• Aucun résultat trouvé

Extensions des modèles vus dans la littérature

Notre objectif est de contribuer à lever une partie des incertitudes sur les dommages causés par le grand gibier. Nous allons étudier en particulier quatre possibilités d‘extension des modèles vus dans la littérature.

3.1 Identifier et quantifier les causes des dommages

Rappelons que dans cette deuxième partie de la thèse, nous cherchons à évaluer le rôle de la chasse ou plus exactement son efficacité dans le contrôle des dommages. Actuellement il existe peu d‘études sur l‘impact de cette activité à long terme et à grande échelle.

La présence de grand gibier dans un site dépend des caractéristiques de l‘habitat. D‘après l‘état de la connaissance provenant des biologistes (Virgos, 2002) et de la connaissance populaire du sanglier, on peut émettre les hypothèses suivantes. Il vit principalement dans les zones boisées dans lesquelles ils s‘abritent, se nourrissent et se reproduisent. Il peut y avoir également des différences suivant les types de forêts. Les forêts de feuillus et mélangées semblent être des zones de refuge mieux appréciées que les forêts de conifères du fait de leur richesse en biomasse. Certains types de cultures attirent particulièrement le gibier, comme le maïs, la vigne, les fruits, les céréales et les légumes. Les zones urbaines et les espaces ouverts peuvent par contre repousser la présence des animaux et donc des dommages.

Ces connaissances méritent d‘être validées à l‘échelle d‘une région afin d‘agir sur les variables explicatives des dommages en ajustant la politique de gestion de la chasse.

3.2 Capter les effets spatiaux sur les dommages

Les interactions spatiales peuvent avoir un effet important dans la compréhension du problème. Il est pertinent d‘analyser comment les dommages se répartissent sur un grand territoire. Est-ce qu‘il y a des zones de regroupement des dommages ? Comment peut-on les expliquer ?

3.3 Déterminer le caractère aléatoire des dommages

La nuisance du grand gibier peut être considérée comme un évènement ponctuel. Le niveau des montants des dommages agricoles est faible ou quasi-nul dans certaines communes de la région Aquitaine. Il sera intéressant de mesurer les raisons qui expliquent l‘apparition de l‘évènement, en tenant compte de la présence ou de l‘absence de dommage pour les communes observées.

3.4 Lever l’incertitude liée au temps

Pour les dommages en milieu forestier, les impacts ne sont visibles qu‘à long terme puisque la production de pins maritimes se fait sur un cycle de 50 ans en moyenne. Les cervidés (cerf et chevreuil) exercent une pression sur les jeunes plants de pin maritime (moins de 10 ans) par contre les ventes des grumes n‘auront lieu qu‘à la fin du cycle. Durant cette période, la rotation pratiquée par les sylviculteurs assure chaque année de nouvelles parcelles cultivées, donc de nouvelles surfaces sensibles à l‘attaque des cervidés. Par ailleurs, la population

évolue rapidement selon la politique cynégétique et leur croissance naturelle. Le temps semble avoir une place importante sur ces types de dommages.

3.5 Choix méthodologique

La disponibilité des données sur les différents types de dommages nous a amené à faire les choix méthodologiques suivants :

- Modélisation économétrique des dommages agricoles : il s‘agit de créer des modèles statistiques afin de comprendre la répartition spatiale des dommages agricoles en tenant compte de la diversité des milieux et des pratiques de chasse différentes. Les données relevées auprès des fédérations des chasseurs et les bases de données cartographiques permettent de construire le modèle.

- Modélisation dynamique des dommages forestiers. Il n‘existe pas de données temporelles fiables actuellement pour quantifier pertes économiques liées à ces dommages. En effet, les bois de pin maritime endommagés par le grand gibier n‘arrivent sur le marché qu‘après une cinquantaine d‘années. C‘est la raison pour laquelle nous explorons la question avec l‘aide des outils de simulation qui permettront de faire des projections dans le futur.

SOUS-PARTIE 1 : MODELISATION DES

DOMMAGES AGRICOLES PAR

Introduction

Comme nous l‘avons montré dans l‘introduction de la thèse, les problèmes de dommages agricoles sont un enjeu majeur de la chasse. Ceci est dû à la loi de finances du 27 décembre 1968 qui oblige les chasseurs à payer les indemnisations des dégâts agricoles par l‘intermédiaire des Fédérations des Chasseurs (cf. Encadré 2.1). Actuellement, la surpopulation du grand gibier oblige à réfléchir sur les causes exactes de ces problèmes puisque depuis 30 ans, les chasseurs ont augmenté de façon exponentielle leur prélèvement mais, les dommages agricoles ont continué d‘augmenter (cf. Introduction générale).

L‘objectif de cette sous-partie est de mesurer les causes des dommages agricoles par l‘utilisation de l‘économétrie spatiale. L‘estimation économétrique consiste à rechercher les variables explicatives des dommages afin de les appréhender et de les corriger à travers la politique de gestion de la chasse au grand gibier.

Nous allons dans un premier temps rappeler brièvement les fondements de l‘économie spatiale qui peuvent expliquer les zones de concentration des dommages agricoles. Puis, nous allons mesurer ces regroupements spatiaux avec les méthodes de l‘analyse spatiale. En troisième partie, nous proposons des modèles explicatifs des dommages agricoles.

Encadré 2.1 : Loi sur l’indemnisation des dégâts agricoles

Elle a été instituée par la Loi de finance rectificative pour 1969 en échange de l'abandon par les ayants droit du droit d'affût (donné aux victimes de détruire une bête fauve en train de commettre un dégât). A compter du 1er juillet 2001, ce sont les Fédérations Départementales des Chasseurs qui ont en charge l'indemnisation administrative des dégâts au titre des missions de Service Public qui leur ont été confiées.

Seuls les dégâts occasionnés aux cultures font l'objet d'une indemnisation qui diffère sensiblement du droit commun, puisqu'elle ne retient pas la responsabilité délictuelle et qu'en aucun cas elle ne doit réparer intégralement le dommage supporté par l'agriculteur : le maximum de l'indemnisation est fixé à 95 % de l'estimation. Le montant de la franchise est fixé à 76 € TTC.

Nul ne peut prétendre à une indemnisation pour des dégâts commis par des animaux provenant de son propre fond.

Le délai de prescription est de 6 mois.

1. Utilisation des concepts de l’économie géographique sur les dommages