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3. LA PRÉSENTATION DES DONNÉES DU GROUPE DE DISCUSSION

3.1. Les explications sur le choix des sections du guide

Lors de la rencontre du groupe de discussion, nous avons interrogé les participantes et les participantes pour comprendre pourquoi les résultats du sondage ont montré que deux sections du guide ont été jugées plus utiles que les autres par l’ensemble des répondantes et des répondants, soit celles sur le cours et sur la communauté éducative. Dans un premier temps, plusieurs ont affirmé que la section sur le cours s’avère particulièrement utile dans la perspective où les enseignantes et les enseignants débutants se concentrent d’abord sur les cours qu’ils doivent donner, sur les contenus à livrer, sur les évaluations : « C’est tellement de la job au début qu’on n’a pas le temps de faire tout en même temps, donc là, il faut garder le focus sur ce qui est prioritaire, ce qui est primordial » (CO1, 5). Une autre répondante va dans le même sens en spécifiant que les sous-objectifs et les contenus sur le cours, c’est une question d’urgence plutôt que de pertinence.

Quand on commence à enseigner, c’est vraiment plus de la gestion de crise que de l’apprentissage de notre milieu ou de nos collègues. Moi, je me rappelle que je donnais des cours, mais je n’étais pas à temps plein, donc j’ai connu mes collègues ça faisait déjà plusieurs mois que j’enseignais, mais sinon je connaissais juste leur nom parce que je ne les voyais pas. Le temps de les connaître, c’était du temps que je n’avais pas pour travailler, pour planifier mes cours, donc je pense que la section Programme et Pratique professionnelle, ce sont des choses qui viennent avec le temps, mais sur le coup, ce n’est peut-être pas un besoin qui est autant ressenti (Efo2, 3).

Une enseignante débutante de la formation continue confirme ce point de vue en disant qu'au début, elle s’est assurée d’être capable de monter ses cours et qu’elle y a investi toute ton énergie, puisqu’elle n’avait « pas le temps de regarder ailleurs » (Efc1, 2).

Si toutes les participantes et les participants ont soulevé l’impératif de la préparation des premiers cours et le stress que tout soit prêt à temps, un enseignant débutant de la formation ordinaire a fait ressortir l’anxiété majeure liée au sentiment de perte de contrôle et de repères : « Je me mets à la place de quelqu’un qui n’aurait jamais enseigné, ça doit être extrêmement anxiogène, extrêmement angoissant ! »

(Efo1, 8). C’est d’ailleurs la nécessité de recevoir l’aide des gens autour d’eux qui cautionne la place prioritaire de la section sur la communauté éducative dans le guide.

Je pense que l’importance de cet aspect-là, il vient du fait qu’aussi, moi je me rappelle de m’être dit à plusieurs reprises que si les gens n’étaient pas fins là, je serais tout seul pis je ne saurais pas quoi faire ! Je dépends de la gentillesse de ma directrice de programme, de ma conseillère pédagogique, pis heureusement que tout le monde a été merveilleux. Mais au début là, un pigeonnier je ne savais pas c’était où, les photocopies je ne savais pas comment faire, les clefs je ne savais pas c’était où, car ce n’est pas un collège que j’ai moi-même fréquenté. J’étais complètement perdu ! On m’avait mis des piles de PIEA à lire, j’avais lu ça dans la nuit, pis le lendemain, je suis arrivé pis je connaissais toutes mes petites règles par cœur, mais j’ai l’impression que s’il y avait un guide à suivre pis, ne serait-ce que de recevoir un plan de leçon au début, ça calmerait ! (Efo1, 9).

La conseillère pédagogique de la formation ordinaire, présente lors de cette rencontre, croit aussi que l’intérêt de la section sur la communauté éducative repose dans des éléments concrets comme trouver comment accéder à ses clefs, établir des stratégies faciles pour se simplifier la vie, apprendre à connaître le fonctionnement des services tels que les TI ou le Registraire, savoir où déposer les notes de cours, etc. Elle pense que la communauté éducative répond aux besoins pour « réussir à survivre dans cette grosse boîte-là qui est le cégep » (CPfo1). Toutefois, si elle s’explique le haut niveau d’utilité des sections sur le cours et la communauté éducative, elle croit pertinemment que les autres ont une place importante également dans le guide pédagogique.

Pour cette conseillère pédagogique, les enseignantes et les enseignants débutants sont loin de se poser des questions sur leur développement professionnel à leurs débuts parce que chaque jour est une nouveauté. Il s’agit d’une première période d’apprentissages, d’erreurs et ainsi de suite : « La pratique professionnelle, c’est clair que ça ne fait pas partie des priorités quand ils commencent leur carrière, mais cela vient ensuite » (CPfo1). Le programme vient plus vite que la pratique professionnelle, car les enseignantes et les enseignants se rendent compte assez vite que leurs cours

font partie d’un programme, donc il faut qu’ils le maîtrisent également. D’ailleurs, l’enseignante débutante de la formation continue disait que le programme, c’est ce qui lui a permis de « s’enligner » (Efc1, 2), puisqu’elle n’était pas en contact avec d’autres collègues que sa conseillère pédagogique quand elle a commencé à enseigner.

Pour la conseillère pédagogique de la formation continue, la section sur la pratique professionnelle permet d’élaborer son propre système de pensée et d’action. Pour y arriver, elle souligne que souvent, les enseignantes et les enseignants débutants se basent sur les gens qui sont autour et leurs premières expériences pour se diriger. Avec le temps, ils établissent leur propre système selon leurs acquis personnels. Ils développent leur pensée un peu plus, donc c’est pour cette raison que cela ne vient pas dès l’embauche : cela nécessite du temps pour évoluer. Selon elle, c’est le même phénomène d’appropriation qui survient pour le programme.