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Evolutionnisme et comportements humains

L’oeuvre et la critique de Charles Darwin

III. Evolutionnisme et comportements humains

GUILLO Dominique, 2001, « Les théories néodarwiniennes de la société et de la culture », Sciences Humaines n° 119, août-septembre, pp. 30-33 ;

Dominique Guillo est chargé de recherche au CNRS. Il a publié Sciences sociales et sciences de la vie (2000, Puf).

Quatre courants de la sociobiologie p. 30

(...) On peut dégager au moins quatre grands types de modèles : 1) la sociobiologie humaine stricto sensu ; 2) la théorie des « mèmes », forgée par Richard Dawkins ; 3) les théories de la coévolution gène/culture ; 4) et enfin les théories anthropologiques inspirées des sciences cognitives.

Wilson et la « détermination génétique » des comportements sociaux p. 31

(...) Dans le dernier chapitre, celui qui déclencha la polémique, E.O. Wilson a voulu transposer la logique darwinienne à toute une classe de phénomènes humains : le mariage, la morale, la religion, les rituels, le troc, la division du travail homm/femme. Ainsi, à ses yeux, les normes sociales (règles de l’éthique, de l’évitement de l’inceste, de mariage, de parenté) sont l’expression de dispositions biologiques ancrées dans les gènes humains. Ces dispositions génétiques, dont le siège se trouverait pour l’essentiel dans le système limbique du cerveau, auraient été sélectionnées chez nos ancêtres du pléistocène, en vertu des avantages qu’elles procuraient.

R. Dawkins et les « mèmes » culturels (cf. Sperber)

(...) La culture de chaque groupe humain peut être décrite, selon R. Dawkins, comme un ensemble d’unités qu’il choisit de nommer les « mèmes » - qui forment en quelque sorte les idées élémentaires d’une culture. Un mème - ce peut être l’idée de Dieu, une recette de cuisine, une chanson, une opinion xénophobe, une adagio de Mozart, un théorème mathématique... Les mèmes se transmettent de cerveau à cerveau en se répliquant, tout comme les gènes au cours de la reproduction. La réplication s’effectue ici, principalement, par imitation, au sens large, d’autrui : les bons réplicateurs culturels colonisent ainsi les populations humaines.

Les mèmes se transmettent, se reproduisent fidèlement ou s’altèrent, connaissent plus ou moins de succès et de contagion

p. 32

Les mèmes se transmettent donc d’un cerveau à l’autre comme les virus dans un processus épidémiologique. Mais comme pour les gènes, qui se transmettent également par réplication, il y a parfois des ratés dans le processus de copie. Et cette copie modifiée se solde par la production d’une réplique mutante : le moine du Moyen Age oublie ou modifie une phrase en recopiant un ouvrage ancien ; ou gouvernement fait voter une un amendement à une loi ; une personne change un mot dans le couplet d’une chanson ; ou encore, quelqu’un introduit une amélioration technique dans les moteurs automobiles ou modifie la coupe d’un vêtement. Souvent, les mèmes mutants ne parviennent pas à produire de répliques d’eux-mêmes : en d’autres termes, personne ne les imite.

Mais dans certains cas, sautant d’un cerveau à un autre, ils se répandent dans la population, parfois de façon fugitive - ce sont les modes -, parfois de manière durable - comme le mème de Dieu, par exemple. En ce sens, les mèmes, comme les gènes, sont l’objet d’un processus de sélection.

Les théories d’une coévolution gène/culture

(...) C’est en anthropologie que ces théories ont remporté, jusqu’à aujourd’hui, leurs plus grands succès, notamment à travers le modèle de la transmission des traits culturels de L. Cavalli-Sforza et Marcus W. Feldman, et celui de l’évolution des organismes culturels proposés par Robert Boyd et Peter J. Richerdson. Dans cette discipline, les réflexions théoriques menées autour de l’analogie entre les gènes et les réplicateurs culturels se sont peu à peu orientés vers la constitution d’une théorie globale de la culture, intégrant les deux niveau d’évolution. Deux tendance majeures se dessinent dans ces modélisations de la coévolution gène/culture.

La coévolution gènes/culture selon E.O. Wilson

L’idée générale de la coévolution gène/culture, telle que l’entend E.O. Wilson, peut se résumer ainsi : la sélection naturelle favorise l’acquisition, par les gènes porteurs de certaines aptitudes, des comportements culturels (aptitude à l’apprentissage, création d’outils, maîtrise du langage, conduites sociales, etc.). Les cultures humaines qui se développent à partir de ce fonds d’aptitudes (génétiquement programmées) influent en retour sur la sélection des gènes porteurs de ces comportements.

La peur « naturo-culturelle » des serpents

La peur et la fascination face aux serpents résultent en partie d’un instinct inné chez la plupart des mammifères. Chez les humains, la transmission de la peur du serpent se fait autant par le relais de la culture que par instinct : de nombreuses sociétés ont construit des mythes autour du serpent comme représentant du mal. L’adoption de ce « culturegène » (peur des serpents) favorise donc la fuite face aux serpents, et les sociétés qui adoptent et transmettent le mieux ces « culturegènes » ont une meilleure chance de survie. Il y a donc coévolution entre gène/culture.

La culture, en dernière instance dépendante de la nature

Toutefois, même si la culture intervient ici dans le processus de sélection des aptitudes, elle constitue en définitive le relais ou l’accélérateur de l’évolution, plutôt que son véritable moteur : en dernière instance, les conduites et les croyances, autrement dit la culture, restent encore sous le contrôle des gènes : les gènes « tiennent en laisse la culture », dit E.O. Wilson.

De la diversité de qualité scientifique des différentes théories p. 33

(...) Parmi ces différents modèles néodarwiniens, tous n’ont pas la même qualité scientifique.

Certains relèvent de spéculations sommaires et à forte charge idéologique. C’est le cas de bien des études qui jalonnent la littérature sociobiologique consacrée à l’homme. D’autres, comme celui de W.H. Durham, constituent des modèles élaborés et complexes. La communauté ou la ressemblance de vocabulaire ne doit pas tromper sur la nature de ces différents modèles. Il est important d’analyser chacun d’eux à part, dans sa spécificité, et de se demander, dans chaque cas, si l’on a affaire à une formulation théorique originale et suffisamment solide pour être discutée, ou à un simple habillage lexical, destiné à donner l’allure de la science à des vues stériles. »

WILSON E.O., 1987 (1975), La Sociobiologie, Le Rocher ;

LUMSDEN C.J. & WILSON E.O., 1981, Genes, Mind, and Culture. The coevolutionary process, Harvard University Press ;

DURHAM W.H., 1991, Coevolution, Genes, culture and human diversity, Stanford University Press ;

WRIGHT R., 1995, L’Animal moral, Michalon ;

DORTIER Jean-François, 2001, « Qu’est-ce que la psychologie évolutionniste ? », in Sciences Humaines n° 119, août-septembre, p. 37 ;

Le cerveau, préprogrammé par l’évolution

(...) Pour Leda Cosmides et John Tooby, deux des pionniers de l’approche évolutionniste en psychologie, le cerveau n’est pas une cire molle sur laquelle on peut graver n’importe quel programme. Comme tous les organes du corps, le cerveau a été façonné par l’évolution pour résoudre des problèmes adaptatifs précis : se reproduire, se nourrir, se défendre, analyser son environnement, communiquer avec les membres de son groupe.

Un courant de la psychologie évolutionniste s’intéressant aux affects

(...) On peut distinguer deux courants en son sein. L’un est issu de la sociobiologie et de l’éthologie humaine, et s’applique surtout au domaine des affects : les émotions, conduites morales ou comportements amoureux.

L’explication évolutionniste des différentes formes de jalousie chez l’homme et la femme Par exemple, la différence dans le mode d’expression de la jalousie chez les hommes et les femmes sera expliquée par leur mode de reproduction respectif. Si les hommes sont plus sensibles à l’infidélité sexuelle de leur compagne qu’à son infidélité affective, c’est parce qu’un mâle n’est jamais assuré d’être le véritable géniteur de sa compagne. Cette forme de jalousie masculine a donc été sélectionnée par l’évolution. Par contre, la jalousie féminine est plutôt de nature émotionnelle : car l’infidélité affective de leur compagnon aurait des conséquences plus graves qu’une infidélité sexuelle : elle risque d’être délaissée, seule responsable de l’éducation de ses enfants.

Un courant s’intéressant aux capacités cognitives

L’autre courant de la psychologie évolutionniste concerne le domaine des aptitudes intellectuelles : perception, raisonnement, mémoire, conscience, langage. Ainsi, la vision des couleurs est, au sein des mammifères, une aptitude innée spécifique aux hommes et aux grands singes. La capacité à dénombrer un petit nombre d’objets (de 1 à 6) est une aptitude innée, présente chez l’homme et plusieurs autres espèces (le rat, les oiseaux, les singes...). En s’appuyant notamment sur l’étude des capacités précoces des nourrissons, la psychologie évolutionniste tente d’établir une sorte de répertoire des aptitudes mentales ou des conduites émotives héritées de l’évolution : catégorisation, raisonnement, perception des lois du monde physique, aptitudes spatiales, conscience, perception des intentions, langage.

Les critiques anti-innéistes

Les raisonnements de la psychobiologie évolutionniste attirent les critiques de ceux qui y voient une façon de vouloir expliquer toutes les conduites humaines par le passé évolutif des hommes, l’hérédité des conduites, les mécanismes adaptatifs, figeant ainsi les comportements humains dans le cadre de lois naturelles inamovibles.

Des apprentissages acquis greffés sur des facultés naturelles

Les psychologues évolutionnistes se défendent résolument de vouloir tout réduire à l’inné. Tous admettent qu’un grand nombre de conduites et aptitudes humains ne sont pas « naturelles » : le calcul mental, la lecture, le piano, la pratique musicale exigent des années d’apprentissage et sont évidemment des aptitudes acquises. Simplement, ces apprentissages ne seraient pas possibles sans un outillage mental de base qui, lui, est universel, inné et propre à l’espèce humaine. La culture (technique, sociale, et les apprentissages de toutes sortes) se greffe sur des aptitudes (cognitives et émotionnelles) qui sont relativement stables et héritées de notre passé évolutif.

TOOBY J. & COSMIDES L., 1995, « Evolutionary Perspectives », in GAZZANIGA M.S.

(dir.), The Cognitive Neuroscience, MIT ;

PLOTKIN H., 1997, Evolution in Mind. An introduction to evolutionary psychology, Penguin Press ;

Autres références sur l’évolutionnisme

BUICAN Denis, 1995, Evolution de la pensée biologique, Hachette ;

GRIMOULT Cédric, 2000, Histoire de l’évolutionnisme contemporain en France. 1945-1995, Droz ;

DENNETT Daniel C., 2000, Darwin est-il dangereux ?, Odile Jacob ;

(Dennett, darwinien, estime que la théorie de la sélection naturelle s’oppose à toute forme de finalisme.)

(Note de la revue sur P. Tort : les ouvrages de P. Tort ont une double nature : ils comportent à la fois un travail d’érudition exemplaire sur l’oeuvre de Darwin, et en même temps une vaste machine de guerre, militante et obsessionnelle, contre les supposées dérives du darwinisme social)

IV. Éthologie

L’adoption, la transmission et la contagion « culturelles » d’un procédé chez le chimpanzé : l’écrasement des fruits

(in Sciences & Avenir, 2000, n° 644, octobre, p. 20)

« Victime des mauvais traitements d’un propriétaire peu scrupuleux, édentée, puis abandonnée au zoo de Madrid, Linda avait bien du mal à se nourrir. Sept mois après son arrivée, pour contourner son handicap, ce chimpanzé femelle de 5 ans a inventé son propre presse-purée en écrasant pommes ou oranges contre un mur pour en récupérer la bouillie et le jus... Très vite, les autres chimpanzés se sont mis à l’imiter, excepté le couple dominant. Aujourd’hui la quasi-totalité du groupe reproduit ce comportement qui représente plus un divertissement dans la vie captive des singes qu’un réel besoin. Et cette attitude est récurrente chez les deux générations suivantes.

Samuel Fernandez-Carriba, primatologue à l’université de Madrid, qualifie cette adaptation de

« rite culturellement transmis ». De tels cas de transmission de savoir existent dans la nature, notamment parmi les chimpanzés qui utilisent des brindilles pour piéger les termites ou ceux qui cassent des noix au moyen de pierres. En tout, 39 comportements différents ont été identifiés dans quelques groupes vivant en Afrique. Cependant, aucune transformation de nourriture n’a été observée jusqu’ici chez des singes vivant en liberté. »

Remarque : parallélisme avec le phénomène de « culture » chez l’homme

Il m’apparaît évident que la « culture » chez l’homme procède des mêmes phénomènes, également décrit par Sperber dans La contagion des idées : un individu, soit de manière fortuite soit contraint par un besoin et un intérêt vitaux, découvre un procédé utile, pertinent.

Ce procédé prend la forme d’une « idée », matérielle, chimique, constituée et stockée dans le cerveau. Un spectateur reçoit cette idée par perception visuelle ou auditive et comprend son bien-fondé : il l’adopte pour sa pertinence et crée dans son cerveau une « idée » analogue, représentant le procédé, qu’il va pouvoir effectuer lui aussi. Un troisième individu pourra observer cet adoptant et adopter à son tour l’idée et le procédé. Ce qu’on appelle « culture », chez l’homme ou l’animal, n’est qu’une agrégation de ces idées « culturelles », stockées dans le cerveau et transmises d’individus à individus.

Il reste à connecter cette question avec le débat « nature/nurture »,

« nature/environnement ». Il est évident que c’est un phénomène extérieur, observé par les sens perceptifs, qui est à l’origine de l’idée « culturelle ». En revanche, le jugement d’adopter ou non cette idée (c’est-à-dire la compréhension de son utilité, sa projection pour soi-même et différentes tâches relevant de la mémoire de travail) semble plutôt dépendre des capacités cognitives propres au sujet. Ces capacités s’éduquent-elles ou sont-elles fortement dépendantes de potentialités natives ? Difficile à dire. La seconde option semble cependant plus probable. J’ai l’intuition qu’une personne très « cultivée » est d’abord une personne intelligente. Car le chimpanzé n’a adopté le procédé technique que parce qu’il avait compris sa pertinence. On pourrait dire que l’adoption de certaines idées est parfois facilités, sous-tendue, par d’autres idées déjà stockées. Certes. Mais celles-ci ont bien un jour été adoptées elles aussi, sur la base d’une analyse pertinente. Un homme « cultivé » ne peut donc pas être idiot (ou à moins qu’il ne soit par réellement cultivé). Sa culture lui a nécessité des capacités cognitives, lesquelles sont elles-mêmes le fruit de potentialités natives.

Attention : ceci ne doit pas signifier qu’une différence apparente de culture ou de savoir entre deux individus est le reflet d’une différence de potentialités. Ce pourrait être le cas si ces deux individus avaient les mêmes histoire et environnement.

En revanche, des différences de niveau de « culture » entre deux espèces est manifestement le signe de différences de potentialités cognitives (lesquelles sont liées à des capacités de logique et de mémoire, mémoire de travail et mémoire à long terme). La

« culture » s’oppose-t-elle donc à la nature, aux capacités cognitives naturelles ? Cela n’est pas sûr.

Sciences & Avenir, 2001, Le point sur les différences et analogies entre l’homme et le singe, n° 647, janvier, pp. 50-55 ; extraits choisis et titrés ;

Une femelle gorille secourt un « petit d’homme » p. 51

« L’enfant gesticulait tellement qu’il avait soudain échappé aux bras de sa mère. Il était tombé trois mètres en contrebas, dans la fosse aux gorilles d’un zoo, près de Chicago. Panique chez la mère et les spectateurs de la scène ! Avant même que l’alerte ne soit donnée, Binti avait doucement pris le petit garçon commotionné dans ses puissants bras de dame gorille, et était allée directement le porter au personnel animalier.

Pascal Picq : les barrières entre l’homme et le singe se rétrécissent régulièrement

(...) « Il n’y a plus grand-chose aujourd’hui, qui soit encore le propre de l’homme et que nous ne partagions pas avec le singe », assène Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France. Il y a seulement quelques dizaines d’années (...) le terme même d’intelligence animale était tabou.

Diversité de profils psychologiques chez les singes

(...) [Pascal Picq :] « Je suis allé filmer les singes du zoo d’Arnhem, aux Pays-Bas. Très vite, au bout de 3 ou 4 jours, on apprend à les reconnaître. Vous voyez ceux qui sont malin, ceux qui le sont moins, ceux qui sont fourbes... »

Comportement de simulation et de tromperie chez le singe ; capacité d’analyse de l’intention d’autrui

(...) Ne serait-ce que dans le domaine de la tromperie ou dans la manière de tisser des liens sociaux complexes, les singes, particulièrement les hominoïdes (bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outans) n’ont en effet rien à envier aux hommes. Ils savent se faire des cachotteries et se mentir les uns aux autres. Des observations ont été faites sur des chimpanzés qui se mettaient à jouer au malade et à boiter uniquement à proximité de dominants dont ils étaient les souffre-douleur. Ce qui est significatif car cela suppose, chez ces animaux, la conscience de savoir comment son comportement peut être perçu et interprété par autrui.

De l’humour chez les chimpanzés ; F. de Waal p.52

L’un des tours favoris des chimpanzés, en captivité, consiste à mettre discrètement de l’eau dans leur bouche dès qu’un inconnu approche. Ils restent alors impassibles jusqu’au moment où leur cible se trouvera à bonne distance pour être aspergée.

Faut-il interpréter ces actes comme des farces et, question subsidiaire, cela signifie-t-il que le sens de l’humour n’est pas uniquement humain ? Le zoologiste Frans de Waal a été témoin de scènes dont l’interprétation va dans ce sens. Au zoo de San Diego (États-Unis), l’enclos des bonobos comportait un fossé à sec profond de deux mètres et muni d’une chaîne pour qu’ils puissent y descendre et remonter. À plusieurs reprises, dès que Vernon, le mâle dominant, descendait dans la fosse, l’un des adolescents, Kalind, se précipitait sur la chaîne, qu’il remontait à toute vitesse. Il restait alors là, à observer Vernon, la bouche grande ouverte - signe de rires chez les grands singes -, et tapant du plat de la main sur le bord du fossé.

De la capacité « d’empathie » chez le singe

Si les singes sont capables de se mettre à la place de l’autre, de le comprendre, c’est qu’ils sont dotés d’empathie, un trait comportemental que l’on croyait naguère dévolu aux seuls humains.

Faire preuve « d’humanisme », justement, et manifester de la sympathie pour un autre être vivant a pourtant déjà été observé chez les singes, principalement des hominoïdes bien sûr, mais pas seulement. Plusieurs cas de macaques prenant un soin particulier d’un individu handicapé (aveugle, paralytique) ont été répertoriés.

Empathie et décentration à l’égard d’une autre espèce : Kuni et l’étourneau

Plus étonnant, ce sentiment d’empathie est parfois dirigé sur une autre espèce que la sienne. Une bonobo du zoo de Twycross (Angleterre), Kuni, avait ainsi capturé un jeune étourneau. Elle le posa à terre, mais l’oiseau, bien qu’indemne, ne parvenait pas à s’envoler et était visiblement tétanisé de peur. Elle le prit dans sa main, le jeta en l’air, mais l’oiseau retomba. Elle le reprit et grimpa au sommet de l’arbre le plus élevé. Arrivé en haut, Kuni déplia précautionneusement les ailes de l’étourneau, les ouvrit bien grand et le projeta au-delà des limites de son enclos... Cette observation est remarquable car elle met en lumière le fait que cette guenon bonobo avait observé des oiseaux voler, qu’elle avait saisi que les ailes leur étaient essentielles et qu’elle s’était mise à la place de l’étourneau pour comprendre ce qui serait le mieux pour lui.

L’espèce des bonobos, camouflet pour les « homo-différencialistes »

Longtemps considérés comme des chimpanzés nains, les bonobos ne sont reconnus comme espèce à part entière, et étudiés, que depuis une vingtaine d’années. Avec les chimpanzés, ce sont sûrement ceux qui ont contribué à jeter le plus grand désarroi parmi les ardents défenseurs des caractères « propres à l’homme ».

La sexualité humanisante des bonobos

(...) Autre trait comportemental pour lequel les bonobos ont porté un sérieux coup à la fierté humaine : le sexe. Ils ne se contentent pas de copuler souvent, mais, en plus, dans toutes les positions, dont en face à face, ce qui était du jamais vu, humains exceptés. De surcroît, ces animaux, pour qui les jeux de l’amour ne semblent avoir aucun secret, se livrent à de longs et profonds baisers langoureux. Un camouflet pour les primatologues qui s’obstinaient à ne voir dans les baisers - pratiqués par tous les singes -, que des contacts comme les autres, dénués de tout

(...) Autre trait comportemental pour lequel les bonobos ont porté un sérieux coup à la fierté humaine : le sexe. Ils ne se contentent pas de copuler souvent, mais, en plus, dans toutes les positions, dont en face à face, ce qui était du jamais vu, humains exceptés. De surcroît, ces animaux, pour qui les jeux de l’amour ne semblent avoir aucun secret, se livrent à de longs et profonds baisers langoureux. Un camouflet pour les primatologues qui s’obstinaient à ne voir dans les baisers - pratiqués par tous les singes -, que des contacts comme les autres, dénués de tout

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