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Extension de l’infirmerie vers l’est

Dans le document La Riche, Prieuré Saint-Cosme (Page 147-150)

Extrait de carte topographique au 1/25

planche 29 ) Il occupe une situation topographique presque universelle au Moyen-Age, sous la forme

2.6. L’apogée médiéval du monastère au 14 e siècle (phase 8)

2.6.2. Extension de l’infirmerie vers l’est

La présence d’une cheminée insérée à l’extérieur du pignon oriental du « régulier » (EA 1120) ainsi que l’amorce d’un mur (M 232) accolé à son angle sud- est laissait présager d’une extension vers l’est de ce bâtiment (figure 48). De plus, le diagnostic de 2006 avait mis au jour, dans la tranchée n°13, les vestiges d’un mur épais dans le prolongement du gouttereau nord du « régulier » (M 48). Le secteur 12 a donc été ouvert pour explorer cette extension. On a combiné une fouille en aire ouverte, notamment de la pièce jouxtant le « régulier », et des sondages

plus profonds (n°31 – réalisé au préalable, comme une manière de diagnostic –, 40, 41 et 44).

Le mur nord de l’extension (M 48 ; photos 253 à 256) a été vu pour l’essentiel en fondation, et seulement partiellement parce qu’il est repris par un mur postérieur pour constituer la façade sud du « sous-prieuré » (M 47), construit au 17e siècle (cf. § 2.8.1.1). Il n’a été observé dans son état d’origine que dans la tranchée de diagnostic n°13, qui a été rouverte en 2009, où trois assises à peu près régulières sont posées sur une sorte de radier plus grossier (photo 254). Il est composé d’un blocage

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et d’un parement en moyen appareil, le tout lié par un mortier brun-rose pauvre en chaux.

Il était sans doute rythmé par des contreforts fortement saillants. C’est du moins ainsi que nous interprétons M 62, massif perpendiculaire à M 48, arasé au moment de la construction du sous-prieuré (photo 257 et coupe figure 52). Il n’est pas possible d’être assuré s’il s’est agi d’un renfort ponctuel postérieur à la construction ou d’un système prévu dès l’origine. En effet, le contact entre M 48 et M 62 n’a pas été vu, et les emplacements des autres contreforts potentiels n’ont pas été fouillés. Dans nos restitutions, nous avons proposé un système conçu dès l’origine (plan figure 48).

La façade sud (M 232) de l’extension était visible, même avant les fouilles, en élévation sur quelques mètres à l’angle sud-est du « régulier » (photos 235, 239, 258 et 259). Le parement est constitué d’un appareil un peu allongé. Une semelle de fondation débordante a été vue vers l’intérieur dans le sondage n°41 (photo 259bis). Elle est fondée vers 46,60 m NGF, soit un peu moins profondément que M 48 (vers 46,00 / 46,20 m NGF), ce qui est logique étant donnée la pente qui descend vers la Loire. M 232 ne subsiste que sur à peine trois mètres de longueur : vers l’est, il a été perturbé par des maçonneries tardives (M 231 et M 46). Puis il a été largement éradiqué lors de la construction du sous- prieuré : la tranchée de récupération F 70 = F 1141181 est parfaitement visible en plan et en coupe, mais quelques bribes de maçonnerie subsistent toutefois (figures 48 et 52, photos 260, 265 et 344). En particulier, la base d’un contrefort plat est encore visible à l’extrémité du refend M 200. Ce contrefort est beaucoup moins saillant que son homologue de la façade nord, peut-être pour ne pas gêner la circulation dans la galerie du cimetière qui bordait la façade sud.

La longueur du bâtiment n’est pas connue avec certitude. Le pignon oriental n’a pas été fouillé car il est en dehors des limites de l’aménagement du nouveau jardin. Le comblement de sa tranchée de récupération a, peut-être, été vu à l’extrémité 181 F 70 enregistre la tranchée pour l’ensemble, sauf la

portion occidentale, vue lors de la fouille dans le secteur des sondages 40 et 41, enregistrée comme F 1141.

orientale du sondage n°31 (photo 261), mais cette identification reste fragile182. Placer le pignon à cet endroit serait cohérent avec une structure du bâtiment en trois travées, telle qu’on peut la restituer à partir de l’emplacement des contreforts et des murs de refend. L’évasement constaté de la tranchée de récupération F 70, ce qui serait dû à l’angle présumé du bâtiment, est aussi un indice en ce sens (figure 48).

Ce bâtiment était divisé en plusieurs espaces par des murs de refend. À l’est, M 200 est un mur bien construit, dont les parements à l’appareil un peu allongé sont semblables à ceux de M 232 (photo 262). Comme lui, il repose sur une semelle de fondation débordante. Il n’est pas chaîné à la façade nord, et la façade sud ayant disparu nous empêche de vérifier la relation de ce côté ; c’est d’ailleurs une habitude constante sur le site que les murs de refend ne soient pas chaînés aux murs périphériques. Il est percé, au nord, d’une porte ouvrant vers l’ouest, dont la feuillure sud est encore bien conservée (EA 1144 ; photo 263).

L’autre mur de refend est M 45, plus à l’ouest : sa facture est nettement différente, et il est fondé moins profondément que M 48, auquel il n’est pas chaîné (photos 254 et 255). On propose de le rattacher plutôt à une phase ultérieure, datant du 15e siècle (§ 2.7.1.5). Quant à M 49, encore plus mal fait et fondé haut, il ne date que du 17e siècle (cf. § 2.8.1.1.2).

Au bilan, le bâtiment apparait à l’origine simplement divisé en deux parties inégales communiquant entre elles. La plus grande possédait un sol légèrement en pente vers l’est, de sans doute 47,45 m NGF à l’ouest à 47,20 m NGF au niveau de M 200 (47,40 m dans la coupe de la tranchée n°13 ; figure 52). La plus petite, dont le sol était à 47,20 m NGF (coupe figure 53), était elle-même recoupée par un mur de refend est-ouest (M 201 ; photos 261 et 261bis). Fondé aussi profondément que M 200, mais épais seulement de 45 cm, il s’interrompt à un gros mètre du pignon oriental 182 Il pourrait s’agir aussi de la démolition préalable du

mur de clôture antérieur M 509, dont une autre partie, plus au nord et mieux conservée, a été aperçue sous la façade nord du sous-prieuré (M 412, photo 337).

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tel que nous l’avons restitué. Il est bordé sur son côté nord par une maçonnerie d’une trentaine de centimètres de large, qui pourrait avoir constitué le soubassement d’un banc longeant ce mur. Ce dispositif oriente vers une fonction de vestibule pour cette extrémité du bâtiment. En effet, on ne sait pas comment il s’ouvrait sur l’extérieur. Aucune porte ne le mettant en communication avec le « régulier », il fallait nécessairement au moins une porte vers l’extérieur, sinon deux (une hors la clôture et une donnant dans le cimetière des moines).

Lors du diagnostic de 2006, dans la tranchée n°13, avaient été vus un four de bronzier et un moule à cloche associé (Dufaÿ et al. 2007 : 36 et figure 52). Ces installations sont scellées par les couches d’occupation du bâtiment. On peut donc penser que la cloche a été fondue en fin de chantier de construction. En effet, la fonte d’une cloche se faisant toujours dans un local abrité, cette installation ne doit pas être antérieure au bâtiment. Il devait s’agir d’une cloche de 60 à 80 cm de diamètre, qui a pu remplacer une cloche de l’église. Il se peut qu’une sorte de foyer partiellement fouillé dans le sondage n°40, et disposé sous les sols d’occupation, ait été associé à cette phase artisanale (US 8094, photo 264).

Pour autant que l’on puisse saisir les sols dans les coupes des divers sondages, ceux-ci semblent avoir été en terre battue. L’extrémité occidentale du bâtiment constitue toutefois une exception (photo 265). Un sol d’ardoises (sans doute de récupération) a été aménagé. Conservé le long des murs ouest et sud, son extension n’est pas connue (US 8073, photo 266). Dans l’angle nord- est, il a été remplacé ultérieurement par un pavage de petites pierres, de type « calade » (US 8065, photos 265 et 267). Ces types de sol renvoient plutôt à un espace utilitaire.

L’élévation de ce bâtiment est inconnue, les vestiges étant trop arasés. Seul subsistait lors des prises de vue photographiques anciennes son pignon occidental, qui semble avoir subi un rehaussement postérieur (photo 235 et § 2.8.2.1). Il est possible qu’il ait été doté d’un étage, la mode des grands volumes uniques étant passée à la date présumée

de la construction (vers le milieu du 14e siècle ou un peu après, cf. ci-dessous) ; la présence de cloisons au rez-de-chaussée oriente également vers la présence d’un plafond, de tels murs montant peu vraisemblablement jusqu’au toit. Aucune trace d’escalier intérieur n’a été découverte. Il est donc probable que l’accès se faisait par un escalier extérieur sur la façade nord, comme au logis du prieur, qui aurait été détruit lors de la construction du « sous- prieuré . Un escalier au sud est peu probable, car l’espace était occupé par la galerie du cimetière ; en outre, si l’interprétation comme hôtellerie est correcte, la porte principale devait donner vers l’extérieur de la clôture monastique.

La date de construction du bâtiment peut être appréciée de diverses manières. Il est postérieur au « régulier », daté de la fin du 11e siècle ou du début du 12e (cf. § 2.5.4), puisqu’il lui est clairement accolé. Cette datation est aussi celle de la céramique contenue dans les couches antérieures à sa construction (US 8078, 8310, 8311). Il est antérieur au remblaiement du 15e siècle, car on observe bien le rehaussement de ce temps grâce à la cheminée EA 1120, « perchée » dans le mur M 234, à un niveau supérieur d’un mètre aux sols d’ardoise et de pierres (photos 265 et 345).

S’il n’y a pas de mobilier associé directement à la construction, les niveaux d’occupation sont calés aux 14-15e siècles. Les niveaux correspondant au moule à cloche sont ainsi datés du 14e siècle ; ils sont immédiatement antérieurs aux premiers sols. Le remblai sous le sol d’ardoise contient du mobilier datant des 14-15e siècles (US 8074), et ce sol contient une dizaine de tessons clairement attribués au 14e siècle (US 8073, groupe technique To1j). D’un point de vue stylistique, les parements de M 232 présentent un appareil régulier un peu allongé postérieur à l’époque « romane » et peut tout à fait convenir au 14e siècle.

Il est possible que cette extension ait fait partie de la même phase de construction que le logis du prieur, dont des datations dendrochronologiques ont permis de caler la construction dans les années 1349-1352 (ci-dessous § 2.6.3).

Il n’est pas impossible qu’elle ait répondu à un nouveau besoin sanitaire. Peut-être le prieuré

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Saint-Cosme, à ce moment, était-il devenu un centre de soin important pour la collégiale Saint-Martin, et peut-être même au-delà ?

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