• Aucun résultat trouvé

16

(entre 500 et 5000ha) répondent pour 31%, et celles de petite taille (<500ha) pour 28% de la production (Lentini et al., 2005).

Dans l’aménagement communautaire, la forêt appartient soit aux membres de la communauté soit à l’Etat. Dans le premier cas, on retrouve des exemples chez les paysans qui accèdent à la propriété à partir des programmes de réforme agraire de l’Etat, tels que le PAE - Projet agro-extractiviste, le PDS - Projet de développement durable, et le PAF – Projet Forestier. Les paysans se regroupent en coopératives ou associations pour gérer ensemble leurs parcelles respectives de forêt. Dans le deuxième cas, les populations rurales habitant à l’intérieur des aires protégés publiques telles que les Réserves Extractivistes ou les Forêts Nationales et n’ayant pas de titre de propriété mais l’usufruit de la forêt, s’organisent pour décider la mise en aménagement des massifs forestiers sous leur responsabilité.

En choisissant le cas d’une entreprise forestière utilisant l’EFI, cette étude vise avant tout à apporter des informations innovantes concernant la viabilité à long terme d’une exploitation à faible impact pratiquée par une entreprise forestière. Elle correspond donc plus au cadre d’une exploitation classique en concession, qui devrait se développer en Amazonie brésiliennes dans les prochaines années. Cependant, cette étude peut aussi apporter des informations pertinentes dans le cas d’exploitations réalisées par des entreprises forestières en partenariat avec des agriculteurs ou des communautés forestières. Ces partenariats se développent de plus en plus depuis ces dix dernières années et représentent pour des centaines de milliers de colons une alternative potentielle de valorisation de leurs massifs forestiers.

L'exploitation forestière

Contrairement aux indices économiques standards d'évaluation - production, rentabilité, marché d'emploi, surface exploitée, produits - qui montrent un secteur apparemment bien organisé, la filière Bois est, dans le bassin amazonien, très hétérogène (diversité des acteurs et des produits) et désordonnée (enchevêtrement des responsabilités fédérale et locale, manque d'uniformisation des contrôles).

Pour la production de bois, cinq facteurs orientent le type d'exploitation forestière employée par les différents acteurs forestiers : leur degré de capitalisation; la nature du commerce (intérieur ou extérieur); le système de transport utilisé (routier ou fluvial); les

17 espèces forestières exploitées et leurs produits; enfin, l'organisation sociale locale (Uhl et al., 1997).

En conséquence, sa forme et son organisation varie énormément d’une région à l’autre de l'Amazonie ainsi qu’entre propriétés (Verissimo et al., 1992 ; Barros et Uhl, 1995 ; Johns et al., 1996 ; Nepstad et al., 1999). Les extrémités d’une probable classification de l’exploitation forestière serait représentées par d'un côté des entreprises certifiées de structure verticale hautement qualifiées appliquant une exploitation planifiée et de l'autre côté, des petits exploitants peu qualifiés employant des techniques conventionnelles d’exploitation.

Si la classification de l'activité d'exploitation forestière dans l'Amazonie n'est pas un consensus dans la communauté scientifique, il n'en va pas de même quant à la perception des dégâts qu’elle provoque (Uhl et Vieira, 1989 ; Uhl et Kauffman, 1990 ; Veríssimo et al., 1992 ; Johnson et Cabarle, 1993). Des intensités d’exploitation allant de 5 à 90 m3/ha et des dégâts aux peuplements résiduels tout aussi disproportionnels ont amené les forestiers à classifier l’exploitation forestière en seulement deux grands groupes : Conventionnelle et à Faible Impact (Johns et al, 1996 ; Vidal et al, 1997 ; Amaral et al., 1998). Nous caractérisons ces deux types d’exploitation dans les paragraphes suivants.

L’exploitation conventionnelle, encore appelée prédatrice, est généralement définie comme une exploitation ne faisant appel à aucun inventaire et à aucune planification des opérations d’abattage et d’extraction. De ce fait elle engendre en général d’importants dégâts au peuplement forestier et à l’écosystème en général. Ainsi, Gerwing et al. (1996) montrent que pour chaque arbre exploité, 28 sont détruits ou endommagés. Selon Uhl et al. (1991), pour chaque mètre cube de bois exploité 1,2 mètres cubes sont endommagés (Uhl et al., 1991). Selon Ulh et Vieira (1989), environ un quart (26%) de tous les arbres du peuplement seraient détruits ou endommagés par l’exploitation conventionnelle. La taille des trouées varie entre 200 et 800m2 (Holdsworth et Uhl, 1997 ; Stokes et al., 1997). Le réseau de pistes de débardage, pistes et parc à grumes couvre de 8 à plus de 20% de la surface exploitée (Uhl et Vieira, 1989 ; Pereira et al., 2002), et réduirait de 16 à 50% la couverture de la canopée (Uhl et Kauffman, 1990 ; Pereira et al., 2002). Enfin, la mauvaise planification des opérations d’extraction serait responsable d’une perte moyenne de 7m3/ha de bois ou 26% du total des arbres abattus, principalement en raison de mauvaises techniques d’abattage et de l’absence de localisation des grumes en forêt après abattage (Bowyer, 1997 ; Barreto et al., 1998). La

18

réduction significative de la surface terrière et du couvert forestier - dues surtout à la négligence dans la conduction de l'exploitation conventionnelle - se traduit souvent par une colonisation incontrôlée des trouées par les lianes (Pinard et Putz, 1996) ou les graminées (Vieira et al., 2006); et par une augmentation du risque des incendies (Holdsworth et Uhl, 1997 ; Nepstad et al., 2001). Les forêts fortement endommagées par l’exploitation sont, d'ailleurs, le plus souvent abandonnées ou converties en pâturages ou en parcelles agricoles (Nepstad et al., 1999).

L’importance des dégâts de l’exploitation sur le peuplement forestier et sur le fonctionnement de l’écosystème en général a amené la communauté scientifique à proposer des améliorations aux méthodes d’exploitation communément employées (Mattson-Marn et Jonkers, 1981). Des règles strictes basées principalement sur la planification des opérations d’exploitation ont été ainsi établies et ont reçu l’appellation de "Reduced Impact Logging" – RIL ou "Exploitation à Faible Impact" - EFI (Sist, 2000 ; Putz et al. 2008).

Ce type d'exploitation se résume à l’application des activités jadis fondamentales mais peu utilisées dans les pays tropicaux, à savoir : inventaire pré-exploitation et cartographie des arbres exploitables et d’avenir, planification avant exploitation du réseau des routes, des parcs à bois et des pistes de débardage, dégagement des cimes des arbres avec la coupe des lianes avant l’exploitation, abattage directionnel des arbres, rabaissement de la hauteur de découpe, optimisation de l’utilisation des engins forestiers (Dykstra et Heinrich, 1996).

D’innombrables travaux démontrent la supériorité de l’EFI, à un niveau donné de production, par rapport à l’exploitation conventionnelle (FAO, 2004 ; révision de 345 études publiées sur ce thème). Ces travaux montrent qu'une exploitation planifiée amène à une diminution de 30% des arbres endommagés; 50% de dégâts en moins sur la canopée; un réseau de débardage plus réduit et plus efficace (de 50 à 60% plus petit) et l’extraction de tous les arbres abattus (FAO, 2004).

L’EFI est actuellement promue au Brésil et dans d’autres pays tropicaux comme une réponse aux préoccupations nationales et internationales sur la durabilité écologique et économique des activités d’exploitation en forêts naturelles. Son application est nécessaire, car elle réduit considérablement les dégâts sur la forêt, mais elle n’est pas suffisante pour assurer à elle seule la durabilité de l’exploitation. Il existe toujours des incertitudes sur la dynamique de la forêt après l’exploitation et sur sa capacité à reconstituer le stock de bois dans la durée du cycle de rotation défini par la législation

19 (Fredericksen et Putz, 2003 ; Sist et al., 2003a,b,c ; Sist et Brown, 2004 ; Sist et Ferreira, 2007).