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moyennes : outils, enjeux et territoires

Carte 2.2 Le système urbain français à travers le zonage en aire d’influence

2.2. Des villes résilientes ?

2.2.1. Des facteurs de dynamisme

Contre toute attente, alors que l’attraction métropolitaine semble irrésistible et que la crise économique a durement touché les plus spécialisées d’entre elles, les villes moyennes se maintiennent. Elles accueillent 20% de la population française et concentrent 30% des citadins (de Roo, 2005)152, des chiffres qui devraient rester stables

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Les aires urbaines comprises entre 30 000 et 200 000 habitants représentaient 156 des 454 aires urbaines françaises identifiées lors du recensement général de la population de 1999. Elles comptaient donc 11 306 814 habitants soit 20% de la population nationale et 25% de celle de l’ensemble des aires urbaines.

jusqu’en 2090 (FMVM, CDC 2004). Dans la hiérarchie urbaine tout d’abord, on observe peu d’évolution depuis 20 ans. Le seuil des 200 000 habitants demeure un palier (quantitatif et qualitatif)153 mais les inégalités entre les grandes villes et les villes moyennes ne se creusent pas. Si on observe même plus finement la situation à l’échelle régionale, on s’aperçoit qu’il existe certains processus de rattrapage voire de dépassement des taux de croissance des aires urbaines intermédiaires par rapport aux capitales régionales. Deux considérations sont à prendre en compte :

- Concernant les aires urbaines, les dynamiques sont sans surprise très nettement corrélées à la situation de la ville centre. Celle-ci concentre l’essentiel des emplois de la zone. Les aires urbaines intermédiaires connaissent des situations contrastées selon « les plaques territoriales » dans lesquelles elles s’insèrent. Cependant, la périurbanisation concerne l’ensemble des territoires urbains quasiment au prorata de l’importance du pôle urbain. Dans un classement réalisé à partir des statistiques de l’INSEE entre le recensement de la population de 2006 et les réajustements au 1er janvier 2012, on trouvait dans les villes ayant connu la plus forte progression essentiellement des villes périurbaines de grandes villes, généralement situées en région parisienne ou dans l’ouest et le sud de la France (L’Isle-d’Abeau, Bruz et Tournefeuille en tête du classement). Parmi les 117 unités urbaines de plus de 50 000 habitants en France métropolitaine, 25 unités urbaines ont connu une croissance démographique de plus de 25% entre 1975 et 2006 (Chalard, Dumont, 2010a). Vingt et une d’entre elles sont situées dans le sud de la France et témoignent d’un effet d’héliotropisme sur leur dynamique démographique. Ces résultats méritent aussi d’être observés plus finement au regard des périodes censitaires plus récentes. La distinction n’est alors pas aussi marquée et l’attrait urbain moins caractéristique.

- Dans les villes-centres, les situations sont très hétérogènes à l’échelle nationale. Les charges de centralité qui pèsent sur les villes moyennes, alors même que leur population tend à se stabiliser, soulèvent la question de la subsidiarité et du système de péréquation des aides publiques régulièrement mis en avant par la FMVM. La plupart des villes-centres intermédiaires maintiennent tout au plus leur niveau démographique, les gains de population demeurent généralement faibles. La composition sociale indique aussi des contrastes assez importants en leur sein. Les villes moyennes accueillent très majoritairement sur leur territoire une part importante des populations les plus défavorisées (Dumont, Chalard 2010b).

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A l’intérieur de la catégorie d’étude des villes moyennes, un autre seuil apparaît fonctionner comme un palier. Au-dessus de 100 000 habitants, les villes moyennes ont des trajectoires diverses mais globalement plus dynamiques au niveau démographique et économique, par exemple la part des cadres y est plus élevée. En dessous de ce seuil, de nombreux auteurs s’accordent à penser que les profils des villes moyennes sont plus proches de villes de tailles inférieures et que leurs situations s’égrènent de manière continue selon une hiérarchie urbaine progressive et lissée (Demazière, Carier 2012 ; Léger, 2012 ; Dumont, Chaléard, 2010). Une position déjà avancée par B. Kayser (1969) qui décrivait et réunissait les villes petites et moyennes dans un ensemble des pôles urbains de « l’espace non métropolisé ».

Il existe entre les dynamiques des villes-centres et leurs agglomérations des évolutions parfois contraires. Ainsi, d’après l’Atlas des villes moyennes, parmi les 276 aires urbaines de moins de 100 000 habitants, une centaine d’entre elles connaît une diminution de population notamment due à l’entrée en récession du pôle central (on retrouve dans cette catégorie essentiellement des villes industrielles localisées dans le nord et l’est de la France). Mais, en même temps, 26 aires urbaines voient leur population augmenter alors que la masse démographique de leur pôle central diminue (c’est le cas pour les villes de Brest ou de Lanester par exemple).

Le développement des villes moyennes s’inscrit bien dans une logique de croissance et dans des proportions parfois similaires aux métropoles mais l’inscription spatiale de ces processus est moins homogène. Alors que les métropoles bénéficient d’une attractivité sur l’ensemble de l’espace urbain, les villes moyennes voient s’accentuer les disparités entre le centre souvent vieillissant et les périphéries plus attractives. L’essentiel de la croissance des villes moyennes se réalise donc sur le mode d’un report en direction des franges urbaines. Il n’est pas rare de constater que, pour de nombreuses aires urbaines intermédiaires, les effets de gain démographique sont le fait de périphéries dynamiques alors que le pôle est en décroissance. Cette situation est accentuée par la périurbanisation d’autant que les effets de lissage social n’ont pas permis (encore ?) d’amorcer un retour vers les centres-villes, notamment pour les catégories plus aisées. Les villes moyennes sont donc caractérisées par cette dichotomie d’un développement urbain marqué par un déséquilibre persistant. L. Davezies (2008) qualifie de « développement sans croissance » la base économique sur laquelle repose les villes moyennes qui bénéficient des effets indirects de la croissance à travers notamment l’économie résidentielle. Il souligne ainsi l’enjeu de l’attractivité (résidentielle et) territoriale qui aurait progressivement supplanté la part productive de l’économie locale des villes intermédiaires.

2.2.2. Une variable d’ajustement : la part de l’économie résidentielle dans le

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