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Facteurs de risque liés à l’environnement

II. Facteurs de risques de la sarcosporidiose et gestion de ces facteurs de

2. Facteurs de risque d’infestation des bovins par Sarcocystis spp

2.3. Facteurs de risque liés à l’environnement

2.3.1. Influence du climat

Bien que les sporocystes de Sarcocystis soient résistants à la sécheresse et à l’augmentation de température, leur infectiosité et leur temps de survie sont optimaux en climat tempéré et humide. Les variations journalières de climat diminuent l’infectiosité des sporocystes.

En effet, une étude en Australie de l’Ouest, a montré que la prévalence de

Sarcocystis chez les bovins était significativement plus importante dans les zones

tropicales (87%) et tempérées (60%) qu’au niveau des plateaux arides (9%) ou semi- arides (31%) où il y a de fortes variations de températures journalières (Savini et al. 1992).

De même, la prévalence de Sarcocystis chez les buffles d’eau au Vietnam est plus importante au Nord (89%) où les températures sont plus basses qu’au Sud (69%) (Huong 1999).

Aussi, la prévalence des sporocystes est plus élevée dans les pâturages de montagne (Domenis et al. 2011).

On peut donc s’attendre à ce que le climat tempéré de Midi-Pyrénées soit favorable au développement des sporocystes de Sarcocystis.

Si on se rapporte aux études menées sur Toxoplasma gondii en France, il pourrait exister une forte disparité de la prévalence du parasite en fonction de la région. Elle serait alors expliquée par des facteurs géo-climatiques (température, hygrométrie, altitude). En effet, il a été prouvé qu’il y avait une analogie positive entre la forte séroprévalence de Toxoplasma gondii chez l’homme et la température plus élevée dans les différentes régions de France (l’humidité et la chaleur favorisant la conservation des oocystes de Toxoplasma gondii dans le sol). En revanche, aucune association significative n’a été mise en évidence entre la prévalence de la

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toxoplasmose et les précipitations en France (Berger et al. 2008). Ainsi, par corrélation, on pourrait s’attendre à ce que la prévalence de Sarcocystis spp. soit disparate entre les régions françaises avec une plus forte prévalence dans les régions avec un climat tempéré.

2.3.2. Probabilité de rencontre hôte-parasite

Si la pression infectieuse est plus faible, c’est-à-dire qu’il y a une faible quantité de sporocystes et qu’ils sont plus anciens, le bovin a moins de risque d’en ingérer et donc de s’infester. En effet, les sporozoïtes âgés gardent leur capacité à envahir les cellules mais ont moins de chance de produire des mérozoïtes (ils en produisent moins et plus lentement) (Savini, Robertson, Dunsmore 1997b).

De plus, les prévalences des différentes espèces de Sarcocystis ne sont pas les mêmes : en Italie, la prévalence de S. cruzi est de 74,2%, celle de S. hirsuta est de 1,8% et celle de S. hominis est de 42,7% (Domenis et al. 2011). Donc suivant les espèces présentes et la présence de leurs hôtes définitifs, le cycle est plus ou moins entretenu par le bovin.

2.3.3. Facteurs de risque liés aux pratiques d’élevage

2.3.3.1. Chargement

Les élevages qui sont infestés par Sarcocystis ont en moyenne un chargement supérieur au chargement des élevages non infestés.

En effet, en Australie, les densités d’hôtes intermédiaires (les bovins), d’hôtes définitifs (essentiellement les chiens) sont faibles et les pâturages se font sur de grandes surfaces (en moyenne 1 vache / 12,5ha). La prévalence de Sarcocystis est alors plus faible : 52% (Savini et al. 1992). En comparaison, en Belgique, le chargement moyen est d’une vache pour 2ha et la prévalence de Sarcocystis chez les bovins s’élève à 97% (Vercruysse, Fransen, Van Goubergen 1989).

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2.3.3.2. Présence de carnivores domestiques sur l’exploitation

La présence de carnivores domestiques, chiens ou chats, dans les bâtiments d’élevage ou sur les pâtures semble être un facteur de risque à l’infestation des bovins par Sarcocystis.

L’influence de ce facteur de risque est accrue lorsque ces animaux domestiques sont nourris avec de la viande crue ou lorsqu’ils ont accès à des produits d’origine bovine (carcasse, placenta) (Savini, Robertson, Dunsmore 1994).

A noter que la présence de chiens semble être un facteur de risque plus important que la présence de chats car les sarcocystes transmis par les canidés sont plus fréquents que ceux transmis par les félidés (Savini et al. 1992; Gajadhar, Marquardt 1992).

2.3.3.3. Faune sauvage et animaux errants

La faune sauvage et les carnivores errants constituent un important réservoir pour Sarcocystis. Leur infestation est favorisée par l’accès possible aux produits d’origine bovine (animaux trouvés morts, placentas). Ainsi, en Australie de l’Ouest, les renards permettraient largement la dissémination des sporocystes. A l’inverse les chats sauvages, moins excréteurs d’ookystes que les canidés, permettraient un assainissement partiel des parcelles par compétition avec la faune sauvage (renards essentiellement) et les chiens errants (Savini, Robertson, Dunsmore 1994).

2.3.3.4. Bâtiments d’élevage et pâturage

Plus la durée de séjour dans les bâtiments d’élevage et sur les parcelles à proximité est longue plus le risque d’infestation par les sarcocystes est grand. En effet, c’est à l’étable que se réalise une concentration suffisante de sporocystes infestants. Néanmoins, ce risque est conditionné par la présence d’un animal ou d’un humain excréteur dans les bâtiments ou à proximité (Euzéby 1998).

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Ainsi, en Australie, les élevages infestés sont majoritairement des troupeaux laitiers dont les bovins restent majoritairement en stabulation et qui utilisent les chiens pour conduire les vaches en salle de traite (Savini, Robertson, Dunsmore 1994).

A l’inverse, au pâturage, les risques d’infestation par Sarcocystis sont plus faibles, même si des arthropodes coprophages, des eaux de ruissellement et des vents peuvent disséminer les sporocystes (Euzéby 1998).

2.3.3.5. Partage de parcelles avec d’autres ruminants

Le pâturage des moutons sur les mêmes parcelles que les bovins permettrait d’assainir partiellement les parcelles. En effet, les Sarcocystis étant spécifiques pour leur hôte intermédiaire, la coexistence des espèces de Sarcocystis bovines et ovines diminuerait la pression infectieuse de chaque espèce prise séparément (Savini, Robertson, Dunsmore 1994).

2.3.3.6. Elimination des animaux trouvés morts

Laisser les bovins trouvés morts sur les pâtures constitue un facteur de risque important d’infestation à Sarcocystis. En effet, le cadavre se trouve exposé aux hôtes définitifs pour entretenir le cycle (Savini, Robertson, Dunsmore 1994).

2.3.3.7. Gestion de l’épandage

L’infestation par Sarcocystis hominis d’au moins un bovin a été corrélée à la présence de matières fécales humaines sur les pâtures. Elle a été reliée à l’épandage de fèces humaines et à la vidange de la fosse septique des voisins quelques mois auparavant. L’eau de boisson des bovins a aussi pu être contaminée par les matières fécales humaines. L’épandage du contenu de la fosse septique semble donc être un facteur de risque dans l’infestation des bovins par Sarcocystis hominis (Wouda, Snoep, Dubey 2006).

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En outre, aucune étude n’est référencée sur la présence ou non des Sarcocystis dans les boues de station d’épuration. Si on extrapole les données disponibles concernant la recherche d’autres protozoaires dans les boues de station d’épuration, on peut dire que le risque d’infestation par Sarcocystis serait négligeable lors d’épandage de boues de station d’épuration En effet, le rendement moyen d’élimination des ookystes de protozoaires est de 70 à 100% grâce, en système conventionnel, à la décantation (traitement primaire), au traitement de boue activée et au traitement MBR4 (traitement secondaire) ou, en système extensif, au lagunage et de manière plus anecdotique au traitement UV. Le risque serait, en revanche, non négligeable lors d’épandage d’eaux usées non traitées car la concentration en protozoaires y est en moyenne de 104 à 106/kg (Vandermeersch 2005; Déléry 2007; Alouini 1993; Ayed et al. 2007).

2.3.3.8. Consommation de viande

L’autoconsommation de viande crue ou insuffisamment cuite permet de perpétuer le cycle du parasite (Domenis et al. 2011).

En outre, si on fait une corrélation avec les études de prévalence de la toxoplasmose en France, on peut s’attendre à ce que la prévalence de Sarcocystis

spp varie avec les habitudes alimentaires dans les différentes régions françaises. En

effet, une analogie a été trouvée entre la consommation élevée de viande de mouton et la forte séroprévalence de Toxoplasma gondii dans les régions françaises (Berger et al. 2008). Ainsi, on pourrait s’attendre à ce que la prévalence de Sarcocystis spp. soit disparate entre les régions françaises avec une plus forte prévalence dans les régions à forte consommation de viande bovine avec une cuisson modérée.

3. Facteurs de risque de développement de lésions de myosite éosinophilique