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P ERSPECTIVES PROFESSIONNELLES ET FORMULATION DE NOUVELLES HYPOTHESES DE RECHERCHE

En synthétisant les résultats obtenus de nos études nous constatons qu’il est difficile de ressortir la généralisation d’une pratique professionnelle à une population. En regard des objectifs de départ de notre travail, nous réalisons que nous ne pouvons pas formuler de réponses précises. Comme nous l’avons soulevé, la prévention des complications, l’amélioration du bien-être des femmes et le maintien de l’eutocie par des actions appropriées font partie intégrante du rôle propre de la sage-femme. Les actions que ce soient la rotation manuelle ou la prise de postures spécifiques des femmes entrent donc pleinement dans notre champ de compétences.

Au terme de notre recherche, il ressort que la rotation manuelle n’a de chances de réussir que si elle est pratiquée avec rigueur. Nous pensons donc qu’il est essentiel qu’une formation spécifique à la pratique de la rotation manuelle soit mise en place au sein des différentes maternités. Cet enseignement prodigué par des professionnels expérimentés dans le domaine, apporterait un cadre précis à cette manipulation, et éviterait les pratiques diverses que nous avons pu observer lors de nos stages. Des protocoles émergeraient, encadrant précisément cette technique au sein des salles de naissance.

Concernant les postures maternelles, la littérature grise s’appuie sur des théories de physique pour démontrer leur intérêt lors de présentation OIP. Or, notre analyse d’études n’apporte aucuns résultats probants. Comme soulevé dans notre problématique nous avons pu constater, en stage, une disparité lors du positionnement des femmes pour une même malposition fœtale. D’autres recherches sont donc encore nécessaires pour juger du réel bénéfice des postures maternelles sur la rotation fœtale pendant le travail. C’est pourquoi nous attendons beaucoup des RCT menées au HUG, et en Espagne qui amèneront de nouvelles données scientifiques. Nous espérons que ces résultats permettront d’homogénéiser les pratiques de positionnement des femmes lors de présentations OIP. Les actions entreprises lors de cette malposition sont aujourd’hui souvent laissé à la libre appréciation de chacun, laissant les sages-femmes dans un flou quant à l’efficacité de leur pratique. Une alternative efficace à la rotation manuelle ressortira peut être des deux études en cours, laissant ainsi plus de choix à la sage-femme pour aider ces femmes, tout en étant en accord avec ses valeurs personnelles. Toutefois,

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l’accompagnement des femmes avec des présentations OIP ne s’improvise pas et nécessite des connaissances spécifiques de la part des professionnels. Dans la mesure où la variété de présentation OIP est la malposition fœtale la plus courante, la mise à jour des connaissances doit être une préoccupation des sages-femmes. En tant que futures sages-femmes, la prise en charge de l’OIP demeurera un véritable défi pour notre pratique. Grace à ce travail, nous avons acquis de nouvelles connaissances théoriques sur cette malposition fœtale telles que son implication sur le travail, ses complications qui sont des éléments importants pour notre pratique professionnelle.

Nous proposons aussi des pistes de réflexions pour des futurs travaux de recherche, en regard de certains éléments brièvement abordés dans notre discussion.

Des recherches qualitatives s’intéressant au ressenti et à la satisfaction des femmes en lien avec la rotation manuelle et les différentes postures seraient intéressant. Elles apporteraient une valeur supplémentaire à ces différentes interventions et permettraient aux sages-femmes de connaître l’effet produit par leurs actions. Comme soulevé dans la discussion, la question du ressenti des enfants in utero lors de la rotation manuelle, pourrait également être investiguée.

Lors de ce travail, nous nous sommes restreintes à deux actions sages-femmes pouvant influencer la rotation fœtale. Nous supposons qu’il existe d’autres techniques efficaces telles que l’acupuncture, l’acupressure, l’hypnose ou la moxibustion, qui mériteraient d’être étudiées.

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8 CONCLUSION

La sage-femme est amenée à rencontrer régulièrement la présentation OIP lorsqu’elle accompagne des femmes en travail. La littérature existante en lien avec cette malposition fœtale amène des données concordantes : lorsqu’elle persiste pendant le travail, elle peut être responsable de multiples complications materno-fœtales. La rotation manuelle et la prise de postures maternelles spécifiques, sont des moyens à disposition de la sage-femme lui permettant de maintenir/retrouver l’eutocie en influençant les issues materno-fœtales.

La rotation manuelle/digitale est une intervention dont le succès varie de 73 à 94 % selon les études. Ce fort taux de réussites permet de réduire les naissances par césarienne et les complications qu’elles impliquent. Pratiquée par un professionnel formé, et avec une indication précise elle comporte peu de risque pour la femme comme pour l’enfant. Les résultats en lien avec la recherche peuvent guider les professionnels dans leur pratique quotidienne.

Concernant les postures maternelles, les données issues de la littérature grise ne sont pas toutes en concordance avec les études existantes. Elles ne peuvent donc pas être généralisées à la pratique et nécessitent de nouvelles recherches. Cependant, selon Gupta, Hofmeyr et Shehmar (2012) dans leur revue Cochrane, les femmes doivent être encouragées à choisir les postures qu’elles adoptent pendant le travail. Hamilton (2009) confirme ceci et rajoute que la mobilisation, la déambulation et le positionnement pendant le travail, améliorent les issues de celui-ci et l’expérience que les femmes en gardent (p 495). De ce fait, les sages-femmes peuvent encourager les femmes à adopter les postures à « 4 pattes» et latérales. Les données probantes relatives à leur efficacité sur la rotation fœtale doivent encore être recherchées. La prise de décision par la femme grâce à un choix éclairé doit rester une préoccupation principale de la femme. Les données apportées par ce travail peuvent guider la sage-femme dans l’information qu’elle apportera aux sage-femmes. De même, ils lui permettront de les accompagner au mieux en tenant compte de leurs décisions et de ses valeurs personnelles. Ce travail nous a permis d’acquérir de nouvelles compétences dans le domaine de la recherche scientifique et dans la lecture d’articles. Il confirme l’importance de mettre à jour nos connaissances en lien avec notre pratique sage-femme. Cette recherche va nous permettre d’affirmer notre posture professionnelle lors de l’accompagnement des femmes dont le fœtus est en variété de présentation OIP.

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