• Aucun résultat trouvé

1. Mise en place d’entretiens pharmaceutiques pour les patients sous AVK

1.2 Des exemples concluants à l’étranger

Au Québec, dès le 30 janvier 2003, la réalisation d’entretiens pharmaceutiques pour les patients sous AVK a été rendue possible. Comme en France, le patient a le libre choix du pharmacien qui réalise son suivi. Ces entretiens durent une trentaine de minutes et sont effectués suite à une prise de rendez-vous. De la même façon, le pharmacien doit avoir actualisé ses connaissances sur le sujet et il est de sa responsabilité de s’assurer qu’il a les connaissances suffisantes pour le suivi des traitements anticoagulants. Ainsi, si nécessaire, il doit compléter ses connaissances par des activités de développement professionnel continu. L’Ordre des Pharmaciens du Québec encourage fortement les pharmaciens à se former pour cette mission, notamment en proposant des formations gratuites. Les points de divergences avec les entretiens en France sont qu’au Québec, uniquement la warfarine et l’acénocoumarol sont utilisés. Mais surtout, le rôle du pharmacien québécois est plus étendu, en particulier par le fait qu’il soit notamment autorisé à modifier le traitement AVK, à programmer le prochain INR, et qu’il ait accès aux analyses biologiques du patient. De plus au Québec, l’échange entre pharmaciens et prescripteurs est obligatoire. Ils doivent se fournir réciproquement toutes les informations nécessaires au bon suivi du patient. Ceci ne pose aucun problème du fait que le protocole de suivi de ces patients a été rédigé conjointement par le collège des médecins du Québec et l’ordre des pharmaciens québécois. [29] Autre point de divergence : les pharmaciens ne perçoivent aucune rémunération pour ce service, mais peuvent demander aux patients de payer environ 25 dollars par ajustement, auxquels peuvent s’ajouter des frais d’ouverture de dossier. [30]

1.2.2 Voisins européens

Au niveau européen, les nouvelles missions du pharmacien interviennent dans un contexte où un nouveau mode de rémunération s’impose du fait du contexte économique difficile avec la baisse des marges. La désertification médicale dans de nombreux pays comme la Grande-Bretagne a accéléré le processus avec l’introduction, dès 2003, des premiers services pharmaceutiques. De plus, une des volontés des états est de mieux exploiter la pharmacie d’officine dans le système de soins, via l’apparition de nouveaux services pharmaceutiques. Malgré cela, rares sont les pays à avoir inscrit les services pharmaceutiques à l’échelle

29

nationale. [31] On peut remarquer que le mode de financement des services pharmaceutiques diverge : ces derniers ne sont pas forcément rémunérés. Selon le pays, on peut avoir un financement par l’état comme au Royaume-Uni, une prise en charge par les assureurs comme au Pays-Bas, ou encore des services payés directement par le patient comme en Italie.

1.2.2.1 Exemple de l’Angleterre [32]

Le groupe Alliance Boots a été commissionné par le service de santé publique britannique pour développer un service de suivi pharmaceutique des patients sous anticoagulants oraux. Ce dispositif réalisé dans 18 pharmacies concernait 2500 patients dont 60 à 70 % de personnes âgées. Les entretiens de routine durent environ dix minutes et permettent de réaliser un test de mesure de l’INR, ainsi que de poser une série de questions ouvertes ciblées afin de vérifier différentes informations (dosage pris par le patient, historique des traitements via un logiciel et la coopération des médecins). En fonction du résultat de l’INR, le pharmacien peut modifier la posologie de l’anticoagulant. Le prochain rendez-vous est alors fixé en fonction de la stabilité de l’INR. Toutes les informations récupérées (dosage d’INR, modifications du traitement) sont reportées sur le logiciel informatique et dans un livret de suivi que le patient doit toujours avoir avec lui lors de ses rendez-vous. En ce qui concerne la logistique, la prise de rendez-vous est obligatoire et le patient doit être référencé par un médecin ou un hôpital. Certaines pharmacies peuvent accueillir jusqu’à 20 patients par jour à des heures adaptées aux professionnels, soit tôt le matin, soit après les heures de bureau en soirée. Au niveau de la rémunération, les pharmacies perçoivent un forfait variable selon la taille de la pharmacie, négocié au niveau régional et versé par l’équivalent de l’Agence Régionale de Santé. Un des éléments qui a conditionné la réussite de ce programme est une formation rigoureuse des pharmaciens. Ainsi, avant de réaliser les entretiens, une formation de trois jours était réalisée à l’Université de Birmingham, un centre d’excellence en matière d’anticoagulation. De plus, une phase d’observation où les pharmaciens réalisent dix entretiens est faite sous l’œil d’un superviseur, avant qu’ils ne mènent ces entretiens de façon indépendante. Les points positifs qui ressortent de cette expérience sont qu’il n’y a pas forcément besoin d’un grand espace pour réaliser ce service (une petite salle réservée à cet effet suffit). Les pharmaciens ayant réalisé ce suivi sont satisfaits. Ces entretiens permettent de valoriser le rôle du pharmacien en exploitant totalement l’ensemble de leur expertise pharmaceutique et en renforçant la collaboration avec les autres professionnels de santé (hôpitaux et médecins). Ces entretiens permettent d’adapter le suivi à chaque patient et de renforcer la relation de confiance pharmacien/patient. Le retour des patients a été très positif, et encourage les pharmaciens à continuer à pratiquer ce genre de services à valeur ajoutée.

30

1.3 Point de vue des différents acteurs sur les entretiens AVK en officine