• Aucun résultat trouvé

D EVELOPPEMENT DE LA CONDITION PHYSIQUE DU JEUNE OBESE

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 46-50)

2.1. Enfance

Chez l’enfant en surpoids, un retard du développement des habilités motrices (Graf et al., 2004) est à  l’origine  d’une  baisse  de  la  condition  physique.  Même  si  la  motricité  globale  n’est  pas  significativement différente entre des enfants en surpoids et normo‐pondérés d’âge préscolaire  (Bonvin et al., 2012),Williams et al. (2008) ont mis en évidence que les habiletés motrices sont moins  développées chez les jeunes enfants qui présentent un faible niveau d’activité physique. Dès l’âge de  5 ans, Niederer et al. (2012) observent des divergences entre les groupes de statut pondéral  différent. Le groupe normo‐pondéré obtient de meilleurs résultats sur des tests d’endurance  aérobie, d'agilité et d'équilibre dynamique, alors que le groupe surpoids est en réussite sur le test  d’équilibre statique. À l’âge de 7 ans, Cliff et al. (2012) démontrent que les enfants obèses  présentent des carences dans 12 habilités motrices fondamentales : locomotion comme courir,  cloche pied, foulée bondissante, sautiller, pas chassé, saut en longueur sans élan ou maîtriser un  objet comme lancer une balle, attraper un ballon, dribbler, shooter, faire rouler, frapper une balle  avec une batte.  

Tokmakidis et al. (2006) ont évalué certaines qualités de la condition physique chez 709 enfants  grecs scolarisés en école primaire et ont montré des différences entre les sexes et le statut pondéral. 

En outre, les garçons en surpoids ont de meilleures performances que les garçons obèses en termes  de force explosive, endurance musculaire et cardiorespiratoire, et les filles en surpoids obtiennent de  meilleures performances que les filles obèses en termes d’agilité et d'endurance musculaire. En  comparant la coordination motrice globale chez les mêmes sujets (âgés de 6 à 10 ans) à 2 ans  d’intervalle, D'Hondt et al. (2013) mettent, quant à eux, en évidence une différence plus marquée  avec le temps entre les performances motrices des jeunes normo‐pondérés et des jeunes en  surpoids.  Ils  évoquent  la  notion  de  développement  moteur  non‐optimal  chez  ces  derniers,  particulièrement pour ceux qui n’ont pas de pratique physique encadrée extrascolaire. Par ailleurs,  c’est à partir de l’âge de 9  ‐ 10 ans que l’on retrouve chez les enfants obèses une différence 

‐ 39 ‐

significative entre les compétences physiques perçues et réelles (Jones et al., 2010; Sung et al.,  2005). L’image que garde le jeune obèse de ses propres performances semble être sous‐estimée dès  la pré‐adolescence. 

 

2.2. Adolescence

Deforche et al. (2003) ont évalué la condition physique chez 3214 adolescents belges, et ont  démontré qu’il n’y avait pas de différence significative sur les tests de souplesse et d’agilité chez les  jeunes  obèses  comparativement  à  leurs  homologues  normo‐pondérés.  D’ailleurs,  leur  force  musculaire est supérieure notamment en raison d’une masse maigre plus développée. En revanche,  dès que leur poids corporel est engagé dans un test physique, les jeunes obèses montrent de moins  bonnes performances : l’endurance cardiorespiratoire, l’endurance musculaire, l’équilibre, la vitesse,  ou encore la coordination. Fogelholm et al. (2008) confirment ces résultats chez 2348 adolescents  finlandais et indiquent que pour un même niveau d’activité physique, les jeunes obèses ont toujours  une  condition  physique  plus  faible,  notamment  en  raison  de  leur  faible  endurance  cardiorespiratoire ; les autres qualités physiques pouvant être compensées par un haut niveau de  pratique. De manière similaire, Aires et al. (2010) ont étudié les interactions entre niveau de  condition physique, niveau d’activité physique et niveau de corpulence durant 3 ans chez des  adolescents,  et  en  ont  conclu  que  les  variations  d'IMC  étaient  négativement  associées  aux  changements de condition physique. Par conséquent, les adolescents qui avaient un bon niveau de  condition physique au départ ont maintenu un haut niveau d‘activité et inversement. Enfin,  Rodrigues  et  al.  (2013)  ont  récemment  étudié  l'influence  de  la  condition  physique  sur  le  développement du tissu adipeux chez des jeunes suivis sur une période de 9 ans, et ont montré  qu’une condition physique médiocre dans l’enfance est associée au développement de l’obésité  entre l’âge de 6 à 15 ans. 

 

‐ 40 ‐

2.3. Relation : endurance cardiorespiratoire et composition corporelle Les  performances  cardiorespiratoires  sous‐maximales  ou  maximales  des  enfants  obèses  sont  significativement plus faibles que celles des enfants normo‐pondérés. Pour une puissance d’exercice  identique,  les  sollicitations  cardiovasculaires  et  respiratoires  sont  plus  importantes  avec  des  fréquences cardiaques et des débits ventilatoires plus élevés chez le jeune obèse (Ferns et al., 2011). 

Le seuil d’essoufflement apparait plus précocement (Mendelson et al., 2012) et la restriction  pulmonaire de repos à l’origine d’un pattern ventilatoire de nature restrictive lors de l’exercice  (Michallet et al., 2007) est observé en raison de l’excès de masse grasse au niveau du thorax et de la  ceinture abdominale. Sur le plan énergétique, l’utilisation des glucides est prédominante lors  d’exercices physiques modérés à intenses limitant l’utilisation des lipides (Perez‐Martin et al., 2001).  

Chez le jeune obèse, la difficulté à réaliser un exercice physique aérobie serait principalement due à  une demande métabolique très élevée pour porter sa surcharge pondérale plutôt qu’à une véritable  diminution de son aptitude cardiorespiratoire. Goran et al. (2000) observent, chez l’obèse, un VO2pic  supérieur en valeur absolue et inférieur en valeur relative à la masse corporelle comparé à celui  d’enfant normo‐pondéré. En revanche, il est similaire lorsqu’il est rapporté à la masse maigre. Ces  résultats indiquent que la capacité de transport et de consommation d’oxygène par unité de masse  musculaire ne semblent pas perturbées chez l’obèse. Néanmoins, Mendelson et al. (2012) montrent,  quant à eux, que la puissance développée par de jeunes obèses est moindre lors d’un exercice  maximale sur bicyclette ergométrique, témoin d’une plus faible efficience mécanique (charge de  travail divisée par la consommation d’oxygène). Le coût énergétique plus élevé pour une activité  physique donnée explique en partie les différences entre sujet obèse et normo‐pondéré (Norman et  al., 2005; Peyrot et al., 2009).  

L’aptitude cardiorespiratoire est directement influencée par la composition corporelle (Nassis et al.,  2005). En effet, Dao et al. (2004b), montrent qu’au cours d’une prise en charge, le VO2max d’un  adolescent obèse s’améliore nettement lorsqu’il est rapporté au poids corporel. Cependant, ces  auteurs précisent que le VO2max en valeur absolue reste stable et que l’amélioration superficielle du 

‐ 41 ‐

VO2max en valeur relative provient essentiellement d’une perte de masse grasse. Le VO2max est  corrélé directement à la  masse musculaire qui reste stable chez les filles  ou augmente très  légèrement chez les garçons en raison du développement pubertaire. 

 

Dès la petite enfance, un faible niveau d’activité physique, associé à un développement moteur non  optimal, aggravé  par l’accumulation de  tissus adipeux, induit  progressivement  une  forme de  déconditionnement à l’exercice chez le jeune obèse. L’enfant se trouve alors dans une situation  d’échec vis‐à‐vis des activités physiques et sportives, à l’origine d’un phénomène de rejet de la  pratique  et  une  augmentation  de  l’inactivité  entretenant  la  prise  de  poids  (Figure  7).  Chez  l’adolescent, il semble exister une relation inverse entre la condition physique et le niveau d’IMC  dans laquelle  l‘endurance  cardiorespiratoire a une part prépondérante (Rauner  et  al., 2013). 

Pourtant, c’est la qualité physique la plus clairement liée au bien‐être physique et à la qualité de vie  future. Elle détermine en grande partie la résistance au ralentissement de l'activité physique à l’âge  adulte (OMS, 2010). Il est donc indispensable d'en évaluer le développement et le retentissement  chez l’obèse pendant l'enfance et l’adolescence (Leduc, 2012). 

 

  Figure 7 : Spirale du déconditionnement chez l’enfant ou l’adolescent obèse (APOP, 2008). 

‐ 42 ‐

C HAPITRE III : ACTIVITE PHYSIQUE INTEGREE A LA PRISE EN CHARGE DE

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 46-50)