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Evaluation expérimentale de l’effet d’une fluence dans le processus de mise à jour égocentrée sur la

conscience autonoëtique

A. Présentation générale des études

A.1. Objectifs

Selon le modèle de Gomez et collaborateurs, lors d’une récupération épisodique, la reconstruction d’un point de vue égocentré permet de revivre l’évènement vécu. Cette reconstruction serait basée sur le processus de mise à jour égocentrée. L’objectif de cette série d’études est de biaiser expérimentalement le processus de mise à jour égocentrée en le rendant artificiellement fluent. Si le processus de mise à jour égocentrée est spécifiquement impliqué dans la génération d’un état de conscience autonoëtique, alors la perception d’une fluence dans le déroulement de ce processus devrait donner lieu à une augmentation des attributions de réponses Remember (R).

Au-delà de la seule manipulation du processus de mise à jour égocentrée, nous nous sommes également intéressés aux facteurs expérimentaux modulant la décision d’attribution des réponses R liées à cette fluence. En effet, Gomez et collaborateurs proposent que la mise à jour égocentrée soit impliquée lorsqu’un processus de reconstruction de l’évènement initial intervient, comme c’est le cas lors d’un rappel. Or, l’introduction d’un biais de fluence se fait nécessairement dans le cadre d’expériences de reconnaissance. La présence du stimulus en test permet en effet de manipuler ses caractéristiques perceptives pour introduire la fluence artificiellement lors de la phase test. Les items présentés en reconnaissance peuvent être soit des copies des items appris, soit des items appris ayant été modifiés. Dans le cas d’items similaires, le processus de reconstruction passe par la génération de détails supplémentaires. Dans le cas d’items modifiés, la reconnaissance s’apparente davantage à du rappel indicé et le processus de reconstruction concerne également l’item cible lui-même. Comme Gomez et collaborateurs proposent que le processus de reconstruction soit crucial pour l’intervention du processus de mise à jour égocentrée, le second objectif de ces expériences est de tester si les

spécificités du processus de reconstruction lors de la phase test peuvent moduler l’effet de la fluence de mise à jour égocentrée sur les attributions des réponses R.

Les objectifs de cette série d’expériences sont donc doubles : (1) évaluer l’effet que peut avoir l’introduction d’une fluence dans le processus de mise à jour égocentrée sur l’état de conscience autonoëtique et (2) déterminer si cet effet peut être modulé par les caractéristiques de la situation de récupération (i.e., en fonction de la présence ou non d’un processus de reconstruction). Pour ce faire, l’ensemble de ces expériences bénéficie du même protocole, avec une manipulation à l’identique de la fluence mais avec une variation du degré de reconstruction induit par la situation expérimentale.

A.2. Caractéristiques générales des protocoles expérimentaux Méthode

Dans l’ensemble de ces études, les participants sont debout face à un écran de 2 x 1,5 m sur lequel sont projetés des films. Les expériences se déroulent en deux temps : une phase d’apprentissage suivie d’une phase de reconnaissance intervenant juste après.

Au cours de la phase d’apprentissage, les participants visionnent une ou plusieurs vidéos de trajets. Ces vidéos présentent des trajets filmés à la première personne dans un environnement virtuel. La consigne donnée aux participants est d’apprendre le trajet comme s’ils étaient réellement en train de se déplacer. Afin d’augmenter cette sensation de déplacement et pour permettre aux participants de mieux s’approprier le ou les trajets, il leur est demandé de tourner légèrement les hanches lors des rotations survenant au cours du trajet.

La phase de reconnaissance débute juste après la phase d’apprentissage. Elle consiste à présenter aux participants des extraits de trajets d’environ 20 s contenant un premier déplacement en ligne droite, une rotation, puis de nouveau un déplacement en ligne droite. Ces extraits de trajets sont issus soit du ou des trajets appris, soit de trajets nouveaux au sein du même environnement. La tâche des participants est d’indiquer pour chaque extrait de trajet s’ils reconnaissent ou non avoir effectué ce trajet lors de l’apprentissage en donnant également un jugement de certitude vis-à-vis de leur décision (« Je suis sûr vs. Je pense »). Lorsqu’un trajet est jugé comme reconnu, les participants doivent ensuite effectuer un jugement Remember-Know.

La manipulation expérimentale de la fluence induite par des indices perceptifs s’effectue au cours de la tâche de reconnaissance. L’ensemble des items à reconnaître sont présentés deux fois, une fois à vitesse constante (i.e., condition non-accélérée/non fluente : la vitesse est identique à la vitesse perçue lors de la phase d’apprentissage) et une fois avec une légère

accélération à la fin du tournant (i.e., condition accélérée/fluente). L’introduction de cette accélération est réalisée avec le logiciel After Effect à l’aide de la fonction « time remapping ». L’accélération dure environ 50 ms au cours duquel le taux d’image par seconde de la vidéo passe progressivement de 1 à 2,8 s/s. Les paramètres de l’accélération ont été choisis afin que celle-ci soit difficilement détectable. L’introduction de cette accélération en fin de tournant a pour but de donner une impression d’arrivée accélérée sur le nouveau point de vue.

Design expérimental

Les facteurs d’intérêt sont manipulés en intra-sujet lors de la phase de reconnaissance. Quatre facteurs sont manipulés : la fluence induite par des indices perceptifs lors de la récupération (accélération/condition fluente vs. pas d’accélération/condition non fluente), le statut de l’item (appris vs. non appris), la réponse RK associée (Remember vs. Know), et la répétition des items (première présentation vs. deuxième présentation). Chaque item étant présenté à la fois avec et sans accélération, nous avons choisi de contrôler l’effet du facteur répétition en l’incluant dans l’analyse.

A.3. Présentation des études

L’étude 1 évalue l’effet de la fluence de mise à jour égocentrée quand le processus de reconstruction est porté à son maximum. Dans cette étude, les objets présents dans l’environnement d’apprentissage sont remplacés par des indices indiquant uniquement leurs positions et orientations spatiales dans l’environnement. Cette étude est présentée dans l’article « Bias in self-motion perceived speed can enhance episodic memory » publié dans Cognitive Processing.

Les études 2 et 3 sont présentées ensemble dans l’article « Fluency effect on remembering: the interplay of the retrieval setting and the reconstructive nature of recollection » soumis

dans Memory and Cognition.4

L’étude 2 minimise le processus de reconstruction en introduisant des changements plus factices, de type modification de textures, entre l’apprentissage et la reconnaissance. De plus, elle évalue la généralisation de l’effet de fluence à l’utilisation de différentes stratégies spatiales lors de l’apprentissage et de la reconnaissance. Ainsi, un premier groupe de

4  Bien  que  ces  études  ne  soient  que  soumises,  elles  seront  mises  en  page  au  format  «  article  publié  »  pour  plus   de  cohérence  et  afin  d’en  faciliter  la  lecture.  

participants a effectué l’expérience dans un environnement similaire à l’étude 1 (grand environnement inconnu) et un second groupe de participant a effectué l’expérience dans un autre environnement (environnement familier de taille modérée).

L’étude 3 utilise l’environnement familier de l’étude 2. Aucun processus de reconstruction de l’item cible n’intervient puisque des copies des items appris sont présentées lors de la reconnaissance, le processus de reconstruction porte donc uniquement sur des informations annexes générées à l’encodage.

Les études 1, 2, et 3 seront présentées dans un format article directement à la suite les unes des autres. Elles seront ensuite synthétisées ensemble, suite aux articles.

Une analyse et une étude complémentaires ont été menées et sont présentées à la suite des deux articles. Cette analyse et cette étude ont été faites dans un but prospectif de recherche d’indices supplémentaires permettant de mieux caractériser le fonctionnement de la fluence de mise à jour égocentrée et son effet sur la conscience autonoëtique.

Des entretiens post-expérience de l’étude 2 ont permis de connaître la gêne occasionnée par le changement d’environnement. Cette gêne a pu conduire ou non les participants à privilégier un processus de reconstruction de l’environnement initial. Une ANOVA a été menée en introduisant ce facteur afin de déterminer son impact sur l’effet de la fluence de mise à jour égocentrée.

L’étude 4 a évalué l’effet de la fluence lorsqu’un processus de reconstruction est présent mais qu’il ne porte pas sur l’ensemble des caractéristiques perceptives de l’item cible. Pour ce faire, des évènements ont été introduits dans les trajets à l’encodage (bulles volant dans l’environnement). Ces évènements ne sont plus présents lors de la reconnaissance. Nous posons l’hypothèse qu’un processus de reconstruction portant sur ces évènements pourrait être mis en œuvre lors de la reconnaissance.

B. Etude 1 : Effet d’un biais de la fluence de mise à jour égocentrée lors

de la reconnaissance sur les réponses Remember Know (article 1)

Article publié dans Cognitive Processing

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