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2. Démarche méthodologique

2.1 Le terrain de recherche

2.1.2 Entretien semi-dirigé et observation participante

Nous avons bien défini l’entrée en contact avec les participants et le terrain de recherche ainsi que la délimitation de notre échantillonnage. Nous examinerons maintenant les choix méthodologiques quant à la cueillette de données empiriques.

La cueillette de données s’est effectuée lors du séjour de recherche à Séoul en septembre 2010. Nous avions élaboré un questionnaire socio-économique fermé afin d’obtenir des données générales nécessaires à dresser un profil socio-économique des participants nord-coréens. Au départ, nous souhaitions des entretiens sous forme de narration d’histoires de vie. Par contre, ce type d’entretien, extrêmement approfondi et détaillé, présentait un problème quant à la traduction et la possibilité de faire plusieurs séances (Quivy et Campenhoudt 1995, 196). D’autant plus que, dans le contexte des migrants nord-coréens, plusieurs ont l’habitude des entretiens et sont sollicités principalement pour parler de leurs expériences en Corée du Nord par des organismes militants ou des journalistes. L’entretien ouvert aurait pu trop facilement s’orienter vers l’expérience de vie en Corée du Nord et le participant n’aurait peut-être pas abordé de manière approfondie sa situation actuelle en Corée du Sud, qu’il juge souvent comme banale.

Un questionnaire fermé ne permettait pas la cueillette de données qualitatives comme des expressions particulières nord-coréennes ou des explications plus approfondies sur certains sujets. Nous avons donc opté pour un entretien semi-dirigé, nous permettant d’aborder certains sujets particuliers, tout en laissant libre cours au discours narratif du participant. Savoie-Zajc définit l’entretien semi-dirigé comme suit :

« L’entrevue semi-dirigée consiste en une interaction verbale animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le rythme et le contenu unique de l’échange dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec le participant à la recherche. Grâce à cette interaction, une compréhension riche au (du?) phénomène à l’étude sera construite conjointement avec l’interviewé. » (Savoie-Zajc 2009, 340)

Ce choix méthodologique nous permettait donc de recentrer l’entretien ainsi que d’obtenir une perspective ancrée dans le point de vue et le sens que les acteurs sociaux donnent à leur réalité (Quivy et Campenhoudt 1995; Savoie-Zajc 2009). Les questions guides ont été élaborées conformément à différentes catégories d’analyse. Selon notre schéma d’entrevue

établi, les questions se rapportaient à la migration, l’identité, les réseaux de sociabilité, les frontières ethniques et l’intégration. Un deuxième questionnaire semi-dirigé a été élaboré pour les entrevues avec les employés des organismes5. Ces entretiens visaient à obtenir plus de détails sur la réalité de l’intégration des Nord-Coréens telle que des employés de ces organismes la concevaient, ainsi que sur leur point de vue sur le lien entre société sud- coréenne et migrants nord-coréens.

Les entrevues ont presque toutes eu lieu dans des salles de rencontre fournies par les organismes, à même leur bureau. Une seule rencontre avec une participante nord-coréenne a eu lieu à son domicile. Par souci de confidentialité, tous les participants nord-coréens se sont vu attribuer un pseudonyme. Les entretiens avec les migrants commençaient généralement par les présentations, suivies de l’explication de la recherche et du formulaire de consentement, ensuite le questionnaire socio-économique et finalement les questions de l’entretien semi-dirigé. L’interprète traduisait chacune des questions posées et nous traduisait en français la réponse élaborée par le participant. Afin de permettre une meilleure retranscription, toutes ces entrevues ont été enregistrées sur fichiers audio. En moyenne, l’entretien était de deux heures. Les rencontres avec les employés des organismes avaient aussi lieu dans leurs bureaux, mais elles étaient beaucoup plus brèves. Nous avons utilisé le questionnaire pour seulement une rencontre avec une employée de NKDB et les trois autres rencontres dans les organismes étaient plutôt de type informel.

Suite à l’invitation du groupe JFNK, nous avons pu assister à une rencontre de sensibilisation pour les nouveaux bénévoles de l’organisme, ainsi qu’à une activité publique de sensibilisation dans un quartier très achalandé de Séoul. Cette observation participante avait pour but de rencontrer les gens qui souhaitent être bénévoles auprès des Nord-Coréens en Corée du Sud ainsi que de comprendre leurs motivations pour ces activités. Après cette rencontre d’informations, nous avons pu nous entretenir avec les membres du groupe JFNK, qui sont pour la plupart de jeunes militants des États-Unis. Nous avons pu observer

pendant quelques heures leur « campagne de rue » qui consiste à attirer l’attention des passants pour leur remettre des feuillets explicatifs les sensibilisant aux violations des droits de la personne en Corée du Nord. Nous avons donc pu nous entretenir avec des participants sud-coréens qui sont impliqués avec cet organisme. De plus, nous avons pu observer certaines réactions de la foule et des passants lorsqu’ils étaient approchés par un membre de l’organisme. Lors de notre participation, aucun Nord-Coréen n’était présent. Par contre, il peut arriver que certains réfugiés participent à cette activité. Nous sommes conscientes qu’il s’agit là d’une activité militante d’un organisme, mais cette activité permettait l’observation de la mise en premier plan des difficultés des Nord-Coréens dans la rencontre avec les Sud-Coréens. Lors des entretiens et de l’observation participative, nous avons pris plusieurs notes sur des interactions ou des comportements des participants. Ces notes ont été retranscrites le plus tôt possible dans un cahier de notes afin de mieux rétablir les détails et observations de la réalité du terrain.

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