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DEFINITION DU PROTOCOLE EXPERIMENTAL

4.3. La technique de corrélation d’images

4.3.2 Estimation des incertitudes de mesure

2 ( D L RSdef = + (4.11)

4.3.2 Estimation des incertitudes de mesure

L’évaluation des incertitudes de mesure a été faite avec la caméra dont la résolution est la plus faible, afin d’estimer les limites de la technique. Les performances de la seconde caméra étant supérieures, on supposera que la qualité des résultats de corrélation sera améliorée et que les incertitudes de mesures seront diminuées.

Le logiciel permet de faire varier deux paramètres (L, D), à savoir la taille L x L des facettes d’analyse et le pas D séparant les centres de deux facettes voisines. Les performances de la technique en termes de résolution et de résolution spatiale varient en fonction de ces paramètres. Une augmentation de L a pour effet d’améliorer la résolution, mais nuit à la résolution spatiale en lissant les variations d’une facette à une autre. En revanche, la diminution de L et D aura l’effet inverse.

105 Dans un premier temps, nous avons évalué les incertitudes sur la mesure des déplacements et des déformations pour un couple (L, D) fixé à (30 pixels, 20 pixels), avec une taille d’un pixel est égale à 0.55 x 0.55 µm². Pour cela, un déplacement de corps rigide a été imposé à l’éprouvette. Puis nous avons étudié l’influence des paramètres de corrélation sur les incertitudes de mesures.

 Résolution en déplacement

La résolution sur les déplacements, c'est-à-dire le plus petit déplacement mesurable, a été estimée en prenant des images successives sans bouger l’échantillon. Même si l’échantillon reste immobile, le logiciel détecte tout de même des déplacements de très faible amplitude. La figure 4.13 représente la distribution statistique des déplacements ux et uz

obtenus à partir de 28 mesures. Ils peuvent atteindre des amplitudes de l’ordre de 0.04 µm, soit environ 0.1 pixel, et permettent d’estimer l’ordre de grandeur de la résolution en déplacement pour ce grandissement (correspondant à une taille de zone d’environ 500 µm x 700 µm).

Figure 4. 14 Distribution statistique des déplacements ux et uz mesurés sur une éprouvette immobile pour les paramètres de corrélation (L, D) = (30, 20)

 Incertitude sur les déplacements

Nous avons ensuite imposé un déplacement d’ensemble à l’échantillon sans le déformer (mouvement de corps rigide) à l’aide d’une table micrométrique, la caméra restant fixe. Il s’agissait de savoir dans quelles limites la méthode utilisée était capable de retrouver correctement les déplacements imposés. Des déplacements longitudinaux et transversaux ont

0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 -0,03 -0,02 -0,01 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 P U (µm) Ux Uz

106 été imposés et ont été calculés par corrélation d’images. Les résultats présentés sur les figures 4.15 et 4.16 ont été obtenus dans le cas d’un déplacement de corps rigide ux imposé à l’éprouvette.

Soit Ur le déplacement réel imposé à l’éprouvette et Uc la valeur moyenne des déplacements mesurés par le logiciel sur une image. On constate sur la figure 4.15 qui représente Uc en fonction de Ur, que l’on retrouve bien par corrélation d’images le déplacement réel imposé à l’éprouvette.

Figure 4. 15 Déplacements moyens mesurés, Uc, en fonction du déplacement réel imposé, Ur, pour (L, D) = (30, 20)

L’incertitude sur les déplacements a été évaluée en calculant l’écart-type s(Uc). On constate sur la figure 4.16 que celle-ci augmente en fonction de Ur. Cependant, dans notre cas, la caméra est repositionnée sur la zone d’observation initiale avant chaque prise de vue, ceci permettant de minimiser le déplacement de corps rigide et donc également l’incertitude sur les déplacements. La figure 4.16 montre l’évolution de s(Uc) pour des déplacements Ur imposés jusqu’à 100 µm, ce qui est une valeur très élevée compte tenu de l’échelle d’observation. Pour un déplacement de 100 µm, un quart environ de l’image se situe en dehors du champ d’observation de la caméra. En recalant cette dernière à 10 ou 20 µm près, l’incertitude reste inférieure à 0.1 µm. Il est à noter que même si ce niveau d’incertitude est acceptable pour mesurer des déplacements de quelques micromètres, cet ordre de grandeur est supérieur aux incertitudes généralement obtenues par corrélation d’images [Elb08]. Ces différences s’expliquent par le fait que les incertitudes ont ici été estimées en condition d’essai, où la présence de déplacements hors-plan et d’une légère rotation de l’éprouvette lors de la manipulation des tables de déplacement micrométrique sont inévitables aux échelles

0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120 Ur (µm) Uc (µm)

107 d’observation étudiées. Néanmoins ces résultats suffisent pour estimer grossièrement les incertitudes de mesure qui restent inférieures à 0.1 µm. En outre, on peut constater que le logiciel permet de retrouver des déplacements relativement importants, avec une bonne précision.

Figure 4. 16 Variation de l’écart-type sur les déplacements s(Uc) en fonction du déplacement réel imposé pour (L, D) = (40, 20)

 Résolution en déformation

Même si l’échantillon n’a pas subi de déformation mais seulement un déplacement de corps rigide, le logiciel calcule tout de même des déformations, de très faible amplitude. Ces déformations « fictives » proviennent des dispersions, de la présence de déplacements hors-plan et des incertitudes sur la mesure des déplacements, qui sont amplifiés lors des opérations numériques de dérivation du champ de déplacement pour le calcul des déformations.

Soit m(

ε

) la déformation moyenne calculée dans l’image pour les différents déplacements de corps rigides Ur imposés à l’éprouvette. On constate sur la figure 4.17 que m(

ε

) augmente avec Ur. Pour un déplacement de corps rigide de 20 µm, l’amplitude des déformations est inférieure à 10-4. L’ordre de grandeur de ces déformations « fictives » est le même pour les trois composantes

ε

xx,

ε

zz et

ε

xz. Il constitue une estimation de la résolution en déformation et donne la valeur minimale des déformations qui peuvent être retrouvées par le logiciel. 0,0 0,1 0,2 0,3 0 20 40 60 80 100 120 Ur (µm) s(Uc) (µm)

108

Figure 4. 17 Déformation moyenne calculée m(ε) en fonction du déplacement réel Ur imposé pour (L, D) = (30, 20)

 Incertitude sur les déformations

L’incertitude sur les déformations a été estimée en calculant l’écart-type s(

ε

) sur ces déformations fictives. On peut voir, figure 4.18, que cette incertitude augmente avec le déplacement de corps rigide Ur. Comme cela a été dit précédemment, en recalant la caméra, on estime l’amplitude des déplacements inférieure à 20 µm, et pour un déplacement Ur de 20 µm, cette incertitude est de l’ordre de 6.10-4 (en déformation).

Figure 4. 18 Ecart-type s(ε) des déformations en fonction du déplacement réel Ur imposé pour (L, D) = (30, 20) 0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0 20 40 60 80 100 120 Ur (µm) m(ε) (%) eps zz eps xx eps xz 0,00 0,05 0,10 0,15 0 20 40 60 80 100 120 Ur (µm) s(ε) (%) eps zz eps xx eps xz

109  Influence des paramètres de corrélation sur les incertitudes de mesure

L’évolution des incertitudes de mesure en fonction des paramètres (L,D) a été tracée pour un déplacement de corps rigide Ur imposé de 10 µm. La figure 4.19 montre que l’incertitude sur les déplacements diminue fortement lorsque la taille de facette, L, augmente. Il est à noter que cett courbe montre des tendances non conventionnelles qui s’expliquent probablement par le fait que de faibles déplacements et rotations rigides peuvent apparaître lors du déplacement de l’éprouvette et qui amplifient l’incertitude en déplacement. Ces faibles déplacements rigides n’influencent cependant pas le calcul des déformations. Par ailleurs, on constate que le paramètre D a peu d’influence sur l’incertitude sur les déplacements, les trois courbes tracées pour des valeurs de D de 10, 20, et 30 pixels étant quasiment superposées.

Figure 4. 19 Incertitude sur les déplacements ux en fonction de la taille de facette L et pour différentes valeurs de D pour un déplacement de corps rigide imposé de 10 µm

Comme le montre la figure 4.20, l’incertitude sur la déformation diminue lorsque la taille de facette augmente. La figure n’est tracée que pour la composante

ε

zz, les ordres de grandeur étant les mêmes pour les autres composantes. En poutre, on remarque que le paramètre D a une influence importante que l’incertitude sur les déformations, cette dernière augmentant lorsque D diminue.

0.05 0.5 10 100 s(Ux) (µm) L (pixels) D=10 D=20 D=30

110

Figure 4. 20 Incertitude sur les déformations εzz en fonction de la taille de facette L et pour différentes valeurs de D, pour un déplacement de corps rigide imposé de 10 µm

De façon générale, les figures 4.19 et 4.20 montrent que plus les valeurs de L et D sont petites, plus les incertitudes sont importantes. Pour les diminuer, il faudra donc choisir les valeurs des paramètres de corrélation L et D les plus grandes possibles. Cependant, augmenter ces paramètres dégrade la résolution spatiale, qui doit nécessairement être petite pour permettre la mise en évidence des gradients de déformation aux interfaces interlaminaires. En effet, les simulations par éléments finis ont clairement montré l’existence de ces gradients sur la déformation en cisaillement εxz dans l’épaisseur de l’éprouvette, notamment aux interfaces inter-laminaires. Une bonne résolution spatiale est donc indispensable pour la mise en évidence de ces gradients et le choix de L et D a donc résulté d’un compromis.