• Aucun résultat trouvé

Lorsque les experts en EM ont été interrogés, ils ont confirmé la nécessité de pouvoir spécifier des exigences EM dès les premières étapes de conception, comme étant une étape primordiale pour l'évaluation de l’architecture du concept à développer.

En interrogeant les experts de l'industrie automobile sur l'approche proposée, ils ont souligné les besoins de modularité des produits et de réutilisation des composants. Par ailleurs, comme certaines propriétés des composants sont déjà définies au début de la conception de l'architecture, ils suggèrent que les informations de leurs fiches techniques puissent générer certaines exigences quantifiées, ainsi que les exigences liées à l'environnement du système. Ce besoin est satisfait par le tableau des propriétés physiques pouvant générer des exigences quantifiées (comme présenté dans la Figure 29),

En ce qui concerne l'intérêt de l'approche SAMOS pour les défis spatiaux, elle pourrait être utile pour déterminer les valeurs des attributs de conception des composants. En effet, à chaque nouvelle génération de lanceurs, le secteur spatial intègre un grand nombre de nouvelles technologies de l'information qui nécessitent une nouvelle approche innovante pour concevoir une nouvelle architecture de système. Par conséquent, les nouvelles contraintes EM correspondantes doivent être prises en compte dans l'évaluation CEM de leur nouvelle architecture système. SAMOS peut donc fournir un support adapté pour concevoir et spécifier à leurs sous-traitants les composants à développer et contraintes EM associées. Ces retours d'expérience nous suggèrent d'adapter le modèle de données EMILE en établissant un lien de "génération" entre les résultats

de simulations et les exigences quantifiées "dérivées" qui en résultent (concernant les

spécifications des sous-traitants). Ces suggestions ont été mises à jour dans le modèle de données EMILE avec des flèches pointillées en rouge.

Finalement, les "exigences quantifiées" mentionnées dans EMILE correspondent à la fois aux entrées ou aux sorties attendues de l'évaluation du comportement (par exemple les paramètres de masse, le niveau d’émission EM, etc), qui sera effectuée dans l’environnement de modélisation/simulation de SAMOS. Cette évaluation du comportement peut être effectuée dans une modélisation 0D/1D (par exemple en modelica sous Dymola) ou être basée sur des simulations ou des approches topologiques/mathématiques (par exemple, sur la base de la théorie du modèle KRON), comme expliqué dans le prochain chapitre. Dans cette optique, le diagramme de physique paramétrique (PPD) proposé dans EMILE peut déjà intégrer les équations mathématiques EM. Un processus de transformation des modèles pourra garantir l'échange d'informations de ces équations entre l'environnement SysML et l'environnement de la modélisation comportementale.

Une autre remarque des experts CEM concerne la modélisation du câble, certains ne modélisent pas les câbles physiquement comme étant un "composant en interaction" mais juste comme un

89

transmetteur de signal passif (de couplage) entre deux dispositifs actifs (comme s'il s'agissait d'un moyen de couplage EM physique volontaire ou involontaire avec des ondes guidées qui peuvent générer du bruit lorsqu'elles sont proches d'autres câbles). Cette remarque suggère une modification du modèle de données EMILE. En effet, l'intégration du comportement EM des composants a été initialement réalisée via un médium (avec un médium interactif qui agit comme une source ou une victime et contient tous les paramètres EM intrinsèques et un médium de couplage considéré comme le chemin physique entre deux médiums interactifs, intégrant les équations comportementales EM). Ainsi, un nouveau type de support appelé "support de transmission" peut être ajouté pour être conforme à la modélisation précédente du câble en tant que transmetteur. Cette modélisation est effectuée en définissant un nouveau type de medium interactif : le medium

de transmission (il hérite tous les attributs et propriétés du medium interactif), sera utilisé pour

les câbles qui transmettent des signaux, de la puissance, et sera généralement connecté entre deux

mediums interactifs. Il intégrera les attributs du câble (comme l'impédance de propagation, la

longueur, le blindage, la diaphonie, etc.) et les caractéristiques comportementales (atténuation, pertes, vitesse de propagation, vitesse de groupe) dans les lois de couplage EM impliquées entre les deux dispositifs connectés. Cette manière de modéliser est intéressante dans la perspective où les câbles considérés pourraient être remplacés à l'avenir par des technologies sans fil, et où les modèles pourraient alors être facilement mis à jour, puisque dans ce cas, la modélisation topologique de l'architecture n'aura pas besoin d'être modifiée, seule la loi de comportement de l'émetteur devra être changée.

En ce qui concerne les positions des câbles, ces experts définissent uniquement une "position EM" liée aux positions géométriques pertinentes traitées (par exemple, pour la diaphonie, elles correspondent à la hauteur entre le câble et la structure (châssis) et à la distance entre les deux câbles considérés). De la même manière, cette "position EM" est également nécessaire pour calculer les attributs de la propagation l'impédance, du couplage EM entre les appareils ou les phénomènes de diaphonie. Nous avons donc rajouté dans EMILE cette distance relative au comportement EM définie par la « géométrie électrique » et associée à l’interface/port physique EM du médium EM (qui peut être différente de la géométrie de l’objet 3D). Cette géométrie électrique est définie par tout ce qui permet de calculer les impédances et les couplages EM associés (couplage par diaphonie par exemple).

Toutes ces remarques ont été traitées et implémentées dans le modèle de données modifié d’EMILE, présenté à la Figure 42.

90 Figure 42 : Mise à jour du modèle de données d’EMILE suite aux retours d’expériences des experts.

Le diagramme IBD physique proposé dans EMILE pour la modélisation des flux en interaction est très intéressant pour les experts en CEM, car ces flux physiques (rayonnés ou conduits) et leurs attributs déterminent l'émergence de certains couplages EM, et semblent plus importants que leur localisation dans un environnement 3D contrairement aux architectes 3D. Même si les experts en CEM n'ont pas spécifiquement besoin de visualiser les câbles dans un environnement 3D, cette information reste importante pour leurs collègues architectes 3D qui ont la contrainte supplémentaire d'intégrer physiquement tous les composants.

D’après eux, l’avantage de SAMOS, en tant que cadre de collaboration pour l'évaluation de l'architecture est de permettre aux experts de travailler respectivement dans leur environnement de

91

modélisation habituel, tout en partageant et en retraçant tous les paramètres de conception communs et le choix d'architecture correspondant de la justification.

Enfin, la génération de spécifications techniques à partir du modèle de système SysML vers d'autres outils de simulation (comme Dymola, Simulink, etc.) est un défi actuel dans la plupart des projets des différents secteurs industriels (Di Natale et al., 2018). En effet, en interrogeant des experts en CEM sur leurs projets récents dans l'industrie automobile et spatiale, ils ont souligné qu'ils aimeraient utiliser des approches d’IS dès les premières étapes de la conception afin de générer automatiquement des modèles physiques dans un environnement de simulation, à partir des exigences EM définies dans l’environnement de modélisation de l’architecte Système, afin d'évaluer rapidement les IEM de leurs alternatives d’architectures.