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Chapitre 5 : Evaluation ex-ante des effets de scénarios de rupture sur les exploitations

3. Résultats

3.2. Evaluation et discussion des scénarios (Etapes 6 et 7)

Les simulations conduites avec CoHort permettent de calculer un certain nombre d’indicateurs : résultats économiques, environnementaux (IFT) et organisation du travail, sur lesquels se base l’évaluation et la comparaison des scénarios testés (Tableau 5.6, Figure 5.7).

Résultats économiques 0 1 2 3 4 5 J F M A M J J A S O N D N b d' heur es /ha éc onom isé

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Le scénario D (Désherbage) diminue légèrement la marge nette par rapport à la marge nette initiale. Il permet d’augmenter le chiffre d’affaires mais augmente les coûts de conduite et les charges fixes. L’augmentation des coûts de conduite est due à l’augmentation des charges variables (alimentation, soins, frais d’abattoir pour l’atelier ovin), et à l’augmentation du temps de travail et donc des coûts de main d’œuvre. Les coûts supplémentaires liés à l’élevage ne sont pas complètement compensés par l’augmentation du chiffre d’affaires, et les gains économiques liés à la suppression du désherbage.

Le scénario D+F permet d’augmenter légèrement la marge nette. Les économies réalisées grâce à la suppression du désherbage et de la fertilisation simultanément permettent de diminuer le coût global de la conduite par rapport à la situation initiale.

A rendement pomme identique, le scénario D+F+CVa permet d’augmenter la marge nette de 6%. C’est donc le scénario le plus intéressant au plan économique. Le coût global de la conduite est réduit grâce aux traitements économisés en désherbage, fertilisation et protection (prix des produits + essence + temps de travail). Dans la cas d’une perte de rendement de 5 t/ha (scénario D+F+CVb), la marge nette est diminuée de 21% par rapport à la situation initiale, tout en restant largement positive.

La marge nette devient négative à partir d’un rendement autour de 40,5 t/ha pour la situation initiale, soit une diminution de 33% du rendement. L’introduction d’ovins fait varier ce palier de quelques tonnes seulement : de 39 à 42 t/ha selon les scénarios. Le coût total (charges variables + main d’œuvre + charges fixes) de l’atelier ovin est de 890 €/ha, alors que celui de l’atelier pommes est de 14 020 €/ha. L’atelier ovin ajoute de faibles coûts par rapport à l’atelier pomme et ne rend donc pas la marge nette plus sensible, ni moins sensible aux aléas de rendement. Mais les risques pris sur l’atelier pomme, sous couverts d’hypothèses sur les impacts de l’atelier ovin, peuvent aboutir à une baisse de rendement qui peut impacter fortement les performances économiques globales de l’exploitation, alors que l’atelier ovin génère peu de gains.

Résultats environnementaux

D’un point de vue environnemental, le scénario D permet d’économiser trois herbicides et donc de diminuer l’IFT de 3 points soit une baisse de 8%. Pour le scénario D+F, le gain en IFT reste identique au scénario précédent, les fertilisants n’entrant pas par définition dans le calcul de l’IFT. En plus d’être le meilleur scénario économiquement, le scénario D+F+CV atteint aussi les meilleures performances environnementales puisque l’IFT diminue de 18%. C’est donc le

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scénario qui permet d’avoir potentiellement le moins d’impacts sur la santé et l’environnement, et est bénéfique pour le producteur lui-même, ses employés, mais aussi la collectivité.

Organisation du travail

Le surplus de travail nécessité par l’introduction de l’atelier ovin est faible par rapport à la demande totale liée à l’atelier pomme (respectivement 865 et 19 220h) (Figure 5.7). Mais la charge de travail augmente tout de même pour tous les scénarios, et n’est pas compensée par le temps gagné par les suppressions de certaines opérations sur l’atelier pomme. Les opérations concernées ne sont pas celles qui réclament le plus de temps, comparé à la récolte, l’éclaircissage, ou la taille.

Au vu du nombre total d’heures supplémentaires, l’emploi d’une personne à mi-temps sur l’année pourrait être justifié. Mais dans le secteur agricole, la main d’œuvre est difficile à trouver et fidéliser, ce qui peut poser un premier obstacle à la transition vers ce type de système. De plus, les activités concernent à la fois la production, la commercialisation et l’administratif, qui sont trois compétences distinctes et limitent donc les candidats possibles.

Une gestion au mois peut aussi être envisagée, en particulier sur les mois où les besoins dépassent l’offre. En cas de léger surplus comme en février, la main d’œuvre permanente pourrait absorber l’augmentation. En cas de surplus plus important comme en mai/juin (6 à 9% supplémentaire), l’emploi de saisonniers peut être une solution. Sur cette période l’augmentation est due aux activités de vente, livraison, et à l’éclaircissage. L’emploi d’un saisonnier sur ces deux mois permettrait d’aider sur l’une ou l’autre activité.

Conclusions

Dans tous les cas, les ovins permettent de diminuer l’IFT et donc de diminuer les impacts sur l’environnement et la santé. Ils permettent d’améliorer la situation économique initiale seulement lorsqu’ils remplissent les deux fonctions de fertilisation et de désherbage. Les gains économiques sont surtout dus aux intrants économisés, car le surplus de main d’œuvre nécessaire à la conduite de l’atelier n’est pas compensé par les quelques heures évitées sur l’atelier pomme. Le scénario permettant d’économiser des fongicides et insecticides est le plus intéressant économiquement mais aussi le plus risqué. Et dans tous les cas ces gains restent faibles. Pourtant, les conséquences sur l’organisation du travail sont importantes. Les ovins réclament des efforts et une organisation spécifique. Plusieurs solutions seraient à envisager : emploi d’une personne à mi-temps dédiée à l’atelier ovin et multitâche, emploi d’un saisonnier

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sur une période ciblée, ou absorption sur les mois concernés du surplus d’heures, comme cela est déjà le cas pour la situation initiale.

Tableau 5.6. Comparaison des performances entre les scénarios

Situation initiale

D D+F D+F+CVa D+F+CVb

% var % var % var % var

IFT2 40 37 8 37 8 33 18 33 18

Temps de travail total (h) 19 220 19 980 4 19875 3 19770 3 19770 3 Résultats économiques

(€/ha)

Chiffre d'affaires 20 400 20 915 3 20 915 3 20 915 3 19 215 -6 Coût main d'œuvre 7 420 7 745 4 7 700 4 7 655 3 7 655 3 Total charges variables 2 700 2 900 7 2 580 -4 2 460 -9 2 460 -9

Coûts conduite 10 120 10 645 5 10 280 2 10 115 0 10 115 0 Marge brute 10 280 10 270 0 10 635 3 10 800 5 9 100 -11 Charges fixes 3 900 4 065 4 4 065 4 4 065 4 4 065 4

Marge nette 6 380 6 205 -3 6 570 3 6 735 6 5 035 -21

2Eclaircissants et désherbants inclus, fertilisants exclus

Figure 5.7. Demande en travail (h/ha) par rapport à l’offre permanente pour les quatre scénarios (mois de récolte exclus car nombres d’heures très élevés par rapport au reste de l’année)

*nombre d’heures/ha inférieur à la situation initiale.

0 5 10 15 20 25 30 35

janv fév mars avril mai juin juil aout sept dec

N b d' heur es /ha

Total demande sit init Total demande D Total demande D+F Total demande D+F+CV Total offre permanente

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4. Discussion