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La PR est dite multifactorielle. En effet, plusieurs éléments peuvent intervenir dans son déclenchement.

On retrouve des facteurs hormonaux (tels que les œstrogènes, la ménopause, etc.). Ce qui peut expliquer une prévalence plus élevée chez la femme. Une rémission durant la grossesse est toutefois observée dans 80 % des cas.

On connaît également l’implication de certains facteurs génétiques (on retrouve, par exemple, la présence fréquente des gènes HLA-DR4 (60 % des cas), HLA-DRB1 (20-30 % des cas) et PTPN22 (Protein Tyrosine Phosphatase Non receptor type 22, un variant est liée à la PR et peut favoriser l’apparition d’auto- anticorps dirigés contre des éléments de l’organisme. Il est retrouvé chez 30 % des personnes atteintes de PR avec le FR et chez environ 20 % de la population globale), qui est un gène ayant un rôle dans l’immunité et que l’on retrouve dans les organes lymphoïdes. Des études de jumeaux et de familles ont confirmé la contribution du terrain génétique. Ainsi, comme on peut le voir sur le tableau 4, ci-dessous, le risque d’être atteint d’une PR est fortement augmenté en cas de présence d’une personne atteinte au sein d’une fratrie (le risque est huit fois plus important). Et lorsqu’il s’agit d’un des jumeaux homozygotes, le risque de développer la maladie est multiplié par trente. De ce fait, cette pathologie est dite polygénique.

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Fréquence de la maladie dans la population

0,3 à 0,5 % Fréquence de la maladie chez les

individus avec un frère ou une sœur malade

8 %

Augmentation du risque quand un frère ou une sœur est atteinte

Facteur 8

Fréquence de la maladie chez les individus avec un jumeau identique malade

30 %

Augmentation du risque quand un jumeau identique est atteint en

comparaison à un frère ou une sœur non gémellaire

Facteur 3,5

Augmentation du risque quand un jumeau identique est atteint en comparaison à la population générale

Facteur 30

Tableau 4 : Contribution génétique à la PR

Au niveau des facteurs de l’environnement, certaines infections virales (comme le virus d'Epstein-Barr (EBV)) ou bactériennes (Mycobacter, E. coli) peuvent causer le développement de la pathologie.

Des facteurs psychologiques (comme le stress et les traumatismes affectifs) peuvent également avoir un impact dans le déclenchement de la maladie.

Concernant l’éventuelle implication de la cigarette, un rapport a été publié par les « Annals of the Rhumatic Disorders » (septembre 1997) sur le lien entre PR et tabagisme. La gravité de la PR a été étudiée par des chercheurs de l’University of Iowa College of Medicine chez plus de 300 patients. Il en résulte que le tabac est le plus important des facteurs contrôlables aggravant la PR.

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C’était la première étude dédiée aux effets du tabac sur les rhumatismes. En prenant en compte des paramètres aggravants tels que l’âge et le sexe, l’équipe de l’Iowa a démontré que les fumeurs et les anciens fumeurs présentaient un risque plus important d’avoir un taux élevé de FR et qu’ils étaient exposés à l’érosion osseuse. En effet, le FR et l’érosion osseuse étaient trois fois plus élevés chez les sujets fumant depuis plus de 25 ans par rapport aux non-fumeurs. De plus, le tabac peut provoquer des anomalies du SI, dans les poumons et les autres organes, et ce, de façon dose dépendante. Le tabac augmente le nombre de globules blancs et peut causer des anomalies des cellules immunitaires, augmentant ainsi les risques d’affection. Il a donc une influence sur toutes les activités du SI, ce qui pourrait être, suggèrent les auteurs de l’étude, plus important dans le déclenchement de la maladie que dans son évolution ultérieure.

De plus une étude récente de Wasén et al. (2018), a montré que fumer réduit le niveau d’activation des cellules T, en limitant l’expression de la PD-L1. Chez les sujets sains, la protéine PD-L1 est uniquement exprimée à la surface des macrophages. Elle se lie à son récepteur PD-1, situés sur les LT, ce qui provoque leur inactivation. Une étude a été réalisée sur 268 patients atteints de PR et 168 sujets sains. Celle-ci a montré que dans la PR, le sérum PD-L1 était lié à l'inflammation systémique et à la positivité ACPA. Par ailleurs, il a été démontré que le tabac a altéré l’expression du récepteur Fcγ et de la protéine soluble PD-L1, limité chez les patients atteints de PR, ce qui a induit une réponse inappropriée des LT. Ce phénomène aboutit à une augmentation de l’inflammation chronique.

Une étude réalisée par le Professeur Fisher et son équipe (2012) a évalué l’impact du tabac chez 14 847 patients ayant une PR (dont 65,4 % non-fumeurs, 22,1 % anciens fumeurs et 12,5 % fumeurs). Les paramètres étudiés sont le nombre moyen d'articulations touchées, le degré de l’inflammation présente (confirmé par le dosage de la CRP), la qualité de vie, etc. Cette étude a montré que les anciens fumeurs se portent mieux que les fumeurs, une différence constatée quel que soit le traitement utilisé. D’après le professeur Mark C. Fisher, qui a réalisé l’étude, les patients "qui arrêtent de fumer devraient voir une amélioration sur le nombre d'articulations touchées qui les fait souffrir chaque jour et sur leur état de santé général".

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De ce fait, dès le diagnostic de la PR, il est demandé aux patients fumeurs d’arrêter la cigarette. Le rôle du pharmacien est très important dans le sevrage tabagique. En effet, le pharmacien peut informer le patient sur les modalités d’utilisation des traitements de substitution nicotinique (détermination de la dose initiale, adaptation de la posologie, présentation des différentes formes galéniques existantes, conseils de bon usage, et signes de sous dosage ou de surdosage ainsi que la conduite à tenir en cas de survenue). Il délivre également des conseils pratiques afin de préparer son environnement, modifier ses habitudes de vie, limiter la prise de poids et surmonter l’envie de fumer.

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