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CHAPITRE 1 : Validation de l’effet promoteur des viandes et des charcuteries et recherche de prévention

I. Modulation du statut oxydatif des viandes rouges par différents traitements technologiques et effet

2) Etude court-terme chez le rat

L’objectif de cette tâche était de tester les viandes ayant différents profils d’oxydation sur les biomarqueurs précoces associés à la cancérogenèse colorectale induite par la consommation de fer héminique et donc de viande chez le rat.

Protocole expérimental a.

Le protocole d’expérimentation a été divisé en 2 cycles comportant 9 groupes de 5 rats Fischer 344 mâles âgés de 5-6 semaines soit un total de 90 rats. Les rats ont été répartis individuellement dans des cages à métabolisme dans une animalerie climatisée (22°C), avec un cycle jour/nuit de 12 h.

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- Régimes expérimentaux

Après une période d’adaptation de trois jours, les rats ont été soumis aux différents régimes expérimentaux pendant 14 jours [Tableau 6]. Les régimes expérimentaux étaient composés de 45% de base type AIN76 additionnée de 5% d’huile de carthame et de viande de bœuf

ad-libitum. Les rats témoins ont reçu uniquement la base type AIN76 additionnée d’huile de

carthame. Pour toutes nos expérimentations, le mélange de minéraux était faible en calcium (20 µmol de calcium /g d’aliment sec) afin d’éviter l’effet protecteur du calcium sur la cancérogenèse hème-induite.

Tableau 6 : Viandes de bœuf distribuées aux rats pendant 14 jours

Sous-at. : sous-atmosphère modifiée

Paramètres zootechniques

La croissance (J0, J7 et J14) et la consommation (J12-13) des animaux ont été suivies. Les fèces

(J10, J11, J12, J13 et J14) et les urines (J14) ont été récoltées afin de pouvoir analyser les biomarqueurs associés à la cancérogenèse.

Biomarqueurs suivis(pour le détail des méthodes cf Annexe 2 p188)

La peroxydation lipidique, qui semble expliquer la promotion de la cancérogenèse colorectale induite par l’hème de la viande de bœuf, a été évaluée par le dosage des TBARs fécaux et par le DHN-MA urinaire. De plus, le contenu en hème des eaux fécales a été mesuré. Les biomarqueurs ont été dosés sur des pools d’eaux fécales par groupe.

CYCLE 1 CYCLE 2

Témoin : AIN76 sans viande Témoin : AIN76 sans viande Steak, mariné sans antioxydant, « bleu » Faux-filet, sous-film, non mariné, cru

Steak, mariné tocophérol, cru Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive, cru Roti, mariné romarin/acérola, cuisson vapeur

sous-vide Faux-filet, sous-film, non mariné, « bleu » Roti, mariné raisin-olive, cuisson vapeur sous-vide Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive, « bien cuit »

Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive, cru Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive, « bleu » Faux-filet, sous-vide, mariné raisin-olive, « bien

cuit » Faux-filet, sous-at., mariné raisin-olive, « bleu » Faux-filet, sous-vide, non mariné, « bleu » Faux-filet, sous-at., mariné raisin-olive, « bien cuit » Faux-filet, sous-vide, non mariné, « bien cuit » Faux-filet, sous-at., non mariné, « bien cuit »

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- Analyses des résultats

Afin de mettre en évidence si les traitements technologiques apportés aux viandes permettaient d’obtenir une protection ou une promotion vis-à-vis du risque de cancérogenèse, nous avons réalisé des ratios entre 2 types de viandes ne différant que par un seul facteur.

Par exemple : dans le cycle 1 nous avons testé un [faux-filet, sous-vide, « bien cuit », mariné raisin olive] et un [faux-filet, sous-vide, « bien cuit », non mariné]. Ces deux viandes bovines ne différant que par l’ajout ou non de la marinade raisin-olive, nous avons pu réaliser le ratio : mariné raisin-olive/non mariné qui permet de visualiser l’effet de la marinade raisin-olive. Ces ratios ont été effectués à chaque fois que cela était possible et pour tous les biomarqueurs testés afin de savoir si le facteur mis en évidence était protecteur (ratio < 1) ou au contraire promoteur (ratio > 1). Cette analyse nous permet de vérifier l’effet de la marinade raisin-olive, de la cuisson et du conditionnement. Cependant les groupes [steak, mariné sans antioxydant, « bleu »] et [steak, mariné tocophérol, cru] n’ont pas pu être analysé car aucun autre groupe ne différait que d’un facteur. Le code couleur utilisé pour faciliter la lecture des ratios est présenté en Tableau 7.

Tableau 7 : Code couleur utilisé pour la représentation des ratios de l’étude court-terme chez le rat

Les résultats ont été soumis à des analyses de variance. Si l’analyse de variance était significative (p<0,05) les résultats ont été soumis à un post-test Fisher pour différencier les groupes. Les résultats complets des analyses (données chiffrées et statistiques) sont présentés en Annexe 3 (p192). Dans les tableaux présentés dans la partie résultats seules les statistiques des ratios considérés apparaissent.

Résultats b.

Paramètres zootechniques

Il n’y a pas eu de différence de poids entre les groupes dans les deux cycles. A la fin de l’expérimentation, les rats du cycle 1 pesaient 176 ± 15 g et les rats du cycle 2, 180 ± 13 g.

Ratio < 1 = EFFET PROTECTEUR

0 < R < 0,5 = Fortement protecteur 0,5 < R < 1 = Légèrement protecteur

Ratio > 1 = EFFET PROMOTEUR R > 1,5 = Fortement promoteur 1 < R < 1,5 = Légèrement promoteur

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-Il n’y a pas eu de différence de consommation entre les groupes. Pour le cycle 1, le groupe témoin a consommé 12 ± 2 g d’aliment (100 % poudre) et les groupes viandes 12 ± 1 g (repartis en 43 % de poudre et 57 % de viande). Pour le cycle 2, le groupe témoin a consommé 14 ± 1 g d’aliment (100 % poudre) et les groupes viandes 12 ± 2 g (repartis en 39 % de poudre et 61 % de viande).

Effet de la consommation de viande de bœuf

Les rats du cycle 1 ayant consommé les viandes de bœuf avaient significativement plus d’hème (p=0,007) et de TBARs (p=0,027) dans leurs eaux fécales que les rats ayant consommé le régime témoin sans viande mais pas de modification de la teneur en DHN-MA urinaire (p=0,1).

Les rats du cycle 2 ayant consommé les viandes de bœuf n’avaient pas plus d’hème (p=0,15) et de TBARs (p=0,2) dans leur eaux fécales, ni de DHN-MA urinaire (p=0,15), que les rats ayant consommé le régime témoin sans viande.

Effet de la marinade raisin-olive

Traitement Biomarqueurs

Hème TBARs DHN-MA Faux filet, sous-vide, bien cuit

Raisin-olive / sans marinade 0,80 * 0,69 *** 1,43 NS Faux-filet, sous-film, cru

Raisin-olive / sans marinade 0,15 *** 0,28 *** 0,86 NS Faux-filet, sous-film, bleu

Raisin-olive / sans marinade 1,26 * 0,65 *** 0,67 NS Faux-filet, sous-at, bien cuit

Raisin-olive / sans marinade 0,72 ** 0,45 *** 0,63 NS Roti de rond de gite, cuit à la vapeur sous-vide

Raisin-olive / Romarin-acérola 0,43 ** 0,67 *** 1,24 **

Tableau 8 : Effet de la marinade raisin-olive de la viande rouge sur les biomarqueurs associés à la cancérogenèse colorectale hème induite

NS p>0.05 ; * p<0,05 ; ** p<0,01 ; *** p<0,001 Sous-at. : sous-atmosphère modifiée Pour la correspondance des couleurs cf Tableau 7 p71

Les résultats complets des analyses (données chiffrées et statistiques) sont présentés en Annexe 3 p192

La marinade raisin-olive a permis de diminuer significativement les TBARs dans tous les groupes testés et la teneur en hème des eaux fécales sauf pour le faux-filet, sous-film et « bleu ». La marinade romarin/acérola ne semble pas apporter plus de protection que la marinade raisin-olive. La marinade raisin-olive n’a pas eu d’incidence significative sur le DHN-MA urinaire.

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- Effet de la cuisson

Traitement Hème Biomarqueurs TBARs DHN-MA Faux-filet, sous-vide, non mariné

Bleu / Bien cuit 1,02 NS 1,47 *** 6,66 ***

Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive

Bleu / Bien cuit 1,24 NS 0,67 *** 0,80 NS

Faux-filet, sous-at., marinée raisin-olive

Bleu / Bien cuit 0,93 NS 0,83 ** 0,71 NS

Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive

Cru / Bien cuit 0,80 NS 0,62 *** 0,59 NS

Faux-filet, sous-film, mariné raisin-olive

Bleu / Cru 1,55 ** 1,08 NS 1,34 NS

Faux-filet, sous-film, non mariné

Bleu / Cru 0,19 *** 0,46 *** 1,71 NS

Tableau 9 : Effet de la cuisson de la viande rouge sur les biomarqueurs associés à la cancérogenèse colorectale hème induite

NS p>0.05 ; * p<0,05 ; ** p<0,01 ; *** p<0,001 Sous-at. : sous-atmosphère modifiée Pour la correspondance des couleurs cf Tableau 7 p71

Les résultats complets des analyses (données chiffrées et statistiques) sont présentés en Annexe 3 p192

Les rats ayant consommé de la viande « bleue » avaient significativement moins de TBARS fécaux que les rats ayant consommé de la viande crue ou « bien cuite », sauf pour le faux filet, sous-vide et non mariné. La cuisson ne semble pas avoir eu d’impact répétable sur la teneur en hème fécal ou sur le DHN-MA urinaire.

Effet du conditionnement avant cuisson

Traitement Hème Biomarqueurs TBARs DHN-MA Faux-filet, mariné raisin-olive, bleu

Sous-at. / Sous-film 0,85 NS 0,87 * 0,69 NS

Faux-filet, mariné raisin-olive, bien cuit

Sous-at. / Sous-film 1,14 NS 0,70 *** 0,77 NS

Tableau 10 : Effet du conditionnement sous atmosphère modifiée de la viande rouge sur les biomarqueurs associés à la cancérogenèse colorectale hème induite

NS p>0.05 ; * p<0,05 ; ** p<0,01 ; *** p<0,001 Sous-at. : sous-atmosphère modifiée Pour la correspondance des couleurs cf Tableau 7 p71

Les résultats complets des analyses (données chiffrées et statistiques) sont présentés en Annexe 3 p192

Le conditionnement sous atmosphère modifiée, comparé au conditionnement classique sous film, permet de diminuer significativement la teneur en TBARs des eaux fécales des rats sans avoir de conséquence sur la teneur fécale en hème ou sur le DHN-MA urinaire.

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-Choix des viandes pour les études de cancérogenèse c.

Cette étude a permis de mettre en évidence :

- Un fort pouvoir protecteur de la marinade raisin-olive par la diminution de la teneur en hème et en TBARs des eaux fécales.

- Une protection apportée par la cuisson « bleue » comparée à une viande crue ou « bien cuite » passant par une diminution des TBARs fécaux.

- Une protection du conditionnement sous-atmosphère modifiée comparé au conditionnement sous film par une diminution des TBARs fécaux.

Dans cette étude, nous avions décidé de tester tous les traitements technologiques proposés par l’ADIV car ils mimaient des procédés de fabrication présents dans la filière. Ils ne permettaient cependant pas de construire un tableau complet d’analyse de variance.

Pour les études de cancérogenèse nous avons choisi un protocole factoriel qui ne nous permet malheureusement pas de tester tous les procédés de fabrication. Nous avons ainsi mis en place un protocole 2x3 pour tester :

- La marinade raisin-olive vs viande non marinée

- Viande crue vs « bleue » vs « bien cuite »

Enfin, afin d’être en accord avec les pratiques courantes des industriels ainsi que les habitudes des consommateurs, nous avons choisi des viandes conditionnées sous film.

II. Etude de cancérogenèse chez le rat chimio-induit : stade des