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Exemple d’application : lois d’additions compl` etes en genre 2

SoitA

k

une vari´et´e ab´elienne sur un corpsk, plong´ee dans un espace projectifP

r

(k) :

ι: A ,−→P

r

(k).

Rappelons qu’au chapitre2, nous avions not´eµla loi de groupe surA:

µ: A×A −→ A

(x, y) 7−→ x+y.

Surι(A), cette loi de groupe µsera alors donn´ee localement par des polynˆomes.

Notons k[X

0

, . . . , X

r

]/I

X

l’anneau des fonctions r´eguli`eres sur ι(A). L’indice X dans I

X

permet

de savoir dans quel « espace » l’id´eal doit ˆetre consid´er´e. L’anneau des fonctions r´eguli`eres sur le

pro-duitι(A)×ι(A) est

R:=k[X

0

, . . . , X

r

]/I

X

⊗k[Y

0

, . . . , Y

r

]/I

Y

'k[X

0

, . . . , X

r

, Y

0

. . . , Y

r

]/(I

X

+I

Y

).

D´efinition 5.5.1. Une loi d’additionpde bidegr´e(m, n)surι(A)⊂P

r

est un ouvert non videU deA×A

etr+ 1polynˆomesp

i

appartenant `aR bihomog`ene de degr´emenX

0

, . . . , X

r

et de degr´enenY

0

, . . . , Y

r

et tels que pour tout(x, y)dansU k,

ι(µ(x, y)) =p

0

(ι(x), ι(y)) :. . .:p

r

(ι(x), ι(y)).

C’est `a dire que le diagramme suivant doit ˆetre commutatif

U ⊂A×A

µ



ι×ι

//P

r

×P

r (p0,...,pr)

A 

ι

//P

r

D´efinition 5.5.2. Un ensemble de lois d’addition est ditk-complet si pour tout point deA×Ail existe

une loi d’addition d´efinie sur un ouvert contenant ce point.

Si cet ensemble est r´eduit `a une seule loi, on parle de loi d’addition k-compl`ete.

Lange et Ruppert [LR85] donnent une caract´erisation des lois et des ensembles de lois k-compl`etes.

En particulier ils montrent que le degr´e minimal d’une loi d’addition est (2,2). Par ailleurs, il n’existe pas

de loik-compl`ete, en effet dans [AKR11], il est prouv´e que pour qu’un ensemble de lois soitk-compl`etes

il doit contenir strictement plus deglois. Sur un corps non alg´ebriquement clos, il peut cependant exister

des loisk-compl`etes.

Exemple 5.5.3. Il existe des exemples de courbes elliptiques ayant une loi d’addition k-compl`ete : par

exemple les courbes d’Edwards [Edw07,BL07] ou les courbes hessiennes tordues [FJ10].

Pour les courbes d’Edwards, le mod`ele classique x

2

+y

2

= 1 +dx

2

y

2

est singulier. Avant de pouvoir

l’utiliser avec la th´eorie pr´ec´edente il faut consid´erer le plongement projectif normal associ´e [Koh11] :

X

02

+X

12

=X

22

+dX

32

, X

0

X

3

=X

1

X

2

.

L’addition classique sur la courbe d’Edwards devient alors

(X

0

, X

1

, X

2

, X

3

) + (Y

0

, Y

1

, Y

2

, Y

3

) =

X

02

Y

02

−d

2

X

32

Y

32

,(X

1

Y

2

+X

2

Y

1

) (X

0

Y

0

−dX

3

Y

3

),

(X

0

Y

3

−X

3

Y

0

) (X

0

Y

0

+dX

3

Y

3

),(X

1

Y

2

+X

2

Y

1

) (X

0

Y

3

−X

3

Y

0

)

.

Cette loi est de bidegr´e(2,2) et estk-compl`ete sidn’est pas un carr´e dansk.

Soitkun corps ayant un groupe de Galois absolu Gal(k/k) infini. Cette condition contient les corps finis

ou les corps de nombres et elle permet d’´eviter les corps alg´ebriquement clos. Arene, Kohel et Ritzenthaler

[AKR11] prouvent que pour toute vari´et´e ab´elienne surk, il existe un plongement projectif de la vari´et´e

et une loi d’addition k-compl`ete. Dans le cas de la dimension 1, ils montrent que le plongement peut

ˆ

etre le mod`ele de Weierstraß et que pour la dimension 2, il est possible d’utiliser les fonctions thˆeta de

niveau 4 (en supposant que le cardinal deksoit assez grand).

Dans le cas des courbes hyperelliptiques de genre 2, nous allons chercher une loi de bidegr´e (2,2) qui

soit k-compl`ete en utilisant la construction due `a Arene, Kohel et Ritzenthaler. La caract´erisation de

[LR85, lemme 2.1] des lois d’additions sur une vari´et´eAest la suivante : H

0

(A×A,M

m,n

) est isomorphe

(l’isomorphisme ´etant explicite) en tant qu’espace vectoriel aux lois de bidegr´e (m, n) o`u M

m,n

est un

fibr´e sur A×Aassoci´e au fibr´eL surA (qui d´etermine le plongement de AdansP

r

). Dans le cas o`u L

est sym´etrique nous avonsM2

,2

Lavecδl’application

δ: A×A −→ A

(x, y) 7−→ x−y.

SoitCune courbe de la formey

2

=f(x) avecf de degr´e 5 sur un corps finikde taille au moins ´egale

`

a 7. Supposons Jac

k

(C) plong´ee dansP

15

(k) `a l’aide des fonctions thˆeta de niveau (2,2) (c’est `a dire que

les thˆeta constantes doivent appartenir `a k).

SoitK/k une extension de degr´e 2 dek et soit x

0

∈K n’appartenant pas `a k et tel que f(x

0

) ne soit

pas un carr´e dansK. Soienty

0

∈L tels quey

2

0

=f(x

0

). Le corpsL est donc une extension quadratique

deK. NotonsP

0

= (x

0

, y

0

) le point deC(L) correspondant. Posonsα

0

=P

0

+P

π

0

−2P

∈Jac

L

(C) o`uπ

est le Frobenius (´el´evation `a la puissanceq= #k). Les conjugu´es sous l’action de Gal(L/k) deα

0

sont

α

0

= P

0

+P

0π

−2P

, α

1

= P

0π

+ι(P

0

)−2P

,

α

2

= ι(P

0

) +ι(P

0

)

π

−2P

α

3

= ι(P

0

)

π

+P

0

−2P

o`uιd´esigne l’involution hyperelliptiqueι((x, y)) = (x,−y). Posons T

αi

Θ les translat´es du diviseur Θ par

lesα

i

et soitDleur somme :

D= T

α0

Θ + T

α1

Θ + T

α2

Θ + T

α3

Θ.

Le diviseur D est un diviseur sur la vari´et´e ab´elienne Jac

k

(C) (il faut v´erifier qu’il est invariant sous

l’action de Gal(L/k)) mais il ne poss`ede aucun point rationnel (c’est-`a-dire qu’aucun point de Jac

k

(C)

n’appartient `a D). Par ailleurs ce diviseur est ample et sym´etrique.

Combin´e avec un r´esultat de [AKR11], ceci d´emontre qu’il existe une loik-compl`eteP de bidegr´e (2,2)

pour le plongement de Jac

k

(C) dans P

15

(k) donn´e par les thˆeta de niveau (2,2). Formellement il faut

consid´erer le plongement associ´e `a L(4Θ) et le loiP est telle que son ensemble de non-d´efinition (surk)

soitδ

D.

Remarque 5.5.4. La construction pr´ec´edente peut ˆetre adapt´ee pour d’autres types de corps, par exemple

les corps hilbertiens (voir [AKR11]).

Pour simplifier la pr´esentation, nous consid`erons les fonctions thˆeta sur le corps de base C. Les

r´esultats suivants s’´etendent directement aux sous corps deCet par le principe de Lefschetz aux corps de

caract´eristique 0. Pour d’autres types de corps (et en particulier les corps finis), il faut utiliser la th´eorie

alg´ebrique des fonctions thˆeta. Cependant les preuves restent facilement adaptables dans ce nouveau

formalisme.

Reprenons les r´esultats de la section 3.2.1. Les lois de Baily P

a,b

(lois d’addition en niveau (2,2))

sont d´efinies pour tousaetb dans

12

Z

g

/Z

g

par

A×A ⊂ A

4g

×A

4g

−→ A⊂A

4g

θ[

ab

] (2z,Ω)

a,b

, θ[

ab

] (2z

0

,Ω)

a,b

7−→ θ[

ab

] (2(z−z

0

),Ω)θ[

ab

] (2(z+z

0

),Ω)

a,b

o`u a et b appartiennent `a

12

Z

g

/Z

g

. Pour calculer l’application pr´ec´edente, nous utilisons les formules

suivantes :

θ[

ab

] (2(z−z

0

),Ω)θ[

a b

] (2(z+z

0

),Ω) = 1

θ

a3 b3

(0,Ω)θ

a4 b4

(0,Ω)

1

2

g

×

× X

α,β∈12

Z

g/

Z

g

θh

A+a1+α B+b1

i

(2z,Ω)θh

−A+a2+α −B+b2

i

(2z,Ω)θh

−A+a3+α −B+b3

i

(2z

0

,Ω)θh

−A+a4+α −B+b4

i

(2z

0

,Ω)

(5.4)

o`ua

3

, a

4

, b

3

, b

4

sont choisis dans

12

Z

g

/Z

g

de telle sorte que les thˆeta constantes ne soient pas nulles et que

A= a+a+a

3

+a

4

2 , B=

b+b+b

3

+b

4

2

appartiennent `a

12

Z

g

/Z

g

. La propri´et´e 3.2.1 montre que l’´equation 5.4 est ind´ependante du choix des

´el´ementsa

3

, a

4

, b

3

, b

4

. La diff´erence entre deux ´equations provenant de choix diff´erents appartient en fait

`

a l’id´eal de la vari´et´e (engendr´e par les ´equations de Riemann3.1.13) et est donc nulle pour tousz, z

0

.

Ces lois sont clairement de bidegr´e (2,2). Leur domaine de non-d´efinition est constitu´e par le lieux de

pointsz, z

0

tels queθ[

ab

] (2(z−z

0

),Ω) = 0. D’apr`es la propri´et´e3.1.22c’est donc le diviseurδ

T

K+Ωa+b

Θ.

Lemme 5.5.5. Les lois de Baily sont lin´eairement ind´ependantes.

Une preuve ´el´ementaire surCde ce lemme est la suivante.

D´emonstration. Supposons qu’il existe des coefficientsλ

a,b

tels que

X

a,b∈1

2Zg/Zg

λ

a,b

P

a,b

= 0.

C’est-`a-dire que pour tous vecteursz, z

0

deC

g

,

X

a,b∈1

2Zg/Zg

λ

a,b

P

a,b

(z, z

0

) = 0.

En particulier pourz

0

= 0 et en consid´erant la coordonn´eea,b, nous obtenons

X

a,b∈1

2Zg/Zg

λ

a,b

θ[

ab

] (2z,Ω)θ[

ab

] (2z,Ω) = 0.

Comme il existe une coordonn´eea,btelle queθ[

a

b

] (2z,Ω) soit non nulle, nous avons que pour toutz,

X

a,b∈1

2Zg/Zg

λ

a,b

θ[

ab

] (2z,Ω) = 0.

Le th´eor`eme3.1.10implique alors que les λ

a,b

sont tous nuls.

Lemme 5.5.6. Les lois de Baily forment une base des lois d’addition de bidegr´e(2,2).

D´emonstration. Les lois d’addition de bidegr´e (2,2) forme un espace vectoriel isomorphe `a

H

0

(A×A,M2

,2

) = H

0

(A×A, δ

L)'δ

H

0

(A,L).

La dimension de ce dernier espace est de 4

g

car le plongement est dans P

4g−1

. Or le lemme pr´ec´edent

montre que les 4

g

lois de Baily forment une famille libre, c’est donc une base.

Nous allons exprimer la loi P cherch´ee comme combinaison lin´eaire des loisP

i

:

P= X

a,b∈12

Z

g/

Z

g

λ

a,b

P

a,b

.

Par abus de notation, siD etD

0

correspondent aux vecteursz etz

0

deC

g

, nous notonsP(z, z

0

) au lieu

deP(D, D

0

). Avec la d´efinition pr´ec´edente des lois de Baily nous avons alors pour tous vecteursz,z

0

et

toutes coordonn´ees (a,b)

ρ

z,z0

θ[

ab

] (2(z+z

0

),Ω) = X

a,b∈12

Z

g/

Z

g

λ

a,b

θ[

ab

] (2(z−z

0

),Ω)θ[

ab

] (2(z+z

0

),Ω)

o`uρ

z,z0

est un facteur projectif d´ependant uniquement dez,z

0

et ´evidement deP. Il existe une coordonn´ee

non nulle et nous avons donc la relation

ρ

z,z0

= X

a,b∈12

Z

g/

Z

g

λ

a,b

θ[

ab

] (2(z−z

0

),Ω).

La loi P n’est pas d´efinie pour les points deA×A du type (D, O

A

) o`u D ∈ D. Pour ces points nous

avonsP(D, O

A

) = (0)

a,b

qui n’est donc pas un pointP

15

. Pour un tel point, posonsz un vecteur deC

g

correspondant `a D, nous obtenons

0 = X

a,b∈12

Z

g/

Z

g

λ

a,b

θ[

ab

] (2z,Ω). (5.5)

Lemme 5.5.7. Les coefficients λ

a,b

correspondants aux lois P

a,b

impaires (c’est-`a-dire les lois pour

lesquelles(−1)

4tab

=−1) sont nuls.

D´emonstration. Remarquons que siD appartient `a D alors il en est de mˆeme deι(D) (par contre ι(D)

n’appartient pas au mˆeme T

αi

Θ queD). En comparant l’´equation5.5pourDetι(D) nous obtenons que

0 = X

a,b∈1

2Zg /Zg (−1)4tab=1

λ

a,b

θ[

ab

] (2z,Ω).

Par ailleurs, cette ´equation est aussi valide pourz = 0 car les fonctions sont impaires. Nous avons donc

obtenu une ´equation lin´eaire valide surD ∪{0}. Comme le plongement deAconsid´er´e est associ´e `aL(4Θ),

cette ´equation est alors valide sur tout A. Comme les fonctions thˆeta sont lin´eairement ind´ependantes,

les coefficients de la relation lin´eaire doivent ˆetre nuls.

Remarquons finalement que P n’est d´efinie qu’`a un facteur pr`es par le diviseurD, nous cherchons

donc `a obtenir les λ

a,b

`a un facteur projectif pr`es. Pour tout point D de D nous avons les relations

suivantes entre lesλ

a,b

:

0 = X

a,b∈1

2Zg /Zg (−1)4tab=1

λ

a,b

θ[

ab

] (2z,Ω). (5.6)

Chaque point de Dfournira donc une relation entre les λ

a,b

. Les lois de Baily ´etant g´en´eratrices, et la

loiP ´etant« d´efinie» parD, nous avons suffisamment de relations pour obtenir lesλ

a,b

(`a un facteur

projectif pr`es).

En pratique, les ´el´ements D de T

αi

Θ s’expriment facilement en coordonn´ees de Mumford : ils sont

du type D = (P −P

) +α

i

o`u P est un point de la courbe C. Grˆace aux morphismes (section 5.3),

nous pouvons alors calculer les coordonn´ees thˆeta de niveau (2,2) correspondant `a D pour obtenir des

relations5.6. Nous obtenons un syst`eme lin´eaire de rang 9 (il y a 10 inconnues projectives).

En pratique, nous prenons un i au hasard puis un ´el´ement D de Θ

αi

. Le syst`eme obtenu est presque

toujours de rang 9 apr`es avoir g´en´er´e 9 ´equations. Pour trouver un ´el´ement non nul du noyau, nous

pouvons alors utiliser les m´ethodes classiques d’alg`ebre lin´eaire.

Nous avons remarqu´e qu’avec uniquement des points toujours dans le mˆeme Θ

αi

alors le rang du

syst`eme sera strictement inf´erieur `a 9. Cela est coh´erent avec la th´eorie : le fibr´eLqui d´efinit le plongement

est associ´e `aD. Or il existe plusieurs diviseursDayant les propri´et´es demand´ees et partageant une mˆeme

composante Θ

αi

.

Les calculs pratiques (utilisant les morphismes deAVIsogenies) sont relativement efficaces.

Cepen-dant, pour des corps de taille cryptographique, le calcul peut prendre quelques minutes.

Th´eoriquement, cette m´ethode est valide sur des corps de fonctions, et nous pourrions obtenir une formule

rationnelle pour lesλ

a,b

en fonction des param`etres de la courbe et des ´el´ementsx

0

, y

0

. Nous avons les

param`etres suivants :

– la courbe hyperelliptique est d´efinie par ses trois invariants de Rosenhain (λ, µ, ν).

– Les thˆeta constantes de niveau (2,2) associ´ee `a la courbe doivent ˆetre rationnelles.

– Un point x

0

appartenenant `a une extension quadratique du corps de base (mais pas au corps de

base) et tel quef(x

0

) ne soit pas un carr´e.

– Une racine carr´eey

0

def(x

0

).

Il faut ensuite g´en´erer des pointsP au hasard en coordonn´ee de Mumford pour r´esoudre le syst`eme. Le

corps de fonction consid´er´ee serait donc de degr´e de transcendance sup´erieure ou ´egal `a 4. Par ailleurs il

derait n´ecessaire de prendre des extensions alg´ebriques de degr´e

– 2

13

pour que les theta constantes soient rationnelles,

– 2 pour d´efinir le corpsK auquel appartiendrax

0

,

– 2 pour construirey

0

.

soit une extension alg´ebrique de degr´e totale 2

15

. Les calculs sont donc inapplicables en pratique.

Une autre solution pourrait ˆetre de calculer lesλ

a,b

pour un certain nombre de courbes et d’utiliser des

m´ethodes d’interpolations pour reconnaˆıtre des fractions rationnelles. Cependant, le nombre de variables

(3 invariants de Rosenhain et les coordonn´ees (x

0

, y

0

)) et le degr´e de ces fractions sont trop ´elev´es pour

esp´erer pouvoir faire les calculs.

Donnons un exemple de loi compl`ete sur la courbe

y

2

=f(x) =x

5

+ 5782x

4

+ 2517x

3

+ 2312x

2

+ 9402x

d´efinie sur le corpsF

10007

. Les thˆeta constantes (non nulles) associ´ees `a cette courbe sont (avec la num´

e-rotation de Dupont) :

θ

0

= 1, θ

1

= 7727, θ

2

= 678, θ

3

= 5242, θ

4

= 3926,

θ

6

= 7092, θ

8

= 5628, θ

9

= 3666, θ

12

= 7556, θ

15

= 904.

Posons alors

K=F

10007

[X]/X

2

+ 1'F

100072

.

Soitx

0

= 8310+2164√

−1, le pointx

0

,pf(x

0

)est alors un point de la courbeC(F

100074

) n’appartenant

pas `a la courbeC(F

100072

). Les coefficientsλ

i

(avec la notation de Dupont) non nuls sont alors `a un facteur

pr`es

λ

0

= 1, λ

1

= 1940, λ

2

= 9380, λ

3

= 6924, λ

4

= 5155,

λ

6

= 1278, λ

8

= 7239, λ

9

= 6859, λ

12

= 1761, λ

15

= 5891.

Ce calcul a pris une vingtaine de secondes. Nous pouvons v´erifier que la loi est F

10007

-compl`ete. Cette

v´erification exhaustive prend par contre plusieurs jours. Pour r´eduire le temps de calcul, nous avons utilis´e

le fait que d’apr`es [LR85, proposition 2.2], pour tout diviseur D de Jac(C) (F

10007

), nous devons avoir

Chapitre 6

Formules `a la Thomae

Soit C : y

2

= Q2

i=1g+1

(x−a

i

) une courbe hyperelliptique. La formule de Thomae (introduite au

th´eor`eme3.1.19) exprime les puissances 4-i`emes des thˆeta constantes de niveau (2,2) de la familleF

(2,2)

(ou de mani`ere ´equivalente, les carr´es des thˆeta constantes de niveau 2 de la familleF

(2,2)2

) en fonction

des param`etres de la courbe.

Nous souhaitons obtenir les thˆeta constantes de niveau n(premier avec la caract´eristique de corps)

associ´ees `a un plongement de la jacobienne de la courbe hyperelliptique dans l’espace projectifP

ng1

(C).

C’est-`a-dire que nous n’avons pas besoin des valeurs exactes des fonctions thˆeta ´evalu´ees en 0 mais celles

de certains quotients. La formule de Thomae se r´e´ecrit de la mani`ere suivante : soit un sous-ensembleS

de{1, . . . ,2g+ 1} ∪ {∞}

θ[η

U ◦S

]

θ[0]

4

=

(−1)

#(U \S) Q i∈U j /∈U (ai−aj) Q i∈S j /∈S (ai−aj)

si #S∈ {g, g+ 1},

0 sinon.

Des preuves de ce cas particulier sont donn´ees dans [Zar28, EF08]. Rappelons que, au signe pr`es, les

fonctions thˆeta associ´ees `aS et `aS

c

(o`u le compl´ementaire est pris dans {1, . . . ,2g+ 1} ∪ {∞}) sont les

mˆemes.

Il existe diff´erents type de g´en´eralisation de la formule de Thomae. Par exemple des formules `a la

Thomae (c’est-`a-dire donnant les thˆeta constantes de niveaunen fonction des param`etres de la courbe)

ont ´et´e d´ecouvertes pour d’autres types de courbes. La principale m´ethode pour obtenir ces formules

consiste `a utiliser la g´eom´etrie des courbes par rapport `a un certain entier n pour obtenir les thˆeta

constantes de niveaun. De ce fait l’entier nest d´eterminer par la forme de la courbe. Dans notre cas,

nous nous int´eressons au cas de courbes hyperelliptiques (de genre quelconque) mais nous voulons faire

varier le niveau des thˆeta constantes.

Nous commen¸cons par pr´esenter une m´ethode analytique. Cette m´ethode permet de retrouver les

for-mules de Thomae pour le niveau (2,2) et couvre le genre 1. Dans la section6.2, nous expliquons comment

extraire les racines de fa¸con `a obtenir les vraies valeurs des thˆeta constantes. Pour le genre sup´erieur,

nous n’avons pas r´eussi `a conclure par la m´ethode analytique. Dans la section6.3, nous proposons une

autre m´ethode qui n´ecessite d’utiliser les fonctions de niveau (2,2).

6.1 M´ethode analytique

6.1.1 Id´ee g´en´erale

Rappelons que l’application d’Abel-Jacobi a ´et´e d´efinie par

u:

(

Jac(C) −→ C

g

Pn

i

P

i

7−→ P R

Pi

o`u Ω est la matrice des p´eriodes de la courbes. Nous supposons le polynˆomef de degr´e impair et nous

donnons un ordre `a ses 2g+ 1 racines

f(x) =

2g+1

Y

i=1

(x−a

i

)

Nous notonsK la constante de Riemann introduite en2.3.16:

K= Ωη

U0

U00

=u X

l∈U

(a

l

,0)−(g+ 1)P

!

t

η

U0

=

1

2,

1

2, . . . ,

1

2

,

t

η

U00

=

g

2,

g−1

2 , . . . ,

1

2

.

NotonsKle diviseurP

l∈U

(a

l

,0)−(g+ 1)P

de Jac(C). Ainsi, nous avonsK=u(K). Par abus de

nota-tions, les fonctions thˆeta ´etant toujours associ´ees `a la matrice Ω, nous ´ecrivonsθ[e](z) au lieu deθ[e](z,Ω).

Pour tout entiern, nous nous int´eressons aux thˆeta constantes de niveaunde la familleF

(n,n)n

:

θ[

ab

] (0)

n

a, b∈

n1

Z

g

/Z

g

.

Rappelons que la formule3.17permet alors de calculer projectivement les thˆeta constantes de niveaun

des autres bases.

Pour tout ´el´ementα∈C

g

et tout vecteurede

1

n

Z

2g

, la fonction

C

g

−→ P

1

(C)

z 7−→

θ[e] (z+α)

θ(z+α)

n

est invariante sous l’action de Λ

et induit donc en une fonction deC

g

dansC. Nous pouvons alors

la composer avec l’application d’Abel-Jacobi :

D´efinition 6.1.1. SoitD un ´el´ement de Jac(C). Soit un entier n >1 et soiteun vecteur de

1

n

Z

2g

. La

fonction

q:

Jac(C) −→ P

1

(C)

δ 7−→

θ[e] (u(δ)−u(D)− K)

θ(u(δ)−u(D)− K)

n

est bien d´efinie et est analytique.

Nous notons q

e

(·;D) pour pr´eciser la d´ependance deqen D ete. Pour obtenir une puissance de la

thˆeta constante qui nous int´eresse, nous voulons calculer

q

e

(D+K;D) =

θ[e] (0)

θ(0)

n

.

Supposons que la caract´eristiqueecorresponde `a un diviseurE∈Jac(C), c’est-`a-dire que nous supposons

queu(E) = Ωe

0

+e

00

. D’apr`es3.1.22, la fonctionq

e

(· ;D) a pour diviseur nT

D−E

Θ−nT

D

Θ. D’apr`es

[Ser56], il existe une fraction rationnelle que nous notonsR qui a le mˆeme diviseur queq. De ce fait, il

existe une constanteB (par rapport `aδ mais pouvant d´ependre deD ete) telle que

q

e

(δ;D) =B

e

(D)R

e

(δ;D)

o`u nous avons pr´ecis´e la d´ependance par rapport aux param`etres eet D. En utilisant la propri´et´e3.1.2

et la parit´e de la fonction thˆeta de Riemann, nous pouvons montrer que

q

e

(δ−E;D)q

e

(−δ;−D) = exp 2iπn

t

e

0

e

00

.

Nous obtenons donc

B

e

(D)B

e

(−D) = exp (2iπn

t

e

0

e

00

)

R

e

(δ−E;D)R

e

(−δ;−D).

Si D est un diviseur de 2-torsion, nous obtenons le carr´e deB. En particulier, pourD =O, nous avons

le lemme

Lemme 6.1.2. Avec les notation pr´ec´edentes,

θ[e] (0)

θ(0)

2n

=q

e

(K; 0)

2

= exp 2iπ2n

t

e

0

e

00

R

e

(K;O)

R

e

(K−E;O)

o`u Rest une fraction rationnelle sur Jac(C)de diviseur nT

E

Θ−nΘ.

La partie difficile est de construire la fractionR. Ce r´esultat est atteint dans la section 6.1.2pour le

genre 1 et dans la section6.1.3pour le niveau (2,2).

La m´ethode propos´ee par Riemann [Rie57, p. 154-155] consiste `a ´etudier la restriction de la fonction

qpr´ec´edente sur la courbeC: y

2

=f(x) vue comme une surface de Riemann compacte. Pour distinguer

les deux fonctions nous la notonsq

0

:

q

0

:

C −→ P

1

(C)

δ 7−→

θ[e] (u(δ)−u(D)− K)

θ(u(δ)−u(D)− K)

n

.

Cette fonction est encore bien d´efinie et est analytique. Pour ´etudier ses z´eros et ses pˆoles, nous devons

supposer queD est de poidsg: posons alors D=D

1

+. . .+D

g

−gP

. Pour obtenir la thˆeta constante

cherch´ee, nous voulons alors ´evaluer la fonction enδ= (a

1

,0) etD

i

= (a

2i+1

,0). Soit

F =F

1

+. . .+F

g

−gP

le diviseur r´eduit dans la classe deD−E. D’apr`es3.1.23, le diviseur deq

0

est alorsnF−nD (c’est-`a-dire

que les points du support deD sont des pˆoles de degr´ende la fonction et que ceux du diviseur r´eduitF

sont ses z´eros et sont ´egalement d’ordren). Il existe une fraction rationnelle que nous notonsR

0

qui a le

mˆeme diviseur queq. De ce fait, il existe une constanteB

0

telle que

q

0e

(δ;D) =B

0e

(D)R

0e

(δ;D).

Cette fois,R

0

est une fraction rationnelle en (x, y) les coordonn´ees des points sur la courbe. La fractionR

0

est facilement constructible avec l’algorithme de Cantor. Par contre nous ne pouvons plus appliquer la

m´ethode pr´ec´edente pour calculer B

0

car δ−E n’est pas un point de C. Dans [Zar28, p. 324], Zariski

propose d’exprimer

q

e0

(F

1

;δ, ι(F

2

), . . . , ι(F

g

))

en fonction deq

0e

(δ, D). L’´equation obtenue est

q

0e

(F

1

;δ, ι(F

2

), . . . , ι(F

g

))q

e0

(δ;D

1

, . . . , D

g

) = exp 2iπn

t

e

0

e

00

et donc

B

e0

(δ, ι(F

2

), . . . , ι(F

g

))B

0e

(D

1

, . . . , D

g

) = exp (2iπn

t

e

0

e

00

)

R

0 e

(δ, ι(F

2

), . . . , ι(F

g

))R

0 e

(D

1

, . . . , D

g

).

SiB

0

ne d´epend pas des pointsD

i

, nous pouvons alors calculerB

02

. De mˆeme, siB

0

ne d´epend que d’un

seulD

i

, il est possible de modifier la preuve pr´ec´edente pour obtenir une expression deB

02

. Th´

eorique-ment, il est possible de modifierR

0

pour supprimer la d´ependance de B

0

en lesD

i

. Nous connaissons les

z´eros et pˆoles de q

0

en toutes les variables mais le probl`eme est que lors de la construction de R

0

, des

pˆoles et z´eros«parasites »sont cr´e´es.

6.1.2 Genre 1

Dans le cas du genre 1, nous identifions la courbe avec sa jacobienne. La fraction rationnelle R est

facilement constructible. Rappelons qu’elle a pour diviseurn ι(E)−nP

o`uE est un point den-torsion

et o`u ι est l’involution hyperelliptique. De plus, nous devons l’´evaluer en le diviseur ρ(K)−ρ(K−E)

o`uρ(D) d´esigne le diviseur r´eduit dans la classe d’un diviseur D.

Ceci peut se faire avec le mˆeme type d’algorithme que celui utilis´e pour le couplage de Tate en

faisant attention au fait que nous n’avons pas le droit de prendre un autre diviseur dans la classe

de ρ(K)−ρ(K−E). En effet le r´esultat doit ˆetre exact et non pas modulo une racine de l’unit´e. Si

le support deρ(K)−ρ(K−E) n’est pas disjoint des supports deρ(k ι(E)−kP

) pour tout 1≤k≤n,

il faut travailler dans le corps de fonctions de la courbe.

Soitkun corps et soitEla courbe elliptiquey

2

=x(x−1)(x−λ) o`uλ∈k. Supposons num´erot´ees les

racines dans l’ordre suivant{0, λ,1}. Sikse plonge dansC, nous avons queE(C)'C/(ωZ+Z) avecω

dans le demi-plan de Poincar´eH1. Nous pouvons supposer que le point (0,0) s’envoie sur le pointω/2,

le point (1,0) sur 1/2 et le point (λ,0) surω/2 + 1/2.

Supposons que notre corps n’est pas canoniquement plong´e dans C. Dans le cas des niveaux impairs,

nous pouvons choisir n’importe quelle base symplectique de lan-torsion deCZ+Zpour l’image d’une

base symplectique de lan-torsion de la courbe. Dans le cas des niveaux pairs, nous ne pouvons pas faire

un choix quelconque. En effet, nous avons d´ej`a fix´e l’image des points de 2-torsion et le choix doit ˆetre

compatible. Si le corps de base vient avec un plongement dans C, il faut rajouter les conditions sur le

couplage de Weil (page 31). En effet, la valeur du couplage de Weil de points de la base symplectique

doit correspondre `a la racine de l’unit´e exp(2iπ/n).

Dans le cas des niveaux (n, n) pairs, le groupe Γ

n

fixe les puissancesn-i`emes des thˆeta constantes mais

seul Γ

n,2n

fixe leurs puissances 2n-i`emes. De ce fait, il est possible de prendre certaines racines carr´ees

(voir la section6.2).

Formules pourn= 3

Les formules pour le niveau 3 et le genre 1 ont ´et´e d´ej`a obtenues par Thomae [Tho73] en utilisant a

priori une m´ethode diff´erente. SoitP

3

= (x

3

, y

3

) un point g´en´erique de 3-torsion. La coordonn´eex

3

est

racine du polynˆome :

3X

4

−4(λ+ 1)X

3

+ 6λX

2

−λ

2

.

Comme 2 et 3 sont premiers entre eux, nous pouvons supposer queP

3

s’envoie sur n’importe quel point

de 3-torsion du tore C/(ωZ+Z) quitte `a modifier ω par l’action de Sp(2,Z). Supposons par exemple

que P

3

s’envoie sur le point ω/3. Nous avons alors les thˆeta constantes suivantes correspondant `a P

3

et 2P

3

:

θ

1/03

(0, ω)

θ(0, ω)

!

6

= 3

4x

2 3

λ+1

4

x

3

+λ

2 =

λ(λ−1)

3x

2 3

+ 2(λ−2)x

3

−λ

2

θ

2/3 0

(0, ω)

θ(0, ω)

!6

= θ

1/3 0

(0, ω)

θ(0, ω)

!6

.

SoitQ

3

= (x

03

, y

30

) un autre point de 3-torsion tel que le couplage de Weile

3

(P

3

, Q

3

) soit une racine

primitive 3-i`eme de l’unit´e. Si le corps est canoniquement plong´e dans C, il faut supposer ´egalement que

cette racine est exp(2iπ/3). La coordonn´eex

03

du pointQ

3

est une racine du polynˆome :

(λ−1)X

3

− 3x

33

−(4λ+ 1)x

23

+ (2λ−1)x

3

+ (5λ−4)

X

2

Nous avons alors

θ

0 1/3

(0, ω)

θ(0, ω)

!

6

= 3

4x

02 3

λ+1

4

x

03

+λ

2 =

λ(λ−1)

3x

02 3

+ 2(λ−2)x

03

−λ

2

,

θ

20/3

(0, ω)

θ(0, ω)

!

6

= θ

0 1/3

(0, ω)

θ(0, ω)

!

6

,

θh

11//33

i(0, ω)

θ(0, ω)

6

= 9(2λ−1)x

23

x

032

−6(4λ

2

−λ+ 1)(x

3

+x

03

)x

3

x

03

+ 4(8λ

3

−9λ+ 8)x

3

x

03

−4(λ−2)(4λ

2

+ 3λ−4)(x

3

+x

03

) +λ(38λ

2

−65λ+ 32) y

3

y

30

16λ

2

(λ−1)

2

+3

8(x

2 3

+x

032

)−4λ+ 1

8 (x

3

+x

0 3

) +λ−1

2

exp

2iπ

3

,

θh

22//33

i(0, ω)

θ(0, ω)

6

=

θh

11//33

i(0, ω)

θ(0, ω)

6

,

θh

12//33

i(0, ω)

θ(0, ω)

6

= 9(2λ−1)x

23

x

032

−6(4λ

2

−λ+ 1)(x

3

+x

03

)x

3

x

03

+ 4(8λ

3

−9λ+ 8)x

3

x

03

−4(λ−2)(4λ

2

+ 3λ−4)(x

3

+x

03

) +λ(38λ

2

−65λ+ 32) y

3

y

30

16λ

2

(λ−1)

2

3

8(x

2 3

+x

032

) +4λ+ 1

8 (x

3

+x

0 3

)−λ1

2

exp

2iπ

3

,

θh

21//33

i(0, ω)

θ(0, ω)

6

=

θh

12//33

i(0, ω)

θ(0, ω)

6

.

6.1.3 Niveau (2,2) pour le genre g

Soiteune caract´eristique de niveau (2,2). Nous pouvons ´ecriree=η

U ◦S

o`uS⊂ {1, . . . ,2g+ 1}. De

plus nous pouvons faire l’hypoth`ese que le cardinal de S est congru `a g+ 1 modulo 2. Nous cherchons

alors une fraction rationnelleRayant pour diviseur

2 T

P

l∈U ◦S(al,0)−#(U ◦S)P

Θ−2Θ

et nous voulons ´evaluerRen les deux points

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