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CHAPITRE V : RESULTATS ET DISCUSSIONS V-1 Caractéristiques physiques du sol

V- 3-3-1 Evolution de la CE des eaux souterraines

A Ndelle, la salinité de la nappe a été mesurée tous les deux jours dans l’ensemble des piézomètres et durant toute la période d’irrigation. Tout comme la salinité du sol, la salinité de la nappe présente une très forte variabilité spatiale (fig. V-28). Les valeurs de conductivité électrique de la nappe mesurées varient en effet entre 1 et 15 mS/cm. Là aussi, la répartition de la salinité de la nappe ne semble suivre aucune logique apparente, si ce n’est l’influence du Lampsar, des canaux d’irrigation et des eaux de drainage. En effet, la nappe dans les piézomètres proches du canal principal d’irrigation (donc du Lampsar) présente des valeurs de CE moins élevées alors que celles-ci sont très élevées au niveau des piézomètres proches du canal principal de drainage. Cependant, les valeurs de CE mesurées dans les parcelles sont nettement inférieures à la moyenne de la salinité de l’aquifère du Nouakchottien à l’échelle du DFS. Ces valeurs reflètent une influence des cours d’eau et/ou de l’irrigation comme dans le cas des piézomètres situés près du fleuve où la nappe est caractérisée par une dilution par apport d’eau douce.

L’évolution au cours du temps de la salinité de la nappe pendant l’irrigation n’est, elle aussi, pas uniforme. En effet, trois comportements sont observés au niveau des piézomètres. Il existe un premier groupe de piézomètres où la salinité de l’eau de la nappe pendant la phase d’irrigation reste quasi constante (fig. V-29A). La nappe dans ces piézomètres est caractérisée par une salinité relativement faible. Au niveau du second groupe, la salinité baissé soudainement pendant l’irrigation, et ce pour quelques jours, avant de remonter progressivement (fig.V-29B). Au droit de ces piézomètres, la salinité de l’eau dans les 2 premiers mètres de la nappe est moins élevée qu’en profondeur ; l’effet de dilution semble donc se limiter aux premiers mètres. Au niveau du troisième groupe, la salinité de la nappe baisse considérablement au cours de l’irrigation et reste relativement faible jusqu’à la fin de l’irrigation (fig. V-29C). Cette baisse de la salinité s’observe sur toute la profondeur de la nappe.

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Figure V-28 : Carte de répartition de la conductivité électrique de la nappe superficielle à Ndelle

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Figure V-29 : Evolution de la CE de la nappe durant l’irrigation dans le site de Ndelle 144

A Ndiaye, la conductivité électrique de la nappe a été également mesurée à différentes dates dans tous les piézomètres. Ces mesures n’ont pu démarrer que deux semaines après la mise en eau des parcelles et ont été interrompues un mois après, suite à des soucis avec la sonde. Les résultats sont représentés au tableau V-12. La répartition spatiale de la CE est représentée à la figure V-30.

Tableau V-12 : Suivi de la CE de la nappe à Ndiaye avec la sonde multi-paramètres

Date PT P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8

Ces résultats montrent que la CE de la nappe est également très variable d’un piézomètre à l’autre. Dans les parcelles, les valeurs mesurées à la date du 23 mars varient entre 0,84 à 12,51 mS/cm respectivement au P6 et P2 situés tous les deux le long du drainage secondaire.

Contrairement à Ndelle, ici la proximité des canaux d’irrigation et de drainage ne semble pas avoir d’effet sur la CE de la nappe. Les valeurs de CE de la nappe mesurées dans les piézomètres situés dans les parcelles sont, toutefois, nettement moins élevées que la CE de la nappe mesurée dans le piézomètre témoin (PT) qui reflète la tendance globale de la nappe du Nouakchottien avec une CE supérieure à 20 mS/cm.

L’évolution au cours de la riziculture de la conductivité électrique de la nappe n’est pas uniforme (fig.V-31) mais, pour la plupart des piézomètres, va dans le sens d’une augmentation. Dans un premiers temps, l’irrigation semble donc induire une dilution de l’eau de la nappe avec l’arrivée d’une quantité importante d’eau douce. Dans un deuxième temps, la salinité de la nappe tend à se rééquilibrer et même à revenir à la valeur départ. Au niveau de certains piézomètres, la salinité de la nappe ne varie presque pas ou très peu. C’est le cas des piézomètres P3, P6 et P8. Ces piézomètres sont d’ailleurs caractérisés par des valeurs de CE 145

relativement faibles par rapport aux autres piézomètres. Cette observation a été faite également à Ndelle.

Figure V-30 : Carte de répartition de la CE de la nappe superficielle dans le site de Ndiaye (valeurs mesurées le 23/03/2013)

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Figure V-31 : Evolution de la CE de la nappe durant la riziculture à Ndiaye

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La salinité de la nappe a été également suivie par des sondes CTD DIVER installées dans les piézomètres P3 et P4. Ces sondes enregistrent les données journalières de pression d’eau, de température et de CE de l’eau dans le piézomètre. Le suivi du niveau piézométrique et de la salinité de la nappe, dans les piézomètres P3 et P4 avec les sondes CTD, a été prolongé jusqu’en juin 2014 (fig.V-32). Globalement, la conductivité électrique de la nappe évolue en sens inverse avec le niveau de l’eau. En effet, pendant la riziculture, qui fait remonter considérablement la surface de la nappe, la conductivité de la nappe est à son plus bas niveau.

Cependant, cette baisse qu’on peut qualifier de dilution de la nappe par l’eau d’irrigation, ne dure pas toute la période de riziculture. En effet, quelques jours après le début de l’irrigation, la salinité de la nappe commence à se rééquilibrer en augmentant. Cette hausse se poursuit au niveau du P3 même pendant l’hivernage. Par contre, au niveau du P4, on note quelques épisodes de baisse de la conductivité qui sont corrélés à la remontée de surface de la nappe suite aux événements pluvieux. Pendant l’intersaison, au moment où la surface de la nappe est à son plus bas niveau, la conductivité électrique de la nappe est élevée et atteint plus de 10 ms/cm au niveau des deux piézomètres. L’apport d’eau lié au début de la campagne de maraîchage crée de nouveau une dilution qui se marque de manière plus nette au niveau du P3 qu’au niveau du P4. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’en maraîchage, seul les canaux d’irrigation sont remplis et les quantités d’eau apportées à la parcelle sont faibles. La recharge de la nappe se fait donc également par percolation des eaux à travers ces canaux. Ainsi, le P3 qui est situé côté canal irrigation subit plus cette percolation et donc l’effet de dilution que le P4 situé côté drainage. D’ailleurs, au niveau du P3, la conductivité descend jusqu’à sa valeur minimale obtenue pendant la riziculture alors qu’au niveau du P4 la baisse n’atteint pas cette valeur. A l’arrêt de l’irrigation, alors que le niveau de la nappe baisse de nouveau, la conductivité augmente progressivement de nouveau.

On peut également observer que globalement, la salinité au niveau du P4 est toujours plus élevée qu’au niveau du P3 (fig.V-32). Toutefois, ceci ne peut pas être généralisé vu qu’au niveau de certains piézomètres situés côté canal de drainage les conductivités sont très faibles (fig.V-30).

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Figure V-32 : Evolution comparative du niveau piézométrique et de la CE de la nappe aux piézomètres P3 et P4 (site de Ndiaye)

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