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et mécanismes de dénonciation ou signalement des irrégularités

Dans le document Organisations et Territoires (Page 71-73)

Les règles contenues dans les codes de conduite ont pour principal objectif de créer une culture anticorruption au sein de l’entreprise. Mais il est vital qu’elles soient appliquées dans les faits. Généralement, une entreprise conçoit de façon parallèle une politique de gestion du risque de corruption par l’adoption d’une approche autant préventive, afin d’éviter que des cas ne se produi- sent, que réactive, à la suite de la découverte d’un cas avéré. On aura, par exemple, intérêt à se doter d’un système de management anticorrup- tion, en particulier celui proposé en 2016 par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) avec la norme ISO 37001 et de le faire cer- tifier par une tierce partie. C’est ainsi qu’une entreprise se dote souvent de mécanismes de détection, d’enquête et de sanction des faits de corruption pouvant survenir dans l’exercice de son activité, en son sein ou du fait de ses parte- naires contractuels étrangers.

On retrouve, à cet effet, dans la Convention des

Nations Unies contre la corruption une demande aux

États participants d’envisager la mise en place de mesures et de systèmes de nature à faciliter le signalement, par les agents publics, aux autorités compétentes, des actes de corruption dont ils ont connaissance dans l’exercice de leurs fonctions (art. 8, par. 4). Elle demande aussi d’envisager l’incorporation, dans leur système juridique interne, de mesures appropriées pour assurer la protection contre le traitement injustifié dont pourrait faire l’objet toute personne qui signale aux autorités compétentes, de bonne foi et sur la base de soupçons raisonnables, tous faits concer- nant les infractions établies conformément à la convention (art. 33).

Toute entreprise se trouve encouragée à se doter d’un mécanisme de dénonciation (whistleblowing), c’est-à-dire devant permettre aux personnes qui possèdent des informations de première main à propos de situations pouvant être qualifiées de pratiques de corruption, de les dénoncer sans qu’elles puissent encourir de représailles pour avoir ainsi agi, dans le meilleur intérêt de leur commettant. Il s’agira, par exemple, de la mise à disposition de lignes téléphoniques, ou autres moyens, qui permettront à tous ceux qui ont des raisons sérieuses de croire que des actes de cor- ruption ont été posés, de les dénoncer à une per- sonne spécifiquement mandatée sur ce plan. Ils n’auront pas, en conséquence, l’obligation de passer par les canaux habituels de la hiérarchie, susceptibles d’étouffer l’affaire.

Par ailleurs, les cas dénoncés doivent faire l’objet d’un examen et d’une enquête menés avec diligence et professionnalisme. C’est pourquoi le code de conduite, ou un document annexe devra contenir un protocole détaillé d’enquête lorsqu’un acte de corruption est découvert ou qu’une situation donne lieu à des soupçons en raison des « signaux d’alerte » qu’elle émet. Si l’enquête révèle une preuve manifeste d’un acte qui est soit illégal soit contraire aux règles du code, une mesure discipli- naire devra être prise à l’encontre des personnes responsables. Cette sanction ira d’un avertissement, dans le cas d’une infraction mineure, jusqu’au con- gédiement immédiat s’il s’agit d’une infraction sérieuse. Puis, comme elle doit le faire à la suite de la révélation de chacun des cas, l’entreprise réexa- minera ses politiques et procédures afin d’apprécier

leur efficacité au regard de la détection hâtive de cas de corruption ou de leur découverte diligente après coup.

La stratégie de la gestion du risque de corruption doit aussi tenir compte de la géographie. Les États développés tendent généralement, de ce point de vue, à être sans danger pour les entre- prises, bien que la corruption n’y soit pas absente, comme le démontre avec éloquence le rapport de l’OCDE de 2014 sur la corruption transnationale (OCDE, 2014). En revanche, les États instables sur le plan politique, de même que les États les plus pauvres, qui sont souvent les mêmes, figurent généralement parmi les plus corrompus dans l’Indice de perception de Trans- parency International (TI). Les activités qui y sont exercées doivent donner lieu à un contrôle beaucoup plus strict. La situation politique, éco- nomique et sociale peut cependant évoluer subs- tantiellement durant les années au cours des- quelles l’entreprise exerce son activité dans un État. D’où la nécessité de pouvoir réévaluer la situation sur le plan du risque de corruption en cas de changement de circonstances, qu’elles soient favorables ou non.

Il faut tenir compte, à cet égard, du fait que plu- sieurs éléments de la « chaîne de valeur ajoutée » de l’entreprise mondialisée d’aujourd’hui sont susceptibles d’être dispersés sur le plan géogra- phique. Les marchés qu’elle dessert peuvent l’être aussi. Cette dissémination géographique nécessite souvent qu’elle soit représentée sur place pour la gestion des relations contractuelles avec les fournisseurs et distributeurs étrangers. Les représentants de l’entreprise, s’ils doivent obtenir des autorisations ou permis pour opérer, sont fréquemment tenus, pour ce faire, de verser des paiements de facilitation aux agents publics dans certains États. Ils peuvent aussi être tentés de les proposer même quand ils n’y sont pas tenus, afin d’accélérer les démarches. De tels paiements sont toutefois proscrits par certaines législations, dont celle du Royaume-Uni et, aujourd’hui, du Canada, depuis que celui-ci a modifié, en 2013, sa Loi sur la corruption d’agents

publics étrangers.

Une entreprise est donc particulièrement vulné- rable à la grande et petite corruption pouvant ré- sulter des actes de ses représentants à l’étranger,

même si son activité se déploie dans les domaines considérés comme n’étant pas particulièrement à risque. En somme, lorsqu’une entreprise exerce une activité à l’étranger, même de faible ampleur, et qu’elle agit par l’intermédiaire d’un représen- tant indépendant, elle doit prévenir celui-ci des conséquences de ses gestes et l’« inviter », en conséquence, à s’engager au respect de ses poli- tiques anticorruption, si l’agent n’en a pas déjà une de qualité équivalente.

Les mécanismes de contrôle, lorsqu’ils sont cor- rectement appliqués, sont donc fondamentaux. Ils permettront à l’entreprise d’opposer, le cas échéant, une défense valable de diligence raison- nable devant les tribunaux en cas de poursuite, en démontrant qu’elle a pris tous les moyens en son pouvoir afin de prévenir la commission d’actes de corruption. L’action préventive de l’entreprise lui permettra de négocier avec les autorités de l’État un règlement plus avantageux qu’en l’absence d’un tel mécanisme, dans l’éven- tualité où l’affaire ne se rendrait pas jusqu’au pro- noncé du jugement. En outre, sa réputation en souffrira moins aux yeux de ses « parties pre- nantes ». Par ailleurs, elle pourra éviter de se voir exclue de l’attribution de marchés publics, no- tamment ceux financés par les agences de déve- loppement de l’État, de la Banque mondiale et des banques régionales de développement, ou encore par les institutions de l’Union européenne (UE) ou de ses États membres.

3.4

Engagement (leadership)

Dans le document Organisations et Territoires (Page 71-73)

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