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La féminisation des instances au CNRS

Dans le document Genre et données longitudinales (Page 148-151)

Anne-Marie Daune-Richard, Isabelle Recotillet *

2. Hommes et femmes chercheurs au CNRS

2.4. La féminisation des instances au CNRS

La féminisation des instances est aujourd’hui analysée comme une des composantes des inégalités de carrière entre hommes et femmes. Au CNRS, comme dans tout organisme ou entreprise de grande taille, les lieux de pouvoir sont multiples et, du bas au haut de la hiérarchie, la part des femmes tend à diminuer. Un rapport de l’Observatoire des Sciences et des Techniques (2002) analyse la féminisation des instances au CNRS. Il en mesure ainsi l’évolution : de 19 % dans la période 1984-88, elle passe à 22 % dans les années 1994-98 et 26 % pour les années les plus récentes (1999-2001).

On peut examiner plus précisément la composition du Comité national qui traite du recrutement et de la carrière des chercheurs et fait l’évaluation des laboratoires. Une annexe du rapport cité ci-dessus (p. 31 et sq) étudie la féminisa-tion du Comité naféminisa-tional qui progresse de 23 % en 1992 à 28 % en 2001. Il est souligné que tout au long de cette période, la part des femmes est toujours plus importante parmi les membres élus que parmi les nommés. Enfin on remarque que, dans les rangs du Comité national, les femmes sont moins nombreuses, proportionnellement, parmi les Directeurs de recherche et les Professeurs que parmi les Chargés de recherche et les Maîtres de Conférence ; c’est chez les Ingénieurs, Techniciens et Administratifs qu’elles sont le mieux représentées.

Les femmes sont donc sous-représentées au Comité national. Ce qui veut dire aussi que les hommes y sont sur-représentés. On peut alors légitimement se poser la question, comme l’ont fait différents rapports sur la place des femmes dans la recherche et à l’Université, des effets de ces sous-représentation et sur-représentation sur les évaluations formulées par le Comité National, que ce soit en termes de promotions de chercheurs ou de résultats aux concours chercheurs. On notera cependant qu’en 2000, les 28 % d’élues et 72 % d’élus l’ont été par 37 % d’électrices et 63 % d’électeurs, tous collèges confondus : le rapport entre femmes, parité et égalité n’apparaît pas immédiat.

Conclusion

La question de la place des femmes dans la recherche s’inscrit dans une réflexion plus vaste autour de l’organisation des systèmes de recherche nationaux. Arrivant sur le marché du travail de plus en plus diplômées, les jeunes femmes demeurent peu présentes dans la recherche industrielle mais accèdent quasiment à parité avec les hommes aux postes de chercheurs et d’enseignants-chercheurs de la recherche publique. Les différences se creusent au sein même des carrières académiques, comme on a pu le voir à travers l’analyse de données portant sur le CNRS. Que ce soit du point de vue des avancements de carrière, des rémunérations ou de la participation des femmes aux instances scientifiques, les différences entre hommes et femmes demeurent. Très certainement ces trois aspects de l’emploi des femmes sont liés, dans la mesure où l’avancement des carrières est associé à des niveaux de salaires plus élevés, et, de façon moins directe à la participation aux instances scientifiques. Ces premières investigations, rendues, rappelons-le, difficiles en raison de la rareté des données disponibles, indiquent globalement que l’accès à la recherche publique chez les plus jeunes ne laisse pas apparaître de disparité importante entre hommes et femmes, tandis que, au sein du CNRS, des différences se créent et se propagent. De façon assez naturelle, il aurait été souhaitable de disposer de données longitudinales sur ces carrières et de pouvoir étendre l’analyse à l’ensemble des organismes publics de recherche. Notamment, nous avons pu montrer que la proportion de femmes chercheurs au

CNRS reste stable dans le temps. Il serait intéressant de pouvoir identifier un peu plus en profondeur l’origine de la persistance de ces différences, notamment dans un contexte où d’une part, les niveaux d’éducation n’ont cessé d’augmenter au sein de la population, et, d’autre part que les jeunes femmes sont plus nombreuses dans les études supérieures scientifiques, dans des disciplines traditionnellement masculines.

B

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Dans le document Genre et données longitudinales (Page 148-151)

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