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Chapitre 1- État des connaissances

1.9. Dysfonction musculaire

1.9.2 Facteurs contributifs à la dysfonction musculaire dans la MPOC

Un ensemble de facteurs génériques et de facteurs spécifiques à la MPOC peuvent contribuer à perturber le système et la fonction musculaires des patients (Figure 10).

1.9.2.1 Facteurs génériques

La diminution du niveau d’activité physique chez les patients avec une MPOC205,206 est un

facteur étiologique important expliquant notamment pourquoi les patients avec une MPOC ont une atteinte plus marquée au niveau des membres inférieurs que des membres supérieurs136,207,208. Une diminution de la force et de la masse du muscle quadriceps est en effet associée à cette inactivité physique96,209. Chez les sujets en santé, ces altérations musculaires liées au déconditionnement peuvent être renversées par de l’entraînement, ce qui n’est pas complètement le cas chez les patients avec une MPOC71. Cette observation soulève

la complexité de l’atteinte du système et de la fonction musculaire dans cette population et suggère que des facteurs autres que le déconditionnement sont impliqués dans la dysfonction des muscles locomoteurs observée dans la MPOC. Le processus normal de vieillissement fait également partie des facteurs génériques associés au déclin graduel de la fonction musculaire chez les adultes sains âgés122 et chez les patients avec une MPOC7.

L’atrophie (du grec a : sans ; trophê : nourriture) du muscle est un terme utilisé lorsqu’il y a une perte de masse musculaire suite à la disparition graduelle de myofibrilles, et ainsi d’une diminution du volume des fibres musculaires35. Le déclin de la masse musculaire

débuterait entre 25 et 30 ans 210,211 et serait plus important dans les membres inférieurs que

les membres supérieurs dans la population saine158. Cette atrophie serait d’autant plus

présente chez les patients avec une MPOC, avec une prévalence pouvant varier jusqu’à 35%72,212. De plus, les patients avec une MPOC qui présentent une masse musculaire moindre ont des limitations physiques plus importantes que ceux avec un IMC<18 kg/m2 mais une masse maigre préservée213. L’atrophie est également associée étroitement au statut nutritionnel : ce dernier se quantifie le plus souvent par l’index de masse maigre ou la masse musculaire213,214. En effet, la synthèse de protéines repose notamment sur un apport suffisant en acides aminés. La malnutrition est malheureusement prévalente dans la MPOC215 et les patients dénutris présentent un déclin plus rapide de leur fonction respiratoire, une diminution de leur tolérance à l’effort et une diminution de leur force musculaire216-218. Des suppléments

respiratoires et du quadriceps et la force de préhension (avec reprise de poids de ≥ 2 kg)217,218.

Les niveaux de vitamine D sont parfois également moindres chez ces patients pour diverses raisons (dont l’utilisation accrue de corticostéroïdes systémiques219), ce qui peut augmenter

les risques de développer de l’ostéoporose220. Une atténuation du tissu musculaire, via

notamment une infiltration de tissu adipeux inter- et intramusculaire, est un autre changement associé à l’âge souvent présent dans la population plus âgée221. Cette perte de qualité

tissulaire est un facteur contributif à la dysfonction musculaire dans la MPOC, l’infiltration graisseuse étant de 35 à 100% plus grande que chez des sujets en santé222,223.

1.9.2.2 Facteurs spécifiques à la MPOC

Le nombre de cellules inflammatoires et de protéines réactives est plus élevé dans le muscle quadriceps au repos des patients avec une MPOC168, de même que la circulation de cytokines

pro-inflammatoires (TNFα, IL-8) se trouve à être plus élevée que chez des participants témoins224. La présence accrue de ces cellules peut ainsi activer la voie ubiquitine- protéosome et mener à une stimulation de la dégradation des protéines, et ultimement à une atrophie musculaire203,225. Cette diminution de la masse musculaire peut aussi être déclenchée par d’autres éléments tels que l’hypoxie et l’hypercapnie226,227 et utiliser une autre voie de

signalisation (voie lysosomale /autophagique). Cette voie est corrélée avec la sévérité de l’atrophie musculaire et de l’atteinte de la fonction respiratoire228. L’expression de certains

gènes associés à la formation de cellules autophages serait plus grande dans les muscles des patients avec une MPOC que chez des sujets témoins228.

L’inflammation peut aussi contribuer à un déséquilibre entre les oxydants et antioxydants et ainsi résulter en une augmentation du stress oxydatif local et systémique (encore plus marquée lors des exacerbations)203,229. Au niveau structurel, une diminution de la proportion des fibres de type I (oxydatives) est présente chez les patients avec une MPOC230 et est favorisée par le tabagisme231, alors que la proportion de fibres de type I dans le muscle est d’habitude plus élevée que celle de type II chez les personnes âgées210,232. Ce

changement de composition musculaire, jumelé à d’autres facteurs tels qu’un nombre réduit de mitochondries (sans diminution toutefois de leur taille, périmètre ou diamètre) dans le quadriceps des patients avec une MPOC233,234, l’altération de la fonction respiratoire

mitochondriale (semblant indépendante du niveau d’activité physique)234, la diminution de

Figure 10 : Résum é des facteurs contributifs, changem ents m étaboliques et structuraux contribuant à expliquer la d ysfonction m usculaire dans la MPOC

réduit de contacts capillaires par fibre peuvent accroître le stress oxydatif, participer à diminuer la capacité oxydative musculaire et ainsi contribuer à la dysfonction musculaire dans la MPOC7,8,236. L’ensemble de ces changements métaboliques et structuraux contribuent à augmenter la glycolyse comme métabolisme de production d’ATP à l’exercice, qui est associée à une plus grande fatigabilité musculaire dans la MPOC71. Les muscles périphériques consomment ainsi davantage d’oxygène pour une charge donnée et ont une production précoce et accrue de lactate8.

1.9.2.3 Autres facteurs

L’utilisation de corticostéroïdes systémiques oraux est un facteur significatif expliquant une faiblesse musculaire chez certains patients136,137,237. Le tabagisme, principal facteur de risque de la MPOC, peut quant à lui amplifier en aigu ou en chronique plusieurs mécanismes détaillés ci-haut (inflammation, augmentation du stress oxydatif, déséquilibre entre la

production et dégradation des protéines, etc.) menant vers la dysfonction musculaire, en plus d’augmenter la susceptibilité des muscles locomoteurs à développer de la fatigue précoce238- 242.

1.9.3 Conséquences fonctionnelles de la dysfonction musculaire dans la

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