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Epidémiologie du pou de tête

Liste des tableaux

IV. Aspects épidémiologiques

1. Epidémiologie du pou de tête

1.1. Habitat

Le pou de tête est un insecte hématophage (se nourrit de sang) et sa chaleur favorite soit 28 à 32° C (93). Ceci lui est assuré par son habitation au niveau du cuir chevelu, le seul biotope où il peut vivre, puisqu’il trouve les conditions de température, d’humidité et de nourriture indispensables à sa survie et son développement depuis le stade de l‘œuf (lente) jusqu’à celui d’adulte reproducteur (94,103).

Les auteurs d’une étude récente (61, 67), basée sur une technique de génotypage, rapportent que les poux de tête peuvent migrer et se transformer en poux du corps, particulièrement chez des personnes dont l’hygiène est déficiente et qui sont hautement infestées. De nouvelles recherches seront nécessaires pour vérifier cette hypothèse, qui pourrait avoir un intérêt de santé publique non négligeable, car les poux du corps sont les plus aptes à transmettre des agents infectieux à caractère épidémique.

1.2. Modes de transmission

Les poux, peu importe le moment de leur cycle de vie (adulte, nymphe ou lente), peuvent se transmettre d’un hôte infesté à un hôte non infesté. Toutefois, les nymphes du troisième stade et les jeunes adultes, étant les plus mobiles et physiologiquement les mieux

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développés, seraient les principaux responsables de la transmission de l’infestation à un nouvel hôte.

Le mode de transmission le plus fréquent et le plus facile pour les poux est le contact direct avec un hôte non infesté (de tête-à-tête) (95). La transmission par des effets personnels (brosses à cheveux, peignes, chapeaux, taies d’oreillers, etc.) de l’hôte infesté est probable, mais elle serait moins fréquente que la transmission de tête-à-tête (6, 12).

On rapporte aussi une transmission des poux sans contact des têtes, par l’effleurage des cheveux, par l’air d’un séchoir à cheveux ou encore par l’électricité statique (distance maximum de 1 mètre) après le passage d’un peigne.

Des lentes viables ont été observées sur des fibres de tissus, particulièrement sur des vêtements portés par des personnes hautement infectées, la laine et le coton étant les plus favorables à la survie des lentes.

En effet, «un pou sain quitte rarement une tête saine, à moins qu’il n’y ait une infestation massive» (64).

Bref, la transmission probable par contact indirect est maintenant mieux décrite, mais demeure un sujet de controverse, d’incertitude et d’interrogation.

Figure 13 : Mode de transmission des poux. 1) direct ‘ de tête à tête ’ ; 2) indirect ‘taies

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1.3. Facteurs favorisants

Des études effectuées dans plusieurs pays rapportent qu’une combinaison de facteurs biologiques, comportementaux, environnementaux et sociaux serait responsable des infestations par les poux de tête et des éclosions de pédiculose. Parmi les divers facteurs rapportés, on citera les suivants (94) :

 L’âge : même si tous les groupes d’âge sont touchés, le groupe des 3 à 11 ans est celui pour lequel le risque est le plus élevé, avec un pic autour de 8-9 ans.

 Le sexe : des études, réalisées en contexte épidémique ou non, rapportent une prévalence plus élevée d’infestation chez les filles. Toutefois, ce facteur est plutôt attribué au comportement social et relationnel des filles.

 Les cheveux : les cheveux longs, souvent associés aux filles, ont été présentés comme un facteur de risque indépendant dans quelques études. La couleur des cheveux brun et roux a aussi été rapportée plus souvent chez les enfants infestés. Ainsi que le type de cheveux qui est un facteur plus déterminant que la longueur. Les enfants aux cheveux crépus de type africain sont moins parasités que les petits Européens cela s'expliquerait par la difficulté qu'ont les poux à s'accrocher aux cheveux crépus à section ovale. Cependant, le risque associé à ces caractéristiques est encore controversé (35).

 Le niveau socio-économique : de multiples études ont rapporté des prévalences élevées des poux de tête pour des populations ou deEs groupes d’individus vivant dans des conditions de précarité ou de pauvreté (faible revenu, promiscuité, ≥ 4 personnes dans la maisonnée, hygiène déficiente). En effet, la communication, les jeux, l'amitié, les échanges, tiennent une place majeure dans le risque de contamination, par l'augmentation des contacts physiques qu'ils induisent. Le caractère sociable d'un enfant est sans aucun doute le principal facteur prédisposant.

 Les connaissances, attitudes, comportement : quoiqu’ils soient encore peu nombreux, des rapports récents soulignent l’influence de ces trois facteurs dans le maintien de l’infestation et dans l’application des mesures de contrôle. Dans une étude australienne, seulement 7 % des 1 338 patients infestés ont répondu correctement à 10 questions de type «

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vrai ou faux » sur les poux. Le problème de la pédiculose touche les émotions, de même que les relations sociales, et entraîne la stigmatisation. Dans le cadre d’une enquête menée en milieu scolaire, 53 % des parents étaient insouciants de la pédiculose. Seulement 17 % des étudiants d’origine asiatique et 36 % des Caucasiens ont manifesté des émotions négatives par rapport au fait d’être infestés. Le déni, la négligence, ou simplement le peu d’importance accordée au problème par certaines personnes ou familles infestées, contrastent grandement avec l’attitude de ceux qui veulent éradiquer les poux à tout prix.

1.4. Prévalence

L'infestation par Pediculus humanus capitis est la plus fréquente des trois pédiculoses humaines. Elle est assez courante et c’est une maladie endémique dans les collectivités d'enfants, notamment de 6 à 8 ans, pouvant parfois évoluer selon un mode épidémique.

La pédiculose serait en recrudescence depuis les années 70 dans de nombreux pays. Elle est favorisée par la promiscuité, le manque d’hygiène et peut toucher des populations entières lors de migrations massives dans conditions précaires. Son endémie est expliquée par :

 Son mode de transmission facile, direct par contact ou indirect consécutif aux échanges de bonnets, écharpes mais aussi siège et literies.

 La résistance aux traitements.

 Le cout des traitements non remboursés par la sécurité sociale, qui irrite certains parents dont les dépenses sont d’autant plus élevés que la famille est nombreuse. Des études, limitées dans le temps et dans l’espace, ont montré des prévalences très variables et peu comparable du fait de la disparité des méthodes d’enquêtes.

En France, elle varie de 0,5 à 20 %, selon les études, chez les enfants d’âge scolaire, toutes origines sociales confondues (38). Une étude récente a été menée à Paris, en visitant les écoles et en examinant ainsi plus de 14000 enfants, et a montré que pratiquement 4% des enfants étaient infestés dont une majorité (70%) de filles (40, 26).

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Aux Etats-Unis, on estime à 8% le nombre d’enfants scolarisés infectés chaque année et à 6 à 12 millions d’infestations par an dont presque 25% de contamination à la maison. D’autres études menées à travers le monde ont donné des résultats variables (24).

Ainsi, en Iran dans une école primaire, il a été retrouvé une prévalence de 0,7% (1). En Thaïlande, une étude menée dans une école primaire a établi la prévalence à 23 %. Une étude vénézuélienne a estimé cette prévalence à 29% (100).

Au Canada, seulement 3 études (réalisées en 1981, 1989 et 1991) ont traité de la prévalence de l’infestation dans les écoles ; elles ont rapporté des taux de 10,4 %, 12 % et 5,7%, respectivement. Il est à noter que le taux élevé de 12% observé dans une école de la Colombie-Britannique a été réduit à 1% après la mise en place d’un programme de contrôle basé sur la participation de parents bénévoles. Au Québec, aucune étude n’a permis, jusqu’à présent, d’établir la prévalence de l’infestation dans les écoles primaires ou les services de garde éducatifs à l’enfance (94).

Au Maroc, une enquête épidémiologique sur la pédiculose de la tête a été menée en 1983 dans 3 régions : Kenitra, Sidi-Kacem et Casablanca. Au total 2500 sujets ont été examinés, principalement des enfants d'âge scolaire. Nous avons observé près de 10% de porteurs de poux et plus de 55% de porteurs de lentes (11, 43). Selon des données officielles du gouvernement marocain, les poux de tête ont été éradiqués au Maroc, à la fin des années 80, grâce au développement de l’accès de presque toutes les familles aux infrastructures sanitaires et aux produits d’hygiène, mais une recrudescence de pédiculose constatée, ces 4 dernières années (37), due à une «importation» de poux par la multiplication des voyages entre le Maroc et l’Europe. La preuve semble en être que le plus grand nombre de cas se trouvent dans les écoles dites mission française, espagnole ou plus rarement américaine. En effet, il y a très peu de cas dans les écoles privées bilingues et encore moins dans les écoles marocaines (10).

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Certains auteurs considèrent même cette affection comme la deuxième cause d’infection de l’enfant après les infections ORL et des voies respiratoires (57).

On retrouve donc une prévalence très variable selon la zone géographique mais également la période à laquelle est menée l’étude (69). Dans chaque étude, on note une prévalence légèrement plus élevée chez les filles ce qui s’explique par le mode de contamination et la présence d’une chevelure souvent plus abondante chez les filles (97).

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