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C- Composition des sécrétions impliquées

II- Composition des sécrétions de la cuticule et

1- Etendue spécifique de la discrimination

Les espèces que nous avons testées n’étant pas toutes des parasitoïdes de bruche, nous n’avons pas pu réaliser les tests à partir d’hôtes parasités. Nous avons uniquement testé l’activité des sécrétions cuticulaires sur le comportement des femelles E. vuilleti. Hormis E.

vuilleti et D. basalis, cinq autres espèces de parasitoïdes ont été testées, choisies pour leurs

positions systématiques plus ou moins proches de D. basalis ou pour leur sympatrie avec les populations de E. vuilleti et D. basalis étudiées.

Ces expériences ont été réalisées avec la participation de Brianda Guillem Sempere au cours de son stage de maîtrise.

1-1 Procédure expérimentale

Anisopteromalus calandrae (Howard) (Fig. 46) est un Hyménoptère Pteromalidae

de la sous famille des Pteromalinae, tout comme D. basalis. C’est donc une espèce assez proche, bien que d’un genre différent. C’est un parasitoïde cosmopolite tropical et subtropical ectoparasitoïde de larves et de nymphes de nombreuses espèces de coléoptères phytophages ravageurs des stocks de céréales (Ghani & Sweetman, 1955). Cette espèce n’a cependant jamais été décrite comme faisant partie du cortège parasitaire à l’intérieur des greniers de Niébé en Afrique de l’Ouest (Sou, 1998) et ne peut donc pas être considérée comme une espèce sympatrique de D. basalis et E. vuilleti. Si la discrimination intraspécifique n’a pas été démontrée chez cette espèce, il semble que les femelles ne pondent qu’un seul œuf par hôte (Menon et al., 2002), ce qui peut être interprété comme un système d’évitement du superparasitisme. Chez cette espèce, comme chez D. basalis, les sécrétions cuticulaires et de la glande de Dufour sont similaires, composées uniquement d’hydrocarbures saturés. Ces sécrétions diffèrent cependant entre A. calandrae et D. basalis, au niveau de la gamme de nombre de carbones considérée, et des composés présents (Howard & Bakker, 2003). La population de A. calandrae testée provient d’un élevage au laboratoire sur des graines de Niébé contenant des larves de C. maculatus.

Pachycrepoideus dubius (Ashmead) (Fig. 47) est également un Hyménoptère

Pteromalidae de la sous famille des Pteromalinae, comme D. basalis et A. calandrae. C’est un ectoparasitoïde idiobiont solitaire cosmopolite (Crandell, 1939) de pupes de nombreuses espèces de Diptères (Nostvik, 1954). Il peut aussi se développer en hyperparasitoïde facultatif

Figure 46 – Anisopteromalus calandrae femelle.

de différentes espèces de parasitoïdes primaires de drosophile (van Alphen & Thunnissen, 1983) et notamment de Trybliographa rapae (Hymenoptera : Eucoilidae) (Grandgirard et al., 2002), comme E. vuilleti peut se développer en hyperparasitoïde facultatif sur les larves de D.

basalis âgées (van Alebeek et al., 1993). Pachycrepoideus dubius pratique également

l’ovicide (Goubault, 2000), est capable de discrimination interspécifique en présence d’hôtes parasités par T. rapae mais évite le multiparasitisme (Grandgirard et al., 2002). Les femelles testées nous ont été gracieusement fournies par le laboratoire d’Ecobiologie des Insectes Parasitoïdes de Rennes 1, et proviennent d’un élevage sur des pupes de Delia radicum (Diptera : Anthomyiidae).

Cotesia glomerata (= Apanteles glomeratus) (Linnaeus) (Fig. 48) est un

Hyménoptère Ichneumonidea Braconidae et constitue donc une espèce éloignée phylogénétiquement de D. basalis. C’est un endoparasitoïde grégaire des trois premiers stades larvaires de Pieris brassicae et Pieris rapae (Lepidoptera) (Laing & Levin, 1982). Les femelles de cette espèce posséderaient la capacité de reconnaître les hôtes sains des hôtes parasités par une conspécifique, probablement par détection d’un indice interne durant la phase d’insertion de l’ovipositeur dans l’hôte (le Masurier, 1990). Cette discrimination intraspécifique permet généralement à la femelle d’éviter le superparasitisme mais lorsque les hôtes sont parasités depuis peu de temps, elle se traduit par une préférence pour les hôtes parasités (Gu et al., 2003). Les compositions des sécrétions cuticulaires et de la glande de Dufour n’ont pas été déterminées chez cette espèce, mais Syvertsen et al. (1995), chez un autre Braconidae, Cardiochiles nigriceps ont décrit les sécrétions de la glande de Dufour et de

Sonia Dourlot Univ-Rennes1 Figure 47 - Pachycrepoideus dubius femelle

de la composition déterminée chez D. basalis. Les populations de C. glomerata testées étaient issues d’un élevage au laboratoire sur des chenilles de Manduca sexta (Lepidoptera).

Eupelmus orientalis (Crawford) (Fig. 49) est une espèce Hyménoptère Eupelmidae

proche d’E. vuilleti. C’est un ectoparasitoïde solitaire des larves et des nymphes de bruches en Afrique et en Inde (Nikol’skaya, 1963), retrouvé fréquemment en Afrique de l’Ouest, dans les stocks de Niébé exploitant les mêmes hôtes que D. basalis et E. vuilleti (Sou, 1998). Pour Ndoutoume et al. (2000), E. orientalis est une espèce présentant un potentiel reproducteur supérieur à E. vuilleti en conditions hivernales mais identique en été. Cependant, E. orientalis semble peu adaptée aux conditions de stockage (lumière et dispersion) et serait un mauvais compétiteur en prèsence de D. basalis ou E. vuilleti. Lorsque l’une de ces deux espèces est présente dans le grenier, E. orientalis devient rapidement minoritaire dans les greniers (Ndoutoume-Dong, 1996). Les populations testées proviennent d’élevage au laboratoire sur des graines de Niébé contenant des larves et des nymphes de C. maculatus.

Figure 48 – Cotesia glomerata femelle ( 40)

Trybliographa rapae (Westwood) (Fig. 50) est un Hyménoptère Figitidae

Eucoilinae répandu en Europe et en Amérique du Nord (Wishart & Monteith, 1954). C’est un parasitoïde solitaire spécialiste des larves de Delia radicum (Diptera : Anthomyiidae). Cette espèce koïnobionte présente une phase endoparasitoïde puis une phase ectoparasitoïde. Cette espèce éloignée phylogénétiquement de D . basalis, est fréquemment décrite comme sympatrique de P. dubius. La compétition entre ces deux espèces est nettement défavorable à

T. rapae (Crandell, 1939). Les femelles T. rapae testées nous ont été gracieusement fournies

par le laboratoire d’Ecobiologie des Insectes Parasitoïdes de Rennes 1, et proviennent d’élevage sur des pupes de Delia radicum (Diptera : Anthomyiidae).

Pour chaque espèce, l’abdomen d’une vingtaine de femelles a été frotté au niveau de la loge artificielle de 60 gélules contenant une nymphe de C. maculatus. Ces gélules ont ensuite été présentées à 60 femelles E. vuilleti selon le protocole de test biologique défini en situation de choix avec 60 gélules propres contenant un hôte sain. Un témoin a été réalisé en présentant un choix entre deux gélules propres contenant un hôte sain.

1-2 Résultats (Fig. 51)

D. basalis est la seule espèce dont les traces cuticulaires induisent une préférence

par E. vuilleti, ce qui se traduit par la seule valeur de l’indice de préférence moyen significativement différent de celui obtenu lors de l’expérience témoin (MW ; P-value < 0.001). Les traces cuticulaires de E. orientalis, la troisième espèce sympatrique au sein des stocks de Niébé, ne semblent pas reconnues par les femelles E. vuilleti. Le test biologique de

Sonia Dourlot Univ-Rennes1 Figure 50 – Trybliographa rapae femelle ( 40)

indice de préférence moyen légèrement positif, bien que non significativement différent de celui du témoin. Le test des traces cuticulaires de E. vuilleti sur la préférence par des femelles conspécifiques semble indiquer que cette espèce ne possède pas de discrimination intraspécifique ou que cette discrimination n’est pas basée sur la reconnaissance de traces cuticulaires déposées à la surface du système.

2- Variation biogéographique de la discrimination interspécifique