les prix comme variable de décision sont utiles pour mieux comprendre la façon dont les entreprises se comportent sur les marchés oligopolistiques où les situations statiques sont prises en compte. Le modèle de Stackelberg est approprié pour les modèles dynamiques d'oligopole quand il y a un leader et un suiveur. L’équilibre de Nash est associé à chacun de ces modèles et ils sont Pareto inefficaces, mais avec des combinaisons différentes de quantités ou de prix, les firmes pourraient faire mieux.

Si, les entreprises font face à une interaction continuelle, la collusion non coopérative semble possible d’être instauré si les firmes menacent crédiblement la peine aux firmes qui s'écartent des résultats collusoires. En particulier, la théorie des jeux indique que la coopération ou la collusion entre les firmes est probable quand un petit nombre d'entreprises sont impliquées dans jeu répétée. Les firmes maintiennent la collusion si les gains rapportés par la collusion sont plus grands que ceux qui sont rapportés d’une déviation.